2013
De belles matinées
Mai 2013


De belles matinées

Nous ne devons pas craindre l’avenir, ni laisser notre espérance et notre courage s’affaiblir, car Dieu est avec nous.

Bruce D. Porter

Un jeudi soir, à Jérusalem, Jésus et ses disciples se réunirent dans une chambre haute pour célébrer la Pâque. Les hommes qui se joignirent à lui ne savaient pas que ce repas serait un jour appelé la dernière cène. S’ils l’avaient su et s’ils en avaient connu la signification, ils auraient pleuré.

Cependant, leur Maître comprenait parfaitement que le supplice de Gethsémané et du Golgotha allait bientôt commencer. Les heures les plus sombres de l’histoire du monde étaient imminentes ; néanmoins, Jésus leur dit : « Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33).

Nous vivons aujourd’hui une époque d’agitation et d’incertitude, une période marquée par des « jours de méchanceté et de vengeance » (Moïse 7:60) comme le Seigneur le prophétisa à Hénoc. Les tribulations et les temps difficiles nous attendent peut-être, pourtant, nous aussi, avons des raisons de prendre courage et de nous réjouir parce que nous vivons dans la dernière dispensation, dans laquelle Dieu a rétabli son Église et son royaume sur la terre en vue du retour de son Fils.

Le président Packer a parlé un jour de ses petits-enfants et du monde de plus en plus tourmenté dans lequel ils vivent. Il a dit : « Il se passera beaucoup de choses durant leur vie. Certaines mettront leur courage à l’épreuve et feront grandir leur foi. Mais s’ils prient pour être aidés et guidés, ils recevront la force de vaincre l’adversité. »

Il a ajouté plus loin : « Les valeurs morales dont dépend toute la civilisation s’effondrent à un rythme qui s’accélère sans cesse. Malgré cela, je n’ai pas peur de l’avenir. » (« Ne craignez pas », Le Liahona, mai 2004, p. 77, 78).

Frères et sœurs, nous ne devons pas craindre l’avenir, ni laisser notre espérance et notre courage s’affaiblir, car Dieu est avec nous. Parmi les premières recommandations que Jésus a données à ses disciples nouvellement appelés, on trouve la brève instruction suivante : « Ne crains point » (Luc 5:10). Il l’a répétée de nombreuses fois durant son ministère. Aux saints de notre époque, le Sauveur a dit : « Prenez courage et ne craignez pas, car moi, le Seigneur, je suis avec vous et je me tiendrai à vos côtés » (D&A 68:6).

Le Seigneur se tiendra aux côtés de son Église et de son peuple et il les gardera en sécurité jusqu’à sa venue. La paix régnera en Sion et dans ses pieux, car il a proclamé : « Et que le rassemblement au pays de Sion et dans ses pieux soit pour la défense, le refuge contre la tempête, et contre la colère lorsqu’elle sera déversée sans mélange sur toute la terre » (D&A 115:6).

L’Église représente un rempart pour ses membres. Même si les conditions de vie dans le monde sont parfois très pénibles, les saints des derniers jours fidèles trouveront refuge dans les pieux de Sion. Le Seigneur a décrété que la pierre détachée de la montagne sans l’aide d’aucune main, roulera jusqu’à remplir toute la terre (voir Daniel 2:31-45 ; D&A 65:2). Et aucune puissance humaine ne peut arrêter sa course parce que Dieu est l’auteur de cette œuvre et que Jésus-Christ est la pierre angulaire.

Le prophète Néphi a eu la vision que, dans les derniers jours, le pouvoir de l’Agneau de Dieu descendrait « sur le peuple de l’alliance du Seigneur », et ils seraient « armés de justice et du pouvoir de Dieu, dans une grande gloire » (1 Néphi 14:14).

Nous pouvons tous, avec notre famille, être armés du pouvoir de Dieu comme défense si nous restons fidèles à l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours et laissons l’Esprit nous guider. Des épreuves peuvent survenir, et il se peut que nous ne comprenions pas tout ce qui nous arrive ou ce qui se passe autour de nous. Mais si nous mettons humblement et sereinement notre confiance dans le Seigneur, il nous fortifiera et nous guidera dans toutes les difficultés que nous rencontrons. Si notre seul désir est de lui être agréable, nous aurons la bénédiction de ressentir une profonde paix intérieure.

Dans les premiers temps du Rétablissement, les membres de l’Église ont affronté de dures épreuves. Parlant de cette époque, Brigham Young a dit : « Autant que je m’en souvienne, lorsque j’étais entouré par les émeutiers, menacé de toutes parts de mort et de destruction, je me sentais aussi joyeux et d’aussi bonne humeur que maintenant. Les perspectives n’étaient sans doute pas brillantes, et peut-être même très sombres, mais je n’ai jamais connu de moment, dans cet Évangile, où je n’ai pas su que le résultat serait profitable à la cause de la vérité » (Enseignements des présidents de l’Église : Brigham Young, 1997, p. 357).

Paul, mon collègue missionnaire, était toujours de bonne humeur. Jeune père, il s’est avéré qu’il avait une sclérose en plaque. Pourtant, malgré l’adversité qui a suivi, il a continué de servir les autres avec joie et bonne humeur. Un jour, il est entré dans mon bureau en fauteuil roulant et a déclaré : « La vie commence avec un fauteuil roulant motorisé ! » Je me souviendrai toujours de lui, quelques années avant sa mort, levant bien haut la flamme olympique tandis qu’il avançait dans son fauteuil roulant acclamé par des centaines de personnes. Comme cette flamme éternelle, la foi de Paul n’a jamais faibli dans la tempête de la vie.

Quand j’étais étudiant à l’université Brigham Young, j’habitais dans une maison avec plusieurs jeunes gens. Mon colocataire, Bruce, était la personne la plus optimiste que j’aie jamais rencontrée. On ne l’a jamais entendu dire quoi que ce soit de négatif au sujet d’une personne ou d’une situation, et il était impossible de ne pas se sentir encouragé en sa présence. Son courage émanait de sa confiance constante dans le Sauveur et son Évangile.

Un jour froid d’hiver, Tom, un autre de mes amis, traversait le campus. Il était seulement sept heures du matin, et le campus était désert et sombre. La neige tombait à gros flocons et un vent froid soufflait. « Quel fichu temps », se disait-il. Un peu plus loin, dans l’obscurité et la neige, il entendit quelqu’un chanter.

Comme on pouvait s’y attendre, c’était notre ami Bruce, l’éternel optimiste, qui arrivait sous la tempête de neige. Les bras tendus vers le ciel, il chantait un morceau de la comédie musicale de Broadway, Oklahoma : « Oh, quelle belle matinée ! Oh, quelle belle journée ! Je me sens bien, tout me sourit » (Richard Rodgers et Oscar Hammerstein, « Oh, What a Beautiful Morning », 1943).

Au cours des années qui ont suivi, cette voix claire dans une sombre tempête est devenue pour moi le symbole de ce que signifient la foi et l’espérance. Même dans un monde de plus en plus sombre, nous, saints des derniers jours, nous pouvons chanter avec joie, sachant que les pouvoirs des cieux sont avec le peuple et l’Église de Dieu. Nous pouvons nous réjouir de savoir qu’une belle matinée nous attend, l’aube du millénium, lorsque le Fils de Dieu se lèvera à l’Orient et régnera sur la terre.

Je pense aussi à deux autres belles matinées de l’histoire du monde. Au printemps 1820, au matin d’une belle et claire journée à Palmyra, New York, un jeune garçon, nommé Joseph Smith, entra dans un bosquet et s’agenouilla pour prier. La réponse à cette prière, l’apparition du Père et du Fils, annonça la dispensation de la plénitude des temps et le rétablissement de l’Église de Jésus-Christ sur la terre.

Il y eut une autre belle matinée, il y a près de deux mille ans, juste à l’extérieur de la vieille ville fortifiée de Jérusalem. Le soleil brillait sans doute d’un éclat exceptionnel en ce matin de Pâques. Un petit groupe de femmes s’était rendu auprès d’un tombeau dans un jardin, espérant oindre le corps de leur Seigneur crucifié. Elles rencontrèrent deux anges qui leur déclarèrent : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité. » (Luc 24:5-6).

Je témoigne du triomphe de Jésus-Christ sur le péché et la mort. Je témoigne du plan miséricordieux de notre Père éternel et de son amour éternel. Puissions-nous, en nous éveillant chaque matin, lever les yeux vers le ciel avec foi, et dire : « Oh, quelle belle matinée ! » C’est là ma prière, au nom de Jésus-Christ. Amen.