Est-ce que je t’ai dit… ?
Dans le plan éternel, la chose la plus importante et la plus gratifiante que vous ferez sera de construire un foyer saint et d’élever avec amour une famille forte.
Il y a presque trois ans, l’une de nos filles s’est mariée, et est tout de suite partie avec son mari qui allait faire ses études de médecine dans une ville lointaine. Elle quittait la sécurité du nid familial pour fonder son propre foyer. Je me suis demandé : Est-ce que je lui ai appris tout ce qu’elle doit savoir pour affronter le monde et ses difficultés ? Est-ce qu’elle sait ce qui est le plus important et ce qui apporte le plus dans la vie ? Est-ce qu’elle est préparée pour construire un foyer heureux ?
En la regardant partir, je me suis souvenue d’un petit journal que je lui avais offert pour son 17e anniversaire. Il s’appelait : « Est-ce que je t’ai dit… ? » Là, j’avais noté les conseils que je lui avais souvent donnés lors de nos conversations tard le soir. Comme elle et son jeune mari partaient vers leur vie commune, j’ai pensé à trois points supplémentaires que je voulais ajouter à ce petit journal pour l’aider à faire une transition qui est beaucoup plus importante et plus difficile que le fait d’aller de l’autre côté du pays : la transition de fonder son foyer et sa famille. Je voudrais parler de ces points à ma fille et à tous les jeunes de l’Église, pour leur enseigner l’importance de la famille et en rendre témoignage.
D’abord, est-ce que je t’ai dit… comment faire de ta maison un havre de paix et une forteresse ? Tu dois suivre l’exemple que tu as vu lorsque tu es entrée dans la maison du Seigneur, « établir une maison… de prière, une maison de jeûne, une maison de foi, une maison de connaissance… une maison d’ordre » (voir D&A 109:8). Si nous suivons cet exemple, une grande paix demeure dans notre foyer dans un monde de plus en plus tourmenté.
Regarde l’exemple du foyer de tes grands-parents. Les deux couples ont élevé leurs « enfants dans la lumière et la vérité » (D&A 93:40). Le foyer de papa était une maison de connaissance. Il a dit à l’enterrement de son père n’avoir jamais appris lors d’une réunion de l’église un principe de l’Évangile qu’il n’ait pas déjà appris chez lui. L’Église était un auxiliaire de son foyer. Mon foyer était une maison d’ordre. Pour nous il était extrêmement important (en dépit des nombreux emplois du temps chargés) de nous retrouver au petit déjeuner et au dîner. Les repas ne servaient pas qu’à se sustenter. C’étaient des moments essentiels pour nourrir l’esprit autant que le corps.
Ce sont les petites choses qui font un foyer heureux. Des choses comme prier, dire : « Excuse-moi », exprimer sa gratitude, lire un livre ensemble. Te souviens-tu combien nous avons ri et pleuré en construisant la clôture du jardin ? Te souviens-tu que chaque fois que nous étions en voiture nous chantions afin de ne pas nous disputer ? Te souviens-tu que nous avons jeûné pour une décision importante d’un membre de la famille et pour l’examen décisif d’un autre ? La Déclaration sur la famille le répète : « La réussite conjugale et familiale repose, dès le départ et constamment, sur la foi, la prière, le repentir, le pardon, le respect, l’amour, la compassion, le travail et les divertissements sains » (« La famille, déclaration au monde », L’Étoile, octobre 1998, p. 24).
Dans ta jeunesse, tu as acquis des habitudes : la prière et la lecture des Écritures. Mets à profit ces habitudes, les compétences que tu as apprises dans le domaine de la cuisine et du budget. Avec tes justes aspirations et tes talents domestiques, tu construiras un foyer qui sera un havre de paix et une forteresse.
Ensuite, est-ce que je t’ai dit… que « les enfants sont un héritage de l’Éternel » (Psaumes 127:3, traduction littérale de la version du roi Jacques, N.d.T.). La Déclaration sur la famille dit : « Le commandement que Dieu a donné à ses enfants de se multiplier et de remplir la terre reste en vigueur. » Nous espérons que notre Père céleste te donnera la bénédiction d’avoir des enfants. Beaucoup de personnes dans le monde ne voient pas que c’est une joie et considèrent les enfants seulement comme un inconvénient. Il est vrai qu’élever des enfants est épuisant physiquement et émotionnellement, et exigeant mentalement. Personne ne te donnera des bonnes notes ni des récompenses pour ce que tu fais dans ton rôle de mère. Parfois tu te demanderas : « Est-ce que je l’ai bien fait ? Est-ce que tout cela en vaut la peine ? »
Cela en vaut la peine ! Tous les prophètes des derniers jours ont témoigné du rôle sacré de la mère. Spencer W. Kimball a dit : « Il est important que vous, saintes des derniers jours, compreniez que le Seigneur tient la maternité et les mères pour sacrées et qu’il a pour elles la plus grande estime » (« Privileges and Responsibilities of Sisters », Ensign, novembre 1978, p. 105). L’Esprit témoigne à mon âme que c’est vrai.
Tu sauras, comme moi, qu’être parents est certes difficile, mais que cela procure les plus grandes joies de la vie. La joie vient lors d’une soirée familiale, lorsqu’un enfant de cinq ans raconte une histoire tirée des Écritures correctement et avec tous les détails, ou lorsqu’un enfant lit fidèlement, tous les soirs, le Livre de Mormon. Je ressens de la joie lorsque ma fille majorette a le courage de dire à son groupe que le nouveau spectacle qu’elles apprennent contient des mouvements inconvenants, et lorsque ma fille qui est en mission me parle de son grand amour de l’Évangile et de son témoignage. J’ai de la joie lorsque je vois l’une de mes filles faire la lecture à une femme aveugle, et l’un de mes fils servir au temple. Dans ces moments-là, j’éprouve la même chose que Jean, le bien-aimé : « Je n’ai pas de plus grande joie que d’apprendre que mes enfants marchent dans la vérité » (3 Jean 1:4). Est-ce que je t’ai dit… que, de tout mon être, j’aime être mère ?
Enfin, est-ce que je t’ai dit que l’amour est la valeur fondamentale pour construire un foyer fort ? Notre Père céleste nous donne le modèle à suivre. Il nous aime, nous enseigne, il est patient avec nous, et nous confie notre libre arbitre. Le président Hinckley a dit : « L’amour peut faire la différence. L’amour donné généreusement pendant l’enfance et qui continue pendant les années difficiles de l’adolescence… Et la patience, qui nous permet de tenir notre langue et de maîtriser notre colère… Et l’encouragement qui est rapide à faire un compliment et lent à critiquer » (« Bring Up a Child in the Way He Should go », Ensign, novembre 1993, p. 60). Parfois on confond la discipline (qui signifie « enseignement ») avec la critique. Les enfants (comme les gens de tout âge) s’améliorent davantage par suite de l’amour qu’on leur manifeste et des compliments qu’on leur fait que par les reproches.
Lorsqu’un jeune homme de ma connaissance avait les cheveux longs à la mode hippie pendant son adolescence, ses parents avaient choisi de se concentrer sur sa bonne éthique de travail et sa gentillesse envers les gens dans le besoin. Finalement, il a décidé lui-même de couper ses cheveux. Il a fait de bonnes études, il sert dans l’Église, et, dans sa propre famille, il suit ce modèle en guidant ses enfants par l’amour.
Nous faisons preuve de notre amour pour les membres de notre famille non seulement en les éduquant de manière positive, mais aussi en leur donnant de notre temps. Il y a quelque temps j’ai lu dans le Wall Street Journal un article intitulé « Les enfants passent en dernier », qui parlait des parents qui parlent de leurs enfants en termes de notes d’un agenda : « 15 minutes le soir si possible », « temps de jeux régulièrement programmé une fois par semaine », et ainsi de suite (Mary Eberstadt, Wall Street Journal, le 2 mai 1995). Comparez cela à la mère qui s’est promis de donner à ses enfants non seulement du temps de qualité, mais aussi en quantité. Elle s’est rendu compte qu’une relation aimante exige continuellement d’enseigner, de parler, de jouer, de rire, de travailler et de partager de bons moments. Moi aussi, je crois que les parents et leurs enfants ont besoin de vivre ensemble des expériences ordinaires quotidiennes. Comme cela je suis au courant de l’interrogation que tu vas avoir à l’école ; tu sais que je prépare une leçon. Je viens à tes matches, tu viens dans la cuisine pour préparer le dîner avec moi. Nous jouons des rôles importants dans la vie l’une de l’autre, absorbant l’amour à travers les expériences de tous les jours.
Et l’amour demeure malgré les vicissitudes de la vie. Paul a enseigné : « La charité est patiente… [elle] excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout. La charité ne périt jamais » (1 Corinthiens 13:4, 7-8). J’ai observé l’amour persistant d’une mère pour son fils alcoolique. Elle n’a jamais cessé de prier pour lui et d’être là pour lui. À la fin de sa vie, il est enfin « rentré en lui-même » (Luc 15:17), a gardé un emploi respectable, et s’est servi de ses dons manuels pour réparer la maison de sa mère.
Beaucoup de familles ont des difficultés avec des enfants rebelles. Nous pouvons puiser du réconfort dans « le scellement pour l’éternité des parents fidèles » qui les ramènera « dans la bergerie » (Orson F. Whitney, Conference Report, avril 1929, p. 110). Nous ne devons jamais renoncer à les aimer, à prier pour eux, et à faire confiance à la sollicitude de notre Père céleste.
Alors, à ma fille et à tous les jeunes de l’Église, à vous qui faites la transition vers un nouveau foyer et une nouvelle étape de votre vie, j’enseigne ces choses : Je témoigne que, dans le plan éternel, la chose la plus importante et la plus gratifiante que vous ferez sera de construire un foyer saint et d’élever avec amour une famille forte. Cette famille sera une bénédiction pour la société et continuera pour l’éternité. C’est là mon témoignage. Au nom de Jésus Christ. Amen.