Bénie par l’eau vive
L’eau vive guérit. Elle nourrit et soutient. Elle apporte paix et joie.
Au début de son ministère, le Christ alla de Jérusalem au village de son enfance, Nazareth, en Galilée. Il passa par la Samarie et, las de son voyage, il s’arrêta pour se reposer à l’antique puits de Jacob. Pendant que Jésus attendait et que ses disciples étaient allés chercher à manger au village voisin, une Samaritaine s’approcha du puits. Vous connaissez l’histoire. Lorsque Jésus demanda à boire, elle fut surprise qu’un Juif lui fasse cette demande. Depuis des siècles, Juifs et Samaritains se considéraient comme des ennemis. Mais le Christ lui dit que, si elle comprenait avec qui elle parlait, c’est elle qui lui demanderait de l’eau : de l’eau vive, de l’eau qui apaiserait à jamais sa soif. Elle ne comprit bien sûr pas et il lui donna donc l’explication suivante :
« Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle » (Jean 4:13-14).
L’idée de ne plus jamais devoir boire plut à la Samaritaine. Elle ne serait sans doute pas fâchée de ne plus avoir à accomplir la corvée quotidienne de porter les lourdes cruches d’eau du puits à sa maison. Mais quand le Christ lui témoigna qu’il était le Messie et quand l’Esprit lui confirma que c’était vrai, elle commença à comprendre que Jésus parlait de vérités supérieures. Elle quitta le puits et se hâta d’aller chercher d’autres personnes qui viendraient écouter. Mais je doute qu’au moins à ce moment-là, elle ait compris pleinement, ou que nous comprenions pleinement nous-mêmes, ce que signifie avoir une source d’eau vive en nous.
L’eau vive guérit. Elle nourrit et soutient. Elle apporte paix et joie.
Une femme de ma connaissance luttait contre la colère qu’elle éprouvait à l’égard de quelqu’un qui les avait blessées, sa famille et elle. Elle avait beau dire à ses enfants de ne pas devenir amers et rancuniers, elle était elle-même en proie à ces sentiments. Après des semaines de prières ferventes, elle a fini par ressentir un changement en elle. Elle a raconté : « Un jour, au milieu de mes prières presque constantes, la guérison est venue. J’ai éprouvé une sensation physique qui m’envahissait. Après quoi, j’ai eu un sentiment de paix et de sécurité. Je savais que, malgré ce qui s’était produit, ma famille et moi nous serions bien. La colère m’a quittée, et, avec elle, mon désir de me venger. »
L’eau vive, c’est l’Évangile de Jésus-Christ ; elle nous est communiquée par le Saint-Esprit. Mon amie savait ce qui était juste. Elle avait dit ce qu’il fallait à ses enfants. Mais ce n’est que lorsqu’elle s’est humiliée suffisamment pour boire cette eau, c’est-à-dire pour ressentir le Saint-Esprit, qu’elle a pu commencer à guérir.
Comme j’ai rencontré beaucoup de femmes ainsi que leurs dirigeants de la prêtrise depuis un an, j’ai entendu de nombreux récits sur le pouvoir guérisseur du Christ. Il y a tant de souffrances dans la condition mortelle, tant de causes de chagrin. Je connais des gens qui ont mis des personnes qu’ils aimaient sur de mauvaises voies et qui prient chaque jour pour qu’elles soient en sécurité dans le combat. Je parle avec des parents qui craignent pour leurs enfants car ils sont conscients des tentations quaffrontent. J’ai des amis très chers qui souffrent des effets dévastateurs de la chimiothérapie. Je connais des parents, abandonnés par leur conjoint, qui sont seuls pour élever leurs enfants. J’ai lutté moi-même contre les effets destructeurs de la dépression. Mais mon expérience et les personnes que j’ai rencontrées m’ont appris que nous ne sommes jamais laissés à nous-mêmes. Nous ne sommes jamais abandonnés. Nous avons en nous une source de bonté, de force et d’assurance, et quand nous écoutons avec confiance, nous sommes édifiés. Nous guérissons. Non seulement nous survivons, mais nous aimons la vie. Nous rions, nous sommes heureux, nous avançons avec foi.
L’eau vive nous nourrit également. Je vous témoigne que, comme il nous l’a promis, le Christ va vers toutes les personnes qui sont chargées ; il leur donne du repos (voir Matthieu 11:28). Il nous soutient quand nous sommes las. L’eau d’une source coule et elle est toujours rafraîchissante, si nous y buvons. L’orgueil peut en détruire les effets, tout comme la simple négligence. Mais les personnes qui y boivent profondément non seulement deviennent saines elles-mêmes, mais deviennent également une fontaine pour les autres, quand leur esprit en nourrit et en édifie un autre.
L’année dernière, une amie de ma famille, que j’aimais, est morte. Lucile avait 89 ans et était veuve depuis plus de vingt ans. Elle n’était ni riche, ni célèbre, et la majeure partie du monde n’a pas été informée de son décès. Mais sa famille, ses voisins et les membres de sa paroisse l’ont été. Pour toutes les personnes qui avaient bénéficié de son amour, sa mort laissait le monde appauvri. Pendant les années de son veuvage, Lucile avait connu des épreuves pénibles, dont la mort d’un petit-fils qu’elle aimait tendrement, ainsi que des infirmités dues à son âge. Mais elle a continué d’apporter quelque chose à toutes les personnes de sa connaissance, par son esprit, ses pâtisseries, ses couvertures piquées, ses châles tricotés, son humour et sa bonne volonté. Et elle aimait travailler dans le temple. Un jour du printemps 1981, elle a écrit dans son journal : « Ce matin, à 3 heures 30, je remontais l’allée qui mène au temple. Je voyais le drapeau flotter doucement dans la brise, je regardais le beau ciel et je pensais combien j’étais heureuse d’être ici. J’étais triste pour tous les gens qui dormaient et qui ne pouvaient pas voir l’aurore d’une belle journée. »
La plupart d’entre nous ne croient pas que le monde « s’éveille » à 3 heures 30 du matin et sont parfaitement heureux de se retourner dans leur lit en laissant Lucile s’attrister sur notre sort. Mais quelle belle attitude ! Seule une bonté émanant de l’intérieur peut expliquer cela. Avait-elle cette pureté d’esprit à quinze ans, à vingt-cinq ans ou même à cinquante-cinq ans ? Je ne le sais pas. Dans la plupart des cas, il faut probablement avoir écouté le Saint-Esprit toute sa vie avant de connaître si bien la voix de Dieu et avant de se fier assez aux eaux vives pour les sentir tout au long de la journée, et surtout d’une journée qui commence à 3 heures 30. Mais je crois que les eaux vives ont soutenu Lucile pendant ces longues années où elle aurait pu se laisser aller à s’apitoyer sur son sort, et sa vie et son esprit ont nourri chaque personne qu’elle connaissait.
L’eau vive peut apporter la paix et la joie même quand la source intérieure semble tarie. J’ai entendu récemment parler d’une femme dont le fils, qui souffrait d’une maladie émotionnelle, est mort de manière inattendue. La famille était effondrée. La mère ne pouvait pas imaginer qu’elle pourrait retrouver le bonheur. Mais elle a été bénie par le service d’une jeune fille, une de ses anciennes Lauréoles, qui était alors jeune sœur de la Société de Secours et son instructrice visiteuse, qui lui a dit : « Vous m’avez aidée, maintenant c’est à moi de vous aider et nous surmonterons cette épreuve ensemble. » Elle a de nouveau ressenti la paix et même la joie.
Il peut falloir une vie entière, et même plus, pour affiner complètement notre esprit, mais l’eau vive est à la disposition de tous, des jeunes compris. Cela m’inspire de voir des jeunes filles de l’Église qui, après avoir été formées pendant leur enfance, entrent à la Société de Secours et apportent immédiatement un surcroît de force à des femmes plus expérimentées. Je déborde de joie quand je vois ces mêmes jeunes filles comprendre combien elles peuvent apprendre de femmes plus âgées qu’elles. Nous recevons la paix du Seigneur, mais nous pouvons nous aider mutuellement à ressentir cette paix en partageant nos fardeaux et notre bonheur.
La promesse du Christ est simple et sublime. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne s’alarme point » (Jean 14:27). Mes frères et sœurs, la tourmente se déchaîne autour de nous. Les systèmes économiques s’écroulent, les familles sont en proie aux difficultés. Le président Hinckley a dit : « Nous vivons des temps périlleux » (« Les temps dans lesquels nous vivons », Le Liahona, janvier 2002, p. 83). Mais les eaux vives offrent encore paix et joie. Lorsque nous vivons en droiture, lorsque nous avons fait tout notre possible, l’un des cadeaux que nous recevons est la confiance. Le Seigneur nous dit : « … Soyez calmes et sachez que je suis Dieu » (D&A 101:16). Au milieu du chaos, nous devons marquer un temps d’arrêt. Tout comme les premiers saints, nous devons écouter l’esprit qui nous dit que tout est bien (Venez, venez, sans craindre le devoir, Cantiques, n° 18). Nous avons des raisons d’être inquiets, mais de plus grandes raisons d’être paisibles.
La Samaritaine a regardé le visage du Christ, a écouté sa voix et l’a reconnu à une époque où la plupart des autres rejetaient tous ses enseignements. Nous aussi, nous le connaissons, ou nous pouvons le connaître si nous laissons couler en nous son pouvoir guérisseur, sa force nutritive, sa paix et sa joie, comme « une source d’eau qui jaillira jusque dans la vie éternelle ». Je prie pour que nous le fassions, au nom de Jésus-Christ. Amen.