Je pense que je serai moi-même

Jutta Baum Busche

Qui est sœur Busche

Jutta Baum (née en 1935) a grandi à Dortmund (Allemagne). En 1955, elle épouse Enzio Busche avec qui elle se fait baptiser le 19 janvier 1958 dans une piscine publique de Dortmund.

En octobre 1977, ils assistent à une conférence à Berlin à laquelle Enzio, qui est représentant régional de l’Église, interprète pour Spencer W. Kimball (1895-1985), le président de l’Église. À la fin de la conférence, le président Kimball a une conversation en privé avec Enzio et l’appelle à servir au premier collège des soixante-dix, poste à plein temps qui nécessite que les Busche déménagent.

Leur première affectation les amène à Munich (Allemagne) où Enzio dirige la mission pendant deux ans avant de déménager en Utah en 1980. Ils voyagent beaucoup, rendant visite aux membres de l’Église dans le monde entier, et Jutta prend la parole avec son mari lors de conférences régionales.

En 1987, à la consécration du temple de Francfort, ils en deviennent le président et l’intendante. Sœur Busche n’ayant jamais été servante de temple, au cours d’un séminaire de formation, le président Hinckley (1910-2008) lui donne le conseil suivant : « Le plus important est d’avoir de l’amour, d’aimer et d’aimer ». Elle prend à cœur ce conseil. Elle demande aux servants du temple d’en faire leur priorité absolue afin d’aider les usagers à ressentir l’Esprit de Dieu.

Le message suivant est extrait d’un discours donné par sœur Busche à la conférence des femmes de l’université Brigham Young en 1989.

Je me souviens bien des adaptations que nous avons dû faire quand nous sommes partis vivre en Utah. Mon premier appel dans notre paroisse était instructrice de la Société de Secours. J’ai regardé les autres instructrices très attentivement et j’ai été profondément impressionnée par leurs efforts pour atteindre la perfection dans leur façon d’enseigner. Même leurs coiffures et leurs robes immaculées témoignaient de leurs efforts pour tendre vers la perfection. J’admirais leur aisance et leur éloquence en anglais. Avec mon anglais hésitant, comment pouvais-je rivaliser avec elles et être leur instructrice ? J’étais avide d’apprendre et j’ai été très heureuse de découvrir qu’il y avait un cours de préparation dispensé par le pieu pour les instructrices de la Société de Secours.

La première fois que j’ai assisté à la réunion de préparation, j’étais pleine d’espoirs. Je n’étais pas préparée à la question qu’on m’a posée sur le centre de table que j’allais utiliser quand je donnerais ma leçon. Je me suis sentie totalement incompétente ! Je n’avais aucune idée de ce qu’était un centre de table ni de son utilité pour une leçon. Des sentiments négatifs sur moi-même ont commencé à saper ma confiance. […]

J’ai continué à me sentir inférieure quand je regardais les sœurs de ma paroisse cultiver leur jardin potager et faire des conserves. Elles faisaient leur jogging tous les jours. Elle cousaient et étaient à l’affut de bonnes affaires. […] Elles préparaient des repas pour les jeunes mères et les personnes malades de leur quartier. Elles s’occupaient d’un parent âgé, parfois de deux. […] Elles accomplissaient fidèlement l’œuvre du temple et se souciaient d’être à jour dans leur journal personnel.

Intimidée par ces exemples de perfection dont j’étais entourée, j’ai multiplié les efforts pour être comme elles et j’étais déçue de moi-même et me sentais même coupable quand je n’allais pas courir tous les matins, ne faisais pas mon pain et mes vêtements ou n’allais pas à l’université. J’avais l’impression que je devais être comme les femmes parmi lesquelles je vivais et que j’étais une ratée parce que je n’étais pas capable de m’adapter facilement à leur mode de vie.

À ce moment-là, j’aurais pu tirer profit de l’histoire d’un enfant de six ans qui, répondant à l’un de ses parents qui lui demandait ce qu’il voulait être a répondu : « Je pense que je serai juste moi-même. J’ai essayé d’être comme quelqu’un d’autre. À chaque fois, j’ai échoué ! » Comme cet enfant, après de multiples tentatives pour être quelqu’un d’autre, j’ai finalement appris que je devais être moi-même. Souvent ce n’est pas facile mais notre désir de nous intégrer, de nous mesurer et d’impressionner, ou même simplement d’être reconnus nous conduit à imiter les autres et à mésestimer notre expérience, nos talents, nos fardeaux et nos difficultés. […] J’ai dû apprendre à surmonter mon angoisse de n’être pas à la hauteur, si je ne faisais pas comme tout le monde.

[…] Quand, pour enseigner mes leçons, j’essayais de copier ce que faisaient mes merveilleuses sœurs en mettant un centre de table et en utilisant d’autres techniques d’enseignement qui m’étaient étrangères, j’échouais parce que l’Esprit me parle encore en allemand, pas en anglais. Mais quand je me suis agenouillée pour demander de l’aide, j’ai appris à m’appuyer sur l’Esprit pour être guidée, ayant l’assurance d’être une fille de Dieu. J’ai dû apprendre et croire qu’il n’était pas nécessaire que je rivalise avec les autres pour être aimée et acceptée par notre Père céleste. […]

[…] Nos efforts ne doivent pas viser à produire des résultats ou à nous conformer mais à être transformés par l’Esprit. […]

Beaucoup de pressions nous enchaînent au monde. L’honnêteté de cœur nous libère et nous fait découvrir la volonté de Dieu à notre sujet […]

[…] Il est possible que nous soyons absorbés par notre besoin de régler les difficultés quotidiennes et de saisir les occasions de progresser, mais nous ne pouvons pas nous permettre de laisser passer une journée ou une minute sans être conscient du pouvoir qui est en nous.