2022
Ouvrir les fenêtres vers le monde associatif en France. Gilbert Cruz : l’évêque qui a servi au-delà de sa communauté
Septembre 2022


Servir là où nous sommes

Ouvrir les fenêtres vers le monde associatif en France Gilbert Cruz : l’évêque qui a servi au-delà de sa communauté

Gilbert Cruz est un homme discret, mari et père de famille. Jusqu’en janvier 2022, il était aussi évêque de la paroisse de Paris-Lilas de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Quand on a une responsabilité comme celle-ci, on se demande comment orienter la paroisse et ses membres. Après quelque temps dans son appel, Gilbert a ressenti qu’il fallait « ouvrir les fenêtres vers le monde associatif en France », et s’associer avec tous ceux qui veulent faire du bien.

L’association SDJ Solidarité Agir Ensemble est née en 2016 dans le XXe arrondissement de Paris. Les dirigeants et dirigeantes de la paroisse locale se sont réunis en conseil pour réfléchir à ce que les membres pouvaient faire pour aider leur prochain et faire preuve de charité. Ils ont décidé de distribuer des boissons aux sans-abri et aux migrants chaque dimanche du mois de décembre.

Fort du succès enregistré, le conseil a décidé de continuer pendant tout l’hiver, puis toute l’année. Des membres de paroisses voisines ont voulu se joindre au mouvement. Gilbert Cruz a donc cocréé1 une association, indépendante de l’Église de Jésus-Christ, mais qui s’inspire de ses principes d’entraide, de charité et d’actions. SDJ Solidarité Agir Ensemble donne une occasion à ceux qui le souhaitent, membres de l’Église ou pas, de servir les autres.

Si « SDJ » fait référence au nom de l’Église, c’est surtout l’acronyme de « Servir et Donner de la Joie. » La création de la page Facebook de l’association a donné une visibilité qui a conduit à la création de plus d’une dizaine d’antennes : Lille, Saint-Raphaël, Lyon, Metz, Paris, Versailles, Torcy, Bayonne, Tours, Bordeaux, Tahiti et même à la Réunion.

Quand j’ai rencontré Gilbert Cruz, j’ai été frappé par son humilité et sa discrétion. C’est plus un homme d’action qu’un homme de discours. Il explique volontiers : « Si on pense à l’exemple de Jésus-Christ, il a passé son temps à servir. » Gilbert est pour moi l’incarnation de ce que disait François d’Assise :

« Prêche tout le temps l’évangile, et, si nécessaire, utilise des mots. »

Depuis sa création, l’association a pris de l’ampleur. Elle travaille en étroite collaboration avec des supermarchés qui fournissent chaque année un million d’euros de nourriture à redistribuer. 500 personnes en sont bénéficiaires chaque dimanche2. 2000 personnes sont aidées administrativement tous les ans3. Des ponts ont été construits avec d’autres organisations, comme la Maison des associations ou le commissariat du XIXe arrondissement qui donnent régulièrement le nom des personnes dans le besoin.

Gilbert explique qu’il voit maintenant les gens différemment et donc que son amour pour eux a grandi. Il comprend davantage le Christ qui allait vers tout le monde sans exception. Il a vaincu sa peur de l’autre. Pour un œil extérieur, sa vision d’ouvrir les fenêtres du monde associatif en France s’est bien réalisée, et de la plus belle des manières, en servant les autres.

Gilbert nous explique pourquoi il a choisi cette photo pour l’article :

« Pourquoi cette photo ?

Parce que c’est le moment de la distribution que j’aime le plus, celui ou je prends le temps de parler avec “Bishop”. Je ne connais pas son nom… Il est trop discret pour le dire. Mais lui m’appelle Bishop, car il sait que j’étais évêque.

Je lui ai dit : “Non le Bishop ici c’est toi !”

Il aime partager des passages d’Écritures, donc son nom est devenu “Bishop”

Références

  1. NDLR : « Nous étions 4 lors de la création de SDJ solidarité : BEN DIALLO, Philippe et Georgette LALAUS, et moi-même » précise Gilbert.

  2. NDLR « Cela a été vrai en 2019, lorsque nous avons distribué aux migrants qui étaient entre 300 et 500 chaque dimanche. Ensuite les migrants ont été placés ailleurs. Nous distribuons maintenant à une centaine de personnes le dimanche dans le XIXe, et une trentaine à St-Merry, dans le centre de Paris aux SDF. 

    En semaine, avec le groupe du XIIe arrondissement, nous distribuons chaque jour dans Paris à trois foyers de travailleurs, deux centres d’hébergement du 115. En fonction des collectes que nous avons, nous alternons les distributions.

    Georgette et Philippe Lalaus et leur groupe collectent et distribuent aussi dans des camps et des hôtels sociaux. Il y a aussi Draveil et Versailles qui collectent et distribuent plusieurs fois par semaine. 

    Bordeaux collecte et distribue chaque jour, 6 jours sur 7, et touche au moins trente familles par jour ; Lille s’anime 2 à 3 fois par semaine et distribue 300 repas ; Saint-Raphaël distribue le dimanche, Cannes touche plusieurs familles par semaine ; Tahiti s’active plusieurs fois par semaine, en collecte et distributions, etc. », précise à nouveau Gilbert.

  3. BEN DIALLO tient une permanence 2 à 3 heures par semaine. Actuellement il doit aider entre 500 et 600 personnes par an, vu qu’on lui envoie maintenant des personnes de différents endroits d’Île de France, via assistante sociale, commissariat, maison des associations du XIIe et d’autres associations… ce qui est énorme pour une seule personne.