Pas de terrain neutre : la manière dont les médias nous influencent
L’auteur vit en Utah (États-Unis).
Notre responsabilité n’est pas d’éviter totalement les médias ni de simplement rejeter ceux qui sont négatifs, mais de choisir ceux qui sont sains et édifiants.
Dans notre monde moderne, débordant de technologie, nous sommes bombardés de possibilités : regarder ceci, lire cela, écouter ceci. Notre société est saturée de médias et de divertissements, et l’influence qu’ils ont sur nos croyances, nos pensées et nos actes est subtile mais puissante. Ce que nous laissons pénétrer dans notre esprit finit par façonner notre être : nous devenons ce à quoi nous pensons. Mes études de troisième cycle m’ont entraîné dans une exploration de l’influence des médias, et la conclusion irréfutable à laquelle je suis parvenu est que les médias que nous choisissons nous affectent inévitablement, positivement ou négativement.
David A. Bednar, du Collège des douze apôtres, a expliqué : « La technologie en elle-même n’est pas intrinsèquement bonne ou mauvaise. Les objectifs accomplis avec la technologie et grâce à elle sont, en fait, en fin de compte les indicateurs de son utilité ou de sa nuisance1. » Notre tâche n’est pas de rejeter la technologie mais de l’utiliser de manière à enrichir notre vie.
Nous pouvons utiliser la puissance des médias à notre avantage, pour améliorer nos pensées et notre comportement en :
(1) Étant conscients que nous sommes sujets à l’influence des médias et en reconnaissant la manière dont ils nous influencent.
(2) Identifiant et choisissant des médias positifs.
Comment les médias nous affectent-ils ?
Personne n’est immunisé contre l’influence des médias. Nous ne pouvons pas nous attendre à nous autoriser des médias conçus pour nous affecter mentalement et émotionnellement sans en subir l’influence dans notre subconscient longtemps après la fin du film, du livre ou de la chanson. Les gens qui croient que les médias ne les affectent pas sont souvent ceux qui sont le plus touchés parce qu’ils en nient l’influence et, par conséquent, ne s’en protègent pas. Tout comme l’eau va continuer de s’infiltrer par une fuite dans un bateau, que nous en soyons conscients ou pas, de même les médias continueront d’influencer nos pensées que nous nous préoccupions de leur impact ou pas.
Les médias axés sur les divertissements peuvent influencer nos pensées lorsque nous y avons recours pour soulager les tensions de notre vie quotidienne. Nous recherchons souvent les divertissements comme source temporaire de consolation de nos problèmes journaliers, que ce soit par les films, les livres, la télévision, les magazines ou la musique. Bien que nous nous tournions vers les médias axés sur les divertissements pour nous relâcher, nous ne devons pas relâcher nos principes. C’est justement là que nous devons faire attention à ce que nous laissons pénétrer dans notre esprit.
Pour profiter pleinement de leur divertissement, certaines personnes acceptent instinctivement les messages offerts, quels qu’ils soient, et permettent donc aux points de vue suggérés d’influencer leurs perceptions. Les critiques cinématographiques décrivent l’utilisation de ce concept dans les films :
« La vérité dépend de l’établissement précoce et totalement convaincant d’un cadre étrange ou fantastique, le sentiment d’une autre époque, ou de personnages inhabituels, afin que nous soyons captivés par l’humeur et l’ambiance générale du film. Si le réalisateur s’y entend à créer ce semblant de vérité, nous acceptons de bon gré de mettre en suspens notre incrédulité, et nous laissons de côté notre scepticisme et nos facultés rationnelles en entrant dans le monde imaginaire du film2. »
Si nous mettons notre incrédulité en suspens, nous avons tendance à être plus ouverts aux valeurs, aux attentes et aux croyances que les médias dépeignent. Ainsi, les médias peuvent influencer subtilement nos pensées. C’est là que réside le danger d’accepter des points de vue qui ne sont pas en harmonie avec les principes de l’Évangile.
Jeffrey R. Holland, du Collège des douze apôtres, a attiré l’attention sur la fonction des médias axés sur les divertissements quand il a dit : « Saviez-vous qu’à l’origine, en latin, amusement désignait ‘une diversion destinée à tromper l’esprit3’ ? » Parfois, nous recherchons la diversion. Nous avons recours aux médias pour nous distraire de nos problèmes réels, et nous comptons sur eux pour nous faire croire ce qu’ils ont à offrir. Plus le média est crédible, qu’il soit vrai ou faux, plus il nous plaît.
Karen E. Dill, socio-psychologue, a dit : « Lorsque nous sommes transportés dans le monde de la fiction, notre attitude et nos croyances changent afin de s’adapter aux idées et aux affirmations présentées dans l’histoire. Nous mettons notre incrédulité en suspens et, ce faisant, nous donnons libre cours à l’absorption involontaire du système de croyance représenté dans l’univers fictif et à un comportement conforme à ces croyances et à ces idées. Souvent, ce que nous voyons à l’écran provoque un changement ou une réaction dont nous ne sommes pas conscients. C’est ainsi que le monde imaginaire des médias façonne notre réalité4. »
En permettant aux médias de remplir leur fonction en nous amusant, nous risquons de remplacer nos processus ordinairement rationnels de pensée par les pensées proposées par les médias, ce qui finit par provoquer des changements dans nos croyances et dans notre comportement. David B. Haight (1906-2004), du Collège des douze apôtres, a dit : « Comme la pensée enfante l’action, le contact avec le mal peut mener à l’application de ce qu’on entretient dans son esprit5. »
Pour rester maître de l’influence des médias dans notre vie, il est essentiel que nous choisissions des médias édifiants et admettions notre sensibilité à l’influence des médias. Les médias affectent nos pensées et peuvent donc influencer nos actes. Le conseil du roi Benjamin s’applique à nous aujourd’hui : « Veillez […] à vous-mêmes, et à vos pensées, et à vos paroles, et à vos actes » (Mosiah 4:30).
Comment choisir des médias positifs ?
En comprenant l’influence qu’ont les médias sur notre vie, nous pouvons examiner consciemment les options qui se présentent à nous. Nos choix vont déterminer notre sensibilité à l’Esprit et à la bonté qui nous entoure. Chaque décision que nous prenons nous rapproche ou nous éloigne de notre Père céleste.
C. S. Lewis, auteur chrétien, a écrit : « Nos loisirs, même nos jeux, doivent être considérés sérieusement. Il n’existe pas de terrain neutre dans l’univers : chaque centimètre carré, chaque fraction de seconde, est revendiquée par Dieu ou par Satan6. »
Notre responsabilité n’est pas d’éviter totalement les médias ni de simplement rejeter celles qui sont négatives mais de nous entourer activement de celles qui sont saines et édifiantes. Heureusement, dans la large offre de médias, on trouve beaucoup de choses bonnes et saines, où les valeurs traditionnelles sont défendues et respectées. Il existe d’innombrables livres, films, chansons et autres qui transmettent des messages d’espoir et de bonheur, d’amour et de gentillesse, de joie et de pardon.
Russell M. Ballard, du Collège des douze apôtres, a dit : « Du simple fait de leur dimension, les médias actuels proposent une immensité de choix très contrastés. À l’opposé de leur côté dangereux et laxiste, les médias proposent beaucoup de choses positives et productives. […] Notre plus grande difficulté consiste donc à bien choisir ce que nous écouterons et ce que nous regarderons7. »
Peut-être qu’une émission télévisée ou une collection de livres qui nous plaisait autrefois a décliné sur l’échelle de la moralité mais nous avons du mal à y renoncer, ou peut-être qu’un nouveau film est particulièrement populaire ou attrayant et nous ne voyons pas ce qu’il y a de mal à le regarder. Cependant, céder un peu facilite le choix de céder un peu plus, plus tard, jusqu’à ce que nous nous abandonnions à des plaisirs dont il nous est difficile de nous passer. Mais, en nous fixant des principes visant à ne laisser la place qu’aux médias sains dans notre vie, nous nous donnons une chance d’être plus réceptifs à l’Esprit.
Nous pouvons suivre le conseil intemporel que Susanna Wesley a donné en 1725 à son fils John, le fondateur du méthodisme : « Veux-tu savoir si un plaisir est licite ou illicite, [de l’innocence de la malfaisance des actions ? Applique cette règle.] Tout ce qui affaiblit ta raison, affecte la sensibilité de ta conscience, obscurcit ta vision de Dieu, t’enlève le goût des choses spirituelles ; en bref, tout ce qui augmente la force et l’autorité de ton corps sur ton esprit, est un péché pour toi, même s’il semble innocent en soi8. »
Le pouvoir de choisir
En choisissant d’avoir recours à des médias moralement édifiants, nous favorisons la présence de l’Esprit et nous nous donnons une chance d’être fortifiés. L’Évangile de Jésus-Christ nous enseigne que nous avons reçu le pouvoir d’agir par nous-mêmes (voir 2 Néphi 2:26). La recherche de tout ce qui est « vertueux ou aimable, tout ce qui mérite l’approbation ou est digne de louange » (13e article de foi) dispose notre cœur et notre esprit à adopter des pensées et une attitude qui nous amènent à un comportement juste. Ces efforts nous apporteront une protection contre les influences de l’adversaire (voir Hélaman 5:12).
Les grands progrès que le Seigneur nous accorde dans la technologie des médias s’accompagnent de la responsabilité de choisir la manière dont nous allons les utiliser. Par l’étude et l’expérience, j’ai constaté l’impact qu’ont les médias, que nous voulions bien l’admettre ou pas. Nous avons la possibilité de choisir ce qui est moralement dégradant ou ce qui est sain et édifiant. Nous avons le choix mais, plus important encore, nous avons le pouvoir de choisir.