Retour de mission
« Ce dont nous avons besoin c’est d’une armée royale d’anciens missionnaires, réengagés à servir. »
Cet après-midi, j’adresse mon discours à un groupe de personnes en particulier. Au cours des années, des centaines de milliers d’entre vous sont rentrés de mission à plein temps. Chacun avait répondu au même appel que celui que le Sauveur avait donné aux disciples de son époque :
« Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit,
« et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28:19, 20).
Vous avez eu l’honneur d’aller dans les nombreuses parties du monde porter le message du Sauveur : une invitation à aller à lui et à se réjouir des fruits de son Evangile. Vous avez eu l’honneur de vivre dans différentes cultures et d’apprendre différentes langues. Cela a aussi été un moment pour édifier votre témoignage personnel de la mission de Jésus-Christ.
J’ai toujours considéré comme un honneur de parler avec vous qui reveniez de mission. Beaucoup d’entre vous aspirent à retourner voir les gens qu’ils ont eu la joie de servir. Vous êtes impatients de raconter les expériences que vous avez eues dans le champ de la mission. Dans vos faire-part de mariage et dans vos curriculum vitae, vous indiquez que vous avez fait une mission. Alors que vous ne portez plus l’insigne missionnaire, vous semblez soucieux de dire que vous avez fait une mission pour servir le Seigneur. De plus, vous avez de bons souvenirs parce que vous avez découvert la joie de servir dans l’Evangile.
J’ai aussi appris par de nombreuses conversations avec vous qu’il est parfois difficile de s’adapter à la fin de la mission et de revenir dans le monde que l’on avait laissé. Il est peut-être difficile de garder l’esprit de l’œuvre missionnaire, n’étant plus missionnaires à plein temps de l’Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.
Voici quelques suggestions.
L’un des souvenirs les plus forts que j’ai du temps où j’étais en mission, c’est à quel point je me suis rapproché du Seigneur en priant très régulièrement. A mon époque, le foyer de la mission se trouvait dans State Street, à Salt Lake City. C’était un grand bâtiment qui avait été transformé en centre de formation des missionnaires. Il y avait de grands dortoirs avec quelque chose comme dix lits dans chaque pièce. Nous y arrivions le dimanche soir.
La semaine qui a précédé mon départ pour le champ de la mission a été frénétique, avec beaucoup de soirées et de réunions d’au revoir. Je ne suis pas arrivé bien reposé et préparé à la formation que j’allais recevoir au foyer de la mission. A la fin du premier jour que nous y avons passé, j’étais épuisé. En attendant les autres missionnaires qui se préparaient à se coucher, je me suis étendu sur mon lit et je me suis endormi. Mon sommeil a toutefois été interrompu par la sensation d’être entouré. En reprenant mes esprits, j’ai entendu les paroles d’une prière. En ouvrant un œil, j’ai eu la surprise de voir tous les missionnaires de mon dortoir, agenouillés autour de mon lit, qui terminaient la journée par une prière. J’ai rapidement fermé l’œil, faisant semblant de dormir. J’aurais été trop gêné de sortir du lit pour me joindre à eux. Bien que ma première expérience de prière de missionnaire ait été embarrassante, cela a été le début de deux années merveilleuses au cours desquelles j’ai fréquemment fait appel au Seigneur pour qu’il me guide.
Tout au long de ma mission, j’ai prié chaque matin avec mon compagnon missionnaire pour commencer la nouvelle journée. Nous le faisions aussi chaque soir avant de nous coucher. Nous faisions une prière avant de commencer notre étude, une prière avant de quitter notre appartement pour aller faire du porte à porte, et, bien entendu, des prières particulières lorsque nous avions besoin d’être guidés pour accomplir notre œuvre missionnaire. La fréquence de nos prières à notre Père céleste nous a donné la force et le courage d’aller de l’avant dans l’œuvre à laquelle nous avions été appelés. Nous avions des réponses, parfois de manière étonnamment directe et claire. Il semblait que plus nous faisions appel au Seigneur pendant la journée, plus nous étions guidés par le Saint-Esprit.
En repensant à ma vie après ma mission, je me rends compte qu’il y a eu des périodes où j’ai pu rester aussi proche du Seigneur que dans le champ de la mission. Il y a eu aussi des périodes où le monde semblait prendre le dessus et où j’étais moins régulier et moins fidèle dans mes prières.
Ne serait-ce pas le moment de faire un peu le point et de voir si nous avons encore avec notre Père céleste la même relation que dans le champ de la mission ? Si le monde nous a éloignés de l’habitude de prier, nous avons perdu un grand pouvoir spirituel. Il est peut-être temps de retrouver l’esprit missionnaire en priant plus souvent, plus régulièrement et avec plus de puissance.
Le bon souvenir suivant que j’ai de la vie missionnaire est celui de l’étude quotidienne des Ecritures. La discipline qui consiste à suivre un plan d’étude pour apprendre l’Evangile était une expérience merveilleuse et enrichissante. L’étude personnelle permettait à merveille de connaître les enseignements des Ecritures. Je me souviens de m’être alors émerveillé du plan complet que le Seigneur avait prévu pour ses enfants ici-bas, de la manière dont il avait inspiré à ses prophètes d’écrire ses relations avec eux au cours de toutes les dispensations. Ses paroles sont toujours positives et directes, révélant les bénédictions que l’on reçoit en suivant sa loi et sa voie.
Nous consacrions aussi au moins une heure par jour à l’étude en équipe. Le fait d’avoir deux paires d’yeux pour examiner la doctrine du Royaume semblait multiplier notre compréhension. Nous lisions ensemble, puis nous échangions nos idées.
Notre esprit s’ouvrait au fur et à mesure de notre étude quotidienne personnelle et à deux de l’Evangile. Cela nous rapprochait et nous aidait à mieux comprendre la doctrine du Royaume.
Lorsque nous quittons le champ de la mission, nous n’avons plus de compagnon missionnaire pour nous aider à garder la discipline de l’étude, mais cela ne veut pas dire qu’il faille perdre cette habitude. Lorsque nous rentrons chez nous, il serait formidable d’étudier chaque jour les Ecritures en famille. Si nous quittons le foyer, ne pourrions-nous pas inviter nos compagnons de chambre et des amis à étudier avec nous ? Le fait d’avoir régulièrement un cours permet de nous souvenir clairement de la doctrine du Royaume et de nous protéger des intrusions constantes des soucis du monde. Bien sûr, lorsque nous nous marions, nous avons un conjoint éternel avec lequel nous pouvons étudier les enseignements de l’Evangile et en discuter. Les Ecritures nous permettent toujours d’approfondir notre compréhension de l’objectif de la vie et de ce que nous devons faire pour que la vie soit plus productive et enrichissante. Gardez, s’il vous plaît, l’habitude d’étudier régulièrement les Ecritures seul et avec quelqu’un d’autre.
Vous souvenez-vous de la joie d’enseigner l’Evangile à quelqu’un qui en a été privé toute sa vie, de l’enthousiasme d’enseigner la loi du Seigneur et les bénédictions que l’on reçoit en la suivant ? Pourriez-vous oublier la joie de votre premier baptême dans le champ de la mission ?
A mon époque, il n’y avait pas de fonts baptismaux dans les églises. Mon premier baptême a eu lieu dans la rivière Scioto, dans l’Etat d’Ohio. C’était une fraîche journée d’automne et l’eau semblait encore plus froide que l’air. Je me souviens comme j’ai été saisi en entrant dans l’eau froide de la rivière tout en encourageant notre ami de l’Eglise à me suivre. Mais je n’ai plus senti la fraîcheur de l’air et de l’eau lorsque j’ai accompli l’ordonnance du baptême. Je n’oublierai jamais le visage radieux de la personne qui est sortie des eaux du baptême.
Les occasions d’enseigner l’Evangile et de baptiser ne sont pas réservées à ceux qui portent une insigne de missionnaire à plein temps. Je me demande pourquoi nous permettons à l’enthousiasme du service missionnaire de diminuer lorsque nous retournons à nos activités quotidiennes dans le monde ?
Il n’y a pas eu d’époque dans l’histoire de l’humanité où nous avons été mieux équipés pour enseigner ici-bas l’Evangile aux enfants de notre Père céleste. Et ils semblent en avoir aujourd’hui plus besoin que jamais. Nous voyons la foi se détériorer. Nous voyons l’amour des choses du monde augmenter et les valeurs morales disparaître, ce qui provoque douleur et désespoir. Ce dont nous avons besoin c’est d’une armée royale d’anciens missionnaires, réengagés à servir. Bien que ne portant pas l’insigne des missionnaires à plein temps, ils pourraient, avec la même résolution et la même détermination, porter la lumière de l’Evangile à un monde qui n’arrive pas à trouver sa voie.
Anciens missionnaires, je vous appelle à vous réengager, à être de nouveau remplis du désir et de l’esprit du service missionnaire. Je fais appel à vous pour paraître des serviteurs de notre Père céleste, pour l’être et pour agir en tant que tels. Je prie pour que vous ayez une détermination renouvelée de proclamer l’Evangile, pour que vous vous engagiez plus activement dans cette grande œuvre à laquelle le Seigneur nous a tous appelés. Je vous promets que de grandes bénédictions vous attendent si vous continuez d’aller de l’avant avec le zèle que vous possédiez en tant que missionnaires à plein temps.
Il y a quelques années, mon fils, Lee, m’a téléphoné, me disant que mon premier compagnon missionnaire était près de chez lui et souhaitait me voir. Avec Lee, nous sommes allés chez la fille de mon premier compagnon missionnaire qui était venu en visite. Cela a été une expérience particulière de se retrouver après tant d’années. Pendant notre mission, nous avions eu l’occasion d’ouvrir une nouvelle ville d’Ohio à l’œuvre missionnaire. Du fait de cette tâche, nous étions restés dix mois ensemble. Il avait été mon formateur et mon premier compagnon. Il venait d’une famille qui lui avait enseigné la valeur du travail. J’avais du mal à le suivre, mais en servant ensemble nous sommes devenus très proches.
Nos relations ne se sont pas arrêtées à ces dix mois de mission. La Deuxième Guerre mondiale faisait rage, et lorsque je suis revenu de mission, j’ai eu peu de temps pour m’adapter à la vie courante ; j’ai été appelé au service militaire. Mon premier dimanche à l’armée, alors que j’assistais à une réunion de l’Eglise, j’ai vu de derrière une tête très familière. C’était mon premier compagnon missionnaire. Nous avons passé la plus grande partie des deux années et demie suivantes ensemble. Bien que dans une situation très différente à l’armée, nous avons essayé de garder les habitudes du service missionnaire. Aussi souvent que possible, nous priions ensemble. Quand les circonstances le permettaient, nous étudiions les Ecritures ensemble. Je me souviens de nombreuses heures d’étude en commun à la lueur d’une lampe de camp sous ma tente percée de trous de balles. Plusieurs fois notre étude des Ecritures a été interrompue par le bruit d’une sirène d’alerte. Nous éteignions rapidement notre lampe, nous nous mettions à genoux ensemble pour terminer notre étude par une prière.
Nous avons tous les deux été sélectionnés comme chefs de groupe, et nous avons de nouveau eu l’occasion de servir et d’enseigner ensemble le magnifique Evangile de notre Seigneur et Sauveur. Nous avons eu plus de réussite à l’armée qu’en mission à plein temps. Pourquoi ? Parce que nous étions d’anciens missionnaires expérimentés.
Cette rencontre avec mon premier compagnon missionnaire a été la dernière. Il souffrait d’une maladie incurable et est mort quelques mois plus tard. Cela a été une expérience merveilleuse de revivre nos missions ensemble, et de parler de ce que nous avions fait après notre service missionnaire. Nous nous sommes raconté notre service dans des épiscopats, des grands conseils et des présidence de pieu, et, bien sûr, nous avons parlé de nos enfants et de nos petits-enfants. Tandis que nous nous réjouissions d’être à nouveau ensemble, je ne pouvais pas ne pas me souvenir du récit qui se trouve au 17e chapitre du livre d’Alma.
« Et alors, il arriva que comme Alma voyageait du pays de Gédéon en direction du sud, s’éloignant vers le pays de Manti, voici, à son étonnement, il rencontra les fils de Mosiah en route pour le pays de Zarahemla.
« Or, ces fils de Mosiah étaient avec Alma au moment où l’ange lui apparut pour la première fois ; c’est pourquoi Alma se réjouit extrêmement de voir ses frères ; et ce qui ajouta encore à sa joie, c’est qu’ils étaient toujours ses frères dans le Seigneur ; oui, et ils étaient devenus forts dans la connaissance de la vérité, car ils étaient des hommes d’une saine intelligence et ils avaient sondé diligemment les Ecritures afin de connaître la parole de Dieu.
« Mais ce n’est pas tout : ils s’étaient beaucoup livrés à la prière et au jeûne ; c’est pourquoi ils avaient l’esprit de prophétie, et l’esprit de révélation, et lorsqu’ils enseignaient, ils enseignaient avec une puissance et une autorité venant de Dieu » (Alma 17:1-3).
Je souhaite que vous puissiez tous avoir une expérience semblable à celle que j’ai eue avec mon premier compagnon missionnaire ; que vous puissiez prendre le temps de réfléchir à un moment de service où vous avez diligemment consacré votre temps et vos talents à l’édification du royaume de notre Père céleste. Si vous essayez, je vous promets que ce sera l’une des expériences les plus joyeuses de votre vie. Vous êtes une grande armée d’anciens missionnaires. Allez de l’avant avec une détermination et un zèle nouveaux, et, par votre exemple, faites resplendir la lumière de l’Evangile dans ce monde troublé. C’est mon humble prière, au nom de Jésus-Christ. Amen.