2020
Un moment de prise de conscience
Décembre 2020


LA VOIX DES MEMBRES

Un moment de prise de conscience

« J’ai essayé de lever ma tête cette fois-ci et j’ai réussi à lever les yeux. Mais je ne voyais que des morceaux de ma belle moto éparpillés sur le pavé. »

C’était le lundi 10 août 2020, vers 20 heures, j’étais pressée de quitter le bureau pour rentrer vite chez moi avant le couvre-feu de 21 heures, qui a été instauré par le gouvernement comme mesure de sécurité pour réduire la propagation du coronavirus.

Je me suis mise en tenue de protection en commençant par mes pieds, puis en mettant mes genouillères, ma veste et enfin les sangles de réflecteur. J’ai pris mon casque et je suis sortie du bureau. Ma moto était toute seule dans le parc de stationnement sombre. Tout le monde était déjà rentré à la maison et je me suis dit : « Ils sont peut-être en train de dîner avec leur famille en ce moment. » J’ai enfilé mon casque et mes gants, je me suis assise à califourchon sur ma moto et j’ai mis le moteur en marche : oh, j’adore le son de ce moteur Suzuki ! Je suis partie en faisant au revoir de la main au garde de sécurité.

Depuis des années, j’emprunte la même route pour me rendre au travail, à tel point que j’ai mémorisé tout le trajet, les casse-vitesse, une courbe, même là où se trouvent les nids-de-poule. Cette nuit-là, le temps n’était pas de mon côté, et j’ai donc pensé que je devais me rendre rapidement au supermarché à proximité de chez moi avant qu’il ne ferme pour pouvoir acheter quelque chose à manger. En descendant la pente, j’ai cru que je roulais à 70 km/h quand, tout d’un coup, j’ai vu un singe au milieu de ma bande. Je voulais faire une embardée, mais il y avait un véhicule en sens inverse sur l’autre bande, qui était aussi pressé d’arriver à la maison avant le couvre-feu. J’ai appuyé sur les freins arrière et j’ai essayé de ralentir doucement la moto, mais j’ai perdu le contrôle, je me suis envolée et j’ai atterri sur le pavé, le ventre plat. La moto a fait plusieurs tonneaux et a glissé hors de la route.

Pendant un moment, je n’ai rien entendu d’autre qu’un vrombissement. Je ne sentais pas mon corps. J’ai essayé de lever ma tête, mais elle était trop lourde. Je me suis dit : « Je suis soit morte, soit paralysée. » Quelques instants plus tard, j’ai entendu quelqu’un me demander si tout allait bien, et une autre voix s’exclamait : « C’est une motarde ! » J’ai essayé de lever ma tête cette fois-ci et j’ai réussi à lever les yeux. Mais je ne voyais que des morceaux de ma belle moto éparpillés sur le pavé.

Ces bons samaritains m’ont aidée à me relever et m’ont emmenée au bord de la route. Ils m’ont demandé de m’asseoir, de me détendre et de confirmer si je ressentais des douleurs quelque part dans mon corps. Ils ont pris ma moto et l’ont mise en dehors de la route, et j’ai pu entendre l’un d’entre eux dire : « À en juger par l’état de la moto, cette dame doit être gravement blessée. »

Je me suis levée et j’ai remarqué que je n’avais pas mal, je pouvais marcher, je pouvais parler et je pouvais aussi bouger mes mains sans ressentir de douleur. J’étais parfaitement bien.

Je me suis rendu compte que j’ai miraculeusement échappé à de graves blessures, encore pire, à la mort. Je me suis assise et je me suis demandé : « Si je mourais aujourd’hui, suis-je prête à rencontrer mon Créateur ? » Eh bien, la réponse honnête était : « Non. Je ne l’étais pas. » Cela m’a fait le plus peur, pas l’idée de mourir mais le fait que je n’étais pas préparée.

En tant que sainte des derniers jours, je me suis rappelée que les dirigeants de l’Église m’ont conseillé à maintes reprises d’être prête à tout moment, tout comme les cinq vierges décrites dans Matthieu 25:5-13. Je me suis rendu compte que je m’étais davantage concentrée sur les choses du monde que sur les choses éternelles. « Il était temps de changer tout cela », ai-je pensé. « Que dois-je donc faire, Seigneur ? », me suis-je demandé.

Kim B. Clark, des soixante-dix, a dit une fois : « ‘Tournez-vous vers le Christ dans chacune de vos pensées ; ne doutez pas, ne craignez pas.’ Il s’agit d’un appel à lui faire complètement confiance, à lui soumettre notre volonté et à lui céder notre cœur et, grâce à son pouvoir rédempteur, à devenir semblables à lui.1 »

J’ai pris la résolution que ce que je dois faire, c’est offrir une prière sincère au Seigneur, me repentir de mes péchés chaque jour, me faire un festin de sa parole, garder ses commandements, prendre la Sainte-Cène, sanctifier son sabbat et me livrer au culte dans son saint temple aussi souvent que possible.

Depuis le jour de l’accident, je m’efforce de remplir ces simples actes de foi en suivant les conseils du frère Clark : « Tournez-vous vers le Christ dans chacune de vos pensées ; ne doutez pas, ne craignez pas. » Je témoigne que j’ai ressenti l’amour de mon Père céleste me rapprocher davantage de lui et j’ai ressenti l’influence sanctifiante du Saint-Esprit au fil des jours.

Référence

  1. Kim B. Clark, « Tournez-vous vers Jésus Christ », Le Liahona, mai 2019, 54 ; voir aussi Doctrine et Alliances 6:36.

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