Papa, est-ce que tu es réveillé ?
Vos fils se demandent-ils si vous dormez, quand il s’agit de ce qui compte le plus pour eux ?
Il y a peu de temps, frère Pace, frère Condie et moi avions une réunion avec la Première Présidence. Lorsque nous sommes entrés dans la salle, le président Hinckley nous a regardés attentivement puis a dit, avec un petit sourire : « Comment trois hommes âgés aux cheveux blancs peuvent-ils être la présidence des Jeunes Gens de cette Église ? Notre seule réponse a été : « Parce que vous nous y avez appelés, Président. »
Chers jeunes gens, j’espère que le programme intitulé Prêtrise d’Aaron, accomplissons notre devoir envers Dieu vous enthousiasme. Il a été présenté à la Prêtrise d’Aaron du monde entier. Il est destiné à vous apporter des bénédictions sur les plans spirituel, physique, social et psychologique. Les tâches à accomplir sont importantes et vous feront aller presque jusqu’au bout de vos capacités. Vous pourrez vous fixer des objectifs personnels et les atteindre avec l’aide de vos parents et de vos grands dirigeants. Partout dans le monde, ce programme suscite un remarquable enthousiasme. Nous voulons que chacun de vous se qualifie et reçoive la distinction convoitée du Devoir envers Dieu.
Il y a de nombreuses années, j’ai emmené notre fils unique faire pour la première fois du camping. Il était encore jeune. Le canyon était escarpé et la descente difficile. Mais la pêche a été bonne. Chaque fois que j’attrapais un poisson, je passais la canne à pêche à mon fils qui n’attendait que cela et qui remontait une belle truite en poussant des cris de joie. Dans la fraîcheur de la fin de l’après-midi, nous sommes remontés vers la crête loin au-dessus de nous. Il m’a devancé et a escaladé rapidement le versant et m’a crié pour me défier : « Tu viens, papa. Je parie que j’arrive en haut avant toi. » Je l’ai entendu, mais j’ai bien pris soin de ne pas relever le défi. Sa frêle silhouette semblait voleter au-dessus, en dessous et autour de chaque obstacle et, alors qu’à chaque pas j’avais l’impression d’être ridiculement sur le point d’expirer, il a atteint le sommet où il s’est arrêté pour m’encourager. Après le repas du soir, nous nous sommes agenouillés pour faire la prière. Sa petite voix douce s’est élevée vers les cieux pour remercier Dieu de notre journée. Puis nous nous sommes glissés dans notre grand sac de couchage et j’ai senti son petit corps s’installer et se blottir conte le mien pour y trouver la chaleur et la protection contre la nuit. En regardant mon fils à côté de moi, j’ai éprouvé soudain un flot de tendresse m’envahir avec une telle force que j’en ai eu les larmes aux yeux. Et, à ce moment précis, il m’a pris dans ses petits bras et m’a dit :
« Papa ?
– Oui mon fils ?
– Est-ce que tu es réveillé ?
– Oui, mon fils.
– Papa, je t’aime très très très fort ! »
Et il s’est endormi immédiatement. Mais je suis resté éveillé pendant une partie de la nuit à exprimer ma reconnaissance pour tant de bénédictions merveilleuses contenues dans le corps d’un petit garçon.
Maintenant, mon fils est un homme et il a un fils, lui aussi. Tous les trois, nous allons parfois à la pêche. Je regarde mon jeune petit-fils aux cheveux roux à côté de son père, et le souvenir de ce merveilleux moment d’il y a longtemps me revient. La question si innocemment posée résonne encore dans mes oreilles : « Papa, est-ce que tu es réveillé ? »
Je pose cette même question profonde à chaque père : « Pères, est-ce que vous êtes réveillés ? » Vos fils se demandent-ils si vous dormez quand il s’agit de ce qui compte le plus pour eux ? Je vais mentionner plusieurs points qui montrent si nous sommes « réveillés » ou si nous « dormons » pour nos fils.
Premièrement, nous aimons Dieu et nous acceptons notre rôle de chef de famille en gardant ses commandements. Il y a quelques années, après une conférence de pieu, je me suis senti poussé à rendre visite à un frère de la prêtrise qui s’était éloigné de l’Église. Nous l’avons trouvé au travail dans son jardin. Je suis allé vers lui et lui ai dit : « Cher frère, c’est le Seigneur qui m’envoie auprès de vous. Je suis l’un de ses serviteurs. Mon nom est frère Hammond. »
Nous nous sommes pris dans les bras, comme de coutume dans les pays latins, et nous sommes entrés dans sa jolie petite maison. Il a demandé à sa femme et à ses trois enfants de venir avec nous. Deux beaux jeunes gens et une belle jeune fille se sont assis à côté de leur père et de leur mère. J’ai demandé aux enfants ce qu’ils préfèreraient avoir immédiatement plus que tout au monde. L’aîné a dit : « Si nous pouvions tous retourner en famille à l’Église, nous serions très heureux et très reconnaissants. » Nous leur avons dit combien le Sauveur avait besoin d’eux et combien il les aimait. Nous leur avons rendu témoignage et nous nous sommes agenouillés pour faire une prière. C’est le père qui l’a faite. La mère pleurait. Ils sont maintenant redevenus tout à fait pratiquants. Les enfants sont fiers de leur père et ils sont heureux.
Chaque père de l’Église doit jouer le rôle de patriarche dans son foyer. Il doit prendre la direction spirituelle de sa famille. Il ne doit pas déléguer ses responsabilités à la mère ni y renoncer. Il doit appeler les membres de sa famille pour faire la prière, la soirée familiale, la lecture des Écritures et avoir de temps en temps des entretiens avec ses enfants. Il est leur protecteur, leur défenseur et fait régner la discipline en douceur. Il appartient au père de diriger et de réunir sa famille, et de fortifier les liens familiaux en acceptant la prêtrise de Dieu et en honorant les appels et les droits sacrés se rapportant à l’autorité de celle-ci. Sa relation avec Dieu et avec son Fils Jésus-Christ est un des moyens de diriger ses fils et ses filles au milieu des écueils et des tempêtes de la vie.
Si le père est un véritable disciple de Jésus-Christ, alors les fils le suivront comme la nuit suit le jour. « Papa, est-ce que tu es réveillé ? »
Deuxièmement : La relation que nous avons avec notre femme, leur mère. En tenant compte de tout ce que nous faisons d’autre, c’est sans doute notre manière de traiter notre femme qui aura le plus d’effet sur la personnalité de nos fils. Si un père est coupable d’infliger, aussi peu soit-il, des sévices verbaux ou physiques à sa femme, ses fils lui en voudront et le mépriseront peut-être même pour cela. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que, lorsqu’ils grandiront et se marieront, ils risquent de reproduire ce comportement et d’infliger des sévices à leur femme. Notre société a grand besoin de pères qui respectent leur femme et qui la traitent avec tendresse et amour.
J’ai entendu récemment parler d’un père qui avait la sottise de traiter, de la manière la plus dégradante, sa femme, belle et intelligente, d’idiote pour de petites erreurs commises en toute innocence. Les enfants écoutaient, gênés et effrayés pour leur mère. Elle était rabaissée en présence de ceux qu’elle aimait le plus. Malgré les excuses et le pardon exprimés, il restait la blessure et la honte de ces situations où son mari avait manqué d’égard pour elle
Nous ne pouvons pas espérer que l’Esprit du Seigneur nous bénisse si nous sommes toujours coléreux, durs et cruels envers notre femme. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que nos fils fassent preuve de respect et de douceur envers leur mère si nous ne donnons pas le bon exemple. Le président David O. McKay a dit : « Le plus important qu’un père puisse faire pour ses enfants est d’aimer leur mère » (Citation de Theodore Hesburgh, Reader’s Digest, janvier 1963, p. 25, dans Richard L. Evans Quote Book 1971, p. 11). « Papa, est-ce que tu es réveillé ? »
Troisièmement, faire régner une discipline juste et assurée avec amour. Trop souvent, par contrariété et par faiblesse, nous levons la main pour frapper nos enfants, en essayant généralement de flatter notre orgueil. Tous les enfants ont besoin d’être corrigés. Non seulement ils en ont besoin, mais ils le demandent. La discipline donne la direction et enseigne la maîtrise de soi, mais toutes les disciplines doivent être empreintes de jugement juste et d’amour pur.
Quand j’étais jeune, ma mère, qui était veuve m’a imposé la discipline la plus stricte. Les larmes aux yeux, elle m’a dit : « Mon fils, tu me déçois tant. » La peine que je ressentais m’était insupportable. Un millier de coups de fouet ne m’auraient pas blessé aussi profondément. Je savais qu’elle ne me faisait cette réprimande que par amour pur, car si j’étais certain d’une chose, c’était que ma mère m’aimait. J’ai décidé de ne plus jamais causer de déception ni de chagrin à ma mère qui était un ange. Je crois que j’ai réussi à tenir parole.
Pour ce qui est de la discipline, « pères, est-ce que vous êtes réveillés ? »
Pères, il faut absolument que nous maîtrisions les problèmes que j’ai mentionnés pour que nos fils soient mûrs spirituellement et émotionnellement. Si nous le faisons, ils n’auront pas honte de nous, et jamais honte d’eux-mêmes. Ils deviendront des hommes honorables, respectueux, pleins d’amour et disposés à servir le Sauveur et à se soumettre à lui. Ils se réjouiront alors de nous appartenir à jamais. Ils diront : « Papa, est-ce que tu es réveillé ? »
Et nous répondrons : « Oui, mon fils. Je suis réveillé. »
Au nom de Jésus-Christ. Amen.