Du côté du Seigneur : Leçons du camp de Sion
D’après « Who’s on the Lord’s Side? Now Is the Time to Show » [Qui est du côté du Seigneur ? Le temps est venu de le montrer], discours prononcé lors d’une réunion spirituelle de la Semaine de l’Éducation le 30 juillet 2010 à l’université Brigham Young-Idaho.
L’expédition du Camp de Sion dirigée par Joseph Smith, le prophète, en 1834 est un exemple frappant du choix d’être du côté du Seigneur. En étudiant le Camp de Sion, nous pouvons apprendre de cet épisode important de l’histoire de l’Église des leçons précieuses et d’une valeur éternelle qui s’appliquent à notre vie et à notre situation aujourd’hui.
Qu’était le Camp de Sion ?
En 1831, Joseph Smith, le prophète reçut une révélation désignant Independence, dans le comté de Jackson (Missouri), comme étant le site de Sion, le lieu central de rassemblement des saints des derniers jours et le lieu de la Nouvelle Jérusalem mentionnée dans la Bible et dans le Livre de Mormon (voir D&A 57:1-3 ; voir aussi Apocalypse 21:1-2 ; Éther 13:4-6). À l’été 1833, les colons mormons représentaient environ un tiers de la population du comté de Jackson. Le nombre en croissance rapide, la possible influence politique et les croyances religieuses et politiques de ces nouveaux venus furent des causes d’inquiétude pour les autres colons de la région, qui, en conséquence, exigèrent que les membres de l’Église évacuent leur foyer et leur propriété. Cet ultimatum n’ayant pas été suivi d’effet, les Missouriens attaquèrent les colonies en novembre 1833 et forcèrent les saints à partir.
La formation du Camp de Sion fut commandée par révélation en février 1834 (voir D&A 103). Le but premier de cette armée du Seigneur était de protéger les mormons du comté de Jackson d’autres attaques, après que la milice du Missouri eut rempli son obligation d’escorter les colons dans leur retour à leur maison et à leurs terres. Le camp devait aussi apporter de l’argent, des fournitures et un soutien moral aux saints sans ressources. Ainsi, pendant les mois de mai et juin 1834, une compagnie de plus de deux cents bénévoles saints des derniers jours dirigés par Joseph Smith, le prophète, parcourut environ mille quatre cent cinquante kilomètres de Kirtland (Ohio) au comté de Clay (Missouri). Hyrum Smith et Lyman Wight recrutèrent aussi un groupe plus petit de bénévoles du territoire du Michigan et se joignirent au groupe du prophète au Missouri. Parmi les participants du Camp de Sion se trouvaient Brigham Young, Heber C. Kimball, Wilford Woodruff, Parley P. Pratt, Orson Hyde et de nombreuses autres personnes bien connues dans l’histoire de l’Église.
Mon propos n’est pas de décrire ce voyage éprouvant en détail, ni de raconter tous les événements importants au plan spirituel qui se sont produits. Je vais simplement récapituler quelques événements majeurs de l’expédition du Camp de Sion :
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Le gouverneur du Missouri, Daniel Dunklin, n’a pas apporté le secours promis de la milice, nécessaire pour permettre aux colons mormons de réintégrer leurs terres.
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Les négociations entreprises entre les dirigeants de l’Église, les autorités de l’État du Missouri et les habitants du comté de Jackson pour éviter un conflit armé et résoudre les litiges de propriété n’ont pas permis de parvenir à un accord satisfaisant.
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Finalement, le Seigneur a ordonné à Joseph Smith de dissoudre le Camp de Sion et a indiqué pourquoi l’armée du Seigneur n’avait pas atteint l’objectif annoncé (voir D&A 105:6-13, 19).
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Le Seigneur a demandé aux saints de susciter de la bonne volonté dans la région, en préparation du moment où Sion serait reconquise par voie légale plutôt que par des moyens militaires (voir D&A 105:23-26, 38-41).
L’armée de Sion a été divisée en plus petits groupes à la fin du mois de juin 1834 et les ordres de démobilisation finaux ont été délivrés dans les premiers jours du mois de juillet 1834. La plupart des bénévoles sont retournés en Ohio.
Quelles leçons pouvons-nous tirer du Camp de Sion ?
Considérant que le rétablissement des saints dans leurs terres dans le comté de Jackson avait échoué, certains jugèrent que le Camp de Sion avait été une entreprise ratée et n’avait rien rapporté. Un frère de Kirtland, qui n’avait pas eu la foi nécessaire pour se porter volontaire pour accompagner le Camp, rencontrant Brigham Young à son retour du Missouri, lui demanda : « ‘Eh bien ! Qu’avez-vous gagné par ce voyage inutile au Missouri avec Joseph Smith ?’ ‘Tout ce que nous sommes allés chercher’, répondit Brigham Young aussitôt. ‘Je n’échangerais pas l’expérience que j’ai acquise dans cette expédition pour toute la richesse du comté de Geauga’1 » – c’était le comté où se trouvait alors Kirtland.
Je vous invite à réfléchir sérieusement à la réponse de Brigham Young : « Tout ce que nous sommes allés chercher ». Quelles sont les leçons essentielles que nous pouvons tirer d’une entreprise qui n’a pas accompli son objectif annoncé, mais qui a néanmoins procuré à ces saints du Rétablissement – et peut nous procurer – des bénédictions pour toute la vie ?
Je crois que l’on peut trouver au moins deux leçons capitales dans la réponse de frère Brigham à cette question railleuse : (1) la leçon de la mise à l’épreuve, du criblage et de la préparation ; et (2) la leçon d’observer les Frères, d’apprendre d’eux et de les suivre. Je souligne qu’il est aussi important, sinon plus, que nous apprenions et appliquions ces leçons aujourd’hui que cela l’était il y a un peu plus de cent quatre-vingts ans pour les bénévoles du Camp de Sion.
La leçon de la mise à l’épreuve, du criblage et de la préparation
Les saints vaillants qui ont marché dans l’armée du Seigneur ont été mis à l’épreuve. Le Seigneur l’a déclaré : « J’ai entendu leurs prières et j’accepterai leur offrande ; et il m’est opportun qu’ils soient amenés jusqu’ici pour que leur foi soit mise à l’épreuve » (D&A 105:19).
D’une manière très littérale, les difficultés physiques et spirituelles du Camp de Sion ont été un criblage pour séparer le blé de l’ivraie (voir Matthieu 13:25, 29-30 ; D&A 101:65), une division des brebis et des boucs (voir Matthieu 25:32-33), une séparation de ceux qui étaient spirituellement forts des faibles. Ainsi, chaque homme et chaque femme qui s’est enrôlé dans l’armée du Seigneur a dû faire face à cette question profonde : « Qui est du côté du Seigneur2 ? » et y répondre.
Alors que Wilford Woodruff réglait ses affaires professionnelles et se préparait à se joindre au Camp de Sion, ses amis et ses voisins l’ont averti de ne pas entreprendre un voyage aussi risqué. Ils lui ont fait cette recommandation : « N’y va pas, si tu le fais tu y laisseras la vie. » Il a répondu : « Même si je savais qu’une balle devait me transpercer le cœur dès le premier pas que je ferais dans l’État du Missouri, j’irais3. » Wilford Woodruff savait qu’il n’avait pas à craindre de conséquences fâcheuses tant qu’il était fidèle et obéissant. Il était incontestablement du côté du Seigneur.
De fait, pour ces hommes et ces femmes fidèles, « le temps de le montrer4 » est venu à l’été 1834. Mais la décision de faire avec Joseph, le prophète, la marche vers le Missouri n’a pas nécessairement été une réponse définitive, intégrale ou immédiate à la question « Qui est du côté du Seigneur ? » Pour ces saints, le temps de le montrer s’est présenté fréquemment et à maintes reprises, par la fatigue mentale et physique, par des ampoules sanguinolentes aux pieds, par une nourriture inadéquate et de l’eau insalubre, par une multitude de déceptions, par des dissensions et des rébellions au sein du camp et par les menaces extérieures venant d’ennemis violents.
Le temps de le montrer s’est présenté dans les expériences et les privations de chaque heure, de chaque jour et de chaque semaine. C’est la combinaison globale des nombreux choix et actes apparemment anodins de la vie de ces saints dévoués qui a donné la réponse finale à la question : « Qui est du côté du Seigneur ? »
En quoi la mise à l’épreuve et le criblage qui se sont produits dans la vie des participants du Camp de Sion ont-ils servi de préparation ? Il est intéressant de noter que huit des frères appelés au Collège des douze apôtres en 1835, ainsi que tous les soixante-dix appelés en même temps, étaient des vétérans du Camp de Sion. Lors d’une réunion qui a suivi l’appel des soixante-dix, Joseph Smith, le prophète, a déclaré :
« Mes frères, certains d’entre vous sont en colère contre moi, parce que vous ne vous êtes pas battus au Missouri, mais laissez-moi vous dire que Dieu ne voulait pas que vous vous battiez. Il ne pouvait organiser son royaume avec douze hommes pour ouvrir la porte de l’Évangile aux nations de la terre, et soixante-dix hommes sous leur direction pour suivre leurs pas, qu’en les choisissant parmi un groupe d’hommes qui avaient offert leur vie et qui avaient fait un sacrifice aussi grand que celui d’Abraham.
« À présent, le Seigneur a ses Douze et ses Soixante-dix, et d’autres collèges de soixante-dix seront appelés5. »
Le Camp de Sion a véritablement été le feu du fondeur pour tous les bénévoles en général et pour beaucoup de futurs dirigeants de l’Église du Seigneur en particulier.
L’expérience acquise par les bénévoles de l’armée du Seigneur a aussi été une préparation pour les plus amples migrations de membres de l’Église à venir. Plus de vingt participants au Camp de Sion sont devenus capitaines et lieutenants dans le cadre de deux exodes majeurs, le premier à seulement quatre ans de là, qui a consisté à déplacer de huit à dix mille personnes du Missouri à l’Illinois6 ; et le deuxième, à douze ans de là, le grand mouvement vers l’Ouest d’environ quinze mille saints des derniers jours de l’Illinois à la vallée du Lac Salé et à d’autres vallées des Montagnes Rocheuses. Comme entraînement préparatoire, le Camp de Sion a été d’une valeur immense pour l’Église. En 1834, le temps était venu de le montrer et de se préparer pour 1838 et 1846.
En tant qu’individus et familles, nous serons nous aussi mis à l’épreuve, criblés et préparés, comme les membres du Camp de Sion l’ont été. Les Écritures et les enseignements des Frères regorgent de promesses que la foi au Seigneur Jésus-Christ, les alliances sacrées contractées, honorées et tenues en mémoire et l’obéissance aux commandements de Dieu nous fortifieront pour nous préparer aux mises à l’épreuve de la condition mortelle et pour y faire face, les surmonter et en tirer des enseignements.
Les dirigeants de l’Église du Seigneur ont clairement désigné certaines des mises à l’épreuve collectives ou générationnelles que nous pouvons nous attendre à rencontrer à notre époque. En 1977, alors qu’il était président du Collège des douze apôtres, Ezra Taft Benson (1899-1994) a lancé un avertissement prophétique lors d’une réunion des représentants régionaux. Je vais maintenant citer longuement le message du président Benson et je vous invite à concentrer votre attention sur ses recommandations pertinentes :
« Chaque génération a ses propres mises à l’épreuve et l’occasion de faire ses preuves. Voulez-vous connaître l’une de nos mises à l’épreuve les plus difficiles ? Écoutez les paroles d’avertissement de Brigham Young : ‘La pire crainte que j’ai en ce qui concerne ce peuple, c’est qu’il devienne riche dans ce pays, oublie Dieu et son peuple, engraisse, et s’exclue de l’Église et aille en enfer. Ce peuple est capable de résister aux émeutes, aux pillages, à la pauvreté et à toutes sortes de persécutions, et de rester fidèle. Mais ma plus grande crainte est qu’il ne puisse supporter la richesse.’ »
Le président Benson poursuit : « Notre mise à l’épreuve semble donc être la plus difficile de toutes, car les maux sont plus subtils, plus astucieux. Elle semble moins menaçante et elle est plus difficile à détecter. Alors que toutes les mises à l’épreuve de la justice nécessitent un combat, celle-ci ne ressemble pas du tout ni à une épreuve ni à un combat et elle pourrait ainsi être celle qui nous leurre le plus.
« Savez-vous ce que la paix et la prospérité peuvent faire à un peuple ? Elles peuvent l’endormir. Le Livre de Mormon nous a avertis que, dans les derniers jours, Satan nous détournerait soigneusement jusqu’en enfer. Le Seigneur a sur la terre des géants spirituels en puissance, qu’il a gardés en réserve pendant quelque six mille ans pour aider à faire triompher le Royaume, et le diable est en train d’essayer de les endormir. L’adversaire sait qu’il ne réussira probablement pas à leur faire commettre de grands péchés graves par commission. Alors il les fait entrer dans un profond sommeil, comme Gulliver, pendant qu’il les attache par de petits péchés d’omission. Et de quelle utilité un dirigeant peut-il être s’il est un géant endormi, neutralisé et tiède ?
« Nous avons trop de géants spirituels en puissance qui devraient être occupés à édifier leur foyer, le royaume et le pays plus vigoureusement. Nous en avons beaucoup qui pensent être des femmes et des hommes bons, mais il faut qu’ils soient bons à quelque chose : des patriarches forts, des missionnaires courageux, des servants de l’histoire familiale vaillants et du temple, des patriotes engagés et des membres de collèges dévoués. En bref, nous devons être secoués et réveillés de notre sieste spirituelle7. »
Pensez que l’abondance, la prospérité et l’aisance peuvent être à notre époque des épreuves d’une intensité égale ou plus grande que la persécution et les difficultés physiques qu’ont endurées les saints qui se sont portés volontaires pour prendre part au Camp de Sion. Comme l’a fait observer Mormon dans son magnifique résumé du cycle de l’orgueil, contenu dans Hélaman 12,
« et ainsi, nous pouvons voir combien est faux et inconstant le cœur des enfants des hommes ; oui, nous pouvons voir que le Seigneur, dans sa grande et infinie bonté, bénit et fait prospérer ceux qui placent leur confiance en lui.
« Oui, et nous pouvons voir qu’au moment même où il fait prospérer son peuple, oui, dans l’accroissement de ses champs, de ses troupeaux de gros et de petit bétail, et dans l’or, et dans l’argent, et dans toutes sortes de choses précieuses de toute espèce et de tout art, lui épargnant la vie et le délivrant des mains de ses ennemis, adoucissant le cœur de ses ennemis, afin qu’ils ne lui déclarent pas la guerre, oui, en bref, faisant tout pour le bien-être et le bonheur de son peuple, oui, c’est à ce moment-là qu’il s’endurcit le cœur, et oublie le Seigneur, son Dieu, et foule aux pieds le Saint — oui, et c’est à cause de son aisance et de son extrême prospérité » (Hélaman 12:1-2).
Je vous invite expressément à être attentifs à la dernière proposition du dernier verset : « et c’est à cause de son aisance et de son extrême prospérité ».
Harold B. Lee (1899-1973), ancien président de l’Église, a lui aussi parlé de la mise à l’épreuve collective que constitue l’aisance que nous subissons à notre époque : « Nous sommes éprouvés et rencontrons des épreuves parmi les plus dures aujourd’hui et nous ne prenons peut-être pas conscience de la sévérité des épreuves que nous traversons. Dans les temps passés, il y a eu des meurtres, des émeutes, des exils forcés. Les saints ont été chassés dans le désert, ils ont souffert de la faim et du manque de vêtements, et ils ont eu froid. Ils sont arrivés dans ce pays favorisé. Nous sommes les héritiers de ce qu’ils nous ont donné. Mais qu’en faisons-nous ? Aujourd’hui, nous baignons dans un luxe tel que le monde n’en a jamais connu de pareil. Cette mise à l’épreuve est probablement la plus difficile que nous ayons eue dans toute l’histoire de cette Église8. »
Ces enseignements solennels de prophètes anciens et modernes au sujet des épreuves des derniers jours donnent à réfléchir. Mais ils ne doivent pas nous décourager et nous ne devons pas avoir peur. Les avertissements spirituels conduisent ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre à veiller avec plus de vigilance. Nous vivons, vous et moi en « un jour d’avertissement » (D&A 63:58). Et, parce que nous avons été et serons avertis, nous devons, comme l’a dit l’apôtre Paul, « veille[r] […] avec une entière persévérance » (Éphésiens 6:18). Si nous veillons et nous préparons, nous n’avons vraiment pas besoin d’avoir peur (voir D&A 38:30).
Qui est du côté du Seigneur ? Le temps est venu de montrer que nous avons un esprit et un cœur qui acceptent ces avertissements inspirés et qui en tiendront compte. Le temps est venu de montrer que nous veillons et que nous nous préparons à résister aux épreuves des derniers jours de la prospérité et de l’orgueil, de l’abondance et de l’aisance et de cœurs durs qui oublient le Seigneur notre Dieu. Le temps est venu de montrer que nous serons fidèles en tout temps dans tout ce que notre Père céleste et son Fils bien-aimé nous confient, et que nous respecterons les commandements de Dieu et marcherons en droiture devant lui (voir Alma 53:20-21).
La leçon d’observer les Frères, d’apprendre d’eux et de les suivre
Les saints vaillants de l’armée du Seigneur ont eu la bénédiction d’observer les Frères, d’apprendre d’eux et de les suivre. Et, aujourd’hui, nous pouvons bénéficier grandement de l’exemple et de la fidélité des membres dévoués du Camp de Sion.
Suite à la recommandation de Parley P. Pratt, Wilford Woodruff s’est rendu à Kirtland (Ohio) en avril 1834, pour se joindre au Camp de Sion. Son récit de sa première rencontre avec Joseph Smith, le prophète, est instructif pour chacun de nous :
« C’est là que, pour la première fois de ma vie, j’ai rencontré Joseph Smith, notre prophète bien-aimé, l’homme que Dieu avait choisi pour faire connaître ses révélations en ces derniers jours, et que je me suis entretenu avec lui. Ma première rencontre n’était pas de nature à satisfaire les idées préconçues d’un esprit sectaire quant à ce que devait être un prophète et à l’apparence qu’il devait avoir. Cela aurait pu ébranler la foi de certains hommes. Je l’ai trouvé avec son frère, Hyrum ; ils étaient occupés à tirer sur une cible avec une paire de pistolets. Quand ils ont cessé de tirer, j’ai été présenté à frère Joseph, et il m’a serré la main très chaleureusement. Il m’a invité à être chez lui comme chez moi le temps que je resterais à Kirtland. J’ai accepté cette invitation avec grand empressement et j’ai été grandement édifié et béni pendant mon séjour chez lui9. »
Je trouve remarquable que frère Woodruff, qui a vécu pendant quelque temps dans le foyer du prophète et a indubitablement eu une occasion sans pareille de l’observer dans la routine de la vie quotidienne, ait eu la bénédiction de voir par delà « les idées préconçues d’un esprit sectaire quant à ce que devait être un prophète et à l’apparence qu’il devait avoir ». Ce genre d’idées fausses obstruent la vision de beaucoup de personnes dans le monde aujourd’hui, tant à l’intérieur qu’en dehors de l’Église rétablie du Seigneur.
Du fait de mon appel à servir comme membre du Collège des douze apôtres en 2004, j’ai incontestablement un point de vue privilégié sur ce que signifie observer les Frères, apprendre d’eux et les suivre. C’est maintenant au quotidien que je vois les personnalités, les préférences diverses et la noblesse d’âme des dirigeants de l’Église. Certaines personnes trouvent que les limitations et les manquements humains des Frères sont déconcertants et qu’ils diminuent la foi. Pour moi, ces faiblesses renforcent la foi. Le modèle de direction de l’Église, révélé par le Seigneur, pallie la fragilité humaine et en atténue l’impact. C’est vraiment miraculeux pour moi de voir le Seigneur accomplir sa volonté par l’intermédiaire de ses serviteurs, en dépit des imperfections et des défaillances des dirigeants qu’il a choisis. Ces hommes n’ont jamais prétendu être parfaits et ils ne le sont pas. En revanche, ils sont assurément appelés de Dieu.
Wilford Woodruff, qui était prêtre quand il a fait la marche vers le Missouri avec l’armée du Seigneur, a déclaré plus tard, alors qu’il était membre du Collège des douze apôtres : « Nous avons acquis une expérience que nous n’aurions jamais pu acquérir autrement. Nous avons eu la bénédiction de […] parcourir mille six cents kilomètres avec [le Prophèle] et de voir l’Esprit de Dieu opérer en lui, les révélations de Jésus-Christ se manifester à lui, et ces révélations s’accomplir. […] Si je n’étais pas allé avec le Camp de Sion, je ne serais pas ici aujourd’hui10. »
Le dernier dimanche d’avril 1834, Joseph Smith a demandé à plusieurs dirigeants de l’Église de parler aux bénévoles du Camp de Sion, réunis dans une école. Après que les frères ont eu fini de parler, le Prophète s’est levé et a dit qu’il avait été édifié par leurs enseignements. Il a ensuite prophétisé :
« Je veux vous dire devant le Seigneur que vous n’en savez pas plus concernant la destinée de cette Église et de ce royaume qu’un petit enfant sur les genoux de sa mère. Vous ne la comprenez pas. […] Vous ne voyez qu’une petite poignée de détenteurs de la prêtrise ici, ce soir, mais l’Église remplira l’Amérique du Nord et du Sud, elle remplira le monde11. »
Des hommes tels que Brigham Young, Heber C. Kimball, Orson Pratt et Wilford Woodruff ont écouté le prophète et ont beaucoup appris de lui ce soir-là, et, des années plus tard, ils ont aidé à accomplir cette déclaration prophétique. Quelles occasions merveilleuses ces hommes ont eues d’observer le Prophète, d’apprendre de lui et de le suivre !
Il est important que chacun de nous se souvienne que nous pouvons apprendre à la fois des enseignements des Frères et des exemples de leur vie. Après la vision majestueuse de la future croissance de l’Église décrite par Joseph Smith, le prophète, veuillez à présent réfléchir au pouvoir de son exemple personnel dans l’accomplissement de tâches routinières et banales, mais nécessaires. George A. Smith a décrit dans son journal la réaction du Prophète aux difficultés quotidiennes de la marche vers le Missouri.
« Le prophète Joseph assumait pleinement sa part des fatigues du voyage. Non seulement il se souciait de subvenir aux besoins du camp et de le diriger, mais il a également fait presque tout le chemin à pied et il a su ce que c’était que d’avoir des ampoules et les pieds ensanglantés et douloureux. […] Cependant, il n’a jamais émis le moindre murmure ni la moindre plainte pendant tout le voyage, alors que la plupart des hommes du camp se plaignaient à lui de leurs douleurs aux orteils, des ampoules aux pieds, des longues étapes, du manque de nourriture, de la mauvaise qualité du pain, du mauvais pain de maïs, du beurre rance, du mauvais miel, du jambon et du fromage infestés de vers, etc. Un chien ne pouvait pas aboyer après certains d’entre eux sans qu’ils murmurent contre Joseph. S’ils devaient camper et utiliser de l’eau croupie, cela entraînait presque une rébellion. Nous faisions cependant partie du Camp de Sion et beaucoup ne priaient pas, manquaient d’égards, étaient négligents, insouciants, insensés ou malveillants et nous ne nous en rendions pas compte. Joseph devait être patient avec nous et nous encadrer comme des enfants12. »
Joseph a donné un exemple puissant du principe enseigné par Alma : « Car le prédicateur n’était pas meilleur que l’auditeur, et l’instructeur n’était pas meilleur que celui qui apprenait ; […] et ils travaillaient tous, chacun selon sa force. » (Alma 1:26).
Depuis mon appel comme Autorité générale, j’ai essayé d’observer et d’apprendre quand certains de mes Frères ont affronté les effets de l’âge ou les exigences implacables des limitations physiques et des douleurs constantes. Vous ne pouvez pas savoir et vous ne saurez jamais par quelles souffrances personnelles et muettes certains de ces hommes passent tandis qu’ils servent publiquement de tout leur cœur, de tout leur pouvoir, de tout leur esprit et de toutes leurs forces. Ayant servi avec Gordon B. Hinckley (1910-2008), James E. Faust (1920-2007), Joseph B. Wirthlin (1917-2008), Boyd K. Packer (1924-2015), L. Tom Perry (1922-2015) et Richard G. Scott (1928-2015) et avec mes autres compagnons d’apostolat et les ayant observés, je suis habilité à déclarer clairement et avec autorité que les Frères avec qui je sers sont des guerriers, dans le sens le plus vrai et le plus admirable de ce mot ! – de grands et nobles guerriers spirituels. Leur patience, leur persévérance et leur courage leur permettent de « marcher résolument avec constance dans le Christ » (2 Néphi 31:20), ce en quoi nous devrions les imiter.
Le président Lee a mis en garde contre une autre mise à l’épreuve collective qui se fait de plus en plus présente dans cette génération : « Nous sommes maintenant soumis à une autre mise à l’épreuve : une période de sophistication, pourrait-on dire. C’est une époque où il y a beaucoup de gens intelligents qui ne désirent pas écouter les humbles prophètes du Seigneur. […] C’est une mise à l’épreuve assez difficile13. »
La mise à l’épreuve de la sophistication va de pair avec celle de la prospérité et de l’aisance. Comme il est important pour chacun de nous d’observer les Frères, d’apprendre d’eux et de les suivre !
« Qui est du côté du Seigneur ? » Le temps est venu de le montrer en écoutant et en suivant les recommandations des apôtres et des prophètes vivants appelés par Dieu en ces derniers jours pour superviser et diriger son œuvre sur la terre. Le temps est venu de montrer que nous croyons que la parole de Dieu « ne passera pas, mais s’accomplira entièrement, que ce soit par [sa] voix ou par la voix de [ses] serviteurs, c’est la même chose » (D&A 1:38). Le temps est venu de montrer. Le temps est venu !
Notre propre Camp de Sion
Dans la vie de chacun de nous, il arrivera un moment où nous serons invités à marcher dans notre propre Camp de Sion. L’invitation arrivera à des moments différents et les obstacles que nous pouvons rencontrer sur le chemin seront différents. Mais notre réponse continue et constante à cet appel inévitable apportera finalement la réponse à la question : « Qui est du côté du Seigneur ? »
Le temps de le montrer c’est maintenant, aujourd’hui, demain et toujours. Puissions-nous toujours nous souvenir des leçons corollaires de la mise à l’épreuve, du criblage et de la préparation, et d’observer les Frères, d’apprendre d’eux et de les suivre.