Ne m’oubliez pas
Je prie pour que vous n’oubliiez jamais que vous êtes véritablement des filles précieuses dans le royaume de Dieu, et je vous bénis pour cela.
Mes chères sœurs, c’est une joie pour moi d’être avec vous aujourd’hui. J’attends toujours avec impatience cette réunion générale de la Société de Secours et les messages qui y sont donnés. Merci, mes sœurs. C’est un insigne honneur pour moi que le président Monson m’ait attribué la tâche de parler aujourd’hui et d’ajouter quelques pensées qui concernent les sœurs de l’Église.
Il y a quelque temps, je traversais un beau jardin avec ma femme et ma fille. Je m’émerveillais devant la splendeur et la beauté des créations de Dieu. Puis j’ai remarqué, parmi toutes les fleurs splendides, une fleur tout ce qu’il y a de plus minuscule. Je connais le nom de cette fleur parce que depuis l’enfance, j’ai avec elle une relation pleine de tendresse. Cette fleur, c’est le myosotis, qu’on appelle aussi « ne m’oubliez pas ».
Je ne sais pas au juste pourquoi cette petite fleur a revêtu autant de signification pour moi au cours des années. Elle n’attire pas immédiatement l’attention, elle passe presque inaperçue et elle est facile à oublier au milieu de fleurs plus grandes aux couleurs plus vives ; pourtant elle est tout aussi belle, avec sa magnifique couleur qui reflète celle des cieux d’azur.
Et il y a la supplication obsédante de son nom. Selon une légende allemande, Dieu venait de finir de nommer toutes les plantes, excepté une. Une toute petite voix se fit entendre, « Ne m’oublie pas, Ô Seigneur ! » Et Dieu répondit que ce serait son nom.
Ce soir je vais utiliser cette petite fleur comme métaphore. Les cinq pétales du petit « ne m’oubliez pas » m’incitent à réfléchir à cinq choses qu’il serait sage de ne jamais oublier.
Premièrement, n’oubliez pas d’êtres patientes envers vous-mêmes.
Je veux vous dire quelque chose que, j’espère, vous prendrez bien : Dieu sait parfaitement que vous et moi ne sommes pas parfaits.
J’ajouterais qu’il sait aussi parfaitement que les gens que vous estimez parfaits ne le sont pas.
Et pourtant nous passons tellement de temps et d’énergie à nous comparer aux autres, en particulier à comparer nos faiblesses à leurs points forts. Cela crée en nous des attentes qui sont impossibles à satisfaire. En conséquence, nous ne nous réjouissons jamais de nos efforts méritants, parce qu’ils semblent être inférieurs à ceux de quelqu’un d’autre.
Tout le monde a des points forts et des points faibles.
Ce qui est merveilleux, c’est que vous avez des points forts.
Et cela fait partie de votre expérience dans la condition mortelle d’avoir des faiblesses.
Dieu veut nous aider à transformer finalement tous nos points faibles en points forts1, mais il sait que c’est un objectif à long terme. Il veut que nous devenions parfaits2, et, si nous restons ses disciples, c’est ce que nous deviendrons un jour. Ça ne fait rien que vous ne le soyez pas encore tout à fait. Persévérez pour le devenir mais cessez de vous punir.
Chères sœurs, beaucoup d’entre vous sont infiniment compatissantes et patientes avec les points faibles des autres. Alors n’oubliez pas d’être aussi compatissantes et patientes avec vous-mêmes.
Entre-temps, soyez reconnaissantes pour tous les petits succès à la maison, dans vos relations familiales, vos études, votre métier, votre participation à la vie de l’Église ou vos progrès personnels. Comme les myosotis, ces succès peuvent vous sembler minuscules et les autres peuvent ne pas les remarquer, mais Dieu les remarque et ils ne sont pas petits pour lui. Si vous pensez que seules la rose la plus parfaite ou l’orchidée la plus éblouissante représentent le succès, vous risquez de passer à côté de certaines des plus belles expériences de la vie.
Par exemple, vouloir à tout prix que la soirée familiale hebdomadaire soit un modèle de perfection, bien que cela vous rende malheureuses ainsi que tout le monde autour de vous, n’est probablement pas le meilleur choix. Demandez-vous plutôt : « Qu’est-ce que notre famille pourrait faire d’agréable et de spirituel qui nous rapprocherait » ? Ce type de soirée familiale, même s’il est d’une envergure et d’une exécution modestes, pourrait avoir des résultats à long terme beaucoup plus positifs.
Notre voyage vers la perfection est long, mais nous pouvons trouver de l’émerveillement et de la félicité, même dans ses moindres étapes.
Deuxièmement, n’oubliez pas la différence entre un sacrifice acceptable et un sacrifice absurde.
Un sacrifice acceptable signifie le renoncement à quelque chose de bon pour quelque chose d’une valeur beaucoup plus grande.
Renoncer à un peu de sommeil pour aider un enfant qui a un cauchemar est un sacrifice acceptable. Nous le savons tous. Veiller toute la nuit, au péril de sa santé, pour fabriquer l’accessoire parfait d’une tenue du dimanche pour une de ses filles n’est peut-être pas un sacrifice aussi acceptable.
Consacrer une partie de son temps à étudier les Écritures ou à se préparer à faire une leçon est un sacrifice acceptable. Passer de nombreuses heures à broder le titre de la leçon sur des gants à four faits maison pour chaque membre de la classe ne le serait pas.
Chaque personne et chaque situation sont différentes, et un sacrifice acceptable dans un cas pourrait être absurde dans un autre.
Comment faire la différence dans notre propre situation ? Nous pouvons nous demander, « Est-ce que je consacre mon temps et mon énergie à ce qui a le plus d’importance ? » Il y a tant de bonnes choses à faire, mais nous ne pouvons pas les faire toutes. Dans la perspective de l’éternité, ce qui plaît le plus à notre Père céleste, c’est quand nous sacrifions quelque chose de bon pour quelque chose de bien meilleur. Quelquefois, cela peut même signifier prendre soin de petits mais jolis myosotis au lieu d’un grand jardin de fleurs exotiques.
Troisièmement, n’oubliez-pas d’être heureuses maintenant.
Dans l’histoire chère aux enfants Charlie et la Chocolaterie, Willy Wonka, chocolatier excentrique, cache cinq billets d’or dans les barres de chocolat de sa fabrication et annonce que quiconque découvrira l’un des billets gagnera une visite guidée de son usine et une vie de sucreries.
Sur chaque billet d’or est écrit ce message : « Félicitations au chanceux qui a trouvé ce billet d’or !… Des choses fantastiques t’attendent ! De nombreuses surprises extraordinaires t’attendent !… des surprises mystérieuses et merveilleuses,… qui te feront plaisir,… t’ébahiront et t’intrigueront3 ».
Dans ce classique pour enfants, des gens du monde entier désirent désespérément trouver un billet d’or. Certains pensent que tout leur bonheur futur dépend de ce billet d’or qu’ils espèrent trouver. Dans leur anxiété, les gens commencent à oublier la joie simple que leur procurait une barre de chocolat. La barre elle-même devient une immense déception si elle ne contient pas de billet d’or.
Il y a, aujourd’hui, tant de gens qui attendent aujourd’hui leur billet d’or, le billet qu’ils croient détenir la clé du bonheur dont ils ont toujours rêvé. Pour les uns, le billet d’or peut être un mariage parfait, pour d’autres, une maison digne d’une couverture de magazine ; pour d’autres encore, la fin du stress ou des soucis.
Il n’y a rien de mal à avoir des aspirations justes : nous espérons et nous recherchons tout ce qui est « vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l’approbation ou est digne de louange4. »Le problème survient quand nous mettons notre bonheur en suspens pendant que nous attendons qu’un événement futur, notre billet d’or, apparaisse.
Il y avait une femme qui voulait plus que toute autre chose épouser au temple un détenteur de la prêtrise digne et être une mère et une épouse. Elle en avait rêvé toute sa vie, et oh, quelle mère merveilleuse, quelle épouse aimante elle serait ! Sa maison serait remplie de bonté et de gentillesse. Aucun mot acerbe n’y serait prononcé. Les repas ne seraient jamais brûlés. Ses enfants, au lieu de traîner avec leurs amis, préféreraient passer leurs soirées et leurs week-ends avec papa et maman.
C’était son billet d’or. C’était la chose par excellence dont dépendait, selon elle, toute son existence. C’était la seule chose au monde à laquelle elle aspirait de toutes ses forces.
Mais cela ne s’est jamais produit ! Et, au fil des ans, elle s’est de plus en plus isolée, remplie d’amertume et même de colère. Elle ne pouvait pas comprendre pourquoi Dieu ne lui accordait pas ce désir juste.
Elle était institutrice, et le fait de fréquenter des enfants à longueur de journée ne faisait que lui rappeler que son billet d’or ne s’était jamais matérialisé. Avec les années, sa déception et son isolement augmentèrent. Les gens n’aimaient pas se trouver en sa présence et l’évitaient chaque fois qu’ils le pouvaient. Elle reportait même sa frustration sur les enfants à l’école. Elle s’énervait et alternait entre les accès de colère et les moments de solitude désespérante.
Le tragique de cette histoire est que cette brave dame, au milieu de sa déception concernant son billet d’or, ne se rendait pas compte des bénédictions qu’elle avait reçues. Elle n’avait pas d’enfants à la maison, mais elle était entourée par eux dans sa salle de classe. Elle n’avait pas la bénédiction d’avoir une famille, mais le Seigneur lui avait donné une occasion que peu de gens ont, la chance d’influencer en bien la vie de centaines d’enfants en tant qu’institutrice.
La leçon qu’il faut retenir c’est que, si nous passons nos journées à attendre les roses, nous risquons de ne pas voir la beauté et la merveille que sont les minuscules myosotis qui nous entourent.
Cela ne veut pas dire que nous devons abandonner tout espoir ou revoir à la baisse nos objectifs. Ne cessez jamais de rechercher ce qu’il y a de meilleur en vous. Ne cessez jamais d’espérer la réalisation de toutes les aspirations légitimes de votre cœur. Mais ne fermez pas les yeux et le cœur aux beautés simples et élégantes des moments ordinaires de chaque jour qui constituent une vie riche et bien vécue.
Les personnes les plus heureuses que je connaisse ne sont pas celles qui trouvent leur billet d’or ; ce sont celles qui, tandis qu’elles s’efforcent d’atteindre des objectifs de valeur, découvrent et chérissent la beauté et la douceur des événements de tous les jours. Ce sont celles qui, jour après jour, fil après fil, tissent une tapisserie faite de gratitude et d’émerveillement tout au long de leur vie. Ce sont les personnes vraiment heureuses.
Quatrièmement, n’oubliez pas la raison d’être de l’Évangile.
Quelquefois, dans la routine de notre vie, nous négligeons sans le vouloir un aspect essentiel de l’Évangile de Jésus Christ, de la même façon qu’on pourrait négliger un joli et délicat myosotis. Dans nos efforts diligents pour remplir tous les devoirs et obligations que nous avons en tant que membres de l’Église, nous considérons quelquefois l’Évangile comme une longue liste de tâches que nous devons ajouter à notre liste de « choses à faire » déjà saturée, ou comme un élément que nous devons réussir à caser dans nos emplois du temps chargés. Nous nous concentrons sur ce que le Seigneur veut que nous fassions et sur la manière de l’accomplir, mais nous en oublions parfois la raison.
Mes chères sœurs, l’Évangile de Jésus-Christ n’est pas une obligation ; c’est un chemin, balisé par notre Père aimant, qui conduit dans cette vie au bonheur et à la paix, et dans la vie à venir à la gloire et à un épanouissement inexprimable. C’est une lumière qui pénètre la condition mortelle et illumine le chemin qui s’ouvre devant nous.
S’il est nécessaire de comprendre le contenu et le « comment » de l’Évangile, c’est néanmoins du « pourquoi » que jaillissent la flamme et la majesté de l’Évangile. Quand nous comprenons « pourquoi » notre Père céleste nous a donné ce modèle de vie et que nous nous rappelons « pourquoi » nous avons pris l’engagement d’en faire une partie fondamentale de notre vie, alors l’Évangile cesse de devenir un fardeau et devient au contraire une joie et un plaisir. Il devient précieux et agréable.
Ne suivons pas le chemin tracé par le Sauveur les yeux rivés au sol, avec pour seules pensées les tâches et les obligations qui nous attendent. Ne cheminons pas oublieux de la beauté des paysages terrestres et spirituels splendides qui nous entourent.
Pour cela, je suggère que vous recherchiez la majesté, la beauté et la joie sublime du « pourquoi » de l’Évangile de Jésus-Christ.
L’« objet » et le « style » de notre obéissance balisent le chemin et nous maintiennent dans la bonne direction. La « raison » de notre obéissance sanctifie nos actes et transforme le quotidien en quelque chose de majestueux. Elle magnifie nos simples actes d’obéissance et les sacralise.
Cinquièmement, n’oubliez pas que le Seigneur vous aime.
Quand j’étais enfant et que je regardais les petits myosotis, je me sentais parfois un peu semblable à cette fleur, petit et insignifiant. Je me demandais si ma famille ou mon Père céleste m’oublieraient.
Des années plus tard, je repense avec tendresse et compassion à ce jeune garçon. Je sais maintenant que je n’étais pas oublié.
Et je sais quelque chose d’autre, en tant qu’apôtre de Jésus-Christ, notre Maître, je proclame avec toute la certitude et la conviction de mon cœur, que vous non plus !
Vous n’êtes pas oubliées.
Mes sœurs, où que vous soyez, qu’elle que puisse être votre situation, vous n’êtes pas oubliées. Aussi sombres que puissent paraître vos journées, aussi insignifiantes que vous ayez le sentiment d’être, aussi éclipsées que vous pensiez être, votre Père céleste ne vous a pas oubliées. En réalité, il vous aime d’un amour infini.
Réfléchissez à ceci : L’être le plus majestueux, le plus puissant et le plus glorieux de l’univers vous connaît et se souvient de vous ! Vous êtes aimées par le Roi de l’espace infini et du temps éternel !
Celui qui a créé et connaît les étoiles vous connaît et sait votre nom : vous êtes les filles de son royaume. Le psalmiste a écrit :
« Quand je contemple les cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les étoiles que tu as créées ;
Qu’est-ce que l’homme, pour que tu te souviennes de lui ?…
Tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, et tu l’as couronné de gloire et de magnificence5. »
Dieu vous aime parce que vous êtes son enfant. Il vous aime même si vous vous sentez de temps en temps seule ou que vous faites des erreurs.
L’amour de Dieu et le pouvoir de l’Évangile rétabli ont un effet rédempteur et salvateur. Si seulement vous permettez que son amour divin ait une place dans votre vie, il peut soigner n’importe quelle plaie, guérir n’importe quelle blessure et adoucir tout chagrin.
Mes chères sœurs de la Société de Secours, vous êtes plus proches des cieux que vous ne le pensez. Vous êtes destinées à quelque chose qui dépasse votre imagination. Continuez de grandir en foi et en justice personnelle. Acceptez l’Évangile rétabli de Jésus-Christ comme votre mode de vie. Chérissez le don d’être pratiquante dans cette grande Église. Accordez de la valeur au service dans l’organisation bénie de la Société de Secours. Continuez de fortifier le foyer et la famille. Continuez de rechercher et d’aider les personnes qui ont besoin de vous et de l’aide du Seigneur.
Sœurs, il y a quelque chose d’inspirant et de sublime dans le petit myosotis. J’espère qu’il sera un symbole des petites choses qui rendent votre vie joyeuse et agréable. N’oubliez jamais que vous devez faire preuve de patience et de compassion envers vous-mêmes, que certains sacrifices sont meilleurs que d’autres, que vous n’avez pas besoin d’attendre un billet d’or pour être heureuses. N’oubliez jamais que la raison d’être de l’Évangile de Jésus-Christ vous inspirera et vous insufflera du courage. Et n’oubliez jamais que votre Père céleste vous connaît, vous aime et vous chérit.
Merci d’être ce que vous êtes. Merci pour les actes innombrables d’amour et de service que vous accomplissez pour tant de personnes. Merci pour tout ce que vous ferez encore pour apporter la joie de l’Évangile aux familles, à l’Église, à la collectivité et aux nations du monde.
Nous vous aimons. Je prie pour que vous n’oubliiez jamais que vous êtes véritablement des filles précieuses dans le royaume de Dieu, et je vous bénis pour cela au nom sacré de notre Sauveur bien-aimé, Jésus-Christ. Amen.