L’amour, par opposition à la convoitise
En acquérant une meilleure compréhension de ce que signifie réellement la convoitise, nous pouvons apprendre à l’éviter et à faire des choix qui nous rapprocheront du Saint-Esprit.
La convoitise
C’est sans nul doute un vilain mot. La plupart d’entre nous ne veulent pas y penser et encore moins en connaître la signification. Le terme évoque un sentiment louche, obscur et attrayant, mais mauvais.
Il y a une bonne raison à cela. Si « l’amour de l’argent est une racine de tous les maux » (1 Timothée 6:10), alors la convoitise est certainement son alliée secrète. C’est un sentiment vil et dégradant. La convoitise transforme les gens, les choses et même les idées en des objets à posséder ou à acquérir pour satisfaire une envie. Mais si nous savons déjà cela, pourquoi avons-nous besoin d’en savoir davantage ?
Parce que, si nous comprenons mieux ce que signifie véritablement la convoitise, nous pourrons modeler nos pensées, nos sentiments et nos actes de manière à l’éviter. Cela nous rapprochera du Saint-Esprit, qui purifie nos pensées et nos intentions et nous fortifie. Et cela nous mènera à une vie plus heureuse et plus paisible.
Définition de la convoitise
Nous avons tendance à considérer la convoitise comme une attirance physique extrême et inconvenante envers une autre personne, mais il est possible de convoiter toutes sortes de choses comme l’argent, des biens immobiliers, des objets et, bien sûr, d’autres personnes (voir le Guide des Écritures, « convoitise »).
La convoitise contraint les gens à rechercher l’acquisition de choses contraires à la volonté de Dieu. Elle comprend tous les sentiments ou désirs qui amènent à se concentrer sur les biens terrestres ou sur des pratiques égoïstes, tels les intérêts personnels, les désirs, les passions et les appétits, plutôt que sur le respect des commandements de Dieu.
En d’autres termes, désirer posséder des choses d’une manière contraire à la volonté de Dieu est de la convoitise et conduit à la tristesse1.
Le danger de la luxure
Bien que nous ayons été prévenus qu’elle désigne l’envie sous toutes ses formes, la convoitise, dans un contexte sexuel, ou luxure, est particulièrement dangereuse. Le Sauveur a averti : « Quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Matthieu 5:28).
Les apôtres d’autrefois ont donné de nombreux avertissements à ce sujet. Par exemple, Jean a déclaré : « Car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père mais vient du monde » (1 Jean 2:16 ; voir aussi le verset 17 ; Romains 13:14 ; 1 Pierre 2:11).
Et les avertissements continuent d’être donnés aujourd’hui2. Jeffrey R. Holland, du Collège des douze apôtres, a expliqué : « Pourquoi la luxure est-elle un péché si mortel ? Eh bien, je pense qu’en plus de l’effet complètement destructeur de l’Esprit qu’elle a sur notre âme, c’est un péché parce qu’elle souille la relation la plus élevée et la plus sainte que Dieu nous donne ici-bas : l’amour qu’un homme et une femme ont l’un pour l’autre et le désir de ce couple d’amener des enfants dans une famille destinée à être éternelle3. »
Des désirs lascifs qu’on a laissé germer ont été à l’origine de nombreux comportements pécheurs. Ce qui commence par un coup d’œil apparemment innocent peut se transformer en une infidélité sordide avec toutes les conséquences désastreuses qu’elle implique. Cela tient au fait que la convoitise nous éloigne du Saint-Esprit et nous rend vulnérable à d’autres tentations, vices et stratagèmes de l’adversaire.
Les choix tragiques du roi David sont un triste exemple qui montre à quel point cette émotion peut être puissante et mortelle. David vit Bethsabée en train de se baigner et la convoita. La convoitise fit place à l’action, et il la fit venir à lui et coucha avec elle. Puis, dans un effort mal avisé de cacher sa faute, il ordonna qu’on place le mari de Bethsabée sur le champ de bataille à un poste où il était sûr qu’il serait tué (voir 2 Samuel 11). En conséquence, David perdit son exaltation (voir D&A 132:38-39).
La situation peut paraître extrême, mais elle prouve avec certitude que la convoitise est une tentation considérable. Nous y abandonner peut nous conduire à faire des choses que nous n’aurions jamais faites en pleine possession de nos moyens. Elle est d’autant plus dangereuse qu’elle est particulièrement insidieuse, facilement éveillée et habile à nous détourner du Saint-Esprit pour que nous cédions à l’interdit. On peut la susciter en regardant de la pornographie, en écoutant des paroles de musique explicites ou en s’engageant dans des activités sexuelles inconvenantes. Parallèlement, la luxure peut pousser les gens vers la pornographie. Ce cercle vicieux est extrêmement puissant et dangereux4.
La convoitise de nature sexuelle dégrade et affecte toutes les relations, dont celles avec Dieu, qui ne sont pas les moindres. « Et, en vérité, je vous le dis, comme je l’ai déjà dit, celui qui regarde une femme pour la convoiter, ou si quelqu’un commet l’adultère dans son cœur, il n’aura pas l’Esprit, mais reniera la foi et sera dans la crainte » (D&A 63:16).
Comme Richard G. Scott l’a enseigné (1928-2015), « l’immoralité sexuelle crée une barrière à l’influence du Saint-Esprit et à toutes ses facultés de nous édifier, de nous éclairer et de nous donner de la puissance. L’immoralité sexuelle provoque une grande stimulation physique et émotionnelle. Avec le temps, cette stimulation engendre des désirs insatiables qui poussent le transgresseur à commettre des péchés de plus en plus graves5. »
Ce que la convoitise n’est pas
Maintenant que nous avons vu ce qu’est la convoitise, il est également important de voir ce qu’elle n’est pas, et de faire attention à ne pas qualifier de convoitise des pensées, des sentiments et des désirs légitimes. La convoitise est une sorte de désir, mais il existe aussi des désirs justes. Par exemple, nous pouvons désirer des choses justes et correctes qui nous aideront à accomplir l’œuvre du Seigneur.
Réfléchissez aux points suivants :
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Le désir d’avoir de l’argent En soi, le fait de désirer de l’argent n’est pas mauvais. Paul n’a pas dit que l’argent était la racine de tous les maux. Il a dit que « l’amour de l’argent [était] une racine de tous les maux » (1 Timothée 6:10). Les enseignements de Jacob apportent une clarification supplémentaire : « Mais avant de rechercher la richesse, recherchez le royaume de Dieu. Et lorsque vous aurez obtenu l’espérance dans le Christ, vous obtiendrez la richesse, si vous la recherchez ; et vous la rechercherez dans l’intention de faire le bien : pour vêtir les nus, et pour nourrir les affamés, et pour délivrer les captifs, et pour apporter du soulagement aux malades et aux affligés » (Jacob 2:18–19).
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Éprouver des sentiments d’ordre sexuel convenables pour son conjoint Ces sentiments donnés par Dieu aident à renforcer et à souder le mariage. Mais il est possible d’avoir des sentiments inconvenants à l’égard de son conjoint. Si nous ne recherchons que notre propre satisfaction ou que l’assouvissement de nos désirs, nous risquons de nous abandonner à des désirs luxurieux et d’endommager notre relation conjugale. La clé de la sexualité convenable dans le mariage est de conserver des intentions pures et empreintes d’amour.
L’important est de chercher à agir pour les bonnes raisons : établir le royaume de Dieu et faire grandir le bien dans le monde. Au contraire, la convoitise nous pousse à sortir des limites convenables, à laisser nos désirs dévaloriser Dieu, à traiter les gens comme des objets et à transformer les choses, les richesses et même le pouvoir en des monstruosités qui altèrent notre sensibilité et détériorent nos relations.
Pourquoi nous cédons souvent à la convoitise
Au vu de l’effet ravageur et du danger de la convoitise, pourquoi est-elle si tentante et si répandue ? Pourquoi la laissons-nous si souvent nous dominer ? De prime abord, il semble que l’égoïsme et le manque de maîtrise de soi sont au cœur du problème. Ce sont des facteurs qui y contribuent, mais la vraie racine de la convoitise est souvent le vide. Les personnes peuvent succomber à la convoitise dans une vaine tentative de combler un vide dans leur vie. La convoitise est une émotion trompeuse, un piètre substitut à l’amour authentique, à la véritable valeur et à l’engagement durable vis-à-vis du Maître.
Dans un sens, le contrôle correct des émotions est une disposition du cœur. « Car un homme est tel que sont les pensées dans son âme » (Proverbes 23:7). Ce sur quoi nous choisissons de nous focaliser mentalement et spirituellement deviendra à terme le moteur de nos pensées, de nos sentiments et de nos actions. Chaque fois que nous sommes tentés de céder à la convoitise, nous devons remplacer cette envie par un objectif juste.
L’oisiveté peut aussi être la cause de pensées lascives. Quand nous n’avons que peu à faire dans notre vie, nous avons tendance à être plus sensibles aux mauvaises influences. Si nous cherchons à « œuvrer avec zèle à une bonne cause » (voir D&A 58:27) et nous efforçons d’utiliser notre temps de manière productive, nous serons moins sujets aux pensées lascives et aux influences négatives.
Comme Dallin H. Oaks, du Collège des douze apôtres, l’explique, les désirs auxquels nous choisissons de consentir affectent non seulement nos actes mais aussi ce que nous deviendrons au final. Il déclare : « Les désirs dictent nos priorités, les priorités façonnent nos choix et les choix déterminent nos actes. Les désirs que nous traduisons en actes déterminent nos changements, nos réalisations et notre devenir6. »
Autrement dit, nous devons maîtriser non seulement les émotions auxquelles nous allons nous livrer, mais aussi les pensées qui entraînent ces sentiments ou qui en découlent. Alma a enseigné que, si elles sont impures, « nos pensées nous condamneront aussi » (Alma 12:14).
L’antidote : l’amour du Christ
La convoitise n’est pas inévitable. Puisque notre Père céleste nous a donné le libre arbitre, nous avons le pouvoir sur nos pensées, nos émotions et nos actes. Nous n’avons pas à rechercher les pensées et les sentiments de convoitise. Lorsque les tentations surgissent, nous pouvons choisir de ne pas y céder.
Comment peut-on surmonter la tentation de la convoitise ? On commence par cultiver une relation correcte avec notre Père céleste et par choisir de servir les autres. Puis on s’engage à adopter un comportement pieux au quotidien, en priant et en étudiant les Écritures, comportement qui invite le Saint-Esprit à se manifester. Et, finalement, on recherche l’ingrédient secret qu’est l’amour du Christ, pur, sincère et honnête, tout en s’efforçant d’établir le royaume de Dieu et en gardant l’œil fixé uniquement sur sa gloire. On ne peut éprouver cet amour que si l’on a la compagnie du Saint-Esprit.
Pour nous débarrasser de la convoitise, nous devons prier d’un cœur sincère pour demander à Dieu de nous débarrasser de ces sentiments et de les remplacer par l’amour charitable (voir Moroni 7:48). C’est possible, comme toute forme de repentir, grâce à l’expiation de Jésus-Christ7. Grâce à notre Sauveur, nous pouvons apprendre à aimer du même amour dont notre Père céleste et lui nous aiment.
Lorsque nous nous concentrons continuellement sur notre Père céleste, que nous vivons selon les premier et deuxième commandements, qui sont d’aimer Dieu et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes (voir Matthieu 22:36–39), et que nous faisons tout notre possible pour vivre selon ses enseignements, des intentions pures et honnêtes influencent notre vie avec une intensité sans cesse croissante. Tandis que nous unissons notre volonté à celle de notre Père, les tentations et les effets de la convoitise diminuent et sont remplacés par l’amour pur du Christ. Alors nous sommes remplis d’un amour divin qui chasse les désirs vils de ce monde et les remplace par la beauté de l’établissement du royaume de Dieu.