« Le Livre de Mormon à Soweto », Histoire de l’Église dans tous les pays – Afrique du Sud, 2019
« Le Livre de Mormon à Soweto », Histoire de l’Église dans tous les pays – Afrique du Sud
Le Livre de Mormon à Soweto
Un jour de l’année 1968, Piet Mafora faisait des livraisons à Johannesbourg quand il vit pour la première fois un bâtiment de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Piet appartenait à une assemblée de Soweto au sein de laquelle les membres croyaient au Livre de Mormon et l’étudiaient. Cependant, aucun d’eux n’avait jamais rencontré de saint des derniers jours. La raison était simple : l’église se trouvait dans un quartier blanc alors que tous les membres du groupe étaient noirs. À cette époque, la loi et la culture en Afrique du Sud limitaient les interactions entre les races.
Malgré ces barrières, Moses Mahlangu, membre du groupe, était déterminé à établir le contact. La première fois qu’il se rendit au bâtiment, celui-ci était vide. La deuxième fois, il rencontra Maureen van Zyl, une sœur de la paroisse qui le mit en relation avec le foyer de la mission. Rapidement, Moses rencontra le président de mission et fit part du désir de son groupe de se joindre à l’Église et de recevoir le don du Saint-Esprit.
Les dirigeants de la mission admiraient la détermination de leur interlocuteur mais ne savaient pas comment faire. Les membres du groupe de Moses Mahlangu étaient dévoués ; les dirigeants savaient qu’une fois l’Église établie à Soweto, elle grandirait rapidement. Cependant, outre les difficultés propres à l’Afrique du Sud, l’Église ne permettait pas, depuis les années 1850, que les Noirs reçoivent la prêtrise. Les dirigeants de la mission demandèrent à Moses de patienter car ils ne savaient pas comment gérer les restrictions de l’Église ni la pression qu’exerçait le gouvernement pour que les races ne soient pas mélangées au sein des assemblées.
Les membres du groupe attendirent patiemment pendant plus de dix ans. En 1978, Spencer W. Kimball, président de l’Église, annonça que les saints pouvaient être ordonnés à la prêtrise « sans distinction de race ou de couleur » mais il restait des obstacles à franchir en Afrique du Sud. Les dirigeants de mission et de pieu se concertèrent sur la manière d’aller de l’avant malgré le regard pesant du gouvernement et la réticence de certains membres blancs, notamment des dirigeants locaux. Olev Taim, le président de pieu, expliqua : « Nous avons cherché les principes contenus dans le Livre de Mormon. » On y lisait la manière dont les Néphites et les Lamanites avaient dépassé des différends profonds pour vivre comme des frères et sœurs dans l’Évangile.
En 1980, les membres d’Afrique du Sud étaient prêts à commencer à établir une église multiraciale. Cette année-là, dans tout le pays et pour la première fois, il y eut plus de baptêmes de convertis noirs et métis que de blancs. Dans la province du Natal, beaucoup de convertis indiens devinrent membres de l’Église. Moses Mahlangu et les membres de son groupe se firent baptiser en septembre.
Au début, ils se rendaient à la paroisse de Johannesbourg. Pour arriver à l’église à l’heure, ils se levaient à 4 heures du matin. Parfois, ils entendaient des commentaires racistes ou blessants à l’église. D’autres fois, l’exemple des membres les réconfortaient, comme lorsqu’une mère avait repris son jeune fils suite à une remarque déplacée, lui rappelant immédiatement que « l’Église est pour tout le monde ».
En 1981, une branche fut organisée à Soweto. Des membres blancs, tels que Maureen van Zyl, venaient dans le township pour assister aux réunions aux côtés de la famille Mahlangu et d’autres saints noirs. En passant du temps ensemble et en s’écoutant les uns les autres, ils tissèrent des liens d’amitié durables malgré les différences culturelles qui les avaient autrefois séparés.