Se rendre aux persuasions de l’Esprit-Saint
Il se manifeste en nous des murmures qui proviennent d’une source divine ; si nous les suivons, ils nous aideront à rester sur le droit chemin, nous protégeant ainsi des influences néfastes et des déviations dangereuses.
J’ai été élevé par des parents aimants dans un foyer où l’on enseignait et mettait en pratique les valeurs qui m’ont préparé à devenir membre de l’Église et à accepter les principes de l’Évangile. J’ai été baptisé en août 1959, peu de temps après mon dix-neuvième anniversaire. Quand je réfléchis aux événements qui ont précédé ma conversion, un épisode de mon enfance me revient à l’esprit.
Près de la maison où j’ai passé mon enfance se trouvait une très grande maison. Elle était située sur une belle propriété, protégée par une clôture en panneaux de bois qui me semblait très haute, elle avait probablement près de deux mètres. Je me souviens avoir regardé par les trous dans les panneaux, là où des nœuds du bois étaient tombés. J’avais l’impression de regarder un monde différent à travers un télescope. Les pelouses soigneusement entretenues, les parterres de fleurs bien soignés, et un petit verger formaient un cadre idyllique pour la belle demeure. Malheureusement, les occasions d’admirer cette vue étaient toujours très brèves à cause d’un vigilant bouledogue britannique qui patrouillait dans le jardin et qui était immédiatement attiré par quiconque s’approchait de la clôture. Le chien féroce était enfermé dans le jardin, cependant lorsque je l’entendais renifler en s’approchant de la clôture, j’avais peur et je m’éloignais vite, car ma vive imagination inventait toutes sortes de possibilités.
M. et Mme Lyons qui habitaient cette maison, étaient enseignants. Ils avaient un comportement digne et semblaient apprécier l’intimité que leur procurait la situation de leur maison. Pour ajouter au mystère, M. Lyons n’avait pas de main droite. Elle était remplacée par un crochet en acier qui dépassait de la manche de sa veste. Dans mon esprit d’enfant, j’imaginais M. Lyons qui se lançait à ma poursuite, m’attrapait par le col avec son crochet et me faisait prisonnier.
Je me souviens d’un matin d’août ; je devais avoir dix ou onze ans. Dans la nuit, le vent avait soufflé avec une force inhabituelle, et quand je suis sorti de la maison, mes amis m’attendaient. Ils avaient l’air agité et ils m’ont demandé : « Est-ce que tu as entendu le vent la nuit dernière ? »
Lorsque j’ai répondu par l’affirmative, ils m’ont raconté leur découverte… le vent avait abattu des parties de la clôture qui entourait la maison de M. et Mme Lyons. Je ne comprenais pas la raison de toute cette agitation et je leur ai demandé de me l’expliquer.
Ils ont répondu avec encore plus d’enthousiasme : « Nous pouvons accéder aux pommiers ! »
Toujours très méfiant, j’ai demandé : « Et M. Lyons ? »
« M. et Mme Lyons ne sont pas là, ils visitent de la famille. »
« Où est le chien ? » ai-je demandé.
Ils m’ont répondu : « Ils l’ont mis dans un chenil. »
Il était évident que mes amis avaient tout examiné en détail. Ainsi, rassurés par leurs paroles, nous nous sommes rués vers notre cible. Une fois dans le jardin, nous avons grimpé aux arbres et cueilli rapidement les fruits, remplissant nos poches et aussi l’espace entre notre chemise et notre corps. Mon cœur battait fort et mon pouls était précipité, car je craignais de voir le chien ou M. Lyons ou tous les deux, surgir dans le jardin et nous attraper d’un moment à l’autre. Nous nous sommes enfuis du lieu de notre transgression vers un endroit retiré dans un bois proche, et, après avoir retrouvé notre calme, nous avons commencé à manger les pommes.
Nous étions au mois d’août et les pommes n’étaient pas encore assez mûres pour qu’on les mange. En réalité, elles étaient très acides, mais nous n’étions pas découragés par le goût âpre de ces pommes vertes et nous mangions notre butin avec enthousiasme, agissant sous l’emprise d’une compulsion que je suis incapable d’expliquer maintenant. Après en avoir dévoré pas mal, je me suis contenté de mordre dans chaque pomme qui me restait et de la jeter ensuite dans des buissons proches. Cette insouciance s’atténuait au fur et à mesure que nos corps commençaient à réagir à ce que nous leur infligions. La réaction chimique entre mes sucs gastriques et les pommes vertes m’avait donné des crampes d’estomac et la nausée. Comme j’étais assis là à regretter ce que j’avais fait, je me suis rendu compte d’un sentiment au fond de moi qui produisait une gêne encore plus désagréable que les pommes pas mûres.
Cette gêne plus forte venait du fait que je me rendais compte que ce que j’avais fait était mal.
Lorsque mes amis m’avaient proposé d’entrer dans le jardin, j’avais éprouvé un sentiment désagréable, mais je n’avais pas eu le courage de refuser et j’avais refoulé ce sentiment. Maintenant que c’était fait, j’étais rempli de remords. À mon regret, j’avais ignoré le murmure qui m’avertissait que j’allais commettre une mauvaise action.
Les barrières matérielles et les forces externes peuvent nous empêcher de suivre de mauvais chemins, mai il y a également un sentiment au fond de chacun de nous qui est parfois décrit comme un murmure doux et léger1. Si nous le reconnaissons et si nous lui obéissons, il nous empêchera de céder à la tentation.
Des années plus tard, des paroles de Boyd K. Packer ont touché en moi une corde sensible lorsqu’il a enseigné : « Nous ne pouvons pas nous mettre en route dans une mauvaise direction sans d’abord passer outre à un avertissement. » J’ai pensé à l’épisode des pommes et à d’autres moments similaires… aux impressions qui nous viennent lorsque nous réfléchissons aux conséquences de nos actions.
Le prophète Mormon nous aide à comprendre d’où viennent ces impressions quand il dit : « L’Esprit du Christ est donné à tout homme afin qu’il puisse discerner le bien du mal2. »
L’idée que nous avons tous reçu ce don pour nous guider se retrouve dans l’Évangile selon Jean où il est écrit à propos du Sauveur : « Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme3. »
Ces murmures qui se manifestent en nous proviennent d’une source divine et, si nous les suivons, ils nous aideront à rester sur le droit chemin, nous protégeant ainsi des influences néfastes et des déviations dangereuses.
Quelques semaines après l’histoire des pommes, j’étais allé voir mes amis dans les bois près de notre maison pensant que nous trouverions une activité ou un jeu à faire. Lorsque je me suis approché d’eux, ils étaient serrés les uns contre les autres. J’ai vu monter la fumée et j’ai reconnu l’odeur de tabac. L’un d’eux s’était procuré un paquet de cigarettes et ils fumaient. Ils m’ont invité à me joindre à eux, mais j’ai refusé. Ils ont insisté, insinuant que mon refus était un signe de faiblesse. Leurs reproches devenaient des railleries mêlées à des remarques condescendantes. Mais rien de ce qu’ils pouvaient dire ou faire n’a pu me persuader de revenir sur ma décision. Je n’avais pas été élevé dans la connaissance de l’Évangile rétabli et je ne connaissais pas la Parole de sagesse, mais un sentiment, au fond de moi, m’empêchait de me joindre à eux.
En rentrant chez moi, je réfléchissais à ma décision et je me sentais bien. Bien que mes projets de jeux ne se soient pas réalisés ce jour-là, et qu’il me faille trouver un moyen de passer le temps sans mes amis, j’avais fait une découverte sur moi-même, sur la source du vrai bonheur et sur la force que nous ressentons lorsque nous prenons la décision juste, quelles que soient les circonstances ou les conséquences.
La révélation suivante reçue par Joseph Smith, le prophète, décrit les bienfaits qui découlent de l’obéissance à cette boussole interne : « Et l’Esprit donne la lumière à tout homme qui vient au monde ; et l’Esprit éclaire, partout dans le monde, tout homme qui écoute la voix de l’Esprit4. »
Ce verset rend non seulement un témoignage supplémentaire que nous avons tous accès à cette source de direction divine, mais il insiste également sur la nécessité d’écouter les murmures qu’on reçoit et d’y obéir. La promesse qui suit signifie beaucoup pour moi : « Et quiconque écoute la voix de l’Esprit vient à Dieu, oui, au Père5. »
Ces murmures, parfois appelés la conscience, mais mieux définis comme la lumière du Christ, nous aident non seulement à distinguer le bien du mal, mais, si nous les suivons, ils peuvent nous guider vers la source de la lumière qui émane de la présence du Père et du Fils6.
Le Sauveur a promis à ses disciples : « Si vous m’aimez, gardez mes commandements. Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’Esprit de vérité7. » Il décrit ensuite ce don comme « le consolateur, l’Esprit-Saint8 ». Il est possible de ressentir des manifestations de l’Esprit-Saint, mais le don est conféré et on ne peut le recevoir que par l’imposition des mains après le baptême9.
J’ai appris à apprécier plus pleinement pourquoi il est écrit des disciples du Christ sur le continent américain : « Et ils prièrent pour ce qu’ils désiraient le plus ; et ils désiraient que le Saint-Esprit leur fût donné10. »
Il est le messager parfait de la vérité.
Lorsque je réfléchis à ma vie, je me rends clairement compte que beaucoup de mes décisions, certaines semblaient petites à l’époque, et d’autres étaient difficiles à prendre tellement j’étais conscient de leur importance, m’ont aidé à atteindre un niveau spirituel plus élevé que je n’aurais pu avoir si je ne m’étais pas rendu aux persuasions de l’Esprit-Saint11.
Sans ce don sublime, nous ne pouvons pas comprendre le but de la vie ni le grand plan du Père éternel12. Car « il est impossible que l’homme découvre toutes ses voies. Et nul n’a connaissance de ses voies, si cela ne lui est révélé13 »
Il ne suffit pas de se fier à la logique et de se servir de son intellect : « Et l’homme n’est pas capable de les faire connaître, car ils ne peuvent être vus et compris que par le pouvoir de l’Esprit-Saint que Dieu confère à ceux qui l’aiment et se purifient devant lui14. »
Je n’ai pas de mots pour bien exprimer mes sentiments concernant la lumière du Christ et le don du Saint-Esprit. Ils sont comme « une lampe à mes pieds, et une lumière sur mon sentier15 ».
Songez à la supplication que le Sauveur adressa au Père à propos des Douze au pays d’Abondance, et qu’il exprima en ces termes :
« Père, je te remercie de ce que tu as donné le Saint-Esprit à ceux-ci que j’ai choisis ; et c’est à cause de leur croyance en moi que je les ai choisis de parmi le monde.
« Père, je te prie pour que tu donnes le Saint-Esprit à tous ceux qui croiront en leurs paroles16. »
Dans ce monde difficile et troublé nous pouvons trouver de l’assurance et avoir la conscience en paix en croyant aux paroles des prophètes et en ayant la compagnie du consolateur. Ainsi nous pouvons savoir que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, le Sauveur du monde17.
Je témoigne de ces vérités, au nom de Jésus-Christ. Amen.