Le miracle d’une température moyenne
Est-ce que vous le voulez tout de suite, ou est-ce que vous voulez qu’il soit réussi ?
Imaginons un jeune homme seul à la maison qui commence à avoir faim (c’est un peu tiré par les cheveux, je sais !). Maintenant, imaginons que ce jeune homme décide de se faire un sandwich grillé au fromage tout seul, pour la première fois1. Imaginons aussi que ses parents ne lui aient jamais appris à faire ce genre de sandwich et qu’il ne les ait jamais vraiment observés en train d’en préparer.
Admettons, malgré tout, qu’il dispose de tous les bons ingrédients : le pain de mie, le fromage, un peu de beurre sur les faces extérieures du pain (et un peu de mayonnaise à l’intérieur car c’est un jeune homme brillant !) Une fois son sandwich confectionné, il sort la poêle et la pose sur la plaque de cuisson. (Imaginons aussi qu’il n’ait pas de gril ou d’appareil spécial pour réaliser ce type de plat.)
À présent, imaginons qu’une pensée lui vienne à l’esprit – le genre de pensée que de nombreuses personnes suffisamment ignorantes (ou qui ont momentanément perdu l’esprit !) peuvent avoir : « Et si je mettais la température au maximum, pour que cela soit prêt plus vite ! »
Devinez ce qui va se passer ? (Peut-être n’avez-vous pas besoin de deviner.)
Son sandwich sera parfaitement grillé et croustillant, ou alors son fromage sera bien fondu et moelleux, mais pas les deux. Il est fort probable que son pain aura l’apparence, la texture (et probablement le goût) de la pierre de lave avec du fromage à moitié fondu, ce qui est aussi alléchant qu’une histoire que l’on nous raconte à moitié.
Le problème de ce jeune homme, comme nous pouvons le constater, est un mélange d’ignorance (ce qui est excusable) et d’impatience (ce qui, bien que compréhensible, est moins excusable). S’il faisait la même erreur la fois suivante, elle serait encore moins pardonnable puisqu’elle ne viendrait pas de l’ignorance mais serait essentiellement le résultat de l’impatience.
Pour réussir son sandwich, ce jeune homme doit découvrir le miracle de la température moyenne !
Moyenne ne veut pas dire tiède
La température moyenne sur une plaque de cuisson est la température idéale pour les sandwiches grillés et beaucoup d’autres plats car elle permet aux aliments de cuire à l’intérieur sans brûler à l’extérieur. Le seul inconvénient est que cela requiert plus de temps et d’attention, ce qui demande de la patience.
Le Seigneur a dit : « Persévérez avec patience, jusqu’à ce que vous soyez rendus parfaits » (D&A 67:13). Il nous parle ici du genre de perfection qui dépasse notre habileté à faire des sandwiches grillés ; il veut que nous devenions davantage comme lui. Jésus-Christ est l’exemple parfait de la patience. Et suivre son exemple consiste entre autres à élargir notre perspective, à regarder au-delà du moment présent et à percevoir les grandes bénédictions qui découlent de la maîtrise de soi, de la foi, de l’obéissance, de l’effort régulier et constant, de la longanimité et de l’amour, autrement dit de la patience.
Par définition, la patience implique l’attente, ce qui peut sembler ennuyeux. Mais, comme nous l’a enseigné Dieter F. Uchtdorf, deuxième conseiller dans la Première Présidence, il s’agit bien plus que de simplement attendre : « Être patient c’est attendre et persévérer de manière active. Cela veut dire nous tenir à quelque chose et faire tout ce que nous pouvons, en travaillant, en espérant, en exerçant notre foi, en supportant les vicissitudes avec courage, même quand ce que nous désirons de tout notre cœur ne nous est pas accordé tout de suite. La patience, ce n’est pas simplement persévérer, c’est bien persévérer2 ! »
Ce n’est pas simplement poser le sandwich grillé sur la poêle puis l’oublier, c’est le surveiller et le retourner régulièrement pendant la cuisson.
Ce n’est pas simplement aller à l’école, au séminaire ou à l’église, c’est étudier et adorer Dieu de manière active.
Ce n’est pas simplement attendre de recevoir un témoignage du Livre de Mormon parce qu’on l’a demandé, mais c’est continuer de lire, d’étudier, de prier et de vivre selon les préceptes de ce livre.
Ce n’est pas simplement rester là à écouter nos amis se moquer de notre religion, c’est prier pour eux en désirant sincèrement qu’ils connaissent un changement de cœur, et faire tout notre possible pour y contribuer.
Ce n’est pas simplement attendre d’avoir seize ans pour faire des sorties en couple, c’est apprendre à aimer obéir et c’est essayer de comprendre comment les conseils des prophètes nous béniront.
Baissez la température
La patience et la tempérance, ou maîtrise de soi, font toutes deux parties des « fruits de l’Esprit » (voir Galates 5:22–23). Bien que certaines situations réclament une action immédiate ou une réaction instantanée (tout comme certains aliments nécessitent une cuisson à forte température), nous devrions tendre vers plus de patience et de maîtrise de soi. S’il vous semble que vous êtes en train d’y parvenir, c’est un signe que l’Esprit agit dans votre vie.
Le miracle d’une température moyenne vous permettra de réaliser de parfaits sandwiches grillés au fromage, des steaks hachés qui ne ressemblent pas à des palets de hockey roses à l’intérieur, des galettes de pommes de terre et non des pavés de pomme de terre, et du riz gonflé et moelleux, pas dur ni collant. « Mais il faut que la patience accomplisse parfaitement son œuvre » (Jacques 1:4) dans votre vie, vous aidant à avancer résolument pour ressembler davantage à Jésus-Christ, favorisant l’influence du Saint-Esprit et, finalement, vous accompagnant vers la vie éternelle.
En prêtant attention aux causes de votre impatience, pensez à ce sandwich grillé au fromage (ou tout autre plat qui vous interpelle), et à ce que vous êtes susceptibles de sacrifier en laissant l’impatience guider vos actes. Si vous ressentez de la culpabilité parce que vous cédez trop souvent à l’impatience, bienvenue au club ! Vous pouvez vous repentir et essayer à nouveau de suivre l’exemple de Jésus-Christ et ses enseignements. Il y a bien plus d’un sandwich grillé au fromage à préparer, et il n’est jamais trop tard pour apprendre quelle perfection on peut atteindre par la patience.