Perfectionnement des saints
On n’a pas tous la même chemise, mais on la mouille ensemble
Mon chef de corps (Pompiers de Paris), responsable de 2 000 hommes, avait pour cheval de bataille la résilience dans l’épreuve, le fait qu’il faut rester debout malgré les difficultés.
Et en fait, pendant plus d’un an, sans le savoir, il m’a préparé à ce qui allait m’arriver…
Il nous a donné des livres, dont « L’éthique du Samouraï moderne » qui explique les vertus humaines qui nous aident dans les difficultés des temps modernes.
C’est basé sur la discipline, sur le fait d’avoir ces valeurs ancrées dans des vertus qui sont solides et immuables.
Ces choses me semblaient intéressantes, mais elles ont pris tout leur sens lors du décès accidentel de ma fille en juin dernier, puis face à la rupture avec ma femme dans la foulée.
Les gens du monde disent que c’est normal…
Je pense avoir été préparé sans le savoir à surmonter deux épreuves d’Abraham.
Quand je suis en formation (Protection civile), la première chose que je demande aux stagiaires est de se lever. Je leur place une feuille de papier devant les yeux et leur demande ensuite ce qu’ils voient.
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Rien !
Une feuille de papier, ce n’est pas grand-chose ! Mais si je l’ai contre les yeux, je ne vois rien.
Je demande alors aux stagiaires de reculer de deux ou trois pas.
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Et maintenant ?
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Maintenant, je vois !
Si je leur avais demandé d’évoluer dans la salle avec la feuille sur les yeux, ils seraient peut-être tombés ou se seraient fait mal.
Dans certaines situations de crise, avec une feuille sur les yeux, et bien, on est mort !
Exemple : une dame était dans sa voiture. Quelqu’un l’a percutée. Elle est descendue de la voiture, un 38 tonnes l’a renversée et elle est morte sous les yeux de sa fille restée dans la voiture.
Dans la vie, nous pouvons vivre ce genre de drame, si nous ne prenons pas du recul.
Mais avec notre Père céleste, même si notre vue est occultée par le manque de connaissance, il nous chuchote des directives, des avertissements :
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Attention à droite ! Attention à gauche !
En fait, il nous guide.
Et c’est comme ça, je pense, que l’on peut traverser cette vie… en faisant preuve de résilience.
Notre chef de corps a pris l’exemple de celui qui choisit la vie monastique. Selon une vision terrestre, on a l’impression qu’il va gâcher sa vie : il n’a rien à gagner financièrement, il n’aura pas une vie confortable, il n’aura pas de satisfaction personnelle dans un couple, puis avec des enfants.
Sa satisfaction sera de voir le bonheur des autres… Rien pour lui !
Si l’on met dans une balance tous les inconvénients face aux avantages, personne ne fera ce choix sauf celui qui a la foi.
Et c’est la foi qui fait la différence. Je n’ai jamais eu le sentiment d’aller travailler, quand j’y pense : je vis de mes passions.
La foi nous permet aussi de surmonter des épreuves que l’on serait incapable de surmonter sans cela.
Si l’on a une vision terrestre, on se dit que c’est la fin de notre vie…
Et parmi ceux qui croient cela, beaucoup s’ôtent la vie.
Un collègue de travail l’a fait un mois avant la mort de ma chère fille qui avait quinze ans.
Je pense qu’il faut s’engager dans de bonnes causes et surtout ne pas oublier que l’on a la foi.
Si des gens sont dans des situations difficiles, je leur conseille de s’engager.
S’engager dans l’Église, c’est très bien, mais elle n’a pas le monopole du bien.
Dans une épreuve « longue durée » comme celle que je traverse, les dirigeants, bien que désireux de m’aider de leur mieux, n’ont pas toujours la disponibilité ni la formation adéquate…
Dans la « Protection civile », j’ai trouvé une deuxième famille. Je me suis vraiment rendu compte que le Seigneur met sur ma route des gens qui ont une âme noble, même s’ils ne sont pas membres de son Église. Leurs vies peuvent paraître éloignées de nos normes, mais ils sont parfois plus près de Dieu qu’il n’y paraît ! Chaque fois que je les appelle, ils sont présents !
Mes grands soutiens dans l’épreuve que je suis en train de vivre sont certes ma famille et l’Église, mais aussi les gens formidables que j’ai rencontrés dans le cadre de mon travail, et qui font preuve d’un altruisme et d’une générosité incroyables !
L’aide que nous recevons du ciel n’est pas cloisonnée aux murs ou à l’organisation de l’Église. Il faut savoir la reconnaître et l’accepter avec reconnaissance d’où qu’elle vienne.
Sur cette terre, on n’a peut-être pas tous la même chemise, mais on la mouille ensemble !