La foi de nos ancêtres
N’oublions jamais la foi de nos pères et le sacrifice généreux de nos mères, ces pionniers saints des derniers jours qui nous ont donné un exemple édifiant d’obéissance.
Mes chers frères et sœurs, c’est un grand honneur d’être à ce micro et d’accueillir ces nouveaux frères dans les rangs des Autorités générales. Nous sommes rassemblés dans ce Tabernacle historique et à travers le monde pour nous parler «l’un à l’autre du bien-être de [notre] âme1» et nous faire «un festin des paroles du Christ2».
Je vais vous parler aujourd’hui de nos ancêtres les pionniers. Nous pouvons attribuer une grande part du progrès de l’Eglise et de l’Etat d’Utah à leur foi au Seigneur Jésus-Christ. Nous nous émerveillons de la résolution et de la ténacité avec laquelle ils sont restés fidèles à leurs convictions en dépit des obstacles qu’ils ont dû surmonter.
Le premier principe de l’Evangile est la foi au Seigneur Jésus-Christ. C’est le principe de base de l’Evangile et le fondement de toute justice. Joseph Smith, le prophète, a dit que la foi est «l’assurance de l’existence de choses qu’on ne voit pas3». Les Ecritures disent que la foi est «une ferme assurance des choses qu’on espère, une démonstration de celles qu’on ne voit pas4».
Nous sommes heureux de notre foi au Sauveur. Nous témoignons au monde que «les paroles du Christ vous diront tout ce que vous devez faire5». En tant que membres de l’Eglise du Seigneur et fidèles avocats de son Evangile rétabli, nous déclarons solennellement que Dieu existe, que Jésus est bien le Christ, le Sauveur et Rédempteur du monde. Demain c’est Pâques, un jour où méditer sur la mission de Jésus-Christ, le Premier-né de notre Père céleste. L’expiation, qui comprend la résurrection du Sauveur, fournit à tous les enfants de notre Père l’immortalité et la possibilité d’obtenir la vie éternelle. Combien nous devrions être reconnaissants de ces bénédictions.
Nous déclarons avec joie à tous ceux qui ont des «oreilles pour entendre6» que le Seigneur, «connaissant les calamités qui s’abattront sur les habitants de la terre [a] appelé [son] serviteur Joseph Smith, fils, lui [a] parlé du haut des cieux et lui [a] donné des commandements7» pour rétablir la plénitude de l’Evangile que les saints d’autrefois avaient.
Nous témoignons «du sommet des montagnes8» que Gordon B. Hinckley est le prophète de Dieu sur la terre aujourd’hui. Du fait de leur foi en leur prophète, les Saints des Derniers Jours se font l’écho des paroles de l’apôtre Paul: «Et nous tenons pour d’autant plus certaine la parole prophétique à laquelle vous faites bien de prêter attention comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour vienne à paraître, et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs9». La lumière de la révélation divine émane d’un prophète actuel pour éclairer le monde plongé dans les ténèbres.
Depuis le commencement du rétablissement de l’Evangile de Jésus-Christ en Amérique, la liberté de religion a permis à l’Eglise de s’épanouir. Les racines profondément enfoncées dans le sol fertile de l’obéissance et du sacrifice ont porté de bons fruits. Des générations de membres fidèles ont bâti un fondement ferme. A partir de cette base solide «l’Evangile se répandra jusqu’aux extrémités de la terre, comme la pierre, qui s’est détachée de la montagne sans le secours d’aucune main, roulera jusqu’à remplir la terre entière10». Joseph F. Smith, qui a traversé les plaines dans son enfance et a connu beaucoup d’adversité dans sa vie, a rendu son témoignage: «Le royaume de Dieu va grandir, s’étendre à l’étranger et prendre racine dans le sol et demeurera là où le Seigneur l’a planté par son pouvoir et sa parole ici-bas, pour ne jamais plus être détruit ni jamais cesser, mais pour continuer jusqu’à ce que les desseins du Tout-Puissant soient accomplis, comme les saints prophètes l’on prédit depuis le commencement du monde11.»
Le président Hinckley a fait remarquer que «l’Eglise grandit de façon merveilleuse … Elle s’étend sur la terre de manière miraculeuse». Il a expliqué que l’une des causes de cette croissance est que «nous avons une religion exigeante … Nous attendons beaucoup de nos membres. Nous avons des principes et nous attendons des membres qu’ils vivent selon ces principes, et c’est l’une des choses qui attirent les gens chez nous. Notre Eglise est une ancre pour notre monde aux valeurs changeantes12».
La croissance mondiale de l’Eglise a attiré notre attention sur l’avenir glorieux du Royaume, qui a été prophétisé. Tout en considérant l’avenir avec optimisme, il est bon de jeter un regard en arrière sur la foi de nos humbles ancêtres les pionniers. C’est leur foi qui a établi le fondement à partir duquel l’Eglise continue de se développer.
Au mois de février passé, les citoyens de Nauvoo et d’autres villes de l’Iowa ont commémoré le 150e anniversaire de l’exode des saints. En 1846, plus de 10 000 d’entre eux quittèrent la ville prospère qu’ils avaient bâtie sur les bords du Mississippi. Avec foi dans leurs dirigeants-prophètes, les membres des premiers temps de l’Eglise quittèrent leur «Belle Ville» et prirent la route du désert de la frontière américaine. Ils ne savaient pas au juste où ils allaient, combien de kilomètres ils allaient parcourir, combien de temps le voyage prendrait, ni ce que l’avenir leur réservait. Mais ils savaient qu’ils étaient dirigés par le Seigneur et ses serviteurs. Ils les soutenaient par leur foi. Ils espéraient «en des choses qui ne sont pas vues, qui sont vraies13». Comme Néphi autrefois, ils étaient «guidé[s] par l’Esprit, ne sachant pas d’avance ce qu’[ils feraient]14».
Craignant d’autres violence de la part d’émeutes meurtrières qui avaient causé la perte de Joseph Smith, le prophète, et de son frère Hyrum, le 27 juin 1844, Brigham Young, dirigeant l’Eglise en tant que président du Collège des douze apôtres, annonça en septembre 1845 que les Saints quitteraient Nauvoo au printemps 1846. La plupart des habitants de Nauvoo crurent complètement que lorsque Brigham Young annonça qu’ils devaient partir, ils entendaient ce que le Seigneur voulaient qu’ils fassent. Ils répondirent avec foi en la direction du Seigneur. Pendant l’automne et les mois de l’hiver 1845-46, les membres de l’Eglise travaillèrent vigoureusement en préparation pour le voyage.
Lorsque Newel Knight informa son épouse, Lydia, que les saints allaient quitter Nauvoo pour s’installer ailleurs encore une fois, elle répondit avec une foi tenace: «‹Eh bien, il n’y a pas à discuter. Notre place est avec le royaume de Dieu. Commençons immédiatement à nous préparer à partir15.›» Frère Knight avait déjà déménagé sa famille plusieurs fois lorsque les saints étaient allés de New York en Ohio, puis au Missouri et de là en Illinois. La soumission et le dévouement de Lydia Knight à ce qu’elle savait être la volonté de Dieu caractérisent bien la foi de ces saints héroïques des premiers temps. Lorsque l’on songe à cette foi, les paroles d’un cantique familier prennent un sens nouveaux:
«Foi de nos ancêtres, foi vivante, tu as méprisé le donjon, le feu, et l’épée; Oh que nos cœurs battent de joie en entendant cette parole glorieuse! Foi de nos ancêtres, sainte foi, nous te serons fidèles jusqu’à la mort16.»
Bien que l’hiver ne fût pas encore fini, la crainte croissante d’attaques d’émeutiers et les bruits d’une intervention du gouvernement poussèrent Brigham Young à accélérer les préparatifs pour le départ des saints. Il dirigea le premier convoi de familles de pionniers à partir le 4 février 1846, froide journée d’hiver. Ils conduisirent les chariots chargés et le bétail le long de Parley Street – connue plus tard sous le nom de «rue des Larmes» jusqu’à un dock d’où ils traversèrent le fleuve en bac jusqu’à la rive de l’Iowa. Des monceaux de glace s’entassaient aux flancs des bacs et des ferrys transportant les chariots de l’autre côté du Mississippi. Quelques semaines plus tard, la température descendit davantage, et les chariots purent traverser le fleuve plus facilement sur un pont de glace.
Sœur Wirthlin et moi avons visité Nauvoo au début du mois de mars de cette année. Il faisait extrêmement froid. Debout dans le vent glacial, regardant de l’autre côté du large fleuve qu’est le Mississippi, nous avons ressenti plus de gratitude pour ces saints quittant leur ville bien-aimée. Nous nous sommes demandé comment ils avaient pu survivre. Quel sacrifice que de laisser tant de choses derrière eux pour un avenir incertain! Il n’est pas étonnant que tant de larmes aient coulé alors que les pionniers en fuite conduisirent leurs chariots lourds dans Parley Street pour traverser le fleuve, sans espoir de revoir leur «Belle Ville».
Lorsqu’ils eurent traversé le fleuve, ils campèrent peu de temps dans un endroit appelé Sugar Creek avant de s’engager sur la piste des montagnes Rocheuses vers l’Ouest. Le trajet, que l’historien H. H. Bancroft a décrit comme une migration «sans pareille dans l’histoire du monde17», avait commencé.
Quand Brigham Young rejoignit les pionniers dans leur camp en Iowa le 15 février 1846, le Seigneur lui commanda par révélation de commencer l’organisation d’une version moderne du «camp d’Israël». Le 1er mars, le convoi d’avant-garde se mit en marche vers l’Ouest à travers l’Iowa. Les tribulations extrêmes du froid, de la neige, de la pluie, de la boue, de la maladie, de la faim et de la mort mirent la foi de ces durs pionniers à l’épreuve. Mais ils étaient décidés, coûte que coûte, à suivre leurs chefs et à faire ce qu’ils croyaient fermement être la volonté de Dieu. Leur foi fut mise à l’épreuve, et dans les moments les plus difficiles elle vacilla, pour certains. Mais elle ne les abandonna pas. Beaucoup d’entre eux furent soutenus par les assurances qu’ils avaient obtenues en recevant les ordonnances faites au temple de Nauvoo.
L’une des épreuves les plus difficiles à supporter pour beaucoup des sœurs était de mettre au monde en route des nouveaux-nés dans des conditions extrêmes. Eliza R. Snow écrivit qu’»au cours du voyage, des mères mettaient au monde leurs enfants dans toutes sortes de circonstances imaginables, sauf celles auxquelles elles étaient accoutumées; certaines dans des tentes, d’autres dans des chariots dans la pluie et dans des tempêtes de neige». Sœur Snow écrivit dans son journal qu’elle avait entendu parler d’une naissance qui avait eu lieu à l’abri précaire d’une hutte dont les murs consistaient en couvertures tendues sur des poteaux plantés dans le sol, avec un toit d’écorce à travers lequel la pluie tombait. Des sœurs charitables tenaient des récipients pour recevoir l’eau et protéger ainsi la mère et le nouveau-né d’une douche au moment de son entrée dans la vie humaine18».
Quel sacrifice pour ces sœurs! Certaines mamans moururent en accouchant. Beaucoup de nouveaux-nés ne survécurent pas. La grand-mère de mon épouse, Elizabeth Riter, naquit à Winter Quarters dans un chariot à bœufs pendant un orage. Heureusement, la mère et l’enfant survécurent. Avec grande admiration pour la femme qui lui a donné la vie, Elizabeth raconta souvent comment un parapluie tenu au-dessus de sa mère l’a protégée de la pluie qui passait à travers la toile du chariot pendant l’accouchement.
N’oublions jamais la foi de nos pères et le sacrifice généreux de nos mères, ces pionniers saints des derniers jours qui nous ont donné un exemple édifiant d’obéissance. Souvenons-nous d’eux lorsque nous nous efforçons d’être de vaillants serviteurs pour «inviter tout le monde à venir au Christ19» et à «[être] rendus parfaits en lui20».
Il y a 44 ans, mon père a prononcé un discours à ce micro et a expliqué comment le fait de comprendre et d’apprécier notre patrimoine peut fortifier et vivifier notre service dans le Royaume. Il a dit en parlant de ses grands-parents pionniers: «C’est grâce à la foi de mes ancêtres que je suis ici, vivant dans ces vallées paisibles, à l’ombre de belles montagnes, et surtout capable d’entendre la voix des prophètes des derniers jours. J’ai une grande dette envers eux, une dette morale dont je dois convenablement m’acquitter en servant cette belle cause21.»
Aujourd’hui le Royaume s’étend à travers le monde, et un pourcentage de moins en moins grand de membres de l’Eglise habitent les vallées de l’Utah «à l’ombre de belles montagnes». Aujourd’hui la technologie de la communication permet aux saints à travers le monde «d’entendre la voix des prophètes des derniers jours». Il en est pour nous tous aujourd’hui comme il en était pour mon père. Nous avons eu la bénédiction de connaître la plénitude de l’Evangile rétabli et nous avons une dette morale envers ceux qui ont vécu avant nous et qui ont tant sacrifié pour faire du Royaume actuel un miracle de dimension universelle. Ce n’est que «par le service envers cette grande cause» que nous pouvons convenablement nous acquitter de notre dette morale envers nos ancêtres.
Qui que nous soyons, quels que soient nos talents, nos capacités, nos ressources financières, notre instruction, notre expérience, nous pouvons tous servir dans le Royaume. Celui qui nous appelle nous qualifie pour l’œuvre si nous le servons avec humilité, dans la prière, avec diligence et avec foi. Peut-être nous sentons-nous incompétents. Nous avons peut-être des doutes sur nous-mêmes, pensant que ce que nous avons à offrir au Seigneur est trop peu important pour être remarqué. Le Seigneur connaît bien notre état de mortels. Il connaît nos faiblesses. Il comprend les difficultés que nous éprouvons chaque jour. Il comprend bien les tentations personnelles des diverses passions de cette terre. Paul a écrit dans son épître aux Hébreux que le Sauveur n’est pas incapable de «compatir à nos faiblesses» parce qu’ «il a été tenté comme nous en toutes choses22.»
Thomas S. Monson nous a enseigné l’importance d’être disposé à servir dans cette «belle cause» lorsqu’il a demandé: «Sommes-nous en accord avec l’Esprit au point que, quand le Seigneur appelle, nous l’entendons et répondons, comme l’a fait Samuel: ‹Me voici!›? Avons-nous assez de force de caractère et de foi pour servir avec un courage inflexible et une résolution inébranlable, quel que soit notre appel? Si nous faisons cela, le Seigneur peut accomplir de grands miracles par notre intermédiaire23.»
James E. Faust nous a assuré que, quelles que soient nos capacités, le service fidèle n’est pas seulement acceptable au Seigneur, mais il nous qualifie pour de grandes bénédictions octroyées par lui, bénédictions qui enrichissent notre vie. Frère Faust a expliqué que «l’Eglise n’attire pas nécessairement les grands; mais de gens ordinaires, elle fait des grands …
«L’une des raisons principales pour laquelle l’Eglise a grandi de ses humbles débuts à sa force actuelle est la fidélité et le dévouement de millions de membres humbles et dévoués qui n’ont que cinq pains et deux petits poissons a offrir au service du Maître. Ils ont renoncé à leurs intérêts, et ainsi ont trouvé ‹la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence24›».
Avec le Seigneur pour nous fortifier, «nous avons enduré beaucoup de choses et nous espérons être capables d’endurer toutes choses25». Il nous encourage à ne pas nous lasser de bien faire, «car [nous posons] les fondements d’une grande œuvre. Et c’est des petites choses que sort ce qui est grand26». Mes frères et sœurs, puissions-nous être fidèles à remplir les devoirs de nos appels, quels qu’ils soient, dans le Royaume. Faisons attention aux «petites choses» qui font la différence. Soyons fidèles à observer les commandements selon les alliances sacrées que nous avons faites. Comme notre héritage et notre croissance le démontrent clairement, nous posons, en effet, «les fondements d’une grande œuvre».
Engageons-nous à accomplir l’œuvre du Seigneur de notre mieux. Puissions-nous honorer la foi de nos ancêtres en servant fidèlement dans cette grande cause. Puissions-nous «suivre le prophète27» et ce faisant aller «au Christ et … prendre part à la bonté de Dieu28.» Au nom de Jésus-Christ, amen.