2023
La chaîne familiale en action des deux côtés du voile
Décembre 2023


Généalogie et histoire familiale

La chaîne familiale en action des deux côtés du voile

Sur le périodique l’Étoile de juin 1977, aujourd’hui le Liahona, le Président Kimball nous a demandé d’effectuer notre histoire familiale1. Il conseille à tous les « saints des derniers jours » de commencer par leur 4 générations, en remontant ainsi jusqu’à leurs arrières-grands-parents, et de continuer en recherchant le plus d’ancêtres possible, dans le but de leur donner la possibilité de choisir les ordonnances salvatrices qui seront faites en leur faveur dans les temples de l’Église dédiés à ce travail dont nous sommes responsables.

Quand j’ai eu la possibilité de lire cet éditorial de juin 1977, j’étais fraîchement converti depuis le 4 avril 1977.

J’ai d’abord été attiré par ce programme nouvellement imprimé - une directive toute nouvelle pour moi - ressentant fortement une sorte de puissance me guider dans cette démarche. J’ai commencé par questionner mes parents sur leur famille, commençant à relever sur un cahier des noms, des dates de naissance avec les lieux correspondants. Par la suite j’ai appris à faire des groupements de familles, assemblant dans un carton toutes les vieilles photos qui me venaient sous la main, les faire-part de mariage, de baptême, de communion, etc…

J’étais devenu généalogiste en herbe, progressant année après année dans ce domaine très prenant, durant une période formidable qui durera une trentaine d’années.

La première année de ma conversion, au mois d’août 1977, je me rendis dans mon pays natal ne sachant nullement par où commencer. Je reçus parfois de l’aide inattendue par des personnes qui m’ouvrirent des portes, mais toutes ne s’ouvrirent pas.

À cette époque, l’Italie était jalouse de ses archives, surtout dans les campagnes où l’on me questionnait sans cesse sur la raison de mes recherches, à quoi cela devait servir. Ne sachant pas exactement comment présenter les choses, j’expliquais simplement que, vivant dans un autre pays, je voulais connaître mes racines, ce qui n’était pas toujours suffisant pour convaincre…

Jusqu’au moment où Ernesto, un habitant du village, ami de mes parents et conseiller municipal (comme je l’ai été à une certaine période dans ma zone rurale), me fit ouvrir les portes de la commune disant au secrétaire : « Ce jeune homme, qui habite en France, fait des recherches généalogiques sur sa famille, ses parents sont très connus dans la zone, tu lui donnes tous les renseignements dont il a besoin. »

Il me fut expliqué que pendant la guerre 39/45 une partie des archives avaient été détruite par la milice ; de ce fait je n’obtins pas grand-chose en plus. Ce qui m’avait été fourni ayant été reconstitué, il y avait des erreurs qu’il fallait corriger. Le reste me serait expédié par la poste à une date ultérieure.

Ensuite, je pris contact avec le curé de la paroisse qui lui aussi fut intrigué par ma demande. Bon gré mal gré il commença à chercher dans ses registres. Lui aussi m’expliqua que pendant la guerre les archives avaient servi d’allume-feu en toutes occasions.

Les documents étaient très mal écrits, presque illisibles, difficiles à déchiffrer pour qui ne connaissait pas le latin. Au bout d’une heure à peine il commença de se plaindre d’un violent mal de tête ; je comprends alors qu’il ne faut pas insister. Je prends congé avec mon maigre butin. J’ai de quoi cogiter malgré tout, car j’ai fait des relevés sur les tombes du cimetière.

Huit années plus tard je reviens dans mon village natal ayant quelque peu avancé dans mes recherches avec le maigre butin récolté auparavant. J’avais pu commencer le travail au temple pour quelques ancêtres et pour mes parents ensuite.

Je prends contact avec le nouveau curé, intrigué lui aussi par mes recherches et demandes inhabituelles. Finalement, il me dit : « Va voir Enio dans le village, c’est lui qui a les registres anciens de la paroisse, demande-lui ce que tu recherches ! »

Je connais cette personne qui fait partie de la famille, ayant fait des études de latin dans son métier de professeur. Après explication, il confirme qu’il détient les registres de baptêmes, de mariage et de quelques décès des années avant 1800 jusqu’à 1950, qu’il a traduits du latin en italien pendant qu’ils étaient encore lisibles, afin qu’ils ne soient pas perdus. Une manne incroyable à laquelle je ne m’attendais pas !

Quelque part de l’autre côté du voile, des âmes de la chaîne familiale ont travaillé pour faire réaliser cela.

Je mis des mois à décortiquer le travail que j’avais photocopié, composant les familles avec tous les renseignements obtenus. Avec la famille élargie, même s’il y a des chaînons manquants, j’ai dépassé les 3000 noms : une belle récolte de l’épopée familiale qui a demandé des années de travail et qui perdure encore.

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