2014
« Ne crains rien, je suis avec toi »
Mai 2014


« Ne crains rien, je suis avec toi »

Jean A. Stevens

Quand nous acquérons une foi et une confiance plus grandes en notre Seigneur, nous accédons à son pouvoir de nous bénir et de nous délivrer.

Il y a peu de sentiments comparables à ceux que l’on ressent quand on devient parent. Il n’y a rien de plus merveilleux que de recevoir, directement des cieux, un précieux nouveau-né. Un de mes frères a vécu cette expérience d’une façon particulièrement poignante. Son premier fils, né prématuré, ne pesait que 1,3 kg. Hunter a passé les deux premiers mois de sa vie à l’hôpital, dans l’unité de soins intensifs néonataux. Ces deux mois, au cours desquels nous avons espéré et demandé l’aide du Seigneur, ont été émouvants pour toute la famille.

Le petit Hunter était tellement dépendant ! Il luttait pour acquérir la force nécessaire pour vivre. La main robuste de son père aimant a souvent pris sa main minuscule pour l’encourager, lui, son petit enfant fragile.

Il en est de même pour tous les enfants de Dieu. Notre Père céleste nous tend la main avec un amour infini. Il a pouvoir sur toute chose et désire nous aider à apprendre, à progresser et à retourner auprès de lui. Le dessein de notre Père se définit ainsi : « réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme1  ».

Quand nous acquérons une foi et une confiance plus grandes en notre Seigneur, nous accédons à son pouvoir de nous bénir et de nous délivrer.

Le Livre de Mormon intègre dans ses pages ce magnifique thème du pouvoir du Seigneur de délivrer ses enfants. Néphi en parle dans le tout premier chapitre du livre. On peut lire au verset 20  : « Mais voici, moi, Néphi, je vais vous montrer que les tendres miséricordes du Seigneur sont sur tous ceux qu’il a choisis à cause de leur foi, pour les rendre puissants au point même d’avoir le pouvoir de délivrance2. »

Il y a de nombreuses années, j’ai eu l’occasion de connaître d’une manière très personnelle les vérités dont il est question dans ce verset. J’ai appris à quel point notre Père céleste est proche et désire nous aider.

Un soir, à la tombée de la nuit, j’étais en voiture avec mes enfants. J’ai remarqué un garçon qui marchait le long d’une route déserte. Après être passée à côté de lui, j’ai eu l’impression très nette que je devais faire demi-tour et l’aider. Mais, craignant qu’il ait peur en voyant une inconnue s’arrêter à côté de lui le soir, j’ai continué ma route. L’impression est revenue avec force et j’ai entendu ces mots dans mon esprit : « Va aider ce garçon ! »

Je suis retournée vers lui et lui ai demandé : « As-tu besoin d’aide ? J’ai eu l’impression que je devais t’aider. »

Il s’est tourné vers nous et, le visage plein de larmes, il a dit : « Vous voulez bien ? J’ai prié pour que quelqu’un m’aide. »

Dieu a répondu à sa prière en m’envoyant une inspiration. Cette expérience de recevoir une inspiration de l’Esprit d’une telle clarté m’a laissé dans le cœur une empreinte inoubliable et toujours présente.

Et maintenant, vingt-cinq ans plus tard et grâce aux tendres miséricordes du Seigneur, j’ai retrouvé ce garçon pour la première fois il y a tout juste quelques mois. Je me suis aperçue que cette expérience n’est pas seulement mon histoire, mais qu’elle est aussi la sienne. Deric Nance est aujourd’hui père de famille. Lui non plus n’a jamais oublié cette expérience. Elle nous a permis de poser un fondement de foi : Dieu entend et exauce nos prières. Nous l’avons tous les deux utilisée pour enseigner à nos enfants que Dieu veille sur nous. Nous ne sommes pas seuls.

Ce soir-là, il était resté après l’école pour une activité, et il avait raté le dernier bus. Fort de la confiance que donne la jeunesse, il a pensé qu’il serait capable de rentrer seul et s’est mis à marcher.

Il avait marché une heure et demie sur cette route déserte. Il était encore à des kilomètres de chez lui et il n’y avait pas de maisons en vue. Il avait peur. Angoissé, il s’est agenouillé derrière un tas de gravier et a demandé à son Père céleste de lui venir en aide. Quelques minutes seulement après qu’il a rejoint la route, je me suis arrêtée pour lui apporter l’aide qu’il avait demandée dans sa prière.

Avec toutes ces années de recul, Deric analyse les choses ainsi : « Le Seigneur veillait sur moi, un garçon frêle et irréfléchi. Et, malgré tout ce qui se passait dans le monde, il connaissait ma situation et m’aimait suffisamment pour m’envoyer de l’aide. Le Seigneur a répondu de nombreuses fois à mes prières depuis que je me suis retrouvé sur cette route abandonnée. Ses réponses ne sont pas toujours si immédiates et si claires, mais l’intérêt qu’il me porte est toujours aussi évident aujourd’hui que ce soir-là. Quand je me sens enveloppé par les ténèbres de la vie, je sais qu’il a toujours un plan pour que je retourne sain et sauf à la maison. »

Comme l’a dit Deric, on ne reçoit pas toujours aussi vite la réponse à ses prières. Mais, réellement, notre Père nous connaît et entend les supplications de notre cœur. Il accomplit ses miracles une prière à la fois, une personne à la fois.

Nous pouvons être sûrs qu’il nous aidera, par forcément comme nous le voulons, mais comme il le faut pour nous permettre de progresser. Il peut être difficile d’accepter sa volonté, mais c’est indispensable pour devenir comme lui et trouver la paix qu’il nous offre.

Nous pouvons parvenir à ressentir ce que C. S. Lewis a décrit : « Je prie parce que je ne peux pas m’en empêcher. […] Je prie parce que j’en éprouve sans cesse le besoin, que je sois éveillé ou endormi. Cela ne change pas Dieu, Cela me change moi3. »

On trouve, dans les Écritures, de nombreux récits de personnes qui ont mis leur confiance dans le Seigneur et qui ont été aidées et délivrées. Pensez au jeune David, qui a échappé à une mort certaine entre les mains du puissant Goliath en s’appuyant sur le Seigneur. Pensez à Néphi, dont les supplications à Dieu lui permirent d’être délivré de ses frères qui cherchaient à lui ôter la vie. Souvenez-vous du jeune Joseph Smith, qui demanda par la prière l’aide du Seigneur. Il fut délivré du pouvoir des ténèbres et reçut une réponse miraculeuse. Chacun d’eux a dû faire face à de réelles difficultés. Chacun d’eux a agi avec foi et a mis sa confiance dans le Seigneur. Chacun d’eux a reçu son aide. Et de nos jours encore, le pouvoir et l’amour de Dieu se manifestent dans la vie de ses enfants.

Je l’ai vu récemment dans la vie pleine de foi de saints du Zimbabwe et du Botswana. Pendant une réunion de jeûne et de témoignages dans une petite branche, je me suis sentie petite et j’ai été inspirée par les nombreux témoignages, aussi bien des enfants, des jeunes que des adultes. Chacun d’eux a exprimé une grande foi au Seigneur Jésus-Christ. Dans un contexte difficile, ils vivent chaque jour en mettant leur confiance en Dieu. Ils reconnaissent la main de Dieu dans leur vie et ils traduisent souvent cette reconnaissance par l’expression « Je suis si reconnaissant envers Dieu. »

Il y a quelques années, une famille fidèle a donné aux membres de notre paroisse l’exemple de cette même confiance dans le Seigneur. Arn et Venita Gatrell vivaient heureux jusqu’à ce qu’on diagnostique un cancer agressif chez Arn. Le pronostic était sombre, il n’avait plus que quelques semaines à vivre. La famille a voulu se réunir une dernière fois. Tous les enfants sont donc venus ; certains habitaient loin. Ils n’avaient que quarante-huit précieuses heures à passer ensemble. Les Gatrell ont choisi avec soin ce qui avait le plus d’importance pour eux : une photo de famille, un dîner, et une session au temple de Salt Lake City (Utah, États-Unis). Venita a dit : « Quand nous avons quitté le temple, c’était la dernière fois que nous étions ensemble dans cette vie. »

Mais ils se sont quittés avec l’assurance qu’il y a beaucoup plus pour eux que cette vie. Grâce aux alliances sacrées du temple, ils gardent espoir dans les promesses de Dieu. Ils peuvent être ensemble à tout jamais.

Les bénédictions qu’ils ont reçues durant les deux mois qui ont suivi sont trop nombreuses pour être racontées. La foi et la confiance d’Arn et Venita dans le Seigneur ont grandi comme le montrent les paroles de Venita : « J’étais portée. J’ai appris que l’on peut ressentir la paix au milieu de la tourmente. Je savais que le Seigneur veillait sur nous. J’ai appris que, si l’on se confie au Seigneur, on peut réellement surmonter toutes les difficultés de la vie. »

Une de ses filles a ajouté : « Nous avons observé nos parents et vu leur exemple. Nous avons vu leur foi et la façon dont ils ont surmonté les difficultés. Je n’aurais jamais demandé cette épreuve, mais je ne l’échangerais pour rien au monde. Nous étions enveloppés par l’amour de Dieu. »

Bien sûr, le décès d’Arn n’était pas l’issue que les Gatrell avaient espérée. Mais leur crise n’était pas une crise de la foi. L’Évangile de Jésus-Christ n’est pas une liste de choses à faire, il vit dans notre cœur. L’Évangile « n’est pas un poids, il nous donne des ailes4  ». Il nous porte. Il a porté les Gatrell. Ils ont ressenti la paix au milieu de la tempête. Ils se sont accrochés les uns aux autres et aux alliances du temple qu’ils avaient contractées et respectées. Leur capacité de se confier au Seigneur a grandi et ils ont été fortifiés par leur foi en Jésus-Christ et en son pouvoir expiatoire.

Où que nous soyons sur le chemin de la vie de disciple, quelles que soient nos craintes et nos difficultés, nous ne sommes pas seuls. Le Seigneur ne vous a pas oublié. Comme Deric, les saints en Afrique et la famille Gatrell, nous pouvons choisir de prendre la main que Dieu nous tend quand nous sommes dans le besoin. Nous pouvons affronter nos difficultés en priant et en nous confiant dans le Seigneur. Ce faisant, nous devenons davantage semblables à lui.

Le Seigneur s’adresse à chacun d’entre nous quand il dit : « Ne crains rien, car je suis avec toi ; ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu ; Je te fortifie, je viens à ton secours, je te soutiens de ma droite triomphante5. »

Je témoigne humblement mais sûrement que Dieu, notre Père, nous connaît personnellement et nous tend la main pour nous aider. Je témoigne que, grâce à son Fils bien-aimé, Jésus-Christ, nous pouvons vaincre les difficultés de ce monde et être ramenés en sécurité à la maison. Je prie pour que nous ayons la foi de lui donner notre confiance. Au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. Moïse 1:39.

  2. 1 Néphi 1:20.

  3. Paroles prononcées par le personnage de C. S. Lewis tel qu’il est décrit dans William Nicholson, Shadowlands 1989, p. 103.

  4. Harry Emerson Fosdick, Twelve Tests of Character 1923, p. 88.

  5. Ésaïe 41:10.