«Sois un modèle»
L’Eglise fait plus que jamais pour soulager la souffrance, pour nourrir ceux qui ont faim, pour prévenir et guérir les maladies et pour bénir les gens dans le besoin. Mais il y a encore à faire.
Quand je vous vois si nombreux assemblés pour cette réunion générale de la prêtrise de l’Eglise, je demande à notre Père céleste de m’aider à m’acquitter de ma responsabilité de vous adresser la parole. Depuis quelque temps, j’étudie les enseignements des premiers apôtres, ainsi que leur appel, leur ministère et leur vie. C’est une expérience passionnante qui me rapproche du Seigneur Jésus-Christ.
Ce soir, je vais vous parler de la profonde exhortation adressée par l’apôtre Paul à son cher Timothée. Les paroles de Paul peuvent s’appliquer à chacun de nous: «Sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté… Ne néglige pas le don qui est en toi… Occupe-toi de ces choses1.»
Mes frères, nous avons la possibilité d’apprendre, l’honneur d’obéir et le devoir de servir. A notre époque, il y a des pieds à affermir, des mains à saisir, des esprits à encourager, des cœurs à inspirer et des âmes à sauver.
Réfléchissez par exemple à la loi de la dîme. Le paiement honnête de la dîme donne la force intérieure et l’engagement nécessaires pour respecter les autres commandements.
Le président Hinckley a déclaré: «Une immense responsabilité a été placée sur l’Eglise. La dîme est la source de revenu qui permet à l’Eglise de mener à bien les activités qui lui ont été commandées. Les besoins sont toujours plus grands que les disponibilités. Que Dieu nous aide à observer fidèlement ce grand principe qui vient de lui, et qu’il accompagne d’une merveilleuse promesse2.»
Nous lisons dans Malachie: «Un homme trompe-t-il Dieu? Car vous me trompez, et vous dites: En quoi t’avons-nous trompé? Dans la dîme, et les offrandes… Apportez à la maison du trésor toutes les dîmes, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Eternel des armées. Et vous verrez si je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux, si je ne répands pas pour vous la bénédiction en abondance3.»
Nous avons tous les moyens de payer la dîme. En réalité nul d’entre nous ne peut se permettre de ne pas payer la dîme. Le Seigneur nous fortifiera dans notre résolution. Il ouvrira une porte pour nous permettre de le faire.
Je vais vous lire une lettre que j’ai reçue il y a quelques mois et qui en est un exemple. Elle commence ainsi:
«Nous habitons à la périphérie d’un petit village et notre voisin se sert de notre prairie pour faire paître son bétail. En échange, il nous fournit autant de viande de bœuf que nous en voulons. Nous recevons toujours de la viande fraîche avant d’avoir épuisé notre réserve. Comme nous vivons dans une paroisse d’étudiants, nous apportons de la viande aux étudiants qui nous semblent pouvoir en avoir besoin.
«A l’époque où ma femme faisait partie d’une présidence de Société de Secours, sa secrétaire était mariée à un étudiant. Elle avait huit enfants. Son mari, Jack, venait d’être appelé comme greffier de paroisse.
«Ma femme avait toujours prié pour savoir quels étudiants pourraient avoir besoin de l’aide de nos excédents de viande. Quand elle m’a dit qu’elle avait l’impression que nous devrions donner de la viande à Jack et à sa famille, j’ai eu très peur de les vexer. Elle aussi. Nous nous inquiétions beaucoup parce que c’étaient des gens très indépendants.
«Quelques jours plus tard, ma femme m’a dit qu’elle avait encore l’impression que nous devrions leur porter de la viande. J’ai accepté avec réticence de l’accompagner. Quand nous sommes allés porter la viande, ma femme avait les mains tremblantes, et j’étais très nerveux. Les enfants ont ouvert la porte. Quand ils ont appris pourquoi nous étions là, ils se sont mis à danser. Les parents se sont montrés réservés mais agréables. Quand nous sommes repartis en voiture, ma femme et moi, nous étions extrêmement soulagés et heureux qu’ils aient accepté notre cadeau.
«Quelques mois plus tard, notre ami, Jack, s’est levé pendant la réunion de témoignage et a raconté ceci: Toute sa vie il avait eu du mal à payer la dîme. Avec une famille aussi nombreuse, ils se servaient de tout l’argent qu’il gagnait pour survivre. Quand il est devenu greffier de la paroisse, il a vu tous les gens qui payaient la dîme et il a ressenti qu’il devait en faire autant. Il l’a fait pendant deux mois et tout s’est bien passé. Puis un mois, il a eu un problème. Il avait fait un travail pour lequel il devait être payé un mois plus tard. Il se rendait compte que sa famille allait manquer d’argent. Sa femme et lui ont décidé d’exposer le problème à leurs enfants. S’ils payaient la dîme, ils n’auraient plus de nourriture vers le 20 du mois. S’ils ne payaient pas la dîme, ils pourraient acheter de la nourriture pour aller jusqu’à la prochaine paie. Jack a dit qu’il voulait acheter à manger, mais que les enfants avaient dit qu’ils voulaient payer la dîme. Alors Jack a payé la dîme et ils ont tous prié.
«Quelques jours plus tard, nous nous sommes présentés avec notre paquet de viande pour eux. Avec la viande ajoutée à ce qu’ils avaient, ils pouvaient manger sans problème jusqu’à la paie suivante.
«Pour moi, il y a tant de leçons à tirer de cela. Par exemple que je devrais toujours écouter ma femme. Mais la plus importante pour moi, c’est que les prières des gens sont presque toujours exaucées par les actions d’autres personnes.»
Je me rends compte qu’il y a des milliers de missionnaires qui assistent à cette réunion de prêtrise ce soir. Je voudrais leur adresser un ou deux mots, tout particulièrement. A l’époque où j’étais président de mission, puis au cours de milliers d’entretiens comme membre des Douze, j’ai dit aux missionnaires avec qui j’avais une entrevue: «Je vous demande de faire trois choses quand vous rentrerez chez vous,» Ardemment, sans savoir de quels engagements il s’agissait, ils acceptaient d’un signe de tête. Je leur expliquais alors:
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Préparez-vous bien à votre métier ou à votre emploi et soyez toujours le meilleur possible dans le domaine que vous aurez choisi.
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Citant Bruce R. McConkie: «Epousez la bonne personne, au bon moment, au bon endroit et par la bonne autorité 4.» Jusque là leur réaction était spontanée et enthousiaste. Puis je leur disais:
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Soyez toujours pratiquants dans l’Eglise. Certains missionnaires semblaient un peu perplexes avant de répondre. Je leur disais: «Permettez-moi de le dire autrement. La formule tient en trois mots: payez votre dîme.» Tous exprimaient leur détermination de le faire. Je crois vraiment que le fait de payer honnêtement la dîme fera beaucoup pour nous garder pratiquants dans l’Eglise.
Je pourrais en dire beaucoup plus sur la dîme, mais ce soir je voudrais aussi parler de l’autre partie du message de Malachie, les offrandes.
Le concept des offrandes de jeûne apparaît dès le temps d’Esaïe quand, parlant du vrai jeûne, il encouragea les gens à jeûner, précisant: «Partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile5.» Joseph Smith, le prophète, instaura la pratique de la collecte des offrandes de jeûne pour les pauvres, à Kirtland (Ohio); plus tard à Nauvoo (Illinois), le Collège des douze apôtres envoya une lettre générale à l’Eglise définissant «les principes du jeûne», déclarant: «Que cela soit un exemple pour tous les saints, et le pain ne manquera jamais: Quand les pauvres meurent de faim, que ceux qui ont à manger, jeûnent pendant une journée et donnent ce qu’ils auraient mangé aux évêques pour les pauvres, et chacun sera dans l’abondance pendant longtemps; et c’est là un grand et important principe de jeûne approuvé par le Seigneur. Tant que les saints vivront tous conformément à ce principe, le cœur et le visage joyeux, ils seront toujours dans l’abondance6.»
Les prophètes de notre époque ont été aussi précis. Harold B. Lee a donné ce conseil: «Quand vous y réfléchissez, tant nous est promis dans l’Evangile alors que si peu nous est demandé. Par exemple, l’ordonnance du baptême nous est donnée pour la rémission des péchés, pour pouvoir entrer dans le Royaume – une nouvelle naissance; le don du Saint-Esprit nous donne le droit à la compagnie de l’un des membres de la Divinité; la bénédiction des malades qualifie la personne qui a la foi pour une bénédiction spéciale; quand nous payons notre dîme, les écluses des cieux peuvent nous être ouvertes; il nous est dit que si nous jeûnons et payons nos offrandes de jeûne, nous pouvons alors faire appel au Seigneur et qu’il entendra notre cri, notre appel7.»
Le successeur du président Lee à la présidence de l’Eglise, Spencer W. Kimball, a dit: «Nous tenons à rappeler à tous les saints les bénédictions qui découlent de l’observance du jeûne régulier et du don d’une offrande de jeûne aussi généreuse que possible et que nous sommes en mesure de faire. Chaque fois que nous le pouvons, nous devrions donner de nombreuses fois la valeur des repas dont nous nous sommes abstenus.» Le président Kimball a ajouté: «La collecte des offrandes de jeûne est un devoir important. Je considérais que c’était un grand honneur que d’être diacre. Mon père était toujours plein d’attention… et me permettait de prendre le cabriolet et le cheval pour collecter les offrandes de jeûne. Ma responsabilité incluait la partie de la ville où j’habitais, mais il fallait marcher longtemps jusqu’aux maisons, et un sac de farine, un bocal de fruits ou de légumes ou un pain finissaient par devenir pesants. Alors le cabriolet était confortable et pratique. Nous sommes passés à l’argent plus tard, mais c’étaient des denrées à mon époque. C’était un très grand honneur d’accomplir ce service pour mon Père céleste; et bien que les temps aient changé et que l’on donne généralement de l’argent au lieu de marchandises, cela reste un grand honneur d’accomplir ce service8.»
J’imagine que cela ne vous dérangerait pas, vous, jeunes diacres, de prendre un cheval et un cabriolet pour collecter des offrandes de jeûne!
Je me rappelle quand, jeune diacre, je parcourais une partie de la paroisse le matin du dimanche de jeûne, remettant une petite enveloppe à chaque famille, attendant tandis qu’on y plaçait une contribution, puis la remettant à l’évêque. Un jour, un membre âgé, frère Wright, m’accueillit à la porte, et, de ses vieilles mains, tritura le pli de l’enveloppe et y plaça une pièce de vingt cinq cents. Ses yeux brillaient. Il me parla d’une fois, il y avait de cela des années, où la présidente de la Société de Secours, sœur Balmforth, grâce à ce qui avait été collecté, avait apporté chez lui dans une petit fourgon rouge de la nourriture pour son garde-manger et de la gratitude pour son âme. Il la décrivit comme «un ange envoyé par le ciel». Je n’ai pas oublié Eddie Wright.
Vous, les diacres, et autres détenteurs de la Prêtrise d’Aaron qui accomplissez aujourd’hui ce service sacré, sachez que c’est un devoir sacré. Je me souviens que quand j’étais évêque, un matin les garçons de ma paroisse se sont rassemblés, les yeux encore embués de sommeil, un peu ébouriffés, et se plaignant légèrement d’avoir dû se lever aussi tôt pour s’acquitter de leur tâche. Pas un mot de reproche n’a été prononcé, mais la semaine suivante nous avons escorté les garçons à Welfare Square, à Salt Lake City, pour une visite guidée. Là ils ont vu de leurs yeux une sœur paralysée tenir le standard téléphonique, un homme âgé remplir des étagères, des femmes disposer des vêtements devant être distribués, et même un non-voyant coller des étiquettes sur des boîtes de conserve. Ces personnes gagnaient leur vie par leur travail rémunéré par des dons. Un profond silence tomba sur les garçons tandis qu’ils voyaient comment leurs efforts chaque mois permettaient de collecter les fonds sacrés des offrandes de jeûne qui aidaient les nécessiteux et fournissaient un emploi à ces personnes qui, sans cela, n’auraient rien eu à faire.
A partir de ce jour-là, nous n’eûmes plus à pousser nos diacres à collecter les offrandes de jeûne. Le matin du dimanche de jeûne, ils étaient présents à sept heures, endimanchés, désireux de faire leur devoir de détenteurs de la Prêtrise d’Aaron. Ils ne distribuaient ni ne ramassaient plus des enveloppes. Ils aidaient à fournir à manger aux affamés et un toit aux sans-abris, tout cela à la manière du Seigneur. Leurs sourires étaient plus fréquents, leur pas plus déterminé, leur âme plus recueillie. Peut-être avaient-ils à présent une autre motivation, peut-être à présent comprenaient-ils mieux le passage bien connu: «Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites9.»
Dans le quartier où j’habitais et où je servais, nous avions un poulailler communautaire. La plupart du temps, c’était un projet d’entraide efficacement géré, qui fournissait au magasin des milliers de douzaines d’œufs frais et des centaines de livres de poulets prêts à cuire. Parfois cependant, les fermiers urbains bénévoles récoltaient des ampoules aux mains et étaient découragés. Par exemple, je n’oublierai jamais la fois où nous avons réuni les adolescents de la Prêtrise d’Aaron pour faire le grand nettoyage de printemps du poulailler communautaire. Notre troupe enthousiaste et énergique s’est rassemblée au poulailler et à un bon rythme a arraché, entassé et brûlé de grandes quantités de mauvaises herbes et de débris. A la lumière des feux de joie, nous avons mangé des hot-dogs en nous félicitant du bon travail que nous avions fait. Le poulailler était maintenant propre et net. Mais il y a quand même eu un problème catastrophique. Le bruit et les feux avaient tant dérangé la population fragile et instable de plusieurs milliers de poules pondeuses que la plupart d’entre elles se sont mises aussitôt à muer et ont cessé de pondre. Après cela, nous avons toléré quelques mauvaises herbes, afin de produire plus d’œufs.
Nul membre de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours qui a mis en boîte des petits pois, étêté des betteraves, chargé du foin ou pelleté du charbon dans ce cadre n’oublie ni ne regrette jamais l’occasion qu’il a eue d’aider à subvenir aux besoins des nécessiteux. Des hommes et des femmes dévoués aident à gérer ce programme d’entraide vaste et inspiré. En réalité, ce plan ne réussirait jamais uniquement avec des efforts, car il fonctionne par la foi à la manière du Seigneur.
Mes frères, vous et votre famille êtes aussi à féliciter de la manière dont vous soutenez aussi généreusement les actions humanitaires de l’Eglise dans le monde entier. Nous apportons une aide essentielle aux gens dans le besoin en cas de catastrophes naturelles, de famine, d’épidémies et d’événements qui peuvent survenir n’importe où. Les livraisons d’urgence de nourriture, de vêtements, d’abris et de matériel médical apportent du secours aux gens dans la souffrance et la paix, la paix promise par le Seigneur, à celui qui reçoit et à celui qui donne. Les projets financés par votre générosité apportent la santé et le bonheur grâce au creusage de puits qui apportent de l’eau non contaminée à des gens qui n’en ont jamais eu. Des enfants que la poliomyélite aurait rendus infirmes, marchent grâce à vos dons qui ont fourni le vaccin pour prévenir ces terribles tragédies.
Si vous vous trouvez à Salt Lake City, visitez le centre de tri, où des milliers de tonnes de vêtements donnés sont réceptionnés, triés, empaquetés et expédiés aux nécessiteux dans le monde entier ainsi que dans les îlots de pauvreté situés plus près de chez nous. On se souvient alors de la déclaration de Joseph, le prophète: «Un homme rempli de l’amour de Dieu ne se contente pas de faire du bien à sa famille seulement, mais parcourt le monde entier, vivement désireux de faire du bien à tout le genre humain10.»
La plupart d’entre vous êtes instructeurs au foyer. Vous êtes les yeux et les oreilles des évêques pour chercher les pauvres et les affligés. En s’acquittant de leurs responsabilités, des instructeurs au foyer vigilants ont remarqué des pères de famille au chômage désireux de trouver du travail; des mères désemparées qui voyaient souffrir leurs enfants; des enfants pleurant de faim, mal habillés et mal protégés du froid de l’hiver. Dans un cas, tous les membres de la famille dormaient par terre parce qu’ils n’avaient pas de lit. L’aide nécessaire a été apportée sans tarder.
Rappelez-vous le conseil du roi Benjamin rapporté dans Mosiah: «Et vous-mêmes, vous porterez secours à ceux qui ont besoin de votre secours; vous donnerez de vos biens à ceux qui n’en ont point, et vous ne laisserez point le mendiant vous supplier en vain, et ne le renverrez pas pour qu’il périsse11.»
Heureusement, et c’est louable, l’Eglise fait plus que jamais pour soulager la souffrance, pour nourrir ceux qui ont faim, pour prévenir et guérir les maladies et pour bénir les gens dans le besoin. Mais il y a encore à faire.
Mes frères, ma prière est que nous soyons des modèle[s] pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté12.» Alors s’accomplira pour nous la promesse du Seigneur: «Moi, le Seigneur, je suis miséricordieux et clément pour ceux qui me craignent et je me réjouis d’honorer ceux qui me servent en justice et en vérité jusqu’à la fin.
«Leur récompense sera grande et leur gloire sera éternelle13.»
Au nom de Jésus-Christ. Amen.