George Albert Smith
Sa vie était conforme à ses enseignements
Des expériences de la vie de George Albert Smith, ancien président de l’Église, montrent qu’il ne faisait pas que croire en l’Évangile, mais qu’il le vivait.
À la fin d’une journée difficile, John A. Widtsoe était assis dans son bureau, « plutôt fatigué ». Il avait un problème conflictuel et sentait le poids de ses lourdes responsabilités. Il raconte : « J’étais fatigué.
« C’est alors qu’on a frappé à la porte et que George Albert Smith est entré. Il m’a dit : ‘Je rentre chez moi après ma journée de travail. J’ai pensé à vous et aux problèmes que vous devez résoudre. Je suis venu vous réconforter et vous bénir’…
« Je ne l’oublierai jamais. Nous avons parlé pendant un moment ; nous nous sommes séparés et il est rentré chez lui. J’avais un poids de moins sur le cœur. Je n’étais plus fatigué. »
En se souvenant de cette expérience, de nombreuses années plus tard, alors qu’il était membre du Collège des douze apôtres, frère Widtsoe (1872-1952) dit : « George Albert Smith était ainsi… Il donnait de son temps et de sa force1. »
George Albert Smith (1870-1951), qui fut, de 1945 à 1951, le huitième président de l’Église, croyait que si nous avons véritablement un témoignage de l’Évangile de Jésus-Christ, cela se manifestera dans notre vie, particulièrement dans la manière dont nous traitons autrui. Il enseignait : « Une vie juste et cohérente est le plus grand témoignage que nous pourrons rendre de la véracité de cette œuvre2. »
Dans Enseignements des présidents de l’Église : George Albert Smith, manuel pour la Prêtrise de Melchisédek et la Société de Secours pour 2012, le témoignage du président Smith s’exprime avec beaucoup de force, à la fois dans ses enseignements et dans les récits tirés de sa vie. Voici quelques exemples de ces récits et enseignements.
Le pouvoir de la gentillesse
Par une chaude journée d’été, des ouvriers faisaient des travaux dans la rue, devant chez le président Smith. Le travail devenant plus dur et le soleil plus chaud, ils commencèrent à utiliser des mots grossiers et des jurons. L’un des voisins alla vite les réprimander de leur langage offensant, soulignant que George Albert Smith habitait tout près. Nullement impressionnés, ils se mirent à jurer de plus belle.
Pendant ce temps, le président Smith était dans sa cuisine en train de préparer un pichet de citronnade. Il l’apporta sur un plateau, avec quelques verres, et dit aux ouvriers : « Mes amis, vous avez l’air d’avoir bien chaud et d’être très fatigués. Est-ce que cela vous dirait de venir vous asseoir sous mes arbres pour prendre une boisson fraîche ? »
Touchés et reconnaissants, les ouvriers acceptèrent son offre et, après cette pause bienvenue, terminèrent leur travail avec respect et dans le calme3.
Des actions comme celle-là montrent que George Albert Smith était convaincu que nous pouvons « affronter nos problèmes dans un esprit d’amour et de gentillesse envers tous4 ». Il disait : « Il y a des gens qui vont commettre des fautes. Il y a des gens parmi nous, aujourd’hui, qui se sont égarés, mais ils sont les enfants de notre Seigneur et il les aime. Il nous a donné, à vous et à moi, le droit d’aller vers eux avec gentillesse, amour et patience, avec le désir de bénir, de chercher à les libérer des fautes qu’ils commettent. Il ne m’appartient pas de juger… Mais il m’appartient, si je les vois faire de mauvaises choses, d’essayer de les ramener, si possible, sur le chemin qui mène à la vie éternelle dans le royaume céleste5. »
« Quelle joie, quelle consolation, quelle satisfaction peuvent être apportées à nos voisins et à nos amis par la gentillesse ! Comme j’aimerais écrire ce mot en majuscules et à la vue de tous dans le ciel. La gentillesse est le pouvoir que Dieu nous a donné pour ouvrir les cœurs durs et soumettre les âmes entêtées6. »
Faire connaître l’Évangile
Le président Smith considérait que faire connaître l’Évangile était « l’acte suprême de gentillesse7 ». Il reconnaissait trouver de la bonté dans d’autres Églises et s’en réjouissait, mais il savait que l’Évangile rétabli avait quelque chose d’unique et de grande valeur à offrir au genre humain.
Alors qu’il était président de mission, quelqu’un lui a dit un jour : « Eh bien, d’après ce que j’ai appris, votre Église est tout aussi bonne qu’une autre. »
Le président Smith a ajouté : « Je suppose qu’il pensait nous faire un grand compliment, mais je lui ai dit : ‘Si l’Église que je représente ici n’a pas plus d’importance pour les enfants des hommes que n’importe quelle autre Église, alors je me méprends sur mon devoir ici8.’ »
Il enseignait que l’une des raisons pour lesquelles notre message est si important est que « les saints des derniers jours sont les seuls à détenir l’autorité de notre Père céleste d’officier dans les ordonnances de l’Évangile. Le monde a besoin de nous9. »
En raison de cela, le président Smith voulait que les saints des derniers jours aient « le désir intense et enthousiaste de partager avec tous les enfants de notre Père les bonnes choses qu’il nous a si généreusement accordées10 ».
Il disait : « J’ai parfois le sentiment que nous ne prenons pas suffisamment conscience de l’importance de [l’Évangile], que nous ne l’enseignons pas avec le sérieux qu’il exige11. »
Un ami proche observait que le président Smith donnait l’exemple de ce « sérieux » dans sa façon de parler de l’Évangile : « Plusieurs fois, j’ai eu l’honneur de faire un voyage en train avec le président Smith. Chaque fois, j’ai vu que, vers le milieu du voyage, il tirait quelques brochures de son sac, les mettait dans sa poche puis allait parmi les passagers. Avec son attitude amicale et sympathique, il faisait rapidement connaissance avec un autre voyageur et, peu de temps après, je l’entendais raconter l’histoire de la fondation de l’Église par Joseph Smith, le prophète, ou parler de l’exode des saints de Nauvoo ainsi que de leurs épreuves pendant leur traversée des plaines jusqu’en Utah, ou bien encore expliquer certains principes de l’Évangile à son nouvel ami. D’un passager à l’autre, il enchaînait les conversations jusqu’à la fin du voyage. Depuis que je connais le président Smith, ce qui fait plus de quarante ans, j’ai constaté que, quel que soit l’endroit où il se trouve, il est d’abord et surtout missionnaire pour l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours12. »
Instruire nos enfants
George Albert Smith et sa femme, Lucy, prenaient au sérieux leur mandat divin « d’élever [leurs] enfants dans la lumière et la vérité » (D&A 93:40). Leur fille Edith a parlé d’une expérience au cours de laquelle son père a saisi une occasion de l’instruire. Elle avait pris le tramway pour revenir d’un cours de piano et le receveur avait oublié de lui faire payer le trajet. Elle raconte : « Je ne sais pas comment cela s’est fait, mais il ne m’a pas remarquée et lorsque je suis arrivée à destination, j’avais toujours à la main ma pièce pour payer et, sincèrement, j’étais très contente d’avoir fait un trajet gratuit…
« Toute joyeuse, j’ai couru vers mon père pour lui raconter la chance que j’avais eue. Il a écouté patiemment mon histoire. Je commençais à croire que j’avais fait une excellente affaire…
« Une fois mon récit terminé, mon père m’a dit : ‘Mais, ma chérie, même si le receveur ne le sait pas, tu le sais, je le sais et notre Père céleste le sait. Il y a donc quand même trois personnes qui seront satisfaites en te voyant payer la totalité du service reçu.’ »
Edith est retournée au coin de la rue pour payer son billet quand le tramway est revenu. Elle dit par la suite : « Je suis reconnaissante d’avoir un père qui a eu la sagesse de me montrer gentiment mon erreur, parce que, s’il l’avait laissée passer, j’aurais pu croire qu’il l’approuvait13. »
Le président Smith a enseigné aux membres de l’Église que l’amour a le pouvoir d’inspirer à nos enfants de vivre dans la droiture : « Enseignez à vos enfants à suivre la loi morale. Entourez-les des bras de votre amour, afin qu’ils n’aient aucun désir de goûter aux tentations qui les environnent de toute part14. »
« C’est notre devoir, ou plutôt notre prérogative autant que notre devoir, de prendre le temps nécessaire pour entourer nos enfants de protections et de les aimer et de gagner leur amour au point qu’ils seront heureux d’écouter nos conseils et nos recommandations15. »
Les familles éternelles
George Albert et Lucy Smith étaient mariés depuis quarante ans environ quand la santé de Lucy commença à décliner. Il se faisait du souci pour elle et essayait de la réconforter autant qu’il le pouvait, mais ses devoirs d’Autorité générale l’éloignaient souvent de chez lui. Un jour, il fit un discours lors d’un enterrement ; lorsqu’il eut terminé, quelqu’un lui tendit un message lui demandant de rentrer immédiatement chez lui. Il écrivit plus tard dans son journal :
« Je quittai l’église immédiatement, mais ma chère épouse avait rendu le dernier soupir avant que j’arrive à la maison. Elle était en train de décéder au moment où je prononçais mon discours à l’enterrement. Je suis évidemment privé d’une aide dévouée et je serai bien seul sans elle. »
« Ma famille est profondément bouleversée, mais nous sommes réconfortés par la certitude des retrouvailles avec [elle], si nous restons fidèles… Le Seigneur est très bon et a enlevé tous les sentiments de mort, ce dont je suis extrêmement reconnaissant16. »
Le président Smith tirait force et consolation de son témoignage du plan du salut et des ordonnances du temple qui scellent les familles pour l’éternité. Il a enseigné :
« L’assurance que nos relations actuelles de parents et d’enfants, de mari et de femme continueront dans les cieux et que ce n’est que le début d’un royaume grand et glorieux que notre Père a prévu que nous héritions dans l’au-delà nous remplit d’espérance et de joie.
« Si je pensais, comme beaucoup, que maintenant que ma femme bien-aimée et mes chers parents sont décédés, ils ont quitté ma vie pour toujours et que je ne les reverrai jamais, cela me priverait de l’une des plus grandes joies de ma vie : la pensée que je les retrouverai, qu’ils m’accueilleront, me donnant leur affection, et que je les remercierai du fond du cœur de tout ce qu’ils ont fait pour moi17. »
« Lorsque nous nous rendons compte que la mort n’est que l’une des étapes que les enfants de Dieu franchiront tout au long de l’éternité et qu’elle fait partie de son plan, cela lui enlève son aiguillon et cela nous met face à la réalité de la vie éternelle. Beaucoup de familles ont dû dire au revoir temporairement aux êtres qu’ils aiment. Lorsqu’un décès se produit, il nous perturbe, si nous le lui permettons, et nous apporte ainsi beaucoup de chagrin. Mais si nos yeux spirituels pouvaient s’ouvrir, si nous pouvions voir, je suis sûr que nous serions réconfortés par cette vision. Le Seigneur ne nous a pas laissés sans espérance. Au contraire, il nous a donné l’assurance même du bonheur éternel, si nous acceptons ses conseils et ses recommandations pendant que nous sommes dans la condition mortelle.
« Ce n’est pas un rêve vain. Ce sont des faits18. »
Amour et service
Le président Smith était surtout connu pour l’amour qu’il manifestait envers autrui. Il croyait que l’amour était l’essence même de l’Évangile. Il disait aux saints : « Si l’Évangile de Jésus-Christ, qui vous a été donné, n’a pas implanté dans votre cœur cet amour pour vos semblables, alors je tiens à vous dire que vous n’avez pas obtenu la pleine réalisation de ce don merveilleux qui a été accordé sur la terre lorsque cette Église a été organisée19. »
En tant que président de l’Église, frère Smith a fait du bien à des milliers de personnes grâce aux actions d’entraide et à d’autres initiatives. Il trouvait néanmoins toujours le temps de rendre des services plus petits, plus personnels. L’un de ses collègues, Richard L. Evans (1906-1971), du Collège des douze apôtres, a écrit : « Il n’est pas rare de le voir, avant et après les heures de bureau, dans des couloirs d’hôpital, allant d’une chambre à l’autre, bénissant les gens, les encourageant et leur redonnant le moral grâce à ses apparitions inattendues, là où sa présence réconfortante et rassurante est accueillie avec beaucoup de reconnaissance… Il a l’habitude d’aller partout où il sent qu’il pourra apporter de l’aide et des encouragements20. »
Le président Monson a cité l’exemple suivant de l’amour du président Smith : « Par un froid matin d’hiver, l’équipe de nettoyage [de Salt Lake City] enlevait de gros morceaux de glace des caniveaux. L’équipe normale était assistée par des ouvriers temporaires qui avaient grand besoin de ce travail. L’un d’entre eux ne portait qu’un chandail léger et souffrait du froid. Un homme mince, portant une barbe bien taillée, s’arrêta près de l’équipe et dit à l’ouvrier : ‘Ce chandail n’est pas suffisant par un temps pareil. Où est votre manteau ?’ L’homme répondit qu’il n’en avait pas. Le visiteur ôta alors son manteau et le donna à l’homme en disant : ‘Tenez, c’est pour vous. Il est en bonne laine. Il vous tiendra chaud. Je travaille juste de l’autre côté de la rue.’ La rue en question était la South Temple Street. Le bon Samaritain qui pénétra sans manteau dans le bâtiment administratif de l’Église pour se rendre à son travail était George Albert Smith, président de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Son acte généreux révélait son bon cœur. Il était vraiment le gardien de son frère21. »
Les détails de la vie quotidienne
Que ce soit en exprimant sa foi aux passagers d’un train ou en donnant le manteau qu’il avait sur le dos à un ouvrier souffrant du froid dans la rue, George Albert Smith rendait constamment témoignage, autant par ses actes que par ses enseignements. Le thème principal qui se dégage du manuel Enseignements des Présidents de l’Église : George Albert Smith est que l’Évangile de Jésus-Christ doit avoir un puissant effet sur notre vie.
Un observateur disait à juste titre du président Smith : « Sa religion n’est pas une doctrine conservée en chambre froide. Ce n’est pas de la théorie. Elle représente plus pour lui qu’un beau plan à admirer. Elle est plus qu’une philosophie de vie. Pour quelqu’un qui a son sens pratique, la religion est l’esprit dans lequel un homme vit, dans lequel il agit, même si ce n’est que pour dire un mot gentil ou donner un verre d’eau fraîche. Sa religion doit s’exprimer dans ses actes. Elle doit influencer les détails de sa vie quotidienne22. »
J. Reuben Clark, fils (1871-1961), l’un de ses conseillers dans la Première Présidence, a résumé la vie du président Smith par ces mots : « Il était l’une des rares personnes de qui l’on peut dire : ‘Sa vie était conforme à ses enseignements’23. »