Trois centavos
Trois centavos, cela n’a pas l’air d’être beaucoup, mais le fait de les trouver a produit un grand changement dans ma vie.
« Non, frère, je ne crois pas que je vais partir en mission », disais-je chaque fois que mon évêque me demandait de réfléchir à la question.
Quand ma famille est devenue membre de l’Eglise, nous avons dû apprendre et désapprendre beaucoup de choses. Etant des convertis, nous n’avions encore jamais envisagé ni parlé de partir en mission. Le sacrifice paraissait trop grand.
Pourtant, j’étais pratiquant. J’assistais à toutes mes réunions et j’acceptais les responsabilités que l’on me confiait. J’étais dans ma deuxième année d’études de comptabilité lorsque l’évêque m’a appelé comme greffier financier.
Un mercredi, j’étais occupé à essayer de découvrir une erreur dans les registres. Je n’arrivais pas à trouver la différence de 3 centavos entre les documents de l’Eglise et ceux de la banque. Je devais remettre le rapport le lendemain et ce bref délai aggravait ma détresse. Je me rendais compte que la seule chose sensée à faire était de me faire aider.
J’ai expliqué mon problème à l’évêque. A ma grande surprise, au lieu de se mettre immédiatement à examiner le rapport, il m’a invité à me mettre à genoux et à prier avec lui pour expliquer le problème au Seigneur. Quand nous nous sommes relevés, il m’a demandé de lui montrer le rapport. Presque immédiatement et sans utiliser de calculatrice, il a montré une colonne du doigt et a dit : « C’est là qu’est ton problème. »
J’ai fait le total, il avait raison. J’avais le sentiment que je venais d’assister à un miracle. Mon témoignage jeune et faible de l’Eglise et des dirigeants de l’Eglise était fortifié.
Pendant que j’étais encore sous le coup de cette expérience, l’évêque m’a demandé : « Maintenant, est-ce que tu pars en mission ? »
Cette fois-ci, j’ai dit : « Oui. »
Ce soir là, en sortant de l’église, j’avais sur moi le dossier de candidature missionnaire que je devais remplir. Bientôt j’ai été appelé à travailler à plein temps dans la mission de Baguio (Philippines).
Bien des années se sont écoulées depuis ce soir-là et depuis cette prière exaucée. Après avoir fait une mission de deux ans, j’ai repris mes études et j’ai obtenu mon diplôme, quatre ans après la plupart des gens. Mais si je devais le refaire, je déciderais quand même de faire ma mission.
Je suis reconnaissant d’avoir eu un évêque qui m’a donné le bon exemple et qui a obéi à l’inspiration de poser la bonne question au bon moment. Je suis reconnaissant aussi à mon Père céleste. Non seulement il m’a aidé à trouver les trois centavos pour équilibrer mon rapport, mais il m’a aussi donné en bénédiction un grand nombre d’expériences missionnaires qui n’ont pas de prix.
Joel B. Macariola est membre de la paroisse de Tangub, pieu de Bacolod Sud (Philippines).