La joie des saints
La joie vient de l’obéissance à ses commandements, il y a [de la joie] à surmonter chagrins et faiblesses grâce à lui et [une] joie inhérente à servir comme il a servi.
Énos, le prophète du Livre de Mormon et petit-fils de Léhi, a raconté une expérience singulière qui s’est produite plus tôt dans sa vie. Alors qu’il chassait seul dans la forêt, Énos a commencé à méditer sur les enseignements de son père, Jacob. Il a relaté : « Et les paroles que j’avais souvent entendu mon père dire concernant la vie éternelle et la joie des saints pénétraient profondément mon cœur. » L’âme spirituellement affamée, Énos s’est agenouillé en prière, une prière remarquable qui a duré la journée entière jusqu’à la nuit, une prière qui lui a apporté des révélations, des certitudes et des promesses essentielles.
Il y a beaucoup à apprendre de l’expérience d’Énos, mais, aujourd’hui, ce qui me vient particulièrement à l’esprit, c’est le souvenir qu’avait Énos de son père parlant souvent de la « joie des saints ».
Il y a trois ans, lors de la conférence générale d’octobre 2016, le président Nelson a parlé de la joie. Entre autres choses, il a dit :
« La joie que nous ressentons dépend peu de notre situation, mais entièrement de l’orientation de notre vie.
« Lorsqu’elle est centrée sur le plan du salut de Dieu et sur Jésus-Christ […] et sur son Évangile, nous pouvons connaître la joie, quoi qu’il arrive — ou n’arrive pas — dans notre vie. La joie vient de lui et grâce à lui. […] Pour les saints des derniers jours, Jésus-Christ est la joie ! »
Les saints sont les personnes qui ont contracté l’alliance de l’Évangile par le baptême et qui s’efforcent de suivre le Christ, étant ses disciples. Ainsi, « la joie des saints » désigne la joie de devenir semblable au Christ.
Je vais parler de la joie qu’apporte l’obéissance à ses commandements, de la joie qu’il y a à surmonter chagrins et faiblesses grâce à lui et de la joie inhérente à servir comme il a servi.
La joie de respecter les commandements du Christ
Nous vivons à une époque hédoniste où de nombreuses personnes doutent de l’importance des commandements du Seigneur ou les ignorent simplement. Il n’est pas rare que les gens qui bafouent les directives divines telles que la loi de chasteté, le principe de l’honnêteté et la sainteté du jour du sabbat semblent prospérer et profiter des bonnes choses de la vie, parfois même davantage que ceux qui s’efforcent d’être obéissants. Certains commencent à se demander si les efforts et les sacrifices en valent la peine. Le peuple ancien d’Israël s’est plaint une fois, disant :
« C’est en vain que l’on sert Dieu ; qu’avons-nous gagné à observer ses préceptes, et à marcher avec tristesse à cause de l’Éternel des armées ?
Maintenant nous estimons heureux les hautains ; oui, les méchants prospèrent ; oui, ils tentent Dieu, et ils échappent ! »
Attendez, a dit le Seigneur, jusqu’au « jour que je prépare ; J’aurai compassion d’eux. […] Et vous verrez de nouveau la différence entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas ». Il est possible que les méchants « trouvent de la joie dans leurs œuvres pendant un certain temps », mais cela est toujours temporaire. La joie des saints est durable.
Dieu voit les choses avec leur véritable perspective, et il nous indique cette perspective par ses commandements qui nous guident efficacement, en contournant les écueils et les cavités de la condition mortelle, vers la joie éternelle. Joseph Smith, le prophète, a expliqué : « Quand ses commandements nous instruisent, c’est dans une optique éternelle car Dieu nous voit comme si nous étions dans l’éternité ; il demeure dans l’éternité et ne voit pas les choses comme nous. »
Je n’ai jamais rencontré personne qui, ayant connu l’Évangile tard dans la vie, ne regrettait pas que cela ne soit pas arrivé plus tôt. Ils disent : « Oh, les mauvais choix et les erreurs que j’aurais pu éviter ! » Les commandements du Seigneur nous guident vers des choix meilleurs et des issues plus heureuses. Comme nous devrions nous réjouir et le remercier de nous montrer cette voie par excellence !
Jeune fille, Kalombo Rosette Kamwanya, de la République démocratique du Congo, et qui sert actuellement dans la mission d’Abidjan, en Côte-d’Ivoire, a prié et jeûné pendant trois jours afin de trouver la direction que Dieu voulait qu’elle prenne. Une nuit, lors d’une vision remarquable, elle a vu deux bâtiments, dont une église, qu’elle sait maintenant être un temple. Elle a commencé à faire des recherches et a bientôt trouvé l’église qu’elle avait vue dans son rêve. La plaque disait : « Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. » Sœur Kamwanya s’est fait baptiser, et ensuite sa mère et ses six frères. Elle a dit : « Lorsque j’ai reçu l’Évangile, j’ai eu l’impression d’être un oiseau captif qui venait d’être libéré. Mon cœur débordait de joie. J’ai eu l’assurance que Dieu m’aimait. »
Le respect des commandements de Dieu nous permet de ressentir plus pleinement et plus aisément son amour. Le chemin étroit et resserré des commandements conduit directement à l’arbre de vie et cet arbre et son fruit, la plus douce et « la plus désirable de toutes les choses », sont une représentation de l’amour de Dieu et ils nous remplissent l’âme « d’une joie extrêmement grande ». Le Sauveur a dit :
« Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, de même que j’ai gardé les commandements de mon Père, et que je demeure dans son amour.
Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. »
La joie de vaincre grâce au Christ
Même lorsque nous observons fidèlement les commandements, il y a des épreuves et des tragédies qui peuvent interrompre notre joie. Mais, si nous nous efforçons de surmonter ces difficultés avec l’aide du Sauveur, la joie que nous ressentons maintenant et celle en laquelle nous espérons seront toutes deux préservées. Le Christ, rassurant ses disciples, a déclaré : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde. » C’est quand nous nous tournons vers lui, lui obéissons et nous lions à lui que les épreuves et les chagrins se transforment en joie. En voici un exemple :
En 1989, Jack Rushton était président du pieu d’Irvine, en Californie (États-Unis). Au cours de vacances en famille sur la côte californienne, Jack était en train de faire du bodysurf lorsqu’une vague l’a projeté contre un rocher immergé, lui brisant le cou et le blessant gravement à la colonne vertébrale. Jack a dit plus tard : « À l’instant où j’ai heurté le rocher, j’ai su que je serais paralysé. » Il ne pouvait plus parler ni même respirer seul.
La famille, les amis et les membres du pieu ont entouré frère Rushton et sa femme, Jo Anne, et, entre autres choses, ont réagencé une partie de la maison pour l’adapter au fauteuil roulant de Jack. Jo Anne est devenue l’aide principale de Jack durant les vingt-trois années qui ont suivi. Faisant référence aux récits du Livre de Mormon sur la façon dont le Seigneur visitait son peuple dans ses afflictions et allégeait ses fardeaux, Jo Anne a déclaré : « Je suis souvent émerveillée par la légèreté de cœur que j’éprouve en prenant soin de mon mari. »
Une modification de son système respiratoire a rendu à Jack sa capacité de parler et, avant la fin de cette année-là, il a été appelé comme instructeur de la doctrine de l’Évangile et patriarche de pieu. Lorsqu’il donnait une bénédiction patriarcale, un autre détenteur de la prêtrise plaçait la main de frère Rushton sur la tête de la personne recevant la bénédiction et soutenait la main et le bras du patriarche tout le long de la bénédiction. Jack est décédé le jour de Noël 2012, après vingt-deux ans de service dévoué.
Un jour, au cours d’un entretien avec un journaliste, Jack a fait cette remarque : « Il surviendra des problèmes dans notre vie à tous ; cela fait simplement partie de notre passage ici-bas. Et certaines personnes pensent que la religion ou la foi en Dieu nous protége des mauvaises choses. Je ne pense pas que c’est de cela qu’il s’agit. Je pense que ce dont il est question, c’est que, si notre foi est forte, lorsque de mauvaises choses arrivent, et elles arriveront, nous sommes capables d’y faire face. Ma foi n’a jamais chancelé, mais cela ne signifie pas que je n’ai jamais été déprimé. Je pense que, pour la première fois de ma vie, j’ai été poussé au-delà de mes limites et je me suis littéralement trouvé dans une impasse ; alors je me suis tourné vers le Seigneur et, aujourd’hui encore, j’éprouve une joie spontanée. »
Nous vivons à une époque d’attaques directes ou sur les médias sociaux parfois impitoyables à l’égard des personnes qui cherchent à défendre les principes du Seigneur concernant l’habillement, les divertissements ou la pureté sexuelle. Parmi les saints, ce sont souvent les jeunes et les jeunes adultes, de même que les femmes et les mères, qui portent cette croix de la moquerie et de la persécution. Il n’est pas facile de s’élever au-dessus de ce genre de mauvais traitements, mais souvenez-vous des paroles de Pierre : « Si vous êtes outragés pour le nom de Christ, vous êtes heureux, parce que l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. »
Dans le jardin d’Éden, Adam et Ève se trouvaient dans un état d’innocence, « n’ayant aucune joie, car ils ne connaissaient aucune misère ». Maintenant, en tant qu’êtres responsables, nous trouvons la joie en surmontant la souffrance, ou la détresse sous toutes leurs formes, qu’elles résultent du péché, des épreuves, des faiblesses ou de tout autre obstacle au bonheur. C’est la joie d’observer les progrès accomplis sur le chemin du disciple ; la joie d’avoir « reçu le pardon de ses péchés, et [d’avoir] la conscience en paix », la joie de sentir son âme gonfler et grandir par la grâce du Christ.
La joie de servir à la manière du Christ
Le Sauveur trouve de la joie à réaliser notre immortalité et notre vie éternelle. Parlant de l’expiation du Sauveur, le président Nelson a dit :
« Comme en toutes choses, Jésus-Christ est notre exemple suprême qui, ‘en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix’ [Hébreux 12:2]. Réfléchissez à cela ! Afin de pouvoir supporter l’expérience la plus insoutenable jamais endurée sur terre, notre Sauveur s’est concentré sur la joie !
Et quelle était la joie qui lui était réservée ? Elle devait certainement comprendre la joie de nous purifier, de nous guérir et de nous fortifier ; la joie de payer pour tous ceux qui se repentiraient ; la joie de nous donner, à vous et à moi, la possibilité de rentrer dans notre foyer, purs et dignes, et de vivre avec nos parents célestes et notre famille. »
De la même manière, la joie qui nous est « réservée » est la joie d’assister le Sauveur dans son œuvre de rédemption. En notre qualité de postérité et d’enfants d’Abraham, nous contribuons à bénir toutes les familles de la terre en leur offrant les « bénédictions de l’Évangile, lesquelles sont les bénédictions du salut, de la vie éternelle ».
Ces paroles d’Alma me viennent à l’esprit :
« C’est là ma gloire, de pouvoir, peut-être, être un instrument entre les mains de Dieu pour amener quelque âme au repentir ; et c’est là ma joie.
Et voici, lorsque je vois beaucoup de mes frères vraiment pénitents, et venant au Seigneur, leur Dieu, alors mon âme est remplie de joie. […]
Mais je ne me réjouis pas seulement de mon succès, mais ma joie est encore plus pleine à cause du succès de mes frères, qui sont montés au pays de Néphi. […]
Or, lorsque je pense au succès de ceux-ci qui sont mes frères, mon âme est ravie jusqu’à sa séparation du corps, pour ainsi dire, si grande est ma joie. »
Les fruits de notre service mutuel au sein de l’Église font partie de cette joie qui nous est « réservée ». Même dans les moments de découragement ou de stress, nous pouvons servir patiemment si nous restons concentrés sur la joie de plaire à Dieu et d’apporter la lumière, le soulagement et le bonheur à ses enfants, nos frères et sœurs.
À Haïti, le mois dernier, lors de la consécration du temple de Port-au-Prince, David Bednar et sa femme, Susan, ont fait la connaissance d’une jeune sœur dont le mari avait été tué dans un tragique accident quelques jours plus tôt. Ils ont alors pleuré avec elle. Malgré tout, le dimanche, cette chère sœur était à sa place d’hôtesse lors des services de consécration, accueillant d’un sourire doux toutes les personnes qui pénétraient dans le temple.
Je crois que l’ultime « joie des saints » vient avec la connaissance que le Sauveur plaide leur cause, « et [que] nul ne peut concevoir la joie qui nous rempli[ra] l’âme lorsque nous [entendrons Jésus] prier le Père pour nous ». Comme le président Nelson, je témoigne que la joie est un don offert aux saints fidèles « qui ont enduré les croix du monde » et qui « s’efforcent de mener une vie juste, conforme aux enseignements de Jésus-Christ ». Que votre joie soit pleine ! je prie pour qu’il en soit ainsi, au nom de Jésus-Christ. Amen.