2012
Le sacrifice
Mai 2012


Le sacrifice

Notre vie de service et de sacrifice est véritablement l’expression la plus juste de notre engagement à servir le Maître et nos semblables.

Dallin H. Oaks

Le sacrifice expiatoire de Jésus-Christ a été appelé « l’événement le plus marquant de tous depuis le matin de la création jusqu’aux temps infinis de l’éternité1 ». Ce sacrifice est au centre du message de tous les prophètes. Il a été préfiguré par les sacrifices d’animaux prescrits par la loi de Moïse. Un prophète a déclaré que tout le sens de ces sacrifices réside dans le fait qu’ils annoncent « ce grand et dernier sacrifice… oui, ce sacrifice infini et éternel [du] Fils de Dieu » (Alma 34:14). Jésus-Christ a enduré une souffrance incompréhensible pour s’offrir en sacrifice pour les péchés de tous. Ce sacrifice offrait le bien absolu, l’Agneau pur et sans défaut, pour la mesure absolue du mal : les péchés du monde entier. Selon les paroles mémorables d’Eliza R. Snow :

Il vint sur terre de plein gré,

Et, gage précieux,

Son sang, sa vie, il a donnés

Pour nous ouvrir les cieux2.

Ce sacrifice, l’expiation de Jésus-Christ, est au centre du plan du salut.

La souffrance incompréhensible de Jésus-Christ a mis fin au sacrifice par effusion de sang, mais il n’a pas mis fin à l’importance du sacrifice dans le plan de l’Évangile. Notre Sauveur nous demande de continuer d’offrir des sacrifices, mais ce qu’il commande maintenant c’est de lui « offrir en sacrifice un cœur brisé et un esprit contrit » (3 Néphi 9:20). Il commande aussi à chacun de nous de nous aimer et de nous servir les uns les autres, dans le fond, de copier à une petite échelle son sacrifice à lui en faisant celui de notre temps et de nos priorités égoïstes. Dans un cantique inspiré nous chantons : « Que de faveurs viennent du sacrifice3 ! »

Je vais parler des sacrifices que nous faisons sur terre et que notre Sauveur nous demande de faire. Je ne parlerai pas des sacrifices que nous sommes obligés de faire ou des actes qui peuvent être motivés par un avantage personnel plutôt que par le service ou le sacrifice (voir 2 Néphi 26:29).

I.

L’histoire du christianisme est marquée par le sacrifice, y compris le sacrifice suprême. Au début de l’ère chrétienne, à Rome, des milliers ont connu le martyre pour leur foi en Jésus-Christ. Au cours des siècles qui ont suivi, alors que les controverses doctrinales divisaient les chrétiens, certains groupes en persécutaient d’autres et les mettaient même à mort. Les chrétiens tués par d’autres chrétiens sont les martyrs les plus tragiques du christianisme.

Beaucoup de chrétiens se sont volontairement sacrifiés, motivés par la foi en Christ et le désir de le servir. Certains ont choisi de consacrer leur vie entière au service du Maître. Ce groupe noble comprend les ordres religieux de l’Église catholique et les personnes qui ont rendu service toute leur vie comme missionnaires chrétiens des différentes confessions protestantes. Leur exemple est motivant et inspirant, mais la plupart des croyants ne sont pas censés consacrer leur vie entière au service de leur religion, ni capables de le faire.

II.

Pour la plupart des disciples du Christ, le sacrifice implique ce que nous pouvons faire quotidiennement dans notre vie personnelle ordinaire. À cet égard, je ne connais aucun groupe dont les membres font plus de sacrifices que les saints des derniers jours. Leurs sacrifices, vos sacrifices, mes frères et sœurs, contrastent avec la recherche matérialiste habituelle de la satisfaction personnelle.

Les premiers exemples que je donnerai sont ceux de nos pionniers mormons. Le sacrifice héroïque de leur vie, de leurs relations familiales, de leur foyer et de leur confort sont à la base de l’Évangile rétabli. Sarah Rich exprime les motivations de ces pionniers quand elle décrit le départ de son mari, Charles, appelé à partir en mission : « C’était vraiment une période difficile pour moi ainsi que pour mon mari ; mais le devoir nous appelait à nous séparer pour un temps et le fait de savoir que nous obéissions à la volonté du Seigneur nous poussait à sacrifier nos sentiments personnels pour aider à accomplir l’œuvre… pour aider à édifier le royaume de Dieu sur la terre4. »

Actuellement, la force la plus visible de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours est le service désintéressé et le sacrifice de ses membres. Avant la reconsécration d’un de nos temples, un ecclésiastique chrétien a demandé au président Hinckley pourquoi le temple ne contenait aucune représentation de la croix, le symbole le plus courant du christianisme. Le président Hinckley a répondu que le symbole de notre foi chrétienne est « la vie de nos membres5 ». Notre vie de service et de sacrifice est véritablement l’expression la plus juste de notre engagement à servir le Maître et nos semblables.

III.

Il n’y a pas de clergé professionnel formé et salarié de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Par conséquent, les membres laïques qui sont appelés à diriger et à servir nos assemblées doivent porter toute la charge de nos nombreux programmes, réunions et activités de l’Église. Ils font cela dans plus de quatorze mille assemblées rien qu’aux États-Unis et au Canada. Nous ne sommes bien sûr pas les seuls à avoir dans nos assemblées des membres laïques qui sont instructeurs ou dirigeants. Mais c’est la quantité de temps consacrée par nos membres à se former mutuellement et à s’entraider qui est unique par son importance. Nos efforts pour que, dans nos assemblées, chaque famille reçoive tous les mois la visite d’instructeurs au foyer et pour que chaque femme adulte reçoive mensuellement la visite d’instructrices visiteuses de la Société de Secours, en sont des exemples. Nous n’avons pas connaissance d’un service comparable dans aucune organisation dans le monde.

Les exemples les mieux connus du service et du sacrifice propres aux saints des derniers jours se trouvent dans le travail de nos missionnaires. Il y a actuellement plus de cinquante mille jeunes gens et jeunes filles et cinq mille hommes et femmes. Ils consacrent six mois à deux ans de leur vie à enseigner l’Évangile de Jésus-Christ et à fournir un service humanitaire dans plus de cent soixante pays du monde. Leur travail implique toujours un sacrifice, notamment les années qu’ils consacrent à l’œuvre du Seigneur et également les sacrifices accomplis pour fournir les fonds pour subvenir à leurs besoins.

Les personnes restées à la maison, les parents et d’autres membres de la famille, font aussi des sacrifices en renonçant à la compagnie et au service des missionnaires qu’ils envoient. Par exemple, un jeune Brésilien a reçu un appel en mission alors qu’il travaillait pour subvenir aux besoins de ses frères et sœurs après le décès de son père et de sa mère. Une Autorité générale a décrit ces enfants en train de tenir conseil et de se souvenir que leurs parents décédés leur avaient enseigné à toujours être prêts à servir le Seigneur. Le jeune homme a accepté son appel en mission et le frère de seize ans a pris la responsabilité de travailler pour subvenir aux besoins de la famille6. La plupart d’entre nous connaissent de nombreux autres exemples de sacrifice pour faire une mission ou pour aider un missionnaire. Nous n’avons pas connaissance de services bénévoles et de sacrifices volontaires comparables dans aucune organisation dans le monde.

On nous demande souvent : « Comment persuadez-vous vos jeunes et vos membres plus âgés de laisser leurs études ou leur retraite pour se sacrifier de cette façon ? » J’en ai entendu beaucoup donner cette explication : « Sachant ce que le Sauveur a fait pour moi, sa disposition à souffrir pour mes péchés et à surmonter la mort pour que je puisse vivre à nouveau, j’ai le sentiment que c’est un honneur de faire le petit sacrifice que l’on me demande à son service. Je veux transmettre la compréhension qu’il m’a donnée. » Comment fait-on pour persuader de tels disciples du Christ de servir ? Comme un prophète l’a expliqué : « Il [suffit] de le leur demander7. »

D’autres sacrifices résultant du service missionnaire sont ceux des personnes qui donnent suite aux enseignements des missionnaires et deviennent membres de l’Église. Pour de nombreux convertis, ces sacrifices sont considérables et comprennent la perte des amis et des relations familiales.

Il y a de nombreuses années, pendant cette conférence, on a parlé d’un jeune homme qui a découvert l’Évangile rétabli pendant qu’il faisait ses études aux États-Unis. Alors qu’il s’apprêtait à rentrer dans son pays natal, le président Hinckley lui a demandé ce qui allait lui arriver quand il rentrerait chez lui, étant devenu chrétien. Le jeune homme a répondu : « Ma famille sera déçue. Elle me rejettera probablement et fera comme si j’étais mort. Quant à mon avenir et à ma carrière, je risque de voir se fermer toutes les portes. »

Le président Hinckley a demandé : « Êtes-vous disposé à payer un tel prix pour l’Évangile ? »

Les larmes aux yeux, le jeune homme a répondu : « L’Évangile est vrai, n’est-ce pas ? » Quand cela fut confirmé, il répondit : « Alors rien d’autre ne compte8. » Voilà l’esprit de sacrifice qui anime beaucoup de nos nouveaux membres.

D’autres exemples de service et de sacrifice se manifestent dans la vie des membres fidèles qui œuvrent dans nos temples. Le service au temple est propre aux saints des derniers jours, mais tous les chrétiens doivent pouvoir comprendre l’importance d’un tel sacrifice. Nous, saints des derniers jours, n’avons pas de tradition de service au sein d’un monastère, mais nous pouvons toutefois comprendre et respecter le sacrifice des personnes motivées par leur foi chrétienne à consacrer leur vie à cette activité religieuse.

L’année dernière, au cours de cette conférence, le président Monson a raconté un exemple de sacrifice en rapport avec le service au temple. Sur une île lointaine du Pacifique, un père, saint des derniers jours fidèle, a fait, pendant six ans, un travail physiquement pénible, loin de chez lui pour gagner l’argent nécessaire pour emmener sa femme et ses dix enfants pour être mariés et scellés pour l’éternité dans le temple de Nouvelle-Zélande. Le président Monson a expliqué : « Les personnes qui comprennent les bénédictions éternelles qui proviennent du temple savent qu’aucun sacrifice n’est trop grand, aucun prix n’est trop élevé, aucun effort n’est trop pénible pour recevoir ces bénédictions9. »

Je suis reconnaissant des exemples merveilleux d’amour chrétien, de service et de sacrifice que j’ai vus parmi les saints des derniers jours. Je vous vois remplir vos appels dans l’Église souvent au prix de grands sacrifices de temps et de moyens. Je vous vois faire des missions à vos propres frais. Je vous vois faire de bon cœur don de vos talents professionnels au service de vos semblables. Je vous vois prendre soin des pauvres par vos efforts personnels et en contribuant au programme d’entraide et au service humanitaire de l’Église10. Tout ceci est confirmé par une étude nationale qui a conclu que les membres pratiquants de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers jours « se portent davantage bénévoles et font plus de dons que l’Américain moyen et qu’ils donnent plus généreusement de leur temps et de leur argent que la tranche supérieure [vingt pour cent] des personnes religieuses en Amérique11 ».

De tels exemples de dons nous fortifient tous. Ils nous rappellent les enseignements du Sauveur :

« Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même…

« Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi la trouvera » (Matthieu 16:24–25).

IV.

C’est peut-être dans notre famille que l’on trouve les exemples les plus courants et les plus importants de service et de sacrifice désintéressés. Les mères se dévouent pour avoir des enfants et se consacrent à leur éducation. Les maris donnent d’eux-mêmes pour subvenir aux besoins de leur femme et de leurs enfants. Les sacrifices impliqués dans le service d’importance éternelle rendu à notre famille sont trop nombreux pour être mentionnés et trop connus pour avoir besoin de l’être.

Je vois aussi des saints des derniers jours désintéressés adopter des enfants, y compris des enfants qui ont des besoins particuliers, et chercher à leur donner l’espoir et les possibilités dont ils étaient privés auparavant. Je vous vois prendre soin de membres de la famille et de voisins qui souffrent d’anomalies congénitales, de maladies mentales et physiques et des effets de l’âge. Le Seigneur vous voit, lui aussi, et il a dit à ses prophètes de déclarer que « lorsque vous faites des sacrifices les uns pour les autres et pour vos enfants, le Seigneur vous bénit12 ».

Je pense que les saints des derniers jours qui rendent un service désintéressé et font des sacrifices, en imitant avec vénération notre Sauveur, suivent davantage de principes éternels que n’importe quel autre groupe de personnes. Les saints des derniers jours considèrent leurs sacrifices de temps et de moyens comme faisant partie de leur formation et de leur qualification pour l’éternité. C’est une vérité révélée dans Lectures on Faith qui enseigne : « Une religion qui n’exige pas le sacrifice de tout n’a pas le pouvoir de produire la foi qui est nécessaire à la vie et au salut… C’[est] par ce sacrifice, et seulement par lui, que Dieu a décrété que les hommes pouvaient obtenir la vie éternelle13. »

À l’image du sacrifice expiatoire de Jésus-Christ qui est au centre du plan du salut, nous, les disciples du Christ, devons faire des sacrifices personnels pour nous préparer à la destinée que ce plan nous offre.

Je sais que Jésus-Christ est le Fils unique de Dieu, le Père éternel. Je sais que, grâce à son sacrifice expiatoire, nous avons l’assurance d’accéder à l’immortalité et la possibilité d’avoir la vie éternelle. Il est notre Seigneur, notre Sauveur et notre Rédempteur et j’en témoigne, au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. Bruce R. McConkie, The Promised Messiah: The First Coming of Christ, 1981, p. 218.

  2. « Oh, quel amour », Cantiques, n° 113.

  3. « Au grand prophète », Cantiques, n° 16.

  4. Sarah Rich, dans Guinevere Thomas Woolstenhulme, « I Have Seen Many Miracles », dans Richard E. Turley Jr. et Brittany A. Chapman, dir. de publ., Women of Faith in the Latter Days: Volume 1, 1775–1820, 2011, p. 283.

  5. Gordon B. Hinckley, « Le symbole de notre foi », Le Liahona, avril 2005, p. 3.

  6. Voir Harold G. Hillam, « Le sacrifice dans le service », Le Liahona, janvier 1996, p. 46.

  7. Gordon B. Hinckley, « Le miracle de la foi », Le Liahona, juillet 2001, p. 82.

  8. Gordon B. Hinckley, « Il est vrai, n’est-ce pas ? », L’Étoile, octobre 1993, p. 3–4 ; voir également Neal L. Andersen, « Il est vrai n’est-ce pas ? Alors rien d’autre ne compte », Le Liahona, mai 2007, p. 74.

  9. Thomas S. Monson, « Le temple sacré, un phare pour le monde », Le Liahona, mai 2011, p. 91–92.

  10. Voir, par exemple, Naomi Schaefer Riley, « What the Mormons Know about Welfare », Wall Street Journal, 18 février 2012, A11.

  11. Ram Cnaan et autres auteurs, « Called to Serve: The Prosocial Behavior of Active Latter-day Saints » (Appelés à servir : Le comportement prosocial des saints des derniers jours pratiquants), ébauche, p. 16.

  12. Ezra Taft Benson, « To the Single Adult Brethren of the Church », Ensign, mai 1988, p. 53.

  13. Lectures on Faith, 1985, p. 69.