Appelés à servir
Cette œuvre n’est pas entièrement votre œuvre ni la mienne. C’est l’œuvre du Seigneur, et quand nous sommes au service du Seigneur, nous avons droit à son aide.
Quelle vaste assemblée nous avons ce soir à cette réunion générale de la prêtrise! L’apôtre Pierre vous a bien décrits quand il a dit: «Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière1.»
A l’Ecole du Dimanche de notre jeunesse, nous chantions souvent le cantique:
Nous voici tous enrôlés pour le grand combat.
Partons joyeux! Partons joyeux!
Nous recevrons les lauriers promis aux soldats
Si nous nous montrons vaillants comme eux.
Luttant, unis toujours à notre conducteur,
Serrons les rangs, serrons les rangs!
Du mal et des dangers nous serons les vainqueurs,
Si nous suivons de Jésus le plan!
Rentrons joyeux au foyer,
Foyer de l’amour2!
Mes frères, quand nous contemplons le monde merveilleux dans lequel nous vivons, puis que nous nous rendons compte dans quelle époque troublée nous sommes, quelle joie nous avons de savoir que Jésus, notre chef, est toujours tout près. Nous vivons dans un monde de gâchis. Trop souvent nos ressources naturelles sont gaspillées. Nous vivons dans un monde de dénuement. Certains connaissent le luxe, mais d’autres souffrent de la famine. Tout le monde n’a pas de nourriture, de toit, de vêtement ni d’amour. La souffrance sans soulagement, la maladie qui aurait pu être évitée et la mort prématurée sont le lot de trop de gens. Nous vivons dans un monde de guerres. Certaines sont politiques, d’autres économiques. Mais la plus grande bataille a pour enjeu l’âme des hommes.
Notre capitaine, le Seigneur Jésus-Christ, a déclaré:
«Souvenez-vous que les âmes ont une grande valeur aux yeux de Dieu …
«Et s’il arrive que vous travailliez toute votre vie à crier repentance à ce peuple et que vous m’ameniez ne fût-ce qu’une seule âme, comme votre joie sera grande avec elle dans le royaume de mon Père!
«Et maintenant, si votre joie doit être grande avec cette seule âme que vous m’aurez amenée dans le royaume de mon Père, comme elle sera grande si vous m’en amenez beaucoup3!»
Il a appelé des pécheurs au lac de Galilée à laisser leurs filets et à le suivre, en leur déclarant: «Je vous ferai pêcheurs d’hommes4.» Et il l’a fait. Il a envoyé ses apôtres bien-aimés dans le monde entier proclamer son magnifique Evangile. Et il lance à chacun d’entre nous l’appel: «Serrons les rangs5.» Il nous donne notre plan de bataille, avec l’exhortation: «C’est pourquoi, que dès à présent, chacun s’informe diligemment de son devoir et apprenne à agir dans l’office auquel il est nommé6.» Je chéris le mot devoir, mot plein de noblesse.
John Taylor nous a adressé une mise en garde: «Si vous ne magnifiez pas votre appel, Dieu vous tiendra pour responsable de ceux que vous auriez sauvés, si vous aviez fait votre devoir7.»
Un autre président, George Albert Smith, a dit: «Votre devoir est premièrement d’apprendre ce que le Seigneur veut, puis par le pouvoir et la force de sa sainte prêtrise de magnifier votre appel en présence de vos compagnons de telle manière que les gens seront heureux de vous suivre8.»
Comment magnifie-t-on un appel? Tout simplement en accomplissant le service qui s’y rapporte.
Nous avons reçu l’appel; nous avons été ordonnés; nous détenons la prêtrise.
Stephen L Richards s’est souvent adressé aux détenteurs de la prêtrise et a souligné sa philosophie à ce propos. Il a déclaré: «La prêtrise est généralement simplement définie comme ‹le pouvoir de Dieu délégué à l’homme›. Il a ajouté: «Je pense que cette définition est exacte. Mais pour des raisons pratiques, j’aime définir la prêtrise en termes de service, et je l’appelle souvent «le plan de service parfait9».
Peut-être demanderez-vous: «Où est la voie du devoir?» Mes frères, je crois de tout mon cœur que deux éléments définissent la voie du devoir: le Devoir de se préparer et le Devoir de servir.
Analysons ces deux éléments.
Premièrement, le Devoir de se préparer. Le Seigneur nous a conseillé: «Cherchez des paroles de sagesse dans les meilleurs livres; cherchez la science par l’étude et aussi par la foi10.»
Il n’a jamais été plus essentiel de se préparer pour les possibilités et les responsabilités de la vie. Nous vivons dans une société changeante. La concurrence intense fait partie de la vie. Le rôle du mari, du père, du grand-père, gagne-pain et protecteur, est très différent de ce qu’il était il y a une génération. La préparation n’est pas affaire de choix. C’est une obligation. La vieille expression: «Moins on en sait, mieux on se porte», a perdu à jamais tout sens. La réussite passe par la préparation.
Nous tous, qui détenons la prêtrise, nous enseignons aujourd’hui ou nous enseignerons sûrement la vérité. Le Seigneur nous a recommandé:
«Enseignez diligemment et ma grâce vous accompagnera, afin que vous soyez instruits plus parfaitement en théorie, en principe, en doctrine, dans la loi de l’Evangile, dans tout ce qui a trait au royaume de Dieu, qu’il est nécessaire que vous compreniez …
«Afin que vous soyez préparés en tout, lorsque je vous enverrai de nouveau magnifier l’appel auquel je vous ai appelés et la mission à laquelle je vous ai nommés11.»
Deuxièmement, le Devoir de servir.
En 1914, la Première Présidence, composée de Joseph F. Smith, Anthon H. Lund et Charles W. Penrose, a déclaré: «La prêtrise n’est pas donnée pour l’honneur ou l’avantage de l’homme, mais pour le ministère du service parmi les gens en faveur de qui les détenteurs de cette mission sacrée sont appelés à œuvrer12.»
Peut-être certains d’entre vous sont-ils timides de nature ou se considèrent-ils incompétents pour répondre affirmativement à un appel. Souvenez-vous que cette œuvre n’est pas entièrement votre œuvre ni la mienne. C’est l’œuvre du Seigneur, et quand nous sommes au service du Seigneur, nous avons droit à son aide. Souvenez-vous que le Seigneur qualifie ceux qu’il appelle.
Parfois le Seigneur a besoin d’un peu d’aide pour permettre aux gens de comprendre que c’est vrai. Je me souviens que quand j’étais président du comité missionnaire de l’Eglise, j’ai reçu un coup de téléphone d’un membre de la présidence du centre de formation missionnaire de Provo (Utah). Il m’a informé qu’un jeune homme appelé dans une mission hispanophone avait du mal à s’appliquer pour étudier la langue et avait déclaré: «Je ne pourrai jamais apprendre l’espagnol!» Le dirigeant m’a demandé: «Qu’est-ce que nous devons faire?»
J’ai réfléchi un moment, puis j’ai proposé: «Placez-le demain dans une classe de missionnaires qui ont du mal à apprendre le japonais, puis tenez-moi au courant de sa réaction.»
Le frère m’a rappelé moins de vingt-quatre heures plus tard et m’a dit: «Le missionnaire n’était dans la classe de japonais que depuis une demi-journée quand il m’a appelé, et m’a dit, plein d’enthousiasme: ‹Remettez-moi dans la classe d’espagnol! Je sais que je peux apprendre cette langue.›» Et c’est ce qu’il a fait.
La salle de classe peut être un peu effrayante parfois, mais l’enseignement et l’apprentissage le plus efficaces ont parfois lieu ailleurs que dans la salle de culte ou dans la salle de classe.
Beaucoup d’entre vous détiennent la Prêtrise d’Aaron. Vous vous préparez à devenir missionnaires. Commencez maintenant à apprendre pendant votre jeunesse la joie du service dans la cause du Maître. Je vais vous donner un exemple de service.
Peu après la fête de l’action de grâces, il y a quelques années, j’ai reçu une lettre d’une veuve que j’avais connue dans le pieu dont j’avais été membre de la présidence. Elle venait de rentrer d’un dîner patronné par son épiscopat. Ses paroles traduisent la paix qu’elle ressentait et la gratitude qui remplissait son cœur.
Cher président Monson,
Je vis à Bountiful maintenant. Les gens de mon ancien pieu me manquent, mais je vais vous raconter quelque chose de magnifique qui m’est arrivé. Début novembre, toutes les veuves et toutes les personnes âgées ont reçu une invitation à un charmant dîner. On nous a dit de ne pas nous soucier du transport, car il serait assuré par les jeunes les plus grands de la paroisse.
A l’heure fixée, un charmant jeune homme a sonné et m’a conduite avec une autre sœur au centre de pieu. Il a arrêté la voiture et deux autres jeunes gens nous ont accompagnées jusqu’au bâtiment. A l’intérieur, ils nous ont escortées aux tables, où de chaque côté de nous était assis un jeune homme ou une jeune fille. On nous a servi un délicieux repas de l’action de grâces et ensuite on nous a présenté un splendide spectacle.
Ensuite, les jeunes gens nous ont ramenées chez nous. La soirée a été magnifique. La plupart d’entre nous avaient les larmes aux yeux en pensant à l’amour et au respect qu’on nous a témoignés.
Président Monson, quand je vois des jeunes gens traiter les autres comme l’ont fait ces jeunes, j’ai l’impression que l’Eglise est en de bonnes mains.
Je me suis rappelé alors les paroles de l’épître de Jacques: «La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde13.»
J’ajoute mes félicitations. Que Dieu bénisse les dirigeants, les jeunes gens et les jeunes filles qui, avec altruisme, ont apporté une telle joie et une telle paix à ces personnes solitaires. Par cette expérience, ils ont appris le sens du service et ont ressenti la proximité du Seigneur.
En 1962, à mon retour de la mission du Canada, dont j’avais été président, j’ai reçu un coup de téléphone de Marion G. Romney. Il m’a informé que la Première Présidence m’avait nommé membre du comité de coordination des adultes de l’Eglise, qui avait pour tâche particulière de travailler à la préparation d’un nouveau concept, l’enseignement au foyer. C’est ainsi qu’a commencé pour moi une expérience extrêmement intéressante et enrichissante. Chaque phase de notre travail, une fois terminée, était examinée par la Première Présidence et le Collège des Douze. Au printemps de 1963, notre travail était terminé, et quelques-uns d’entre nous ont été appelés à servir au sein d’un nouveau comité: le comité de l’enseignement au foyer de la prêtrise, et chargés d’aller dans les pieux de l’Eglise l’enseigner et encourager sa mise en application.
Le président McKay a eu une réunion avec toutes les Autorités générales de l’Eglise et avec les représentants du comité. Il a conseillé aux personnes assemblées: «L’enseignement au foyer est l’une de nos occasions les plus urgentes et les plus enrichissantes d’instruire, d’inspirer et de conseiller les enfants de notre Père … C’est un service divin, un appel divin. Notre devoir d’instructeurs au foyer est d’apporter l’esprit divin dans chaque foyer et dans chaque cœur.»
En 1987, le président Benson a donné aux frères qui assistaient à la réunion générale de la prêtrise le conseil suivant: «L’enseignement au foyer ne doit pas être traité à la légère. L’appel d’instructeur au foyer doit être accepté comme si on l’avait reçu personnellement du Seigneur Jésus-Christ14.» Il a cité le passage bien connu de la section 20 de Doctrine et Alliances, où le Seigneur a déclaré à la prêtrise: «Le devoir de l’instructeur est de toujours veiller sur [les membres de] l’Eglise, d’être avec eux et de les fortifier.
«De voir qu’il n’y ait pas d’iniquité dans l’Eglise …
«De veiller à ce que [les membres de] l’Eglise se réunissent souvent et à ce que tous les membres fassent leur devoir15.»
«Et visiter la maison de chaque membre, l’exhortant à prier à haute voix et en secret et à remplir tous ses devoirs de famille16.»
Récemment, nos petits-enfants ont reçu leur bulletin scolaire. Ils l’ont montré avec satisfaction à leurs parents et à nous. Ce soir, je voudrais que tous les détenteurs de la prêtrise marquent leurs notes sur le bulletin de l’enseignement au foyer. Etes-vous prêts? Il suffit de répondre par «oui» ou par «non».
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Avez-vous un appel d’instructeur au foyer?
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Des instructeurs au foyer vous rendent-ils visite au moins une fois par mois?
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Les instructeurs au foyer préparent-ils et vous remettent-ils un message sur l’enseignement au foyer?
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Les instructeurs au foyer s’informent-ils de chaque membre de la famille, même de ceux qui peuvent être partis pour suivre leurs études ou en mission?
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Quelle leçon les instructeurs vous ont-ils présentée le mois dernier?
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Est-ce que les instructeurs au foyer ont prié avec votre famille pendant leur visite?
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Avez-vous fait de l’enseignement au foyer le mois dernier?
Nous pourrions poursuivre le questionnaire, mais je pense que ces questions suffisent pour susciter une rapide évaluation mentale et un redoublement d’efforts.
Je sais qu’au siège de l’Eglise nous avons autorisé certaines modifications dans l’enseignement au foyer quand il y a très peu de détenteurs de la prêtrise, et que nous avons permis par exemple à une femme d’accompagner son mari quand il n’y a pas de compagnon détenant la prêtrise disponible. Mais ces exceptions ne devaient être que des exceptions, non des règles. Nous recommandons donc d’adjoindre à un détenteur de la Prêtrise de Melchisédek pratiquant un instructeur, un prêtre ou un ancien potentiel, conformément à l’Ecriture: «Si quelqu’un d’entre vous est fort dans l’Esprit, qu’il emmène celui qui est faible, afin qu’il soit édifié en toute humilité, afin qu’il devienne fort aussi17.» C’est là l’enseignement au foyer de la prêtrise tel qu’il est généralement censé fonctionner.
Si la tâche nous paraît trop ardue ou nous semble prendre trop de temps, voici l’expérience d’un fidèle instructeur au foyer et de son compagnon dans l’ex-RDA.
Johann Denndorfer avait été converti à l’Eglise en Allemagne. Après la Deuxième Guerre mondiale, il s’était retrouvé virtuellement prisonnier dans son propre pays, la Hongrie, dans la ville de Debrecen. Comme il voulait aller au temple! Comme il désirait recevoir ses bénédictions personnelles! Chacune de ses demandes pour se rendre au temple en Suisse avait été rejetée, et il était presque désespéré. Il a alors reçu la visite de son instructeur au foyer. Frère Walter Krause s’est rendu du nord-est de l’Allemagne de l’est jusqu’en Hongrie. Il avait dit à son compagnon: «Voulez-vous aller faire de l’enseignement au foyer avec moi cette semaine?»
Son compagnon avait demandé: «Quand partons-nous?»
– Demain, avait répondu frère Krause.
– Quand est-ce que nous allons revenir? avait demandé le compagnon?
– Oh, dans une semaine, peut-être plus tard, si on revient!
Et ils étaient partis rendre visite à frère Denndorfer. Il n’avait pas eu d’instructeurs au foyer depuis avant la guerre. En voyant les serviteurs du Seigneur, il a été bouleversé. Il ne leur a pas serré la main, mais il est allé dans sa chambre et il a sorti d’une cachette sa dîme qu’il gardait depuis qu’il était devenu membre de l’Eglise et était rentré en Hongrie. Il a présenté la dîme à ses instructeurs au foyer et leur a dit: «A présent, je suis à jour avec le Seigneur. A présent je me sens digne de serrer la main de représentants du Seigneur!»
Frère Krause l’a interrogé sur son désir d’aller au temple en Suisse. Frère Denndorfer a dit: «C’est inutile. J’ai essayé tant de fois. Le gouvernement a même confisqué mes livres de l’Eglise, mon plus grand trésor.»
Frère Krause, patriarche, a donné à frère Denndorfer une bénédiction patriarcale. A la fin de la bénédiction il a dit à frère Denndorfer: «Représentez au gouvernement une demande pour aller en Suisse.» Et c’est ce qu’il a fait. Cette fois la demande a été approuvée et, avec joie, frère Denndorfer s’est rendu au temple de Zollikofen et y est resté un mois. Il a reçu sa dotation personnelle, son épouse, décédée, a été scellée à lui, et il a pu accomplir les ordonnances pour des centaines de ses ancêtres. Il est rentré chez lui régénéré physiquement et spirituellement.
Et qu’est-il arrivé aux instructeurs au foyer qui avaient fait cette visite historique inspirée à leur frère, Johann Denndorfer?
Connaissant personnellement chaque membre de cette épopée, je ne serais pas surpris d’apprendre que sur le chemin du retour de Debrecen à chez eux, en Allemagne de l’Est, ils aient chanté à voix haute: «Du mal et des dangers nous serons les vainqueurs, si nous suivons de Jésus le plan! Nous savons qu’il nous protégera, et de ses conseils nous guidera. Gaîment avançons jour après jour. Rentrons joyeux au foyer18.»
Mes frères de la prêtrise, puissions-nous tous nous rappeler notre devoir de nous préparer et de servir afin de mériter de nous entendre dire par le Seigneur: «C’est bien, bon et fidèle serviteur19.» Au nom de Jésus-Christ. Amen.