Sa grâce suffit
Tiré d’un discours prononcé lors d’une veillée spirituelle le 12 juillet 2011, à l’université Brigham Young. Pour lire la version complète en anglais, consultez speeches.byu.edu.
Comment la grâce de Dieu opère-t-elle réellement ? »
Un jour, une jeune fille est venue me voir et m’a demandé si nous pouvions parler. Je lui ai répondu : « Bien sûr. Que puis-je faire ? »
Elle a dit : « Je ne comprends pas la grâce. »
J’ai répondu : « Qu’est-ce que tu ne comprends pas ? »
Elle a dit : « Je sais que je dois faire de mon mieux et qu’ensuite, Jésus fait le reste, mais je ne peux même pas faire de mon mieux. »
J’ai dit : « La vérité est que Jésus a totalement payé notre dette. Il n’a pas tout payé hormis quelques petites pièces. Il a entièrement payé. C’est fini. »
Elle a dit : « D’accord ! Alors, je n’ai rien à faire ? »
« Oh, non, ai-je répondu, tu as beaucoup de choses à faire, mais cela ne sert pas à payer cette dette-là. Nous ressusciterons tous. Nous retournerons tous en la présence de Dieu pour être jugés. Ce que notre obéissance sert à déterminer, c’est comment nous nous sentirons en la présence de Dieu et quel degré de gloire nous avons l’intention de recevoir.
Le Christ nous demande de faire preuve de foi en lui, de nous repentir, de contracter et de respecter des alliances, de recevoir le Saint-Esprit et de persévérer jusqu’à la fin. En faisant cela, nous ne satisfaisons pas aux exigences de la justice, pas même dans la moindre mesure. Par contre, nous témoignons notre reconnaissance pour ce que Jésus-Christ a fait, en utilisant ces éléments afin de mener une vie semblable à la sienne. La justice exige la perfection immédiate ou une punition quand nous échouons. Jésus ayant pris sur lui cette punition, il peut nous offrir la possibilité d’atteindre la perfection ultime (voir Matthieu 5:48 ; 3 Néphi 12:48) et nous aider à atteindre ce but. Il peut pardonner ce que la justice ne pourrait jamais pardonner et il peut se tourner vers nous désormais avec ses propres exigences (voir 3 Néphi 28:35).
La grâce nous transforme
L’arrangement que le Christ fait avec nous ressemble à ce que fait une mère qui offre des leçons de musique à son enfant. La mère paie le professeur de piano. Parce qu’elle paie la dette en totalité, elle peut s’adresser à son enfant et lui demander quelque chose. De quoi s’agit-il ? De la pratique ! La pratique de l’enfant paie-t-elle le professeur de piano ? Non. La pratique de l’enfant rembourse-t-elle à la mère l’argent qu’elle donne au professeur de piano ? Non. La pratique est la façon dont l’enfant témoigne à sa mère sa reconnaissance pour son merveilleux cadeau. C’est la façon dont il tire parti de l’occasion incroyable que sa mère lui donne de vivre sur un plan plus élevé. La mère éprouve de la joie non pas à être remboursée, mais à voir le don de son enfant utilisé, à le voir progresser. Elle continue donc à demander qu’il pratique, encore et encore.
Si l’enfant considère l’exigence de sa mère comme trop lourde (« Enfin, Maman, pourquoi faut-il que je pratique ? Aucun autre enfant n’a à le faire ! De toute façon, je serai joueur de baseball professionnel ! »), c’est peut-être parce qu’il ne voit pas encore les choses avec les yeux de sa mère. Il ne voit pas combien sa vie pourrait être meilleure s’il choisissait de vivre à un niveau plus élevé.
De la même façon, parce que Jésus a satisfait à la justice, il peut maintenant se tourner vers nous et nous dire : « Suivez-moi » (Matthieu 4:19) ; « Gardez mes commandements » (Jean 14:15). Si nous considérons que ses exigences sont bien trop élevées, peut-être est-ce parce que nous ne voyons pas encore avec les yeux du Christ. Nous n’avons pas encore compris ce qu’il essaie de faire de nous.
Dallin H. Oaks, du Collège des douze apôtres, a dit : « Le pécheur repentant doit souffrir pour ses péchés, mais cette souffrance a un objectif différent de celui de la punition ou du remboursement. Son objectif est le changement » (The Lord’s Way, 1991, p. 223 ; italiques dans l’original). Transposons cela dans les termes de l’enfant pianiste : « L’enfant doit pratiquer le piano, mais cette pratique a un objectif différent de celui de la punition ou du remboursement. Son objectif est le changement.
Le miracle de l’Expiation ne nous permet pas seulement de vivre après la mort, mais aussi de vivre plus abondamment (voir Jean 10:10). Le miracle de l’Expiation ne nous permet pas seulement d’être purifiés et réconfortés, mais nous permet aussi d’être transformés (voir Romains 8). Les Écritures précisent bien que « rien d’impur ne peut demeurer auprès de Dieu » (voir Alma 40:26), mais aucune chose inchangée ne le voudra même pas.
Le miracle de l’Expiation ne nous permet pas seulement de rentrer chez nous, mais nous permet aussi, miraculeusement, de nous y sentir chez nous. Si notre Père céleste et son Fils n’exigeaient pas la foi et le repentir, nous n’aurions pas le désir de changer. Pensez à vos amis et aux membres de votre famille qui ont choisi de vivre sans la foi et le repentir. Ils ne veulent pas changer. Ils n’essaient pas d’abandonner le péché et d’être à l’aise avec Dieu. Au contraire, ils essaient d’abandonner Dieu et d’être à l’aise avec le péché. Si le Père et le Fils n’exigeaient pas d’alliances et n’accordaient pas le don du Saint-Esprit, il n’y aurait aucun moyen de changer. Nous serions laissés à tout jamais avec notre seule volonté, sans avoir accès à son pouvoir. Si notre Père céleste et son Fils n’exigeaient pas que nous persévérions jusqu’à la fin, nous ne pourrions pas intérioriser ces changements avec le temps. Ils seraient à tout jamais superficiels et cosmétiques au lieu d’être profondément ancrés en nous et de faire partie de nous, de ce que nous sommes. Pour le dire plus simplement, si Jésus n’exigeait pas la pratique, nous ne deviendrions jamais des saints.
La grâce nous aide
« Mais est-ce que vous vous rendez compte comme il est difficile de pratiquer ? Je ne suis pas vraiment bon au piano. Je fais beaucoup de fausses notes. Il me faut une éternité pour y arriver. » Attendez. Est-ce que tout ça ne fait pas partie du processus d’apprentissage ? Quand un jeune pianiste fait une fausse note, nous ne disons pas qu’il n’est pas digne de continuer à pratiquer. Nous n’attendons pas de lui qu’il soit parfait. Nous attendons juste de lui qu’il continue à essayer. La perfection peut être son but ultime mais, pour l’instant, nous pouvons nous satisfaire de le voir progresser dans la bonne direction. Pourquoi cette perspective est-elle si facile à comprendre dans le contexte de l’apprentissage du piano, mais si difficile à saisir dans celui de l’apprentissage de la stature céleste ?
Trop de gens abandonnent l’Église parce qu’ils sont fatigués d’avoir constamment l’impression qu’ils ne sont pas à la hauteur. Ils ont essayé par le passé, mais ils ont continuellement l’impression qu’ils ne sont tout simplement pas assez bons. Ils ne comprennent pas la grâce.
Il ne devrait jamais y avoir à choisir entre les deux seules options de la perfection ou de l’abandon. Quand on apprend le piano, les seules options sont-elles de jouer au Carnegie Hall ou d’abandonner ? Non. La croissance et le développement prennent du temps. Apprendre prend du temps. Quand nous comprenons la grâce, nous comprenons que Dieu est longanime, que le changement est un processus et que le repentir est un principe directeur de notre vie. Quand nous comprenons la grâce, nous comprenons que les bénédictions de l’expiation du Christ sont permanentes et que sa force est parfaite en notre faiblesse (voir 2 Corinthiens 12:9). Quand nous comprenons la grâce, nous pouvons, comme les Doctrine et Alliances le disent, persévérer avec patience jusqu’à ce que nous soyons rendus parfaits (voir D&A 67:13).
La grâce n’est pas un moteur à surcompression qui entre en action une fois que nous avons épuisé toute notre énergie. En fait, c’est notre source d’énergie constante. Ce n’est pas la lumière au bout du tunnel, mais la lumière qui nous aide à traverser le tunnel. On n’atteint pas la grâce quelque part au bout de la route. On la reçoit tout de suite.
La grâce suffit
La grâce du Christ suffit (voir Éther 12:27 ; D&A 17:8) ; elle suffit pour couvrir notre dette, elle suffit pour nous transformer et elle suffit pour nous aider aussi longtemps que dure le processus de transformation. Le Livre de Mormon nous enseigne à nous en remettre uniquement aux « mérites, et [à] la miséricorde, et [à] la grâce du saint Messie » (2 Néphi 2:8). Ce faisant, nous ne découvrons pas, comme certains chrétiens le croient, que le Christ n’exige rien de nous. Au contraire, nous découvrons la raison pour laquelle il exige tant, ainsi que la force de faire tout ce qu’il demande (voir Philippiens 4:13). La grâce n’est pas l’absence d‘attentes élevées de la part de Dieu. La grâce est la présence du pouvoir de Dieu (voir Luc 1:37).
La grâce suffit. La grâce de Jésus suffit. Elle est suffisante. Elle est tout ce dont nous avons besoin. N’abandonnez pas. Continuez d’essayer. Ne cherchez pas d’échappatoires ni d’excuses. Cherchez le Seigneur et sa force parfaite. Ne cherchez pas quelqu’un à blâmer. Cherchez quelqu’un qui puisse vous aider. Recherchez le Christ et, ce faisant, vous ressentirez le pouvoir habilitant et l’aide divine que nous appelons sa grâce prodigieuse.