2021
Apprendre et vivre les principes de l’autonomie pendant les périodes difficiles
Février 2021


MESSAGE DES DIRIGEANTS LOCAUX DE LA PRÊTRISE

Apprendre et vivre les principes de l’autonomie pendant les périodes difficiles

Comme promis, à l’horizon 2020, chacun de nous, ainsi que nos familles, devra attacher sa ceinture de sécurité et s’accrocher dans les secousses, car la route est vraiment cahoteuse.

L’année dernière, j’ai appris, en l’espace de quelques semaines, que deux de mes chers amis avaient pris la décision tragique de se suicider. Tous deux n’avaient aucun lien direct l’un avec l’autre. Tous deux étaient secrètement aux prises avec un problème lié à la solvabilité ou à l’indépendance financière. Tous deux étaient par ailleurs des maris fidèles et des pères aimants.

Ces derniers mois ont été difficiles pour beaucoup d’entre nous. La pandémie dite COVID-19 a été source de grande détresse et a fait des milliers de morts. Par suite des mesures et des actions prises par les gouvernements dans l’espoir de prévenir la propagation de la maladie et de protéger les plus vulnérables, beaucoup ont perdu leur emploi ou leur principale source de revenus.

Bien que cette énorme épreuve fût pour beaucoup une occasion de donner, de réconforter, de secourir voire de servir, la question de l’autonomie et de la préparation physique, temporelle, émotionnelle et spirituelle a été mise en évidence alors que nous envisageons des moyens de faire face aux incertitudes de l’avenir.

Mon esprit est encore marqué par de longues files de gens alignés dans la rue, ignorant la plupart des mesures de distanciation et des barrières essentielles, attendant leur tour et espérant recevoir un paquet de nourriture ou une somme d’argent promis comme aide du gouvernement. Bien que l’aide du gouvernement et humanitaire ait de toute évidence contribué à apporter un certain soulagement à de nombreuses personnes dans le besoin, nous ne devons pas oublier, comme l’a enseigné Marion G. Romney (1897-1988), ancien membre de la Première Présidence, que « l’homme a reçu le conseil de gagner sa vie, devenant ainsi autonome ». Il a ensuite ajouté, en citant Albert E. Bowen (1875-1953), du Collège des douze apôtres : « La vraie raison pour laquelle on doit donner est d’aider les gens à être en mesure de subvenir à leurs propres besoins et à être ainsi libres. »1

L’autonomie est la « capacité, l’engagement et l’effort de subvenir aux nécessités spirituelles et temporelles de la vie pour soi-même et pour sa famille. Lorsqu’ils deviennent autonomes, les membres sont plus aptes à rendre service et à s’occuper d’autrui ».2 Dans une situation socio-économique difficile, l’autonomie peut sembler à certains d’entre nous comme un rêve utopique. Le Seigneur n’aurait cependant pas pu être plus clair quand il a dit : « J’ai l’intention de pourvoir aux besoins de mes saints… Car la terre est pleine, et il y a assez, et même en réserve ; oui, j’ai tout préparé et j’ai donné aux enfants des hommes d’agir par eux-mêmes »3 ne laissant aucun doute sur le fait que, d’une façon ou d’une autre, chaque personne et chaque famille devrait avoir assez pour ses besoins. Mais pour que cela se produise dans notre vie, nous devons y travailler à la manière du Seigneur.

David A. Bednar, du Collège des douze apôtres, nous a enseigné deux principes de base qui peuvent guider et fortifier les personnes qui traversent une épreuve ou une situation difficile : la préparation et aller de l’avant avec constance dans le Christ.4

Voici un exemple de ces principes tirés de ma propre vie :

Quand j’étais un jeune garçon, mes parents ont décidé de nous envoyer, mes deux jeunes frère et sœur et moi, dans l’une des meilleures écoles privées de la ville où nous vivions. Mais cela a coûté beaucoup à ma famille. Mon père, un ingénieur travaillant pour le gouvernement, et ma mère, qui restait à la maison, avaient du mal à joindre les deux bouts du mois. J’étais pleinement conscient que le coût de mes études était l’une des principales raisons. Nous avons dû non seulement apprendre à vivre très modestement, mais ma mère a dû aussi trouver toutes sortes d’activités pour gagner de l’argent supplémentaire, comme collecter les fûts d’huile usagés ou rassembler des restes de tissu dans les manufactures, qui les jetaient, et ensuite les revendre à d’autres manufactures. Toute la famille participait au travail.

Je me souviens aussi de nuits où nous nous sommes tous couchés tard pour aider, de quelque façon que ce soit, ma mère à coudre des dizaines de salopettes pour les ouvriers. Ceux-ci allaient être livrés par la suite à une manufacture voisine, qui les avait commandés. Je me souviens encore de la douleur que j’ai ressentie en utilisant une paire de ciseaux, trop grande pour moi et pas adaptée au gaucher que j’étais. Lorsque l’entreprise qui avait embauché mon père s’est délocalisée en dehors de la ville, celle-ci nous a hébergés dans une loge avec une très grande cour. Nous avons alors commencé à exploiter une petite ferme familiale et, quand nous n’étions pas à l’école, chacun de nous devait avoir un doigt dans la tarte. C’est ainsi que, pendant mon adolescence, j’ai appris de nombreuses techniques agricoles, que ce soit pour planter différentes sortes de légumes, dépecer un lapin ou traire une vache. Je suis à jamais reconnaissant à mes parents de m’avoir préparé et de m’avoir inculqué de manière efficiente la vraie valeur de l’argent, la valeur de l’éducation, comment travailler dur et comment vivre très modestement.

Ma gratitude s’est accrue lorsque j’ai dû vivre et mettre en pratique toutes ces valeurs pour terminer mes études de médecine de longue durée, en essayant en même temps de gagner ma vie sans être un fardeau pour mes parents. Je suis devenu plus tard membre de l’Église et, ayant appris les principes de l’autonomie, j’enseigne ces mêmes principes à mes propres enfants tout en les mettant en pratique pendant que la main du Seigneur pourvoit à nos besoins.

Pendant ces mois de confinement, notre famille en est revenue à l’essentiel, et notre témoignage sur l’importance de respecter les principes de l’autonomie a été fortifié. Nous avons fait l’expérience de ce que c’était d’être spirituellement autonome en faisant de notre mieux pour suivre le programme d’étude de l’Évangile centré sur le foyer, en faisant notre prière et en accomplissant régulièrement notre ordonnance hebdomadaire de la Sainte-Cène. Nous avons même fait l’expérience d’une « éducation centrée sur le foyer et soutenue par l’école ». Nous étions reconnaissants de voir les fenêtres du ciel ouvertes à cause de la loi de la dîme, car nous avions tout ce dont nous avions besoin, et d’avoir suffisamment de nourriture dans notre réserve alimentaire alors que, pendant certaines semaines, de nombreux produits alimentaires de base étaient en carence sur les rayons des épiceries.

La pandémie a également donné à mes enfants plusieurs occasions d’apprendre à aider ceux qui sont dans le besoin, puisque certains d’entre nous ont participé aux deux journées mondiales de jeûne sur invitation de Russell M. Nelson.5 Nous avons plus d’une fois décidé de puiser dans notre réserve alimentaire et financière pour aider quelques membres de notre famille élargie dans le besoin et certains de nos voisins et leur apporter un peu de soulagement.

Je sais que nous pouvons tous nous préparer et aller de l’avant en apprenant les principes essentiels de l’autonomie et en travaillant à leur mise en pratique dans notre vie, même pendant les périodes difficiles. Je sais que le Seigneur pourvoira si nous faisons notre part, comme l’a promis le président Nelson en disant : « notre destination est sereine et sûre » si nous « attachons [notre] ceinture de sécurité, nous accrochons dans les secousses et faisons ce qui est juste. »6

Ifanomezana Rasolondraibe a été appelé comme soixante-dix d’interrégion en avril 2019. Il est marié à Felambolafotsy Cardiss Keithy Suman Ratsitobaina ; ils ont trois enfants. Frère et Sœur Rasolondraibe résident à Antananarivo (Madagascar)

Références

  1. Marion G. Romney, « Nature celeste de l’autonomie, » Le Liahona, mars 2009, 15.

  2. Manuel général d’instructions : Servir dans l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours [2020], 22.1.1.

  3. Doctrine et Alliances 104:15, 17.

  4. Voir David A. Bednar, « Nous les mettrons ainsi à l’épreuve, » Le Liahona, nov. 2020, 8-11.

  5. Voir Russell M. Nelson « Ouvrir les cieux pour recevoir de l’aide, » Le Liahona, mai 2020, 74.

  6. Voir Russell M. Nelson Facebook page, post from August 5, 2020 post; accessed on October 3, 2020.

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