2000-2009
Faisons entendre notre voix
Octobre 2003


Faisons entendre notre voix

Élevons la voix et recommandons des médias plus édifiants, plus inspirants et plus acceptables.

C’est en automne que la télévision diffuse les premiers épisodes des feuilletons de la rentrée et présente ses nouveaux programmes. Un ami m’a dit qu’il y a trente-sept nouveaux feuilletons qui commencent, cet automne. En lisant la presse, il en a trouvé peu ou n’en a trouvé aucun qu’il voudrait que ses enfants regardent. La plupart des séries-comédies, des pièces de théâtre ou des émissions mettant en vedette des personnes réelles contiennent des scènes immorales ou violentes et tournent en ridicule les valeurs traditionnelles et familiales. Tous les ans, les nouvelles émissions semblent devenir pires que l’année précédente et repoussent les limites de ce que le public peut accepter. Les productions d’Hollywood, de l’Internet et beaucoup de la musique contemporaine mettent en place une toile décadente qui peut prendre nos enfants au piège et nous mettre tous en danger.

Les dirigeants de l’Église ont la responsabilité de se prononcer sur les questions de morale et de donner des conseils aux personnes et aux familles. La famille est la cellule de base de la société ; c’est la cellule de base de l’éternité. Par conséquent, quand des forces menacent la famille, les dirigeants de l’Église doivent réagir.

La famille est essentielle dans le plan de notre Père céleste parce que nous faisons tous partie de la sienne et parce que la condition mortelle est pour nous l’occasion de fonder la nôtre et de nous acquitter de notre rôle de parents. C’est au sein de notre famille que nous apprenons à faire preuve d’un amour inconditionnel qui nous rapproche le plus possible de l’amour divin. C’est en son sein que l’on enseigne les valeurs et que l’on forme la personnalité. Père et mère sont des appels dont nous ne serons jamais relevés et il n’y a pas d’intendance plus importante que la responsabilité que nous avons pour les enfants d’esprit de Dieu qui naissent dans notre famille.

Dans le contexte de l’importance primordiale de la famille et des menaces qu’elle rencontre aujourd’hui, il n’est pas étonnant que la Première Présidence et le Collège des douze apôtres aient recouru à des paroles puissantes dans la Déclaration au monde sur la famille : « Nous lançons une mise en garde : les personnes… qui ne s’acquittent pas de leurs responsabilités familiales devront un jour en répondre devant Dieu. Nous faisons également cette mise en garde : la désagrégation de la famille attirera sur les gens, les collectivités et les nations les calamités prédites par les prophètes d’autrefois et d’aujourd’hui1. » Malachie était l’un des prophètes qui a exhortés les parents à tourner leur cœur vers leurs enfants, et les enfants à tourner leur cœur vers leurs parents de peur que la terre entière soit maudite (voir Malachie 4:6).

À ces mises en garde, anciennes comme dans l’Ancien Testament, et actuelles, comme dans la Déclaration sur la famille, j’ajoute ma propre voix d’avertissement, surtout sur les médias actuels et l’effet négatif puissant qu’ils peuvent avoir sur la famille et la vie familiale.

Du simple fait de leur dimension, les médias actuels proposent une immensité de choix très contrastés. À l’opposé de leur côté dangereux et laxiste, les médias proposent une grande part de choses positives et productives. La télévision propose des chaînes historiques, scientifiques et éducatives. On peut encore trouver des films et, à la télévision, des comédies et des émissions dramatiques divertissantes, édifiantes et dépeignant avec exactitude les conséquences du bien et du mal. L’Internet peut être un mode d’information et de communication fabuleux, et il y a énormément de bonne musique dans le monde. Notre plus grande difficulté consiste donc à choisir avec sagesse ce que nous écouterons et ce que nous regarderons.

Le prophète Léhi a dit que, grâce au Christ et à son sacrifice expiatoire, nous sommes « libres à jamais, discernant le bien du mal », pour agir par nous-mêmes et non pour être contraints, « libres de choisir la liberté et la vie éternelle… ou de choisir la captivité et la mort » (2 Néphi 2:26-27).

Les choix que nous faisons dans ce qu’offrent les médias peuvent être représentatifs de ceux que nous faisons dans la vie. Notre choix, dans les émissions de télévision ou au cinéma, de ce qui est à la mode, de ce qui émoustille les sens et de ce qui est de mauvais goût, peut nous amener à faire les mêmes choix dans la vie si nous n’y veillons pas.

Si nous ne faisons pas de bons choix, les médias peuvent détruire notre famille et éloigner nos enfants du chemin étroit de l’Évangile. Dans la réalité virtuelle et dans celle qui est perçue, sur le petit et le grand écran, des points de vue et des comportements destructeurs pour la famille sont régulièrement présentés comme agréables, à la mode, passionnants et normaux. Souvent les attaques les plus destructrices de la famille par les médias ne sont pas directes ni franchement immorales, mais détournées. Le mal réfléchi est souvent trop rusé pour cela, il sait que la plupart des gens professent leur foi en la famille et dans les valeurs traditionnelles. Les attaques sont plutôt subtiles et amorales : les questions sur le bien et le mal ne sont même pas abordées. L’immoralité et les insinuations sexuelles se trouvent partout, amenant certaines personnes à croire que, parce que tout le monde le fait, cela doit être bien. Ce mal pernicieux ne se trouve pas à l’extérieur, quelque part dans la rue. Ilpénètre dans notre foyer, en plein cœur de notre famille.

Pour être forte et heureuse, la famille doit être nourrie des principes vrais énoncés dans le treizième article de foi : en croyant « que nous devons être honnêtes, fidèles, chastes, bienveillants, vertueux, et que nous devons faire du bien à tous les hommes ». Heureusement, dans toutes les cultures et confessions, il y a beaucoup d’hommes et de femmes du même avis qui cherchent également ce qui est « vertueux, aimable, qui mérite l’approbation ou est digne de louange ».

Mais nous vivons des temps dangereux. L’apôtre Paul y faisait référence quand il mettait en garde contre notre époque où les hommes seraient égoïstes, amis de l’argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, calomniateurs… ennemis des gens de bien… emportés, enflés d’orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu (voir 2 Timothée 3:1-4).

Des conspirateurs et des conspiratrices qui ont pour but d’obtenir du gain et non de faire le bien excitent le peuple à toute sorte de méchanceté (voir Alma 11:20), en empêchant de faire une utilisation noble des médias.

La nouvelle moralité professée par les médias n’est rien d’autre que l’ancienne immoralité. Elle attaque la religion. Elle sape la famille. Elle transforme la vertu en vice et le vice en vertu. Elle agresse les sentiments et matraque l’âme de messages et d’images qui ne sont ni vertueux, ni aimables, qui ne méritent pas l’approbation et qui ne sont pas dignes de louanges.

Le moment est venu où les membres de l’Église doivent exprimer leur opposition et se joindre aux nombreuses autres personnes préoccupées pour s’opposer à l’influence agressive, destructrice et vile qui balaye la terre entière.

La fondation de la famille Kaiser affirme que le pourcentage d’émissions diffusées en horaires de grande écoute contenant du sexe est passé de soixante-sept pour cent en 1998 à soixante-quinze pour cent en 20002. Les médias diffusant ce genre d’émissions ont de nombreux effets nocifs. Ils aggravent une attitude de dureté envers les femmes qui sont souvent représentées comme l’objet de mauvais traitements et non comme de valeureuses s filles de Dieu qui sont essentielles à son plan éternel. Les valeurs longtemps estimées d’abstinence de rapports sexuels avant le mariage et de fidélité conjugale complète après le mariage sont dénigrées et raillées. Les enfants et les adolescents sont plongés dans la confusion et égarés par le comportement pervers des prétendues « vedettes » qu’ils admirent et veulent imiter. Dans la confusion morale causée par les médias, on est en train d’abandonner les valeurs éprouvées par le temps.

Nous constatons une augmentation rapide de la cyber-pornographie, qui entraîne une dépendance sexuelle sur l’Internet. Certaines personnes sont si accrochées à la pornographie sur l’Internet et aux sites de conversation sur le Net qu’elles se désintéressent de leurs alliances conjugales et de leurs obligations et mettent souvent leur emploi en danger. Beaucoup enfreignent la loi. D’autres acquièrent une accoutumance à leur comportement perverti, et prennent davantage de risques pour satisfaire leur immoralité pathologique. Les mariages s’écroulent et les relations se brisent parce que les personnes dépendantes perdent tout ce qui est de valeur réelle et éternelle.

Un sociologue a dit : « La télévision… a remplacé la famille, l’école et l’Église, dans cet ordre ; elle est le principal [moyen] de socialisation et de transmission des valeurs… La cupidité, la débauche, la violence, l’abandon sans borne aux passions, l’absence de limites morales… sont servies chaque jour avec attrait à nos enfants3. »

Nous devons nous inquiéter des paroles violentes et à message sexuel de beaucoup des chansons actuelles et de l’expression artistique relativement nouvelle des séquences vidéo accompagnant les chansons. Les analystes industriels disent que quarante pour cent du public des vidéos musicales ont moins de dix-huit ans4. Une étude affirme qu’environ trois quarts de toutes les vidéos musicales racontent une histoire se servant d’images sexuelles et que près de la moitié comportent de la violence5. Et les tendances de la mode dont sont émaillées leurs images sont à peu près aussi loin que possible d’être vertueuses, aimables, méritant l’approbation ou dignes de louange. Notre époque est certainement une époque où les hommes « appellent le mal bien et le bien mal » (Ésaïe 5:20).

Je répète que la famille est la cible principale des agressions du mal et que c’est donc elle que nous devons protéger et défendre en priorité. Comme je l’ai déjà dit un jour, quand on y réfléchit, du point de vue de la tactique diabolique, il est logique que Satan s’attaque à la famille. Quand Satan veut mettre à mal l’œuvre du Seigneur, il n’empoisonne pas les réserves de beurre d’arachide du monde, pour mettre tout le programme missionnaire de l’Église à genoux. Il n’envoie pas une épidémie de laryngite pour affliger le Chœur du Tabernacle mormon. Il ne fait pas voter des lois contre le jello et les gratins. Quand il veut frapper et rompre l’essence de l’œuvre de Dieu, il attaque la famille. Il le fait en essayant de faire désobéir à la loi de chasteté, de faire confondre les sexes, d’insensibiliser les gens à la violence, de faire que le langage grossier et blasphématoire devienne la norme et que les comportements immoraux et pervers paraissent la règle et non l’exception.

Nous devons nous rappeler la déclaration d’Edmund Burke : « La seule condition nécessaire au triomphe du mal, c’est que les hommes de bien ne fassent rien6. » Nous devons élever la voix avec d’autres citoyens préoccupés par le problème dans le monde entier pour nous opposer aux tendances actuelles. Nous devons dire aux annonceurs qui passent des publicités offensives dans les médias que nous en avons assez. Nous devons soutenir les émissions et les produits positifs et édifiants. En nous associant à des voisins et à des amis qui partagent nos préoccupations, nous pouvons envoyer un message clair aux responsables. Leurs sites Internet et les personnes qui y sont affiliées localement auront leurs adresses. Les lettres et les courriels ont plus d’effet que le croient la plupart des gens, surtout lorsqu’ils contiennent un message semblable à la lettre envoyée par une sœur de la Société de Secours qui déclarait : « Je représente un groupe de plus de cent femmes qui se réunissent chaque semaine et parlentsouvent des méfaits de vos émissions sur nos enfants. »

Bien sûr, la manière élémentaire de protester contre l’effet négatif des médias est simplement de ne pas les regarder, les lire n’y d’y jouer. Nous devons aussi enseigner aux membres de notre famille de suivre le conseil que la Première Présidence a donné aux jeunes. Dans la brochure Jeunes, soyez forts, elle donne des instructions très claires sur les divertissements et les médias :

« Lorsque des divertissements comportent quoi que ce soit de vulgaire, d’immoral, de violent ou de pornographique, n’y allez pas, ne les regardez pas et n’y participez pas. Ne participez à aucun divertissement qui présente d’une façon ou d’une autre l’immoralité ou la violence comme quelque chose d’acceptable.

« Ayez le courage de quitter un film ou une soirée vidéo, d’éteindre l’ordinateur ou la télévision, de changer de station de radio ou de fermer un magazine, si ce que l’on vous présente ne correspond pas aux normes fixées par notre Père céleste. Faites-le même si les autres ne le font pas7. »

Mes frères et sœurs, refusez qu’on se serve de vous. Refusez de vous laisser manipuler. Refusez de soutenir ces émissions qui sont en désaccord avec les valeurs familiales traditionnelles. Notre voix n’a peut-être aucune importance au début, mais élevons-la et recommandons des médias plus édifiants, plus inspirants et plus acceptables.

Outre le fait de faire entendre notre voix, je vais terminer par sept actions que tous les parents peuvent mener pour réduire les effets négatifs des médias sur nos enfants :

  1. Nous devons tenir des conseils de famille et décider de nos normes pour les médias.

  2. Nous devons passer suffisamment de temps avec nos enfants de manière à être constamment la principale influence dans leur vie, et ne pas laisser ce rôle aux médias ni à leurs fréquentations.

  3. Nous devons nous-mêmes choisir de bons médias et donner le bon exemple à nos enfants.

  4. Nous devons limiter la quantité de temps que nos enfants passent chaque jour à regarder la télévision, à jouer à des jeux vidéo ou à utiliser l’Internet. La réalité virtuelle ne doit pas devenir leur réalité.

  5. Nous devons utiliser les filtres Internet et blocages d’émissions télévisées pour empêcher que nos enfants tombent « par hasard » sur des choses qu’ils ne doivent pas voir.

  6. Les téléviseurs et les ordinateurs doivent être dans la salle la plus fréquentée du foyer et non dans une chambre ni un endroit privé.

  7. Nous devons prendre le temps de regarder les bons médias avec nos enfants et de discuter avec eux de la manière de choisir ce qui est édifiant et constructif, non ce qui est dégradant et destructeur.

Je prie pour que Dieu nous accorde le courage et la sagesse de faire chacun notre possible pour contribuer à détourner la marée des médias des ténèbres vers la vérité et la lumière. Puisse Dieu accorder à nos familles la bénédiction d’être fortes et fidèles aux principes de l’Évangile. Au nom de Jésus-Christ. Amen.

  1. « La famille, Déclaration au monde », Le Liahona, octobre 1998, p. 24.

  2. Voir Dale Kunkel and others, Sex on TV 2003: A Biennial Report to the Kaiser Family Foundation, 2003, p. 40.

  3. Zbigniew Brzezinski, « Weak Ramparts of the Permissive West », Nathan P. Gardels, éd., At Century’s End: Great Minds Reflect on Our Times, 1995, p. 53.

  4. Voir National Institute on Media and the Family, « Fact Sheet », Internet, http://www.mediafamily.org/facts/facts_mtv.shtml.

  5. Voir Barry L. Sherman et Joseph R. Dominick, « Violence and Sex in Music and Videos: TV and Rock ’n’ Roll », Journal of Communication, hiver 1986, p. 79-93.

  6. Attribué dans John Bartlett, comp., Familiar Quotations, 15e édition, 1980, p. ix.

  7. Jeunes, soyez forts, 2001, p. 17, 19.