2012
Protégez les enfants
Novembre 2012


Protégez les enfants

Elder Dallin H. Oaks

Personne ne doit objecter à la demande de nous unir pour nous sensibiliser davantage au bien-être et à l’avenir de nos enfants, la génération montante.

Nous nous rappelons tous ce que nous avons ressenti en entendant pleurer un enfant qui nous tendait les mains pour que nous l’aidions. C’est un Père céleste aimant qui nous donne ces sentiments pour nous pousser à aider ses enfants. Veuillez vous remémorer ces sentiments pendant que je parle de notre responsabilité de protéger les enfants et d’agir pour leur bien-être.

Je parle dans l’optique de l’Évangile de Jésus-Christ, notamment de son plan du salut. C’est mon appel. Les dirigeants locaux de l’Église sont responsables d’une seule juridiction, une paroisse ou un pieu par exemple, mais un apôtre a la responsabilité de témoigner au monde entier. Dans tous les pays, tous les enfants, quelles que soient leur race ou leurs croyances, sont des enfants de Dieu.

Je ne parle pas de politique ou de législation, mais comme les autres dirigeants de l’Église, je ne peux pas parler en faveur du bien-être des enfants sans que cela implique les choix que font les citoyens, les responsables de la vie publique et ceux qui travaillent dans des organisations privées. Le Sauveur nous a donné à tous le commandement de nous aimer les uns les autres et de prendre soin des autres, particulièrement des faibles et des sans défense.

Les enfants sont très vulnérables. Ils n’ont quasiment aucune possibilité de se protéger ou de pourvoir à leurs besoins et ils ont peu d’influence sur tout ce qui est indispensable à leur bien-être. Les enfants ont besoin que d’autres s’expriment pour eux et ils ont besoin de personnes qui prennent des décisions pour leur bien-être et qui placent ce bien-être avant les intérêts égoïstes des adultes.

I.

Cela nous choque de voir, dans le monde entier, les millions d’enfants qui sont victimes des crimes et de l’égoïsme d’adultes malfaisants.

Dans certains pays déchirés par la guerre, des enfants sont enlevés et enrôlés de force comme soldats dans les armées qui s’affrontent.

Un rapport des Nations Unies estime que plus de deux millions d’enfants sont victimes chaque année de la prostitution et de la pornographie1.

Dans l’optique du plan du salut, l’un des sévices les plus graves contre les enfants est qu’on les empêche de naître. C’est la tendance dans le monde entier. Le taux de natalité national des États-Unis est au plus bas depuis ces vingt-cinq dernières années2 et, dans de nombreux pays d’Europe et d’Asie, il est inférieur, depuis de nombreuses années, au seuil de renouvellement de la population. Ceci n’est pas seulement une question de religion. À mesure que les générations montantes diminuent en nombre, des cultures et même des nations se dépeuplent et finissent par disparaître.

Une cause de la diminution du taux de natalité est la pratique de l’avortement. On estime à plus de quarante millions le nombre d’avortements par an de par le monde3. Beaucoup de lois autorisent ou même favorisent la pratique de l’avortement mais à nos yeux c’est un grand mal. Les autres sévices contre les enfants qui ont lieu pendant la grossesse, sont les déficiences fœtales qui sont le résultat de la malnutrition ou de la drogue chez la mère.

Il y a un paradoxe tragique dans cette multitude d’enfants qu’on élimine ou à qui l’on fait du mal avant leur naissance alors qu’une foule de couples stériles voudraient tant des bébés et recherchent à adopter.

Les sévices contre les enfants ou la négligence à leur égard après la naissance sont plus visibles publiquement. Dans le monde entier, près de huit millions d’enfants meurent avant leur cinquième anniversaire, la plupart de maladies qui peuvent être soignées et évitées4. Et l’Organisation mondiale pour la santé dit qu’un enfant sur quatre est attardé mentalement et physiquement pour cause de malnutrition5. Nous, dirigeants de l’Église qui vivons et voyageons dans le monde entier, sommes témoins de beaucoup de ces choses. La présidence générale de la Primaire parle d’enfants qui vivent dans des conditions qui « dépassent notre imagination ». Aux Philippines, une mère a dit : « Il nous arrive de ne pas avoir assez d’argent pour acheter de la nourriture mais c’est bien, parce que cela me donne l’occasion d’enseigner la foi à mes enfants. Nous nous rassemblons et prions pour être secourus et les enfants voient le Seigneur nous bénir6. » En Afrique du Sud, une sœur de la Primaire a rencontré une petite fille seule et triste. Répondant d’une voix faible à des questions gentiment posées, elle disait qu’elle n’avait ni mère, ni père, ni grand-mère et qu’elle n’avait qu’un grand-père pour s’occuper d’elle7. Ce genre de tragédie est courant sur un continent ou de nombreux parents ou tuteurs sont morts du SIDA.

Même dans les pays riches, des petits enfants et des jeunes sont handicapés par négligence. Les enfants qui grandissent dans la pauvreté ont accès à moins de soins de santé et à moins de possibilités de faire des études. Ils sont aussi exposés à un environnement dangereux dans leur milieu physique et culturel et même du fait de la négligence de leurs parents. Jeffrey R. Holland a raconté récemment l’expérience d’un policier membre de l’Église. Lors d’une enquête, il a découvert cinq jeunes enfants blottis les uns contre les autres, essayant de dormir sans literie sur un sol sale dans un logement où leur mère et d’autres gens s’adonnaient à la boisson et faisaient la fête. Il n’y avait pas de nourriture dans l’appartement pour soulager leur faim. Après avoir casé les enfants dans un lit de fortune, le policier s’est agenouillé et a prié pour leur protection. Tandis qu’il se dirigeait vers la porte, l’un d’eux, qui avait environ six ans, l’a poursuivi, l’a saisi par la main et a supplié : « S’il vous plaît, vous voulez bien m’adopter8 ? »

Nous nous rappelons l’enseignement de notre Sauveur quand il a placé un jeune enfant devant ses disciples et a déclaré :

« Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même.

« Mais si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer » (Matthieu 18:5–6).

Quand nous réfléchissons aux dangers contre lesquels les enfants devraient être protégés, nous devons aussi y inclure les sévices psychologiques. Les parents ou les tuteurs, les enseignants ou leurs camarades qui rabaissent, brutalisent ou humilient les enfants ou les jeunes peuvent causer des dégâts plus permanents que les blessures physiques. Quand on donne à un enfant ou à un jeune le sentiment qu’il n’a pas de valeur, qu’il n’est pas aimé ou qu’il n’est pas désiré, on peut infliger des traumatismes graves et durables à son bien-être et à son développement émotionnel9. Les jeunes qui ont à se débattre dans une situation exceptionnelle, notamment l’attirance vers le même sexe, sont particulièrement vulnérables et ont besoin de compréhension aimante, pas de harcèlement ni d’ostracisme10.

Avec l’aide du Seigneur, nous pouvons nous repentir et changer, faire preuve de plus d’amour et apporter plus d’aide aux enfants, aux nôtres et à ceux qui nous entourent.

II.

Il y a peu d’exemples de menaces physiques ou émotionnelles contre les enfants qui soient aussi graves que celles qui viennent de leurs relations avec leurs parents ou avec leurs tuteurs. Le président Monson a parlé de ce qu’il appelle les « méfaits » des sévices contre les enfants, lorsqu’un parent a brisé ou défiguré un enfant, physiquement ou émotionnellement11. J’ai été affligé de devoir étudier les preuves choquantes de ce genre de cas pendant mon travail à la Cour suprême d’Utah.

Ce qui est d’importance primordiale pour le bien-être des enfants, c’est le statut marital de leurs parents, la nature et la durée de leur mariage et, d’une manière plus générale, la culture et les attentes concernant le mariage et le soin des enfants là où ils habitent. Deux spécialistes de la famille expliquent : « Tout au long de l’histoire, le mariage a été d’abord et avant tout une institution visant à la procréation et à l’éducation d’enfants. Il a constitué le lien culturel qui cherche à relier le père à ses enfants en l’unissant à la mère de ses enfants. Mais dernièrement, les enfants ont été de plus en plus écartés de l’avant-plan12. »

Un professeur de droit de Harvard décrit la loi et l’attitude actuelles vis-à-vis du mariage et du divorce. « L’histoire [actuelle] des États-Unis concernant le mariage, telle qu’elle ressort de la loi et d’une grande partie de la littérature populaire, dit à peu près ceci : le mariage est une relation qui existe avant tout pour l’épanouissement de chaque conjoint. S’il cesse de remplir cette fonction, ce n’est la faute de personne et n’importe lequel des deux conjoints peut y mettre fin à sa guise… C’est à peine si les enfants figurent dans cette histoire ; ils sont au mieux des personnages indistincts au second plan13. »

Nos dirigeants de l’Église ont averti que considérer le mariage « comme un simple contrat que l’on peut signer selon son bon plaisir… et dénoncer à la première difficulté… est un mal qui mérite une condamnation sévère », surtout lorsqu’il y a des enfants qui en souffrent14. Et les enfants souffrent des divorces. Plus de la moitié des divorces au cours d’une des dernières années concernaient des couples avec des enfants mineurs15.

Beaucoup d’enfants auraient eu la bénédiction d’être élevés par leurs deux parents si seulement ces derniers avaient appliqué cet enseignement inspiré énoncé dans la déclaration sur la famille : « Le mari et la femme ont la responsabilité solennelle de s’aimer et de se chérir et d’aimer et de chérir leurs enfants… Les parents ont le devoir sacré d’élever leurs enfants dans l’amour et la droiture, de subvenir à leurs besoins physiques et spirituels, de leur apprendre à s’aimer et à se servir les uns les autres16. » L’enseignement le plus puissant que les enfants puissent recevoir est celui de l’exemple des parents. Les parents qui divorcent donnent inévitablement une leçon négative.

Il y a assurément des cas où un divorce est nécessaire pour le bien des enfants mais ces circonstances sont exceptionnelles17. Dans la plupart des querelles familiales, les parents qui s’affrontent devraient donner beaucoup plus d’importance aux intérêts de leurs enfants. Ils peuvent le faire avec l’aide du Seigneur. Les enfants ont besoin de la force émotionnelle et personnelle que procure une éducation donnée par deux parents qui sont unis dans leur mariage et dans leurs objectifs. Ayant été élevé par une mère veuve, je suis très bien placé pour savoir que ce n’est pas toujours réalisable, mais c’est l’idéal à rechercher chaque fois que c’est possible.

Les enfants sont les premières victimes des lois actuelles qui autorisent « le divorce sans faute ». Du point de vue des enfants, le divorce est trop facile. Résumant des décennies de recherches dans le domaine des sciences sociales, un spécialiste est arrivé à la conclusion que la structure familiale qui apporte les meilleurs résultats pour les enfants consiste en deux parents biologiques qui restent mariés18. Un journaliste du New York Times relève « le fait frappant qu’alors même que le mariage traditionnel décline aux États-Unis… les preuves de l’importance de cette institution pour le bien-être des enfants s’accumulent19 ». Cette réalité devrait servir de guide pour les parents actuels et futurs dans leurs décisions concernant le mariage et le divorce. Il faut aussi que les hommes politiques, les législateurs et les instances gouvernementales attirent davantage l’attention sur ce qui est le mieux pour les enfants contrairement aux intérêts égoïstes des électeurs et à ce que clament les défenseurs des intérêts des adultes.

Les enfants sont aussi victimes de mariages qui n’ont pas lieu. Il y a peu de mesures du bien-être de notre génération montante qui soient plus inquiétantes que le rapport récent selon lequel, dans quarante-et-un pour cent des cas aux États-Unis, ce sont des femmes non mariées qui donnent le jour à des enfants20. Ces mères non mariées ont d’énormes problèmes et il est clair que leurs enfants sont très désavantagés par comparaison avec les enfants élevés par des parents mariés21.

La plupart des enfants nés de mères non mariées, cinquante-huit pour cent, sont issus de couples vivant en concubinage22. Quoi qu’on puisse dire sur la décision de ces couples de ne pas se marier, des études démontrent que leurs enfants sont fortement désavantagés23. Pour les enfants, la stabilité relative du mariage est importante.

Nous devons présumer que les enfants élevés par des parents du même sexe sont tout aussi désavantagés. Les études dans le domaine des sciences sociales ne s’accordent pas et sont politiquement biaisées sur les effets à long terme que cela peut avoir sur les enfants, surtout parce que, comme l’a dit un journaliste du New York Times, « le mariage homosexuel est une expérience sociale et comme pour la plupart des expériences, il faudra du temps pour en comprendre les conséquences24 ».

III.

Je parle en faveur des enfants, des enfants de partout. Certains rejetteront peut-être certains de ces exemples, mais personne ne doit objecter à la demande de nous unir pour nous sensibiliser davantage au bien-être et à l’avenir de nos enfants, la génération montante.

Nous parlons des enfants de Dieu et, avec son aide puissante, nous pouvons faire plus pour les aider. Dans ce but, je ne m’adresse pas qu’aux saints des derniers jours mais aussi à toutes les personnes qui ont la foi et aux autres qui ont un système de valeurs qui les pousse à faire passer leurs besoins après ceux des autres, particulièrement après le bien-être des enfants25.

Les gens qui ont une religion sont également conscients de l’enseignement du Sauveur dans le Nouveau Testament que les petits enfants sont purs et sont notre modèle d’humilité et de réceptivité :

« Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux.

« C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux » (Matthieu 18:3–4).

Dans le Livre de Mormon, nous lisons que le Seigneur ressuscité a enseigné aux Néphites qu’ils devaient se repentir et être baptisés et « devenir comme un petit enfant » pour hériter du royaume de Dieu (3 Néphi 11:38 ; voir aussi Moroni 8:10).

Je prie pour que nous nous humiliions comme les petits enfants et que nous nous efforcions de protéger les nôtres car ils sont l’avenir pour nous, pour l’Église et pour nos nations. Au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. Voir UNICEF, The State of the World’s Children 2005: Childhood Under Threat, 2004, p. 26.

  2. Voir Haya El Nasser, « National Birthrate Lowest in 25 Years », USA Today, 26 juillet 2012, p. A1.

  3. Voir Gilda Sedgh et autres, « Induced Abortion: Incidence and Trends Worldwide from 1995 to 2008 », The Lancet, vol. 379, n° 9816, 18 février 2012, p. 625–632.

  4. Voir UNICEF, « Young Child Survival and Development », http://www.unicef.org/childsurvival/index.html.

  5. Voir World Health Organization, World Health Statistics 2012, 2012, p. 109, 118.

  6. Rapport de la présidence générale de la Primaire, 13 septembre 2012.

  7. Rapport de la présidence générale de la Primaire.

  8. Voir Jeffrey R. Holland, « Israël, ton Dieu t’appelle », (réunion spirituelle de Département d’Éducation de l’Église pour les jeunes adultes, 9 septembre 2012), lds.org/broadcasts ; voir aussi R. Scott Lloyd, « Zion Not Only Where, but How We Live, Says Elder Holland », Deseret News, 10 septembre 2012, p. B2.

  9. Voir Kim Painter, « Parents Can Inflict Deep Emotional Harm », USA Today, 30 juillet 2012, p. B8 ; Rachel Lowry, « Mental Abuse as Injurious as Other Forms of Child Abuse, Study Shows », Deseret News, 5 août 2012, p. A3.

  10. Voir « End the Abuses », Deseret News, 12 juin 2012, p. A10.

  11. Thomas S. Monson, « Et un petit enfant les conduira », Le Liahona, juin 2002, p. 2.

  12. W. Bradford Wilcox et Elizabeth Marquardt, dir. de publ., The State of Our Unions: Marriage in America, 2011, p. 82.

  13. Mary Ann Glendon, Abortion and Divorce in Western Law: American Failures, European Challenges, 1987, p. 108.

  14. David O. McKay, « Structure of the Home Threatened by Irresponsibility and Divorce », Improvement Era, juin 1969, p. 5.

  15. Voir Diana B. Elliott et Tavia Simmons, « Marital Events of Americans: 2009 », American Community Survey Reports, août 2011.

  16. « La famille, Déclaration au monde », Le Liahona, novembre 2010, p. 129.

  17. Voir Dallin H. Oaks, « Le divorce », Le Liahona, mai 2007, p. 71.

  18. Charles Murray, Coming Apart: The State of White America, 1960–2010, 2012, p. 158.

  19. Ross Douthat, « Gay Parents and the Marriage Debate », New York Times, 11 juin 2012, http://douthat.blogs.nytimes.com/2012/06/11/gay-parents-and-the-marriage-debate.

  20. Voir Joyce A. Martin et autres, « Births: Final Data for 2010 », National Vital Statistics Reports, vol. 61, n° 1, août 2012, p. 10.

  21. Voir William J. Doherty et autres, Why Marriage Matters: Twenty-One Conclusions from the Social Sciences, 2002 ; W. Bradford Wilcox et autres, Why Marriage Matters: Thirty Conclusions from the Social Sciences, 3e éd., 2011.

  22. Voir Martin, « Births: Final Data for 2010 », p. 10–11.

  23. Voir Wilcox, Why Marriage Matters.

  24. Douthat, « Gay Parents and the Marriage Debate ». L’enquête la plus récente et la plus complète met en lumière d’importants désavantages rapportés par les jeunes adultes dont l’un des parents a eu des relations homosexuelles avant les dix-huit ans de l’enfant (voir Mark Regnerus, « How Different Are the Adult Children of Parents Who Have Same-Sex Relationships? Findings from the New Family Structures Study », Social Science Research, vol. 41, 2012, p. 752–770).

  25. Les saints des derniers jours soutiennent particulièrement que le rôle de parents est l’un des buts les plus importants de la vie (voir Pew Research Center’s Forum on Religion and Public Life, Mormons in America: Certain in Their Beliefs, Uncertain of Their Place in Society, 12 janvier 2012, p. 10, 16, 51).