Répandez vos miettes
Mes chers frères et sœurs, chers amis, je vous transmets les salutations et les bénédictions de notre prophète bien-aimé, le président Monson. Il est reconnaissant pour vos prières et votre amour en cette période de Noël et chaque jour.
J’ai toujours aimé cette période de l’année. La veillée de Noël de la Première Présidence est devenue une tradition que de nombreuses personnes aiment, notamment les membres de ma propre famille. Nous attendons avec impatience de débuter la saison des fêtes avec la sublime musique de l’Orchestra at Temple Square et du Mormon Tabernacle Choir qui est toujours merveilleux. Les messages et la musique donnent le ton de la période de Noël et nous rappellent la raison et la signification profonde de ce que nous célébrons.
Noël en Allemagne
Dans ma plus tendre enfance, je voulais qu’à Noël il y ait un temps hivernal parfait, et je sais que je ne suis pas le seul dans ce cas. Je voulais un petit vent glacial, un ciel bien bleu et une épaisse couche de neige fraîchement tombée. Le temps ne correspondait presque jamais à mes rêves de paysage de carte postale, et il y avait plutôt un ciel gris brumeux d’où tombait de la neige fondue, ou même de la pluie.
Cependant, le soir du réveillon de Noël, ma mère nous emmitouflait dans des habits bien chauds et notre père nous emmenait nous promener dans les rues de notre ville.
Nous, les enfants, connaissions la véritable raison de cette promenade annuelle : notre mère avait besoin de temps pour décorer l’arbre de Noël, mettre les cadeaux au pied du sapin et préparer notre salon pour la Sainte nuit. Nous tentions tous les subterfuges pour rendre cette promenade aussi courte que possible. Mais notre père faisait preuve d’une grande créativité pour allonger le parcours afin de donner à notre mère le temps dont elle avait besoin.
À cette époque, les rues de Zwickau étaient plutôt sombres le soir. C’était juste après la Seconde Guerre mondiale et les rues étaient mal éclairées. Seuls quelques magasins étaient ouverts et certains se trouvaient près de maisons bombardées, qui avaient toujours l’odeur étrange de la guerre.
La partie de la promenade que nous préférions tous était notre passage dans la cathédrale où nous écoutions de magnifiques chants de Noël et l’orgue majestueux qui jouait toujours la veille de Noël. Cette musique semblait rendre les humbles lumières de notre ville bien plus étincelantes, presque comme des étoiles scintillantes, et remplissait notre cœur d’enfant d’un merveilleux esprit de joie impatiente.
Au moment où nous rentrions, notre mère avait fini les préparatifs et nous défilions dans le salon un à un pour admirer le magnifique « Tannenbaum » (le sapin) qui venait d’être décoré. Ce n’était pas facile de trouver des arbres à cette époque et nous prenions ce qu’il y avait. Nous devions parfois ajouter quelques branches pour qu’il soit un peu plus fourni pour l’occasion. Mais à mes yeux d’enfant, l’arbre de Noël était toujours parfaitement glorieux.
La lumière scintillante des bougies remplissait la pièce d’une lueur mystérieuse, presque féérique. Nous regardions avec excitation les présents sous l’arbre et espérions que nos désirs secrets seraient réalisés.
L’excitation de recevoir des présents était presque égalée par l’enthousiasme d’en donner. Ces cadeaux étaient souvent faits maison. Une année, alors que j’étais très jeune, j’avais offert à mon frère son portrait que j’avais dessiné. J’étais très fier de mon chef-d’œuvre. Et il m’a remercié et félicité avec beaucoup de gentillesse et de bienveillance.
Je chérirai toujours ces souvenirs agréables de ma petite enfance en Allemagne de l’Est.
L’amour infini
Les traditions de Noël se célèbrent de manières extraordinaires et uniques dans les cultures et les nations de ce monde. Elles sont toutes magnifiques, remarquables et pourtant très différentes.
Mais elles ont toutes en commun les sentiments et l’esprit qui semblent être présents lorsque nous célébrons la naissance du Christ, notre roi, notre consolateur, notre confident, la consolation d’Israël !
On peut exprimer ces sentiments de multiples façons : la gaieté, l’espérance, l’attente joyeuse, la bonne humeur. Tout cela fait partie de ce que l’on appelle « l’esprit de Noël ».
Mais pour moi, il y a un mot qui décrit mieux les sentiments que nous éprouvons à Noël. Ce mot, c’est l’amour.
Après tout, le don que nous célébrons à Noël est un don d’amour : le don que Dieu a fait de son Fils. « L’amour de Dieu a été manifesté envers nous en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. [C’est l’amour]1. »
Nos cœurs, touchés par l’amour, s’adoucissent. Nous ressentons de la tendresse qui nous pousse à tendre la main aux autres avec gentillesse et compassion.
Noël nous inspire à mieux aimer.
En disant cela, je reconnais que le mot amour est insuffisant, qu’il ne convient pas. En anglais, comme dans beaucoup d’autres langues, « aimer » peut signifier bien d’autres choses. Par exemple, je pourrais dire que « j’aime » la pluie, que « j’aime » votre nouvelle tenue ou que « j’aime » l’odeur d’une boîte de balles de tennis que l’on vient d’ouvrir.
Mais l’amour dont je parle est beaucoup plus profond. Notre conception limitée de l’amour est comme un grain de sable sur une immense plage, comparé à l’amour que Dieu a pour nous.
Son amour est infini et d’une compassion sans limites. L’amour divin remplit l’éternité. Il déborde de grâce éternelle. Il se met à notre portée et nous élève. Il pardonne. Il bénit. Il rachète.
L’amour divin transcende les différences de personnalités, de cultures ou de croyances. Il refuse de laisser les partis pris et les préjugés empêcher d’apporter du réconfort, de la compassion et de la compréhension. Il est complètement dépourvu de brutalité, de discrimination ou d’arrogance. L’amour divin nous inspire à faire ce que le Sauveur aurait fait : aller au secours des faibles, fortifier les mains languissantes et affermir les genoux qui chancellent2.
C’est le genre d’amour que nous nous efforçons d’acquérir. Cela devrait être notre attribut fondamental en tant que personne et peuple.
Nous ne parviendrons peut-être pas à développer la plénitude de l’amour divin dans cette vie, mais nous ne devons jamais arrêter d’essayer. S’il y a une période de l’année où nous nous en rapprochons un peu plus, c’est la période de Noël, lorsque notre cœur et nos pensées se tournent vers la naissance de la manifestation vivante de l’amour divin, le sauveur Jésus-Christ.
Le conseiller municipal et le garçon
Permettez-moi de vous raconter une histoire illustrant la manière dont cet amour peut toucher notre vie. Il y a quatre-vingt-cinq ans, la veille de Noël, pendant la Grande dépression, un conseiller municipal inspectait les routes de Salt Lake City après une tempête hivernale. Tandis qu’il conduisait, il remarqua un petit garçon au bord de la route, dans le froid glacial sans manteau, ni gants, ni bottes. Le conseiller municipal se gara, invita le garçon au chaud dans sa voiture et lui demanda s’il était content que ce soit Noël. Le garçon répondit : « Nous n’allons pas avoir de Noël chez nous. Papa est mort il y a trois mois et nous a laissés, Maman, moi, mon petit frère et ma petite sœur. »
Le conseiller municipal monta le chauffage dans la voiture et dit : « Mon garçon, donne-moi ton nom et ton adresse. Quelqu’un va venir chez toi, vous ne serez pas oubliés. »
Le conseiller municipal était aussi le président d’un pieu du centre-ville de Salt Lake City. Il travaillait avec les membres de son pieu pour fournir de la nourriture et des cadeaux aux familles qui n’avaient pas les moyens d’en acheter. Le garçon n’était pas membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, mais cela n’avait pas d’importance pour le conseiller municipal. Ce soir-là, avec l’un des évêques de son pieu, il s’est assuré qu’un panier de Noël bien garni soit livré à la famille du garçon3.
La rencontre de ce garçon toucha profondément ce président de pieu. Cela le rendit plus déterminé que jamais à rechercher les personnes qui souffrent et à les soulager. C’est même devenu l’élément central de sa vie.
Le conseiller municipal s’appelait Harold Bingham Lee, et quarante ans plus tard, il est devenu le onzième président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Le président Lee a joué un rôle important dans le développement de l’immense programme de l’Église destiné à soulager la souffrance des personnes dans la détresse et à aider tous les enfants de Dieu à devenir plus autonomes.
Vers la fin de sa vie, le président Lee a dit qu’il comprenait les personnes qui souffraient et qui aspiraient au soulagement parce qu’il venait d’un milieu simple et pauvre4.
Il ne s’agit pas de savoir combien vous avez, mais de savoir combien vous aimez
Je pense que je sais ce que le président Lee éprouvait.
Ma famille a aussi parfois vécu dans des circonstances très humbles. Deux fois en sept ans, nous avons fui notre foyer et nous sommes devenus des réfugiés. En Allemagne de l’Ouest, nous avons vécu dans un grenier loué dans un vieux corps de ferme. Il y avait deux petites chambres et nous dormions tous dans l’une d’elles. Il y avait tellement peu de place que je devais marcher de côté pour me déplacer entre les lits.
Ma mère avait un réchaud dont on se servait pour faire la cuisine. Lorsque nous voulions passer d’une pièce à l’autre, nous devions enjamber des outils de ferme et toutes sortes de coffres, et éviter les différents morceaux de charcuterie qui pendaient du plafond. Un jour alors que j’étais malade et devais garder le lit toute la journée, j’ai vu les souris qui partageaient notre grenier courir sur le sol. Il fallait monter l’eau jusqu’à nos pièces, et les toilettes se trouvaient dans une remise de l’autre côté de la cour, près de la grange. Le dimanche, nous marchions deux heures aller-retour pour nous rendre au bâtiment de notre église à Francfort. Nous avions rarement les moyens de prendre le tramway.
Je ressens à la fois du chagrin et de la joie lorsque je repense à cette période. Mes parents ont fait leur possible pour subvenir à nos besoins, et nous savions qu’ils nous aimaient. Oui, c’était des temps de grand besoin, mais je les considère comme des moments heureux parce que je pouvais ressentir l’amour que nous avions les uns pour les autres, pour le Seigneur et pour son Église.
Il n’y a pas de honte à être pauvre. Souvenez-vous que le Sauveur du monde est né dans une étable et a été couché dans une crèche « parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie5 ». Peu de temps après, Marie, Joseph et Jésus sont devenus des réfugiés en fuyant en Égypte pour se protéger du meurtrier Hérode. Pendant son ministère public, Jésus a marché parmi les cœurs brisés, les affamés et les malades. Il occupait ses journées à les servir. Il est venu « annoncer une bonne nouvelle aux pauvres6 ». À de nombreux points de vue, il était l’un d’eux, car lui non plus n’avait « pas où reposer sa tête7 ».
Il a fait l’éloge d’une veuve démunie qui a pris de son nécessaire pour mettre deux petites pièces dans le tronc8. L’un de ses derniers messages pendant sa vie sur terre était que notre salut dépend de la façon dont nous traitons les autres et particulièrement ceux qui sont méprisés car « toutes les fois que [nous] av[ons] fait ces choses à l’un de ces plus petits […], c’est à [lui] que [nous] les av[ons] faites9 ».
Un poète anglais du XIXe siècle a écrit ces vers :
Dans le grésil et la neige,
Le merle craintif arrive ;
Par pitié, ne le chasse pas,
Mais répands tes miettes. […]
Tout le monde a quelque chose à donner, personne n’est trop pauvre,
Lorsque la misère arrive avec l’hiver ;
Le pain n’est jamais tout à nous,
Alors, répands tes miettes.
Bientôt l’hiver s’abattra sur ta vie,
Et le jour des comptes arrivera :
Contre tes péchés, par décret divin,
Ces miettes répandues te seront rendues en bien10.
Quelle que soit notre situation dans la vie, nous sommes tous un merle craintif, un mendiant, devant Dieu. Nous dépendons de sa grâce. C’est par le sacrifice de Jésus-Christ, notre Sauveur, dans le cadre du grand plan du bonheur, que nous avons l’espoir du salut et du bonheur. Ce don divin nous inspire à respecter les commandements de Dieu et à tendre la main avec compassion aux personnes qui nous entourent. Même si tout ce que nous avons n’est qu’une poignée de miettes, partageons-les joyeusement avec les personnes dans le besoin émotionnel, spirituel ou temporel, pour montrer notre reconnaissance pour le festin spirituel que Dieu a préparé pour nous.
Être une bénédiction pour autrui à Noël
Pendant cette période de Noël que nous aimons, il convient de se réjouir des lumières, de la musique, des cadeaux et des paillettes. Cela fait partie des raisons pour lesquelles nous aimons tellement cette période de l’année.
Mais n’oublions jamais que nous sommes disciples de Jésus-Christ, le Fils vivant du Dieu vivant. Pour honorer véritablement sa venue dans le monde, nous devons faire ce qu’il a fait et tendre la main avec compassion et miséricorde à nos semblables. Nous pouvons faire cela chaque jour, en paroles et en actions. Puisse cela devenir notre tradition de Noël, où que nous soyons, d’être un peu plus gentils, de pardonner davantage, de moins juger, d’être plus reconnaissants, plus généreux en partageant notre abondance avec les personnes dans le besoin.
Que la contemplation de la naissance de Jésus à Bethléem nous inspire à être comme lui. Que la mission et l’exemple du Christ remplissent notre cœur d’amour divin pour Dieu et d’une profonde compassion pour nos semblables. Puissions-nous toujours répandre nos miettes avec une plus grande générosité et un amour incessant. C’est ma prière et ma bénédiction en cette période de Noël et toujours. Au nom de Jésus-Christ. Amen.