La patience, vertu céleste
Nous atendons souvent des solutions immédiates [aux] difficultés en oubliant que la vertu céleste de la patience est nécessaire.
J’ai rencontré récemment un vieil ami que je n’avais pas vu depuis un certain temps. Il m’a accueilli en me disant: «Comment vas-tu?» Je ne me rappelle pas les détails de ma réponse, mais sa question m’a poussé à méditer sur mes nombreuses bénédictions et sur ma reconnaissance pour la vie elle-même ainsi que pour l’honneur et l’occasion de servir.
Cette question suscite parfois une réponse inattendue. Il y a quelques années, j’ai assisté à une conférence de pieu au Texas. Le président de pieu m’attendait à l’aéroport et tandis que nous nous rendions en voiture jusqu’au centre de pieu, j’ai dit: «Président, comment allez-vous?»
Il a répondu: «J’aurais préféré que vous me posiez cette question il y a une semaine, car cette semaine a été riche en événements. Vendredi, j’ai perdu mon emploi; ce matin, ma femme a attrapé une bronchite et cet après-midi, notre chien a été renversé et tué par une voiture. A part cela, je crois que tout va bien.»
La vie est pleine de difficultés, des petites et des plus importantes. Il semble qu’il y ait une réserve infinie d’épreuves pour chacun de nous. Le problème est que nous attendons souvent des solutions immédiates à ces difficultés, en oubliant que la vertu céleste de la patience est nécessaire.
Le conseil que nous avons entendu dans notre jeunesse est encore d’application de nos jours et doit être suivi. «Sois patient», «Attends un peu», «Ralentis», «Ne te presse pas comme ça», «Respecte les règles», «Fais attention» sont plus que des expressions banales. Elles expriment des conseils sincères et sont marquées du sceau de la sagesse et de l’expérience.
Des jeunes irréfléchis et imprudents remplissant une voiture qui dévale la route dangereuse et pleine de virages d’un canyon peuvent soudain perdre le contrôle, la voiture peut quitter la chaussée avec sa cargaison précieuse et se précipiter dans le ravin, ce qui entraîne souvent un invalidité permanente, peut-être une mort prématurée et du chagrin pour les proches. Un instant de plaisir peut se transformer instantanément en une vie de regret.
O, précieuse jeunesse, donne une chance à la vie. Applique la vertu de la patience.
Il faut de la patience quand on est malade et que l’on souffre. Si le seul homme parfait qui ait jamais vécu, Jésus-Christ, a été appelé à supporter de grandes souffrances, comment pouvons-nous, nous qui sommes moins que parfaits, espérer être dispensés de ces épreuves?
Qui peut compter les nombreuses personnes solitaires, âgées et désemparées, celles qui se sentent abandonnées par la vie qui avance inexorablement et qui disparaît de la vue de ceux qui méditent, se posent des questions et remettent parfois les choses en question quand ils sont laissés seuls à leurs réflexions. La patience peut être une compagne utile dans ces moments difficiles.
De temps en temps, je visite des maisons de retraite où on trouve de la longanimité. Pendant que j’assistais aux réunions du dimanche dans l’une d’entre elles, j’ai remarqué une jeune fille qui s’apprêtait à jouer du violon pour le réconfort de l’assemblée. Elle m’a dit qu’elle avait peur et qu’elle espérait faire de son mieux. Quand elle a joué, quelqu’un s’est écrié: «Oh, vous êtes très jolie et vous jouez très bien.» Les accents de l’archet qui se déplaçait sur les cordes tendues et les mouvements élégants des doigts de la jeune fille semblaient inspirés par le commentaire imprévu. Son interprétation a été excellente.
Plus tard, je l’ai félicitée, elle et son accompagnatrice talentueuse. Elles ont répondu: «Nous sommes venues pour apporter de la joie aux personnes de santé délicate, aux personnes malades et aux personnes âgées. Nos craintes ont disparu quand nous jouions. Peut-être leur avons-nous apporté de la joie, mais elles nous ont vraiment inspirées.»
Parfois les rôles sont inversés. Wendy Bennion, une jeune amie de Salt Lake City que j’aime, en est un exemple. Avant hier, elle est morte paisiblement et elle est retournée «à ce Dieu qui [lui] a donné la vie» (Alma 40:11). Elle s’est battue pendant plus de cinq longues années contre le cancer. Toujours pleine d’enthousiasme, aidant toujours les autres, ne perdant jamais la foi, elle avait un sourire communicatif qui attirait les autres vers elle comme un aimant. Pendant qu’elle était malade et qu’elle souffrait, l’une de ses amies qui se sentait déprimée par sa popre situation, a rendu visite à Wendy. Nancy, la mère de Wendy, sachant que Wendy souffrait énormément, pensait que son amie était peut-être restée trop longtemps. Elle a demandé à Wendy, après le départ de son amie, pourquoi elle l’avait laissée rester si longtemps alors qu’elle souffrait tant. Wendy a répondu: «Ce que j’ai fait pour mon amie était bien plus important que ma propre douleur. Si je peux l’aider, alors ma souffrance a un sens.» Son attitude me rappelle le Christ qui a supporté les chagrins du monde, a souffert patiemment une douleur et une déception atroces, mais qui, en passant en silence devant un aveugle de naissance, lui a rendu la vue. Il a abordé la veuve de Naïn et a ressuscité son fils qu’elle pleurait. Il a monté péniblement la pente escarpée menant au Calvaire en portant sa propre croix, sans se laisser détourner par les railleries et les taquineries constantes qui accompagnaient chacun de ses pas. En effet, il avait une mission divine à remplir. D’une manière très réelle, il visite chacun d’entre nous avec ses enseignements. Il apporte la joie et inspire la bonté. Il a donné sa vie précieuse pour que le sépulcre ne remporte pas la victoire, que la mort n’ait point d’aiguillon et que la vie éternelle nous soit accordée.
Descendu de la croix et enseveli dans un tombeau d’emprunt, cet homme de douleur habitué aux souffrances s’est levé le matin du troisième jour. Sa résurrection a été découverte par Marie et l’autre Marie quand elles se sont approchées du tombeau. La grande pierre qui en bloquait l’entrée avait été roulée. Deux anges en habits resplendissants qui se tenaient à côté ont demandé: «Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n’est point ici, mais il est ressuscité» (Luc 24:5-6).
Paul a déclaré aux Hébreux: «Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte» (Hébreux 12:1).
Il n’y a peut-être jamais eu une telle démonstration de patience que celle de Job que la Bible décrit comme étant intègre et droit; il craignait Dieu et se détournait du mal (voir Job 1:1). Il avait la bénédiction d’avoir de grandes richesses. Satan a obtenu la permission du Seigneur d’essayer de tenter Job. Comme la misère de Job fut grande, comme ses pertes furent terribles, comme il fut torturé. Pressé par sa femme de maudire Dieu et de mourir, il a répondu en exprimant sa foi: «Je sais que mon Rédempteur est vivant, et qu’il se lèvera le dernier sur la terre. Quand ma peau sera détruite, il se lèvera; quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu» (Job 19:25-26). Quelle foi, quel courage, quelle confiance. Job a perdu ses biens; tous. Job a perdu sa santé; complètement. Job a magnifié la mission reçue. Job a personnifié la patience.
Un autre exemple de la vertu de la patience est Joseph Smith, le prophète. Après son expérience divine dans le bosquet sacré, où le Père et le Fils lui sont apparus, il a été appelé à attendre. Enfin, après avoir subi plus de trois années de moqueries pour ses croyances, Joseph a reçu la visite de l’ange Moroni. Puis il lui a été demandé d’attendre encore et de faire preuve de plus de patience. Rappelons-nous le conseil qui se trouve dans Esaïe: «Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Eternel. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées» (Esaïe 55:8-9).
De nos jours, dans notre vie précipitée et agitée, nous ferions bien de revenir en arrière pour la leçon qui nous était donnée quand nous traversions les rues dangereuses. L’avertissement était: «Arrêtez-vous, regardez et écoutez». Ne pourrions-nous pas les appliquer maintenant? Arrêtez-vous sur le chemin qui mène à la destruction. Levez les yeux pour obtenir l’aide de Dieu. Ecoutez son invitation: «Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos» (Matthieu 11:28).
Il nous enseignera la véracité de ces beaux vers:
La vie est réelle! La vie est importante!
Et la tombe n’en marque pas la fin;
Tu es poussière et tu retourneras à la poussière
N’a pas été dit au sujet de l’âme.
(Henry Wadsworth Longfellow, «A Psalm of Life»)
Nous apprendrons que chacun de nous est précieux pour notre Frère aîné, le Seigneur Jésus-Christ. Il nous aime vraiment.
Sa vie est un exemple parfait de quelqu’un qui a subi chagrins et déceptions. Il a cependant donné l’exemple de l’abnégation et du service. Les vers de notre enfance nous reviennent en mémoire:
Oui, Jésus m’aime;
Oui, Jésus m’aime;
Oui, Jésus m’aime:
C’est la Bible qui me le dit.
(«Jesus Loves Me!», Alexander’s Gospel Songs, compilé par Charles M. Alexander, New York, Fleming H. Revell Co., 1908, p. 139).
Et le Livre de Mormon aussi, Doctrine et Alliances aussi et Perle de Grand Prix aussi. Que les Ecritures soient votre guide et vous ne vous trouverez jamais sur une route qui ne mène nulle part.
De nos jours, certains sont au chômage, sont sans argent, n’ont pas confiance en eux. Ils ont faim et sont continuellement découragés. Mais voici de l’aide, de la nourriture pour ceux qui ont faim, des vêtements pour ceux qui sont nus et un toit pour les sans–abri.
Des milliers de tonnes sortent des magasins de l’Eglise toutes les semaines, de la nourriture, des vêtements, du matériel et des fournitures médicales, et sont envoyées aux quatre coins de la terre et vers les placards vides et les gens nécessiteux plus près de chez nous.
Je témoigne que des dentistes et des médecins de talent sont motivés à quitter régulièrement leur cabinet pour faire don de leurs talents à ceux qui en ont besoin. Ils parcourent de longues distances pour opérer des becs-de-lièvre, corriger des malformations osseuses et guérir des handicapés; ils font tout cela par amour pour les enfants de Dieu. Les affligés qui ont attendu les soins avec patience sont bénis par ces hommes et ces femmes au comportement angélique.
Pour reprendre les paroles d’un chant célèbre, je souhaiterais que vous puissez vous envoler avec moi vers l’est de l’Allemagne où je suis allé le mois dernier. Sur l’autoroute, j’ai pensé que vingt-sept ans plus tôt, j’avais vu sur les mêmes autoroutes des camions chargés de soldats et de policiers. Des chiens aboyaient partout en tirant sur leur laisse et les rues étaient pleines d’informateurs. A cette époque, la flamme de la liberté vacillait, presqu’éteinte. Un mur de la honte s’est dressé et un rideau de fer est tombé. L’espoir n’était cependant pas perdu. La vie précieuse continuait «avec foi, sans douter» (Jacques 1:6). Il fallait avoir la patience d’attendre. La confiance fidèle en Dieu marquait la vie de chaque saint des derniers jours.
La première fois que je suis allé de l’autre côté du mur, la crainte régnait parmi les membres qui s’efforçaient d’assumer leurs devoirs. J’ai vu la tristesse et le désespoir sur le visage de nombreux passants; cependant une belle expression d’amour émanait de nos membres. A Görlitz, le bâtiment où nous nous réunissions était criblé de trous d’obus de la guerre mais l’intérieur reflétait les tendres soins de nos dirigeants pour apporter la lumière et la pureté à un bâtiment autrement usé et sale. L’Eglise avait survécu à la guerre et à la guerre froide qui a suivi. Le chant des saints vivifiait chaque âme. Ils chantaient l’ancien chant de l’Ecole du Dimanche:
Si la route est dure à suivre, ne crains pas!
Jésus est là qui délivre; ne crains pas!
Si tu n’as connu que les pleurs, tu recevras le grand bonheur
d’être de Christ le moissonneur. Ne crains pas!
Ne perds donc pas l’espérance,
Quel que soit le combat,
Car un jour de délivrance
Attend celui qui ne craint pas.
(Cantiques, n° 69).
J’ai été touché par leur sincérité. J’ai été bouleversé par leur pauvreté. Ils avaient si peu. Mon cœur s’est empli de chagrin parce qu’ils n’avaient pas de patriarche. Ils n’avaient pas de paroisse ni de pieu, rien que des branches. Ils ne pouvaient pas recevoir les bénédictions du temple ni les dotations ni les scellements. Aucun visiteur officiel n’était venu du siège de l’Eglise depuis longtemps. Il était interdit aux membres de quitter leur pays. Cependant ils faisaient confiance au Seigneur de tout leur cœur et ils ne s’appuyaient pas sur leur propre compréhension. Dans toutes leurs voies, ils le reconnaissaient et il dirigeait leurs pas. J’étais au pupitre et, les yeux remplis de larmes et la voix étouffées par l’émotion, j’ai fait une promesse aux gens: «Si vous restez sincères et fidèles aux commandements de Dieu, vous aurez toutes les bénédictions qu’a n’importe quel membre de l’Eglise de quelque autre pays.»
Ce soir-là, je me suis rendu compte de ce que j’avais promis; je me suis agenouillé et j’ai fait cette prière: «Père céleste, Je suis ton envoyé; c’est ton Eglise. J’ai prononcé des paroles qui ne venaient pas de moi, mais de toi et de ton Fils. Veuille donc accomplir la promesse dans la vie de ces gens si nobles.» Les paroles du Psalmiste me sont venues à l’esprit: «Arrêtez, et sachez que je suis Dieu» (Psaumes 46: 11). La vertu céleste de la patience était requise.
Petit à petit la promesse s’est accomplie. Premièrement on a ordonné des patriarches puis on a produit des manuels de leçons. On a formé des paroisses et créé des pieux. On a commencé la construction de lieux de réunions et de centres de pieu, on les a terminés, puis consacrés. Puis, miracle des miracles, un saint temple de Dieu a été autorisé, on a dessiné les plans, on l’a construit et consacré. Finalement, après cinquante ans d’absence, les missionnaires à plein temps ont reçu l’approbation d’entrer dans le pays et les jeunes de ce pays celle de servir ailleurs dans le monde. Puis comme les murs de Jéricho, le mur de Berlin est tombé et la liberté, avec toutes les responsabilités qui en découlent, a été rendue.
Toutes les parties de la précieuse promesse prononcée vingt-sept ans plus tôt se sont accomplies sauf une. La petite ville de Görlitz où la promesse avait été faite n’avait pas encore d’église. Maintenant, ce rêve, lui aussi, est devenu une réalité. Le bâtiment a été approuvé et terminé. Le jour de la consécration est venu. Il y a un mois, sœur Monson et moi, avec frère Uchtdorf et sa femme, avons eu une réunion de consécration à Görlitz. Nous avons chanté les mêmes chants que vingt-sept ans auparavant. Les membres comprenaient l’importance de la situation qui marquait l’accomplissment total de la promesse. Ils pleuraient et ils chantaient. Le chant du juste a réellement été une prière pour le Seigneur et a été exaucé par une bénédiction sur leur tête.
A la fin de la réunion, nous avions du mal à partir. Quand nous sommes partis, nous les avons tous vu agiter la main, entendu dire «Auf Wiedersehen, auf Wiedersehen, Dieu soit avc toi jusqu’au revoir.»
La patience, vertu céleste, a apporté aux saints humbles sa récompense céleste. Les paroles du Requiem de Rudyard Kipling semblaient très appropriées:
Le tumulte et les cris meurent;
Les capitaines et les rois nous quittent.
Il reste ton ancien sacrifice:
Un cœur humble et contrit.
Seigneur des armées, reste avec nous
de peur que nous oubliions, que nous oubliions.
Au nom de Jésus-Christ. Amen. 9