La Voie vers l’Autonomie Peut Etre Longue, mais c’est Possible

Par Frère Thierry K. Mutombo

Deuxième Conseiller dans la Présidence de l’Interrégion d’Afrique Centrale

« J’ai décidé de prendre ma vie en mains, et j’ai décidé d’arrêter de me plaindre car je savais que les plaintes ne changent jamais rien. »

Lors de la Conférence générale d’avril 2017, M. Russell Ballard, du Collège des Douze Apôtres, a enseigné : « Au fil des ans, j’ai observé que ceux qui réalisent les plus grands accomplissements dans ce monde sont ceux qui ont une vision pour leur vie, avec des objectifs qui les font avancer en direction de leur vision, et des plans tactiques pour les atteindre. Savoir où vous allez et comment vous comptez y arriver peut donner un sens, un but et un accomplissement à la vie ».¹

Dieu, notre Père Céleste, nous a donné l’exemple parfait de la fixation des objectifs et de l’élaboration de plans. Il a déclaré au prophète Moïse que son but est « de réaliser l’immortalité et la vie éternelle de l’homme »². Nous savons que notre Père céleste ne fait rien qui ne soit pour le profit de ses enfants³.

Il nous aime et se soucie de nous. Il a béni chacun de nous avec des capacités qui nous aideront à réussir ce voyage dans la condition mortelle, et à nous préparer à retourner vivre à nouveau en sa présence.

Notre voyage dans la vie n’est pas un sprint – mais un marathon – et dans cette course de la vie, nous réussissons quand nous apprenons à faire un pas en avant dans la direction où nous désirons aller – chaque jour. De la même manière, notre voyage pour devenir autonome commence par un premier pas. Personne ne choisira ni ne décidera à notre place. Le chemin peut être long mais la destination est certaine. Il faut que nous apprenions à prendre la première initiative pour voir ce qui va suivre. Nous ne pouvons pas voir les prochaines opportunités qui nous attendent sans faire les efforts et les sacrifices nécessaires pour engager ce premier pas.

« Lorsque nous percevons un écart entre ce que nous sommes maintenant et ce que nous désirons devenir, beaucoup d’entre nous sont tentés de choisir de perdre la foi et l’espérance »⁴.

J’ai appris cette leçon dans ma propre vie. Après ma mission, je me suis senti perdu, ne sachant par où commencer ni quoi faire. Je me suis plaint de ma vie, comme si c’était la responsabilité de quelqu’un d’autre d’agir en mon nom. Il m’a fallu quelques mois avant de réaliser que les opportunités sont là pour tout le monde. Quand le soleil se lève le matin, il donne lumière et vie à tout le monde, peu importe notre situation sociale, émotionnelle, physique ou spirituelle. Il se lève le matin sans être sélectif et apporte de l’espoir à tout le monde. Ceux qui réussissent sont ceux qui voient les opportunités se présenter lorsque le soleil se lève et travaillent dur pour les saisir avant le coucher du soleil. Il y a ceux qui connaissent leur destination et font des plans pour y arriver.

Après avoir fait mon auto-évaluation, j’ai décidé de me concentrer sur des choses simples qui me permettraient d’avoir quotidiennement la compagnie du Saint-Esprit. J’ai arrêté de me plaindre de tout. Je me suis fixé des objectifs pour améliorer ma capacité personnelle à recevoir des révélations personnelles. Je savais que si je pouvais améliorer ma relation personnelle avec mon Père céleste, je serais guidé. J’ai décidé d’améliorer mes prières quotidiennes, mon étude quotidienne des Écritures. J’ai jeûné tous les mois et j’ai payé mes offrandes de jeûne. J’ai décidé de payer ma dîme, de magnifier mes appels et de respecter mes alliances. Je savais que si je pouvais faire ma part de l’alliance, Dieu accomplira la sienne – « car rien n’est impossible à Dieu »⁵.

Je savais que si je pouvais me tourner vers le Seigneur de tout mon cœur, mettre ma confiance en lui et le servir en toute diligence d’esprit, il me délivrera, selon sa volonté et son bon plaisir, de mes défis et faiblesses⁶. Être autonome, c’est la capacité, l’engagement et l’effort de procurer des besoins spirituels et temporels de la vie pour soi et sa famille.⁷

Je savais aussi que je suis un fils de Dieu et qu’Il se soucie de moi. Je me suis souvenu des promesses de Dieu dans Doctrine et Alliances 104:14-17 : « Moi, le Seigneur, j’ai déployé les cieux et bâti la terre, mon œuvre ; et tout ce qui s’y trouvent est à moi.

« Et j’ai l’intention de pourvoir aux besoins de mes saints, car tout est à moi.

« Mais il faut que cela se fasse à ma façon ; et voici, telle est la façon que moi, le Seigneur, j’ai décrété pour pourvoir aux besoins de mes saints : les pauvres seront élevés en ce que les riches sont abaissés.

« Car la terre est pleine, et il y en a assez, et même en réserve ; oui, j’ai tout préparé et j’ai donné aux enfants des hommes d’agir par eux-mêmes. »

J’ai décidé de prendre ma vie en mains, et j’ai décidé d’arrêter de me plaindre car je savais que les plaintes ne changent jamais rien.

J’ai quitté la maison de mes parents à vingt et un ans, et je suis allée vivre avec mon oncle. J’ai commencé à fréquenter l’Institut Supérieur des Techniques Appliquées.

Bien que dépourvu des moyens financiers pour me procurer de la nourriture ou payer pour le bus, je suis quand même allé à l’école, faisant parfois de l’auto-stop ou demandant de l’aide. Quelques fois, je pleurais, debout dans la rue – attendant de longues heures. Ma situation n’a jamais eu raison de moi au point de me décourager. Cela a duré trois ans. Puis j’ai fréquenté une autre université pendant cinq ans supplémentaires. C’était difficile, mais jamais je n’ai abandonné.

Je me souviens encore du conseil de mon père : « Mon fils, si tu n’apprends pas le prix d’une miche de pain, tu ne sauras jamais la véritable signification de ta vie. »

J’ai commencé à faire de petits boulots par-ci et par-là. J’ai encadré des étudiants. J’ai fait tout ce qui était honorable à faire. Parfois, les gens se moquaient de moi, mais je savais ce que je faisais. C’était pour ma vie.

Avec mon petit revenu, j’ai payé ma dîme et économisé pour payer mes études. Je serai toujours reconnaissant envers mes mentors, mes parents, mes dirigeants de la prêtrise et mes amis qui étaient là pour m’encourager. Ces expériences au début de ma vie ont aidé à construire la personne que je suis aujourd’hui.

J’étais encore étudiant lorsque j’ai décidé de me marier. Ma femme m’a aimé tel que j’étais, et non à cause de ce que je possédais. Certes, je n’avais rien de matériel – mais j’avais foi en notre Père Céleste et en son Fils Jésus-Christ ; et je travaillais dur chaque jour pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille.

Au fil des ans, Nathalie et moi avons travaillé ensemble, et elle a fait de moi l’homme que je suis. Nous sommes vraiment le fruit de notre foi et de nos efforts quotidiens.

Mes chers frères et sœurs, si vous savez où vous allez, et ce que vous voulez devenir, même si vous ne voyez pas complètement l’horizon et que l’avenir semble sombre, faites confiance au Seigneur et continuez d’essayer, une étape à la fois. Savoir où vous allez et comment vous comptez y arriver peut apporter un sens, un but et un accomplissement à la vie.

Je témoigne que Dieu vit et nous aime. Jésus est vraiment le Christ. Il est notre Sauveur et Rédempteur, et que grâce à son expiation, nous serons en mesure de surmonter les obstacles de notre vie. Nous pouvons faire mieux et être meilleurs.

Thierry K. Mutombo a été soutenu comme soixante-dix Autorité générale en avril 2020. Il est marié à Tshayi Nathalie Sinda ; ils sont parents de six enfants.