2021
Faire le premier pas
Janvier 2021


Œuvre généalogique

Faire le premier pas

Lorsqu’il m’a été proposé de rendre mon témoignage sur mon expérience de la généalogie, j’ai tout de suite été enthousiaste et ai senti que j’aimerais vous rendre ce témoignage, mes chers frères et sœurs. Il y a tant d’expériences à évoquer !

Pour ma part, au début, il y a des années de cela, j’ai eu un sentiment de bonheur et une grande joie en découvrant qui sont mes ancêtres, en particulier pour moi, qui suis fils d’un « Malgré-nous » non rentré1. Cela a été comme aller à la rencontre de ce papa que je n’ai jamais vu.

Il me l’a bien rendu ! La recherche des documents le concernant m’a aidé à le connaître à travers des écrits, et ses photos. D’ailleurs une photo de lui est toujours présente sur mon bureau.

Il en va de la généalogie comme de l’Évangile : c’est à nous de faire le premier pas, puis viennent les bénédictions.

Je ne puis vous donner le détail de toutes les expériences que j’ai vécues, mais je voudrais vous faire part de celle-ci :

Un jour, j’ai trouvé dans mes archives une vieille photo de groupe ou de famille, mais malheureusement, je n’ai pu identifier personne. Toutefois, une jeune fille d’une vingtaine d’années y figurait et ma mère l’a reconnue. À l’époque de la découverte de cette photo, cette personne était toujours en vie : elle avait quatre-vingt-douze ans. Je devais avoir dix ou douze ans la dernière fois que je l’avais vue. Mais je l’ai rencontrée, car elle nous a reçus chez elle, mon épouse et moi. Quelle expérience émouvante ! Elle a reconnu et nommé chaque personne de cette photo. Elle m’a donné des trésors de renseignements sur notre famille. Ce fut pour moi un moment vraiment spécial.

Mon témoignage est que la généalogie nous rapproche certes de nos ancêtres, mais dans certains cas aussi des vivants. Cette cousine a constaté certainement que je m’intéressais vraiment sincèrement à la famille et cela a été un moment d’échange extraordinaire.

Je voudrais encourager chacun à s’intéresser à ses ancêtres, car il arrive alors des choses inattendues et des émotions si particulières qu’elles valent tous les trésors. Je comparerais ces émotions aux moments où l’on ressent très fortement le Saint-Esprit.

Des larmes vous viendront aux yeux, je sais que vous comprenez. Ces sentiments, je les ressens aussi lorsque je prépare des noms d’ancêtres pour le temple. J’ai toujours à l’esprit cette pensée d’Einstein :

« C’est le devoir de chaque homme de rendre au monde au moins autant qu’il en a reçu. »

Quand je fais ce travail, chez moi ou au centre d’histoire familiale, c’est cette pensée qui m’anime.

J’ai reçu l’Évangile et je tiens beaucoup à continuer à établir des liens éternels avec mes ancêtres. Nous avons là une occasion unique de servir, de faire quelque chose pour autrui, en amenant des âmes au Christ, ainsi qu’il nous le demande.

En servant dans le centre d’histoire familiale de Strasbourg-Schiltigheim depuis plus de dix-sept années, j’ai eu l’occasion d’offrir mon aide à des membres de l’Église et surtout à des visiteurs. Pour ces derniers, la généalogie leur a permis de rencontrer l’Église de Jésus-Christ et a ouvert leur esprit à notre foi et nos croyances, en particulier celle du baptême pour les morts. Certains, venus d’Amérique, sont devenus des amis personnels ou ceux de l’Église.

Quand nous préparons le nom d’un ancêtre pour les ordonnances du temple, nous ouvrons l’Évangile que nous avons reçu pour cette personne. Et nous ressentons avec force et émotion le lien que nous créons. Aussi nous savons avec certitude que ceci est vrai.

Faire de la généalogie nous rattache les uns aux autres, vivants ou décédés.

Je sais aussi que nos ancêtres sont autour de nous et peuvent être pour nous des guides de lumière et des protecteurs contre toutes sortes de dangers de la vie, mais ils peuvent aussi intervenir dans les choix que nous avons parfois besoin de faire.

N’hésitons pas à leur demander de participer, dans la mesure de leurs attributions, à veiller sur nous et à nous guider sur le chemin que le Christ nous a montré.

Nous témoignons, mon épouse et moi, que nos papas respectifs, décédés tous deux longtemps avant notre rencontre, sont pour quelque chose dans notre union. Nous l’avons ressenti fortement à plusieurs reprises, par l’Esprit, et profitons de cette occasion pour rendre ce témoignage.

Note de bas de page :

  1. N.D.L.R. : Les « Malgré-nous » désignent les Alsaciens et Mosellans qui, durant la Seconde Guerre mondiale, ont été incorporés de force dans l’armée allemande. C’est ici le cas du père de frère Helfer, qui a malheureusement péri avant de pouvoir rentrer.

    Frère Helfer nous donne ici un extrait de son journal :

    Lorsque j’ai commencé la généalogie de notre famille, j’ai enfin vu ces documents qui parlaient de lui.

    Un document de 1946 signé par un de ses compagnons nous informe : « … après une contre-attaque allemande, André Helfer n’a pu être trouvé ni parmi les blessés ni parmi les morts. Il a sans doute été emmené par les partisans russes qui se sont enfuis avec quatre ou cinq prisonniers allemands ».

    Je sens encore mes larmes couler chaque fois que j’y pense… J’ai compris l’angoisse qu’a dû vivre mon papa se voyant blessé, loin de chez lui, loin des siens, pris les armes à la main, dans un uniforme qui n’était pas le sien, afin de préserver les siens d’une déportation certaine dans des camps en Pologne.

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