Si à dix-neuf ans j’avais su…
ce que je sais maintenant, j’aurais fait deux ou trois choses différemment en mission.
J’ai fait une mission dans le nord de l’Allemagne de 1975 à 1977. Ce sont certes deux des années les plus mémorables de ma vie mais le temps qui passe me permet aussi de voir les choses sous un angle différent. Puisque le recul est un don merveilleux, voici quatre idées susceptibles d’aider ceux d’entre vous qui se préparent à partir en mission.
1. Ma deuxième plus grande priorité serait d’aimer mon collègue.
Mes collègues étaient tous très différents les uns des autres. Ils avaient chacun leurs dons et leur personnalité. Certains sont devenus immédiatement mes amis et le sont restés jusqu’à ce jour. Avec d’autres, je n’avais pas grand chose de commun à part le porte à porte et l’enseignement. Je dois avouer que pour un ou deux, je n’avais pas beaucoup d’affection. En fait, l’atmosphère était parfois vraiment glaciale entre nous.
Mais j’avais au moins un point commun avec chacun de ces collègues : nous sacrifiions tous les deux de notre temps, de nos moyens et de nos efforts pour répandre l’Évangile de Jésus-Christ. Si c’était à refaire, je ferais tout mon possible pour être le meilleur ami de tous mes collègues, que notre personnalité et nos intérêts soient compatibles ou non. J’encouragerais mon collègue et j’essayerais de faire en sorte que mon enthousiasme soit contagieux, sans faire de critiques.
Si aimer mon collègue était ma deuxième plus grande priorité, vous vous demandez peut-être quelle serait ma première. Être obéissant. Aimer son collègue ne veut pas dire que l’on doit le suivre s’il désobéit aux commandements ou aux règles de la mission. Heureusement, aucun de mes collègues n’était désobéissant. Quelques uns n’étaient pas aussi motivés qu’ils auraient pu l’être mais ce dont ils avaient besoin, ce n’était pas de critiques ou de remarques mais de quelqu’un qui les accepte et les fortifie.
2. Je rechercherais les miracles. En fait, je m’attendrais à ce qu’il y en ait.
Je me souviens d’avoir participé, à la fin de ma mission, à une réunion de témoignage avec treize frères et une sœur qui rentraient aussi chez eux. Je ne me souviens pas de ce que j’ai dit. Je ne me souviens pas de ce que les autres frères ont dit. Mais je n’oublierai jamais le témoignage de sœur Thorpe. Elle a expliqué que dix-huit mois plus tôt, lors de son entretien avec son président de pieu, elle lui avait fait part d’un désir secret : « Je veux voir des miracles pendant ma mission », lui avait-elle confié. Puis, presque en s’excusant, elle lui avait demandé si c’était mal de rechercher des miracles. Il lui avait assuré que ce n’était pas mal. Après nous avoir raconté cette conversation, elle a témoigné : « J’ai vu des miracles pendant ma mission. »
Je me suis soudain rendu compte que j’avais moi aussi vu des miracles mais je ne les avais pas recherchés ni ne m’y étais attendu. Je les avais simplement laissés se produire. En ne les recherchant pas et en ne m’y attendant pas, j’en avais probablement empêché quelques-uns de se produire. Les miracles viennent par la foi et la foi a quelque chose à voir avec le fait de s’attendre à ce que certaines choses se passent et de travailler activement pour les provoquer.
Si je devais partir servir aujourd’hui, je ferais ma part mais j’attendrais aussi du Seigneur qu’il fasse la sienne dans mon travail à son service. Il est expert en miracles, que nous pourrions définir comme des choses qu’il peut faire pour nous que nous ne pouvons pas faire pour nous-mêmes. Je crois aujourd’hui qu’il est plus disposé à accomplir des miracles que nous le sommes à les recevoir. Enseigner par l’Esprit est probablement le moyen le plus efficace par lequel un missionnaire puisse ouvrir la porte aux miracles. Cela permet au Seigneur d’exercer directement une influence dans la vie de l’ami de l’Église.
3. Je travaillerais plus intelligemment et plus dur.
Mon premier chef de district avait l’air d’avoir pour devise : « Travailler plus intelligemment, pas plus dur. » Je ne suis pas d’accord avec la deuxième moitié de cette devise mais, si c’était à refaire, il est certain que j’essayerais de travailler plus intelligemment. Mon chef de district était assez imaginatif et en fait, il avait beaucoup de succès. Il a par exemple organisé une équipe de volley-ball parmi les jeunes de sa branche et ils ont invité leurs amis à jouer. C’était une façon amusante et simple d’aider les jeunes à être missionnaires. Cette approche non menaçante à l’Évangile a donné des occasions d’enseigner l’Évangile et des conversions s’en sont suivi.
J’avais probablement une définition trop rigide et trop restrictive de ce que l’œuvre du Seigneur devait être. Je considérais que j’étais fainéant si je ne passais pas toute la journée à frapper aux portes ou à instruire des amis de l’Église sérieux. Cependant l’œuvre du Seigneur ne doit pas nécessairement être difficile pour être considérée comme du travail. Si j’étais missionnaire aujourd’hui, j’essayerais, sous la direction de mon président de mission, de faire preuve de plus d’imagination dans la recherche de personnes à instruire.
4. Je ne me laisserais pas décourager par le rejet ou l’échec.
Pendant ma mission, on était rejeté et on subissait des échecs à tout instant. Il était facile de s’attendre à être rejeté et à ce que nos amis de l’Église perdent leur intérêt pour notre message. Cependant, au bout de cinq semaines dans une ville, j’ai appris une grande leçon. C’était une ville dans laquelle personne n’avait jamais eu beaucoup de succès. Mais personne ne l’avait dit à mon collègue et moi. Nous nous entendions à merveille. Nous avons travaillé dur. Et nous nous sommes bien amusés. Nous avons rencontré beaucoup de personnes intéressées par notre message. Chaque dimanche, dans cette toute petite branche, la classe des amis de l’Église était remplie. Des miracles se produisaient dans la vie des s gens. Et nous avions l’impression de ne faire qu’effleurer la surface de cette ville en or.
Pourquoi avons-nous eu tant de succès dans cette ville ? Je crois que le Seigneur nous a bénis de la sorte en raison de notre attitude. Mon collègue et moi aimions travailler ensemble. Nous étions unis. Nous travaillions dur. Nous croyions sincèrement que cette ville était une mine d’or qui n’attendait que de livrer ses trésors. L’attitude est très liée à la foi. La foi est inséparable du succès. Et la foi est contagieuse.
Malheureusement, j’ai mis du temps à apprendre cette leçon. Je n’ai pas fait le lien entre les fruits de notre travail et la façon dont nous travaillions. Je n’ai donc pas réussi à appliquer ce principe avec autant de succès dans mes deux villes suivantes.
Il y a sûrement beaucoup d’autres choses que je ferais différemment si je pouvais recommencer ma mission mais ces quatre points ressortent plus particulièrement. Si vous examinez bien ces idées, vous vous rendrez compte qu’elles sont conformes aux qualifications que le Seigneur a lui-même indiquées pour ses serviteurs : « La foi, l’espérance, la charité et l’amour, l’œil fixé uniquement sur la gloire de Dieu, le qualifient pour l’œuvre. Souvenez-vous de la foi, de la vertu, de la connaissance, de la tempérance, de la patience, de la bonté fraternelle, de la divinité, de la charité, de l’humilité, de la diligence » (D&A 4:5-6).