Ne temporisez pas
Néphi avait raison. Dieu ne donne aucun commandement aux enfants des hommes sans leur préparer la voie pour qu’ils puissent obéir. Même si la situation est difficile, nous pouvons nous repentir.
Il nous est tous arrivé d’avoir des délais à tenir. La peur nous saisit lorsque nous comprenons que nous risquons de ne pas avoir suffisamment de temps pour finir ce que nous avons promis. Il nous vient la pensée: «Pourquoi ne m’y suis-je pas pris plus tôt?»
Le Seigneur savait que nous serions tentés de remettre à plus tard la préparation la plus importante que nous puissions jamais faire dans cette vie. Il nous a avertis plus d’une fois à propos des délais. Il a enseigné la parabole des dix vierges, dont cinq n’ont pas rempli leur lampe pour la venue de l’époux. Il a donné aussi la parabole des serviteurs qui n’ont pas été fidèles parce qu’ils croyaient que leur maître tarderait à venir. Les conséquences de ces retards ont été tragiques.
Pour les cinq vierges qui ne s’étaient pas préparées, la situation a été la suivante:
«Plus tard, les autres vierges vinrent, et dirent: Seigneur, Seigneur, ouvre-nous.
Mais il répondit: Je vous le dis en vérité, je ne vous connais pas» (Matthieu 25:11-12).
Pour les serviteurs infidèles qui avaient tardé à se préparer, la situation a été la suivante:
«Le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas,il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les hypocrites: c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents» (Matthieu 24:50-51).
La tentation de tarder à se repentir ne vient pas seulement à la fin du monde comme le suggèrent ces Ecritures. Cette tentation semble avoir été presque constante depuis le début des temps et reste présente pendant toute notre vie. Lorsque nous étions jeunes, peut-être nous sommes-nous dit: «J’aurai bien le temps de me préoccuper de choses spirituelles juste avant ma mission ou mon mariage. Les choses spirituelles sont pour les vieux.» Ensuite, dans les premières années de mariage, la pression de la vie, du travail, des factures et les instants de répit et de divertissement semblent remplir tellement notre vie qu’il nous paraît encore raisonnable de temporiser pour nous acquitter de nos devoirs envers Dieu et envers notre famille. Il est facile de penser: «J’aurai peut-être plus de temps pour cela quand je serai plus mûr.» Mais le temps ne s’allonge pas dans les années qui suivent. Il y a tant à faire et le temps semble s’accélérer. On ne dirait pas qu’il s’écoule dix ans entre le 55e et le 65e anniversaire, ni entre le 65e et le 75e.
L’âge s’accompagne de problèmes physiques et émotionnels. On dirait que nous n’arrivons pas à accomplir autant de choses en une heure que lorsque nous étions jeunes. Il est plus difficile d’être patient avec les autres qui semblent devenir plus exigeants. Il est alors tentant de se croire dispensé de s’élever jusqu’aux normes requises par nos alliances passées, maintenant négligées depuis si longtemps.
Nous ne tombons pas tous dans ce piège de l’inaction. Mais suffisamment de personnes le font pour qu’il s’y trouve au moins une personne que nous aimons, et souvent plus … un enfant, l’un de nos parents, un ami … quelqu’un dont nous nous sentons responsables et pour qui nous souffrons et nous inquiétons. L’Evangile leur a été enseigné. Ils ont contracté des alliances. Pourtant, ils n’arrêtent pas de désobéir ou d’être négligents malgré le malaise que nous savons qu’ils ressentent. Il leur incombe de choisir de se repentir ou de rester prisonniers du péché. Mais si nous savons comment ils se sont laissés prendre au piège de l’inaction et de l’entêtement, cela peut nous aider à entendre plus facilement la réponse à notre prière fervente: «S’il te plaît, Père céleste, dis-moi ce que je peux faire pour l’aider?»
Cette tentation de la temporisation vient de notre ennemi, Lucifer. Il sait que nous ne pouvons pas être vraiment heureux si nous n’espérons pas en cette vie, puis en l’obtention de la vie éternelle dans la suivante. C’est là le plus grand de tous les dons de Dieu. C’est de vivre à jamais en famille avec notre Père céleste et avec Jésus-Christ, et de progresser éternellement. Satan veut que nous soyons malheureux comme lui. Il sait que nous ne pouvons obtenir ce vrai bonheur que si nous sommes purifiés par notre foi au Seigneur Jésus-Christ, par notre repentir profond et continu et par le fait de contracter et de respecter les alliances sacrées qui nous sont offertes uniquement par l’intermédiaire des serviteurs autorisés. Les Ecritures confirment le danger de temporiser.
«C’est pourquoi, si vous avez cherché à faire le mal aux jours de votre épreuve, vous vous trouverez impurs devant le siège du jugement de Dieu; et rien d’impur ne peut demeurer auprès de Dieu; c’est pourquoi, vous serez rejetés à jamais» (1 Néphi 10:21).
C’est pourquoi Satan nous tente de temporiser pendant toute la durée de notre mise à l’épreuve. Tout choix de remettre le repentir à plus tard lui donne la chance de voler le bonheur de l’un des enfants d’esprit de notre Père céleste.
Nous sommes tous tentés de temporiser. Nous savons par expérience personnelle que le président Kimball avait raison d’écrire: «L’un des défauts humains les plus graves, quelle que soit l’époque, c’est la temporisation.» Il l’a ensuite définie en ces termes: «C’est un manque de disposition à accepter maintenant notre responsabilité personnelle» (The Teachings of Spencer W. Kimball, édité par Edward L. Kimball, 1982, p. 48). Par conséquent, Satan s’efforce de nous faire croire que nous n’avons pas besoin de nous repentir et nous fait repousser à plus tard tout ce qui est désagréable. Il nous tente, vous et moi, ainsi que ceux que nous aimons, en nous inspirant les pensées suivantes: «Dieu a tant d’amour qu’il ne me tiendra sûrement pas personnellement responsable d’erreurs qui ne sont que le résultat de ma nature humaine.» Ensuite, si ce moyen ne fonctionne pas, il y a cette autre pensée qui nous viendra presque sûrement: «Bon, j’ai la responsabilité de me repentir, mais ce n’est pas le bon moment pour commencer. Si j’attends, ce sera mieux plus tard.»
Certaines vérités battent en brèche ces mensonges destinés à nous tenter de repousser le repentir à plus tard. Commençons par le mensonge, si attirant, que nous n’avons pas besoin de nous repentir.
La vérité est que nous devons tous nous repentir. Si nous sommes dotés de raison et avons plus de huit ans, nous avons tous besoin de la purification que procure l’application de tous les effets de l’expiation de Jésus-Christ. Lorsque ceci est clair, nous ne pouvons pas être tentés de temporiser par la question insidieuse suivante: «Ai-je franchi la ligne du péché grave ou puis-je remettre à plus tard même le fait de penser au repentir.» La question qui compte vraiment est la suivante: «Comment puis-je apprendre à reconnaître où commence le péché pour me repentir sans tarder?»
Une deuxième vérité sur notre responsabilité est que nous ne sommes pas sans ressources pour affronter notre situation. Le monde essaie de nous dire le contraire: il prétend que les imperfections de nos parents ou une défaillance de notre patrimoine génétique font que nous ne sommes pas responsables personnellement. Même si les circonstances sont difficiles, elles n’excusent pas nos actions ni notre inaction. Néphi avait raison. Dieu ne donne aucun commandement aux enfants des hommes sans leur préparer la voie pour qu’ils puissent obéir. Même si la situation est difficile, nous pouvons nous repentir.
De même, le monde pourrait être prêt à excuser notre mauvais comportement parce que ceux qui nous entourent font pareil. Il est faux de dire que le comportement des autres nous innocente du nôtre. Les principes que Dieu a fixés pour notre comportement ne changent pas, que les autres choisissent ou non de se mettre à leur hauteur.
Cela devient particulièrement difficile lorsque d’autres personnes nous blessent et que nous nous sentons justifiés d’être en colère. C’est un mensonge de dire que notre colère justifie notre envie de blesser ou de mépriser nos adversaires. Si nous attendons qu’ils se repentent pour leur pardonner et nous repentir, nous leur laissons le choix du délai, ce qui peut nous coûter le bonheur ici-bas et dans l’au-delà.
En fin de compte, c’est nous qui sommes responsables parce que le Seigneur nous a bien avertis. A la naissance, nous recevons l’Esprit du Christ qui nous permet de distinguer le bien du mal et d’établir le rapport entre le péché et le malheur. Depuis la nuit des temps, il a envoyé des prophètes pour dénoncer le péché et pour prôner la foi et le repentir. Il a rétabli la plénitude de l’Evangile de Jésus-Christ par l’intermédiaire de Joseph Smith, le prophète. Gordon B. Hinckley est son prophète actuel. Il détient les clés de la prêtrise qui permettent aux gens qui vivent aujourd’hui de se repentir et de choisir de recevoir la vie éternelle. A notre époque, nous sommes tenus pour responsables parce que le Saint-Esprit confirme la vérité de ces paroles.
Même le fait d’accepter notre responsabilité personnelle risque de ne pas suffire pour ne pas être tenté de croire que ce n’est pas maintenant qu’il faut nous repentir. «Maintenant» peut paraître si difficile et «plus tard» tellement plus facile. La vérité est qu’il vaut toujours mieux se repentir maintenant que plus tard. Premièrement, le péché a des effets nuisibles sur nous. Le fait de temporiser affaiblit la foi dont nous avons besoin pour nous repentir. Si nous choisissons de continuer à pécher, cela amoindrit notre foi et diminue notre droit de demander la compagnie et le réconfort du Saint-Esprit.
Et deuxièmement, même si nous devons obtenir plus tard le pardon, le Seigneur ne peut pas rétablir les effets bénéfiques que notre repentir immédiat aurait eus sur ceux que nous aimons et que nous devons servir. Cela est particulièrement vrai pour les parents de jeunes enfants. La prime enfance offre des occasions de former et d’édifier qui risquent de ne jamais se présenter à nouveau. Cependant, même le grand-père qui a peut-être laissé passer des occasions avec ses enfants peut, en choisissant de se repentir immédiatement, faire pour ses petits-enfants ce qu’il aurait pu faire pour leurs parents.
Lorsqu’on accepte la responsabilité et que l’on ressent qu’il est urgent de se repentir, la question suivante peut se poser: «Par où vais-je commencer?» Chaque vie est unique. Mais pour chacun, le repentir nécessitera sûrement de prier humblement. Notre Père céleste peut nous permettre de prendre pleinement conscience de nos péchés. Il connaît la profondeur de nos remords. Il peut nous dire comment nous pouvons nous qualifier pour obtenir le pardon. Pour les péchés graves, nous devrons nous confesser à un juge en Israël et accepter qu’il nous guide. Dans ce cas, la prière seule ne suffira pas. Mais, quelle que soit la gravité de nos péchés, la prière nous ouvrira à tous la voie du repentir et du pardon. Sans prière sincère, le repentir et la purification sont impossibles. Lorsque la voie est ouverte par la prière, on peut ressentir la paix.
L’une des questions que nous devons poser à notre Père céleste par la prière personnelle est: «Qu’est-ce que j’ai fait ou oublié de faire aujourd’hui qui te déplaît? Si seulement je peux le savoir, je me repentirai de tout mon cœur, sans tarder.» Il répondra à cette humble prière. Et la réponse confirmera sans doute qu’il valait mieux demander le jour même que d’attendre le lendemain pour le faire.
Je témoigne que les paroles suivantes, prononcées il y a longtemps par un serviteur de Dieu, son vraies:
«Et maintenant, mes frères, je voudrais qu’après avoir reçu tant de témoignages, voyant que les Saintes Ecritures témoignent de ces choses, vous vous avanciez et produisez du fruit digne du repentir.
«Oui, je voudrais que vous vous avanciez et ne vous endurcissiez plus le cœur, car voici, c’est maintenant le moment et le jour de votre salut; et c’est pourquoi, si vous vous repentez et ne vous endurcissez pas le cœur, c’est immédiatement que le grand plan de rédemption se réalisera pour vous.
«Car voici, cette vie est le moment où les hommes doivent se préparer à rencontrer Dieu; oui, voici, le jour de cette vie est le jour où les hommes doivent accomplir leurs œuvres.
«Et maintenant, comme je vous l’ai dit précédemment, puisque vous avez eu tant de témoignages, je vous supplie donc de ne pas différer le jour de votre repentir jusqu’à la fin; car après ce jour de vie, qui nous est donné pour nous préparer pour l’éternité, voici, si nous ne faisons pas meilleur usage de notre temps pendant que nous sommes dans cette vie, alors vient la nuit de ténèbres où aucun travail ne peut être accompli.
«Vous ne pouvez pas dire, lorsque vous êtes amenés à cette crise affreuse: Je vais me repentir, je vais retourner à mon Dieu. Non, vous ne pouvez pas le dire; car ce même esprit qui possède vos corps au moment où vous quittez cette vie, ce même esprit aura le pouvoir de posséder votre corps dans le monde éternel» (Alma 34:30-34).
Il y a une autre tentation à laquelle il faut résister. C’est de céder à la pensée désespérante qu’il est trop difficile de se repentir ou trop tard pour le faire. J’ai connu un homme qui aurait pu penser cela et abandonner. A l’âge de douze ans, il a été ordonné diacre. Des amis l’ont incité à commencer à fumer. Il a commencé à se sentir mal à l’aise dans l’Eglise. Il a quitté sa petite ville sans terminer ses études secondaires pour commencer à travailler dans le bâtiment en suivant les chantiers dans tous les Etats-Unis. Il était chauffeur de gros engins de chantier. Il s’est marié. Sa femme et lui ont eu des enfants. Le mariage s’est terminé par un divorce. Il a été déchu de ses droits paternels. Il a perdu un œil dans un accident. Il a vécu seul dans des foyers d’accueil. Il a perdu tout ce qu’il possédait à l’exception de ce qu’il pouvait emporter dans une malle.
Un soir où il se préparait à changer une nouvelle fois d’adresse, il a décidé d’alléger le contenu de cette malle. Sous le fouillis qu’il avait accumulé depuis des années, il a trouvé un livre. Il n’a jamais compris comment il se trouvait là. Il s’agissait du Livre de Mormon. Il l’a lu entièrement et l’Esprit lui a dit qu’il était vrai. Il a su alors que pendant toutes les années qui avaient précédé, il s’était écarté de la véritable Eglise de Jésus-Christ et du bonheur qu’il aurait pu connaître.
Par la suite, à plus de soixante-dix ans, il a été mon compagnon missionnaire de district. J’ai demandé aux gens que nous instruisions, alors que je témoignais du pouvoir expiatoire du Sauveur, de le regarder. Il avait été purifié et avait connu un changement de cœur et je savais que c’était ce qu’ils verraient sur son visage. J’ai dit à ces personnes que ce qu’elles voyaient était la preuve que l’expiation de Jésus-Christ peut purifier de tous les effets destructeurs du péché.
C’est la seule fois où il m’a repris. Il m’a dit dans l’obscurité, à l’extérieur du mobil home où nous avions enseigné, que j’aurais dû dire aux gens que si Dieu avait pu lui faire connaître un changement de cœur, il n’avait pas pu lui rendre sa femme et ses enfants et lui permettre de faire ce qu’il aurait pu pour eux. Mais en analysant ce qu’aurait pu être son passé, il ne s’était pas laissé enfermer dans le chagrin et le regret. Il était allé de l’avant, encouragé par sa foi en l’avenir.
Un jour, il m’a dit que dans un rêve, la nuit précédente, il avait retrouvé la vue de ses deux yeux. Il a compris que le rêve était un aperçu d’un jour à venir où il marcherait parmi des gens pleins d’amour dans la lumière d’une résurrection glorieuse. Des larmes de joie ont coulé sur le visage buriné de ce grand homme maigre. Il m’a parlé calmement avec un sourire radieux. Je ne me rappelle pas ce qu’il m’a dit de sa vision, mais je me rappelle son visage rayonnant de joie et d’espoir pendant qu’il décrivait ce qu’il avait vu. Avec l’aide du Seigneur et le miracle de ce livre au fond d’une malle, il n’avait pas été, pour lui, trop tard ni trop difficile pour changer.
Je témoigne que Dieu le Père vit. Je le sais. Il nous aime. Son Fils unique vit. Parce qu’il est ressuscité, nous aussi nous vivrons à nouveau. Nous verrons à ce moment là les personnes que nous avons aimées et qui nous ont aimés. Par la foi et l’obéissance, nous pouvons leur être à jamais unis en famille. Les membres de notre famille qui nous aiment, des deux côtés du voile, disent probablement lorsque nous nous demandons si nous allons nous humilier et nous repentir: «S’il te plaît, ne temporise pas.» C’est l’invitation, la supplication du Sauveur. Au nom de Jésus-Christ. Amen. 9