2000-2009
Venez à Sion
Octobre 2008


17:6

Venez à Sion

Dans notre famille et dans nos pieux et nos districts, cherchons à édifier Sion par l’unité, la piété et la charité.

Joseph Smith, le prophète, a dit : « L’édification de Sion est une cause à laquelle le peuple de Dieu s’est intéressé à toutes les époques ; c’est un sujet sur lequel les prophètes, les prêtres et les rois se sont appesantis avec un plaisir particulier ; ils ont attendu avec impatience et allégresse les jours dans lesquels nous vivons ; et, enflammés par une espérance et une joie céleste, ils ont chanté, écrit et prophétisé sur notre temps mais sont morts avant de pouvoir le contempler de leur vivant ; nous sommes le peuple favorisé que Dieu a choisi pour accomplir la gloire des derniers jours » (Enseignements des Présidents de l’Église : Joseph Smith[cours d’étude de la Prêtrise de Melchisédek et de la Société de Secours, 2007], p. 198).

Sion est à la fois un endroit et un peuple. Sion est le nom qui a été donné à l’ancienne ville d’Hénoc, avant le déluge. « Et il arriva que, de son temps, il bâtit une ville, qui fut appelée la Ville de Sainteté, Sion » (Moïse 7:19).Cette ville de Sion a duré trois cent soixante-cinq ans (voir Moïse 7:68). Les Écritures déclarent : « Et Hénoc et tout son peuple marchèrent avec Dieu, et Dieu demeura au milieu de Sion. Et il arriva que Sion ne fût plus, car Dieu la reçut dans son sein. C’est de là que se répandit l’expression : Sion s’est enfuie » (Moïse 7:69). Plus tard, Jérusalem et son temple ont été appelés « montagne de Sion » et les Écritures prédisent une nouvelle Jérusalem à venir, où le Christ régnera comme « Roi de Sion », quand « la terre se reposera pendant mille ans » (Moïse 7:53, 64).

Le Seigneur a appelé le peuple d’Hénoc Sion « parce qu’il était d’un seul cœur et d’un seul esprit, et qu’il demeurait dans la justice… et [qu’]il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moïse 7:18). Ailleurs, il dit : « C’est là Sion : Ceux qui ont le cœur pur » (D&A 97:21).

L’antithèse et l’antagoniste de Sion est Babylone. La ville de Babylone était originellement Babel, de la fameuse tour de Babel, qui est devenue par la suite la capitale de l’empire babylonien. Son bâtiment principal était le temple de Bel ou Baal, idole dont les prophètes de l’Ancien Testament disaient qu’elle était « La Honte » en raison des perversions sexuelles qui étaient associées à son culte. (Voir Bible Dictionary, « Assyria and Babylonia », p. 615-616 ; « Baal », p. 617-618 ; « Babylon or Babel », p. 618). Son matérialisme, son culte du mal et la captivité que Juda y a connue après avoir été conquis en 587 av. J.-C., tout cela concourt à faire de Babylone le symbole des sociétés décadentes et de l’esclavage spirituel.

C’est sur cette toile de fond que le Seigneur a dit aux membres de son Église : « Sortez de Babylone ; rassemblez-vous d’entre les nations, des quatre vents, d’une extrémité du ciel à l’autre » (D&A 133:7). Il a appelé les anciens de son Église à aller de par le monde pour accomplir ce rassemblement, commençant ainsi un effort qui se poursuit vigoureusement de nos jours. « Et voici, tel sera leur cri, et la voix du Seigneur à tous les hommes : Allez au pays de Sion pour que les frontières de mon peuple s’élargissent et que ses pieux soient affermis, et que Sion puisse se répandre aux régions alentour » (D&A 133:9).

C’est pourquoi aujourd’hui le peuple du Seigneur se rassemble « de toutes les nations » dans les lieux de réunion et les pieux de Sion de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours dispersés parmi toutes les nations. Néphi a prédit que ces « possessions » seraient petites mais que le pouvoir du Seigneur descendrait sur les saints de l’Église de l’Agneau dispersés sur toute la surface de la terre, et qu’ils seraient armés de justice (voir 1 Néphi 14:12-14). Le Seigneur nous appelle à être des phares de justice pour guider les gens qui recherchent la sécurité et les bénédictions de Sion :

« En vérité, je vous le dis à tous : Levez-vous, brillez, afin que votre lumière soit une bannière pour les nations.

« Et que le rassemblement au pays de Sion et dans ses pieux soit pour la défense, le refuge contre la tempête, et contre la colère lorsqu’elle sera déversée sans mélange sur toute la terre » (D&A 115:5-6).

Sous la direction de Joseph Smith, le prophète, les premiers membres de l’Église ont essayé d’établir le centre de Sion au Missouri, mais ils ne se sont pas qualifiés pour bâtir la ville sainte. Le Seigneur a donné une des raisons de l’échec de son peuple :

« Il n’a pas appris à obéir aux choses que j’ai exigées de sa part, mais il est rempli de toute sorte de méchanceté, ne donne pas, comme il convient à des saints, de ses biens aux pauvres et aux affligés en son sein,

« et n’est pas uni, selon l’union exigée par la loi du royaume céleste » (D&A 105:3-4).

« Il y avait parmi eux des querelles, des disputes, des envies, des discordes et des désirs voluptueux et cupides. Ils ont donc souillé par ces choses leurs héritages » (D&A 101:6).

Cependant, plutôt que de juger trop durement ces premiers saints, nous devons faire notre examen de conscience afin de voir si nous nous comportons mieux.

Sion est Sion en raison du caractère, des attributs et de la fidélité de ses citoyens. Souvenez-vous : « Le Seigneur appela son peuple Sion, parce qu’il était d’un seul cœur et d’un seul esprit, et qu’il demeurait dans la justice ; et il n’y avait pas de pauvres en son sein » (Moïse 7:18). Si nous voulons établir Sion dans nos foyers, dans nos branches, dans nos paroisses et dans nos pieux, nous devons nous élever à la hauteur de ces principes. Il sera nécessaire (1) d’être unis d’un seul cœur et d’un seul esprit, (2) de devenir un peuple saint individuellement et collectivement et (3) de prendre soin des pauvres et des nécessiteux avec une telle efficacité que nous éliminerons la pauvreté de parmi nous. Nous ne pouvons attendre que Sion vienne pour que ces choses se produisent : Sion ne viendra que quand elles se produiront.

Unité

En considérant l’unité requise pour que Sion s’épanouisse, nous devons nous demander si nous avons surmonté les querelles, les disputes, les envies et les discordes (voir D&A 101:6). Individuellement et en tant que peuple, sommes-nous exempts de discordes et de disputes et unis « selon l’union exigée par la loi du royaume céleste » ? (D&A 105:4). Le pardon mutuel est essentiel à cette unité. Jésus a dit : « Moi, le Seigneur, je pardonne à qui je veux pardonner, mais de vous il est requis de pardonner à tous les hommes » (D&A 64:10).

Nous deviendrons d’un seul cœur et d’un seul esprit quand nous placerons individuellement le Sauveur au centre de notre vie et que nous suivrons ceux qu’il a désignés pour nous diriger. Nous pouvons nous unir au président Monson dans l’amour et le souci mutuels. Lors de la conférence d’avril dernier, il a parlé aux membres qui se sont écartés de l’Église ainsi qu’à nous tous, quand il a dit : « Dans le sanctuaire privé de notre conscience se trouve l’esprit, la volonté de nous débarrasser du vieil homme et de nous montrer à la hauteur de notre vrai potentiel. Dans cet esprit, nous lançons de nouveau cette invitation sincère : Revenez. Nous vous tendons la main dans l’amour pur du Christ et exprimons notre désir de vous aider et de vous accueillir comme membres à part entière. Nous disons à ceux dont l’esprit est blessé ou qui se débattent dans les problèmes et la crainte : laissez-nous vous aider, vous réconforter et apaiser vos craintes » (Thomas S. Monson, « Regardez en arrière et allez de l’avant », Le Liahona, mai 2008, p. 90).

Fin juillet de cette année, des jeunes adultes seuls de plusieurs pays d’Europe de l’Est se sont réunis près de Budapest, en Hongrie, pour participer à une conférence. Vingt jeunes gens et jeunes filles de Moldavie, qui avaient passé plusieurs jours à obtenir leur passeport et leur visa et plus de trente heures à voyager en autocar pour se rendre à cette conférence, se sont joints à ce groupe. Le programme de la conférence comportait une quinzaine d’ateliers. Chaque personne devait en choisir deux ou trois auxquels elle désirait le plus assister. Au lieu de se concentrer uniquement sur leurs propres intérêts, ces jeunes adultes moldaves ont décidé de s’organiser pour qu’au moins une personne de leur groupe soit dans chaque classe et prenne des notes détaillées. Puis, ils partageraient ce qu’ils avaient appris les uns avec les autres et, plus tard, avec les jeunes adultes moldaves qui n’avaient pas pu participer. Dans sa forme la plus simple, cela illustre l’unité et l’amour mutuels qui, multipliés des milliers de fois de différentes façons, ramèneront Sion (voir Ésaïe 52:8).

Sainteté

La plus grande partie de ce qui doit être fait pour établir Sion réside dans nos efforts individuels pour devenir « ceux qui ont le cœur pur » (D&A 97:21). Le Seigneur a dit : « Sion ne peut être édifiée que sur les principes de la loi du royaume céleste ; autrement je ne puis la recevoir en moi » (D&A 105:5). La loi du royaume céleste est, bien sûr, la loi de l’Évangile et des alliances qui incluent que nous nous souvenions constamment du Sauveur et de notre promesse d’obéissance, de sacrifice, de consécration et de fidélité.

Le Sauveur s’est montré critique envers certains des premiers saints pour leurs « désirs voluptueux » (D&A 101:6 ; voir aussi D&A 88:121). Ces personnes vivaient dans un monde sans télévision, sans film, sans Internet, sans i-Pod. Dans un monde maintenant inondé d’images et de musique empreintes de sexualité, sommes-nous à l’abri des désirs voluptueux et de leur cortège de maux ? Au lieu de repousser les limites de la pudeur dans l’habillement ou de nous livrer à l’immoralité par procuration de la pornographie, nous devons avoir faim et soif de justice. Pour venir à Sion, il ne suffit pas que vous ou moi soyons un peu moins méchants que les autres. Nous ne devons devenir non seulement des hommes et des femmes bons, mais aussi des saints. Pour reprendre la formule de Neal A. Maxwell, établissons une bonne fois pour toutes notre résidence en Sion et renonçons à notre résidence secondaire à Babylone (voir Neal A. Maxwell, A Wonderful Flood of Light, 1990, p. 47).

Prendre soin des pauvres

Tout au long de l’histoire, le Seigneur a évalué les sociétés et les individus en fonction du soin qu’ils prenaient des pauvres. Il a dit :

« Car la terre est pleine, et il y a assez, et même en réserve, oui, j’ai tout préparé et j’ai donné aux enfants des hommes d’agir par eux-mêmes.

« C’est pourquoi, si quelqu’un prend de l’abondance que j’ai faite et ne donne pas sa part, selon la loi de mon Évangile, aux pauvres et aux nécessiteux, il lèvera avec les méchants les yeux en enfer, en proie aux tourments » (D&A 104:17-18 ; voir aussi D&A 56:16-17).

De plus, il déclare : « Dans vos choses temporelles, vous serez égaux, et ce, pas à contrecœur, autrement l’abondance des manifestations de l’Esprit sera refusée » (D&A 70:14 ; voir aussi D&A 49:20 ; 78:5-7).

Nous sommes maîtres de ce que nous faisons de nos moyens et de nos ressources, mais nous rendons compte à Dieu de cette intendance sur les choses terrestres. C’est un plaisir de voir votre générosité quand vous contribuez aux offrandes de jeûne et aux projets humanitaires. Au fil des années, la souffrance de millions de personnes a été soulagée et d’innombrables autres ont pu améliorer leurs conditions de vie grâce à la générosité des saints. Néanmoins, tout en militant pour la cause de Sion, chacun de nous doit se demander, dans la prière, s’il fait ce qu’il doit et tout ce qu’il doit aux yeux du Seigneur en ce qui concerne les pauvres et les nécessiteux.

Nous qui sommes nombreux à vivre dans des sociétés qui vouent un culte aux biens matériels et aux plaisirs, nous pouvons nous demander si nous restons à l’écart de la cupidité et du désir d’acquérir de plus en plus de biens de ce monde. Le matérialisme n’est qu’une manifestation supplémentaire de l’idolâtrie et de l’orgueil qui caractérisent Babylone. Peut-être pouvons-nous nous contenter de ce qui suffit à nos besoins.

L’apôtre Paul a mis Timothée en garde contre les personnes qui supposent « que la piété est une source de gain » (1 Timothée 6:5).

Il a dit : « Nous n’avons rien apporté dans le monde, et il est évident que nous n’en pouvons rien emporter.

« Si donc nous avons la nourriture et le vêtement, cela nous suffira » (1 Timothée 6:5, 7-8).

Dans la plupart des endroits du monde, nous entrons dans une période de troubles économiques. Veillons les uns sur les autres du mieux que nous pouvons. Je me souviens de l’histoire d’une famille vietnamienne qui a fui Saigon en 1975 et s’est retrouvée à vivre dans un petit mobile home, à Provo, en Utah. Un jeune homme de cette famille de réfugiés devint le compagnon de visites au foyer d’un frère Johnson qui vivait près de là avec sa nombreuse famille. Ce garçon raconte ce qui suit :

« Un jour, frère Johnson a remarqué que nous n’avions pas de table de cuisine. Le lendemain, il a apporté une table bizarre mais très pratique qui se logeait très bien contre la paroi du mobile home, opposée à l’évier et au plan de travail de la cuisine. Je dis bizarre parce que deux pieds de cette table étaient assortis à la table et les deux autres pas. De même, plusieurs petites chevilles de bois ressortaient d’un bord du plateau usé.

« Nous avons bien vite utilisé cette table unique pour préparer la nourriture et pour manger des repas sur le pouce. Nous mangions encore nos repas en famille, assis sur le sol… à la mode vietnamienne.

« Un soir, j’étais dans l’entrée, chez frère Johnson et je l’attendais avant un rendez-vous d’enseignement au foyer. Là, dans la cuisine à côté, j’ai eu la surprise de constater la présence d’une table presque identique à celle qu’il avait donnée à ma famille. La seule différence était que, là où notre table avait des chevilles, celle des Johnson avait des trous ! J’ai alors compris qu’en voyant que nous en avions besoin, cet homme charitable avait coupé sa table de cuisine en deux et avait fabriqué deux nouveaux pieds pour chaque moitié.

« Il était évident que les Johnson ne pouvaient pas tous prendre place autour de cette petite table et peut-être qu’ils n’étaient pas à l’aise quand elle était entière…

« Toute ma vie, cette marque de bonté a été un grand rappel de ce que signifie véritablement donner » (voir Son Quang Le, raconté par Beth Ellis Le, « Deux tables en une seule », Le Liahona, juillet 2004, p. 45).

Joseph Smith, le prophète, a dit : « Notre plus grand but devrait être l’édification de Sion » (Enseignements, Joseph Smith, p. 199). Dans nos familles, dans nos pieux et dans nos districts, cherchons à édifier Sion par l’unité, la piété et la charité, nous préparant ainsi pour le grand jour où Sion, la nouvelle Jérusalem, se lèvera. Comme le dit notre cantique,

Israël, ton Dieu t’appelle

À sortir de ton exil.

Babylone enfin chancelle,

Son état est faible et vil.

Viens à Sion, belle et sainte,

Pour échapper au péril.

Viens à Sion, belle et sainte,

Pour échapper au péril.

(« Israël, ton Dieu d’appelle », Cantiques, n° 6)

Je rends témoignage de Jésus-Christ, le Roi de Sion, au nom de Jésus-Christ. Amen.