L’œuvre missionnaire est notre responsabilité
Le Seigneur a besoin de messagers à la hauteur de son message.
J’ai prié pour être béni du ciel, pendant que je vous adresse ces propos ce matin, afin de pouvoir vous faire part des pensées qui me tiennent à cœur.
Il y a quelques semaines, tandis que sœur Haight et moi-même roulions vers l’aéroport pour assister au départ en mission de notre onzième petit-enfant, la joie et la nostalgie dominaient notre conversation. Au cours des quelques instants que nous avons passés avec notre missionnaire, au milieu de l’émotion, des vœux et des embrassades, nous nous sommes rappelés certains des récits de l’influence que le message de l’Evangile a exercée sur notre famille. Récit de la façon dont le trisaïeul de notre petit-fils, Joseph Toronto, entendit et crut le message de l’Evangile que des missionnaires lui apportèrent à Boston en 1843, il y a cent cinquante ans.
Joseph Toronto aida à construire le temple de Nauvoo. Brigham Young avait lancé un appel vibrant le 6 juillet 1845 pour que les saints «se souviennent du temple, prient pour lui et paient la dîme». Les saints désiraient que le temple soit suffisamment terminé pour que l’œuvre des ordonnances puisse commencer avant l’exode vers l’Ouest. On avait un besoin désespéré de plus d’ouvriers et de dîme. Joseph Toronto, nouveau converti, alla voir Brigham Young après la réunion et lui déclara qu’il voulait «faire don de sa personne et de tous ses biens au royaume de Dieu». Il remit à Brigham Young 2600 dollars en pièces d’or (voir Church News, 20 juin 1981, p. 16). Brigham Young bénit le converti italien, proclamant qu’il «se tiendrait à la tête de ceux de sa race et que ni lui ni sa famille ne manqueraient jamais de pain» (Joseph Toronto: Italian Pioneer and Patriarch, p. 10, 25 juin 1983). Plus tard, en 1849, il fut appelé à accompagner le nouvel apôtre, Lorenzo Snow, dans son Italie natale pour ouvrir ce pays à la prédication de l’Evangile (voir Church News, 20 juin 1981, p. 16).
Nous avons également parlé d’Hector C. Haight, un autre de nos ancêtres, appelé de Farmington, en Utah, où il vivait, à présider la mission de Scandinavie en 1856, avec pour ainsi dire pas de connaissance du danois, du suédois ou du norvégien. Mais, mettant sa confiance dans le Seigneur et avec l’aide des saints scandinaves, il accomplit sa mission. Il rapporta en 1850 que «2610 âmes avaient été baptisées…et que 990 membres avaient émigré en Sion» (Andrew Jenson, History of the Scandinavian Mission, p. 128).
Ces ancêtres, ainsi que beaucoup d’autres, ont inspiré nos enfants et nos petits-enfants et ont établi un précédent d’amour de l’Evangile, de sa vérité divine et du service missionnaire, dont ils ont hérité, mais qu’ils doivent ressentir et acquérir personnellement.
Notre cœur a été touché ce matin-là quand nous avons été témoins une fois de plus du miracle qui avait déjà commencé et qui, nous le savions, continuerait, non seulement pendant les deux années à venir, mais également pendant tout le reste de sa vie: la transformation d’un jeune homme en un puissant témoin de notre Seigneur Jésus-Christ. Notre confiance et notre reconnaissance pour le programme missionnaire de l’Eglise, dans toutes ses dimensions spirituelles, et pour son influence continuelle dans notre famille s’en sont trouvées fortifiées.
En observant les expressions familiales d’amour, de joie et de tristesse à l’aéroport, j’ai pensé aux centaines de jeunes gens, de jeunes filles et de couples qui, chaque semaine, quittent nos centres de formation des missionnaires dans le monde entier pour s’embarquer pour la plus belle expérience de leur vie, pour partir servir notre Père céleste de tout leur cœur, de toute leur puissance, de toute leur pensée et de toute leur force. C’est bien là l’un des grands miracles de notre époque.
Church News a récemment publié un article sur Aaron Thatcher, jeune homme qui aime le base-ball. Beaucoup de découvreurs de talents de base-ball ont remarqué ses dons exceptionnels, mais il leur a dit à de nombreuses reprises qu’il ne signerait de contrat professionnel qu’après avoir rempli ses obligations vis-à-vis du Seigneur en faisant une mission de deux ans. Comment un jeune homme peut-il refuser une telle proposition? Pourtant il l’a fait! Son désir de servir le Seigneur était plus fort que son désir de célébrité immédiate. Aaron a expliqué: «Je ne vais pas en mission parce que mon père y est allé. J’y vais parce que j’ai un témoignage de l’Evangile et que les prophètes nous ont dit que tout jeune homme digne et en bonne santé doit faire une mission à plein temps. Je veux de tout mon cœur y aller» (Church News, 4 septembre 1993, p. 5).
Mes frères et sœurs, le Seigneur ouvre la voie et rend possible l’expansion de son œuvre dans le monde entier. C’est une grande bénédiction pour chacun d’entre nous que de pouvoir y participer, chacun à notre façon. Au cours des cinq dernières années, le nombre de missionnaires servant dans le monde est passé de 36 000 à 49 000. Le nombre de missions est passé de 220 à 294. Près d’un million et demi de nouveaux convertis se sont joints à l’Eglise pendant cette même période. Et nos missionnaires ou nos représentants enseignent à présent dans plus de quarante pays où nous n’avions pas de missionnaires il y a cinq ans.
Qui d’autre que les prophètes de Dieu aurait pu prédire l’expansion miraculeuse de l’œuvre du Seigneur? Oui, comme le Seigneur l’a prédit à la section 88 de Doctrine et Alliances, il hâte son œuvre en son temps (D&A 88:73).
Mieux je comprends la profondeur et l’importance de la vision et de l’inspiration que Joseph Smith, le prophète, a reçues de messagers divins en mettant soigneusement en place les pierres de fondation de l’Eglise rétablie, plus je suis émerveillé. Après ce qu’il avait vu et avec ce qu’il savait, Joseph Smith, le prophète, put écrire en mars 1842:
«Nos missionnaires partent pour divers pays…L’étendard de la vérité est levé;…la vérité de Dieu ira de l’avant, hardiment, noblement et de manière indépendante, jusqu’à ce qu’elle ait pénétré dans chaque continent, et se soit implantée dans chaque pays, sous chaque climat, et ait résonné dans chaque oreille, jusqu’à ce que les desseins de Dieu soient accomplis et que le grand Jéhovah dise que l’œuvre est terminée» (History of the Church, 4:540).
Un esprit pousse nos gens à vouloir vivre conformément à la vérité, afin d’être un jour en mesure de répondre à une occasion de servir. C’est ce même esprit et cette même influence qui ont poussé John Taylor, Wilford Woodruff et Willard Richards à quitter les saints de la ville de Far West tôt le matin du 26 avril 1839 avant de partir pour leur mission en Grande-Bretagne (voir D&A 118:4-5). En cette occasion, chacun a fait une prière à tour de rôle à l’emplacement du temple et a rendu son témoignage. Ensuite, après un cantique, ils sont partis, selon les directives de la révélation, remplis des bénédictions des cieux et de l’influence confirmatrice du Saint-Esprit. Ces premiers apôtres sont partis en mission en ayant été nourris et bénis spirituellement d’une manière qui allait les soutenir, eux et leur famille, à travers leurs nombreuses tribulations et inspirer leur puissant témoignage de la véracité du message de l’Eglise rétablie du Christ sur la terre.
Quel honneur et quelle bénédiction de constituer une petite partie de cette grande œuvre. Cet héritage s’accompagne cependant d’une grande responsabilité. Le Seigneur a besoin de messagers à la hauteur de son message. Il a besoin de personnes capables d’exercer le grand pouvoir éternel qu’il leur confiera. A la section 88, où le Seigneur dit qu’il hâtera son œuvre, il donne aux ouvriers de son royaume le commandement de se préparer et de se sanctifier, de se purifier le cœur, les mains et les pieds devant lui, afin qu’il puisse les rendre purs (voir D&A 88:74).
L’appel à servir le Seigneur place sur chacun de nous une responsabilité immense et ennoblissante. En 1839, le Collège des douze apôtres envoya une lettre d’inspiration et de directives à ceux qui avaient été appelés à proclamer l’Evangile. Outre les bénédictions, les témoignages et les prières qu’elle contenait, elle disait:
«Dieu vous a appelés à un appel sacré, celui d’être des messagers auprès des nations de la terre. De votre diligence et de la véracité des enseignements que vous prêcherez…dépend le destin de la famille humaine. Vous êtes les hommes que Dieu a appelés à étendre son royaume; il vous a confié des âmes et le Grand Dieu exige de vous la fidélité» (History of the Church, 3:395).
Spencer Kimball a ouvert une ère nouvelle à l’œuvre missionnaire quand il a proclamé:
«Quand je demande plus de missionnaires, je ne demande pas plus de missionnaires sans témoignage ou indignes. Je demande que nous…formions mieux nos missionnaires dans chaque branche et chaque paroisse…Que nos jeunes comprennent que c’est un grand honneur d’aller en mission et qu’ils doivent être bien, physiquement, mentalement et spirituellement, et que le «Seigneur ne peut considérer le péché avec le moindre degré d’indulgence». Nous demandons des missionnaires qui ont été soigneusement…formés par leur famille et les organisations de l’Eglise, et qui viennent…animés d’une grande motivation» (Ensign, octobre 1974, p. 7).
«Mais nous devons mieux préparer nos jeunes missionnaires, non seulement du point de vue de la langue, mais également par les Ecritures et surtout grâce à un témoignage et à un feu sacré qui conférera de la puissance à leurs paroles» (Séminaire des représentants régionaux, avril 1976).
Récemment, la Première Présidence a de nouveau souligné cette importante responsabilité. Servir le Seigneur en étant missionnaire à plein temps est un honneur; l’objet principal du service missionnaire à plein temps est l’édification du royaume de Dieu. Et le Seigneur a besoin de ses meilleurs éléments. Les jeunes gens et des jeunes filles qui répondent à l’appel doivent être préparés pour l’épreuve la plus rigoureuse de leur jeune vie, préparés spirituellement, intellectuellement, émotionnellement et physiquement.
Nos missionnaires sont fortifiés, élevés et transformés par leur service, toutefois ce n’est pas là leur objectif principal. Ni eux ni leur famille ni leurs dirigeants ne doivent considérer la mission comme la solution à des problèmes non réglés. Le Seigneur a besoin de nos meilleurs éléments; il a besoin de ceux qui peuvent courir, et pas seulement marcher, physiquement et spirituellement, de ceux qui peuvent exercer son influence éternelle avec pureté, force et conviction.
Est-ce que cela signifie que ceux qui ne sont pas encore prêts doivent être rejetés. Bien sûr que non! Cela signifie que nos jeunes, leur famille et leurs dirigeants devraient tous accepter la responsabilité personnelle de préparer des volontaires dignes, capables et engagés pour l’armée royale du Seigneur.
Si nous acceptons cette grande responsabilité, le Seigneur multipliera l’effet de nos efforts et il transformera nos missionnaires. Ils deviendront les instruments par l’intermédiaire desquels le Seigneur accomplira ses miracles.
Récemment, j’ai reçu une lettre d’un jeune ami de Californie qui a fait une mission au Chili. Il me parlait du baptême inoubliable d’un couple et de leurs deux enfants auquel il a participé. Il décrivait la foi inouïe du père, qui avait travaillé comme garçon d’écurie de chevaux de courses, qui était très peu instruit mais avait une grande foi dans les principes de l’Evangile. Cet homme a accepté l’Evangile et l’a appliqué et enseigné par l’exemple à sa famille.
Mon ami écrivait: «Nous, missionnaires, nous considérions cette famille peut-être comme notre meilleure conversion. Le père avait une attitude peu habituelle vis-à-vis du travail. Il travaillait très dur pour subvenir aux besoins de sa famille et pour pouvoir servir le Seigneur.»
Mon ami venait d’apprendre que ce brave homme venait d’être appelé, treize ans plus tard, à servir dans la présidence de son pieu.
Il y a plus de quinze ans, le président Kimball a insisté pour que «chaque famille, soir et matin, prie le Seigneur d’ouvrir les portes d’autres pays afin que leurs peuples puissent, eux aussi, avoir l’Evangile de Jésus-Christ» (The Teachings of Spencer W. Kimball, p. 586). Ces dernières années, nous avons vu s’accomplir la vision du prophète. Des portes se sont ouvertes; les murs de pays se sont écroulés. Nous devons être préparés à entrer, dans la légalité et comme il convient, à mesure que le Seigneur ouvre ces portes.
Nous sommes reconnaissants des milliers de personnes qui ont répondu à l’appel à servir, et nous sommes reconnaissants des vaillants missionnaires qui partent chaque semaine prendre part à la grande moisson que le Seigneur est en train de hâter. Nous reconnaissons et apprécions le sacrifice et le service de vos fils et de vos filles, et l’œuvre merveilleuse qu’ils accomplissent. Nous apprécions les couples mûrs et expérimentés qui quittent leur maison confortable et leurs enfants et petits-enfants bien-aimés. Leurs efforts et leurs sacrifices leur vaudront des bénédictions.
Je conclus par ces paroles inspirées d’une lettre d’encouragement adressée aux saints par le Conseil des Douze le 3 juillet 1839. La lettre se termine ainsi:
«Parmi le vacarme de la guerre, le déchaînement des pestes, le bouleversement des nations…et la dissolution des empires, la vérité ira de l’avant avec une grande puissance, guidée par le bras du Tout-Puissant, et prendra ceux qui ont le cœur pur, parmi toutes les nations; Sion fleurira comme un narcisse, et les nations se presseront autour de sa bannière, et les royaumes de ce monde ne tarderont pas à devenir les royaumes de notre Dieu et de son Christ, et il régnera pour toujours et à jamais (History of the Church, 3:397).
Quand viendra ce jour glorieux, puissions-nous chacun y avoir part. C’est mon humble prière. Au nom de Jésus-Christ. Amen.