Les écluses des cieux
« Et vous verrez si je n’ouvre pas… les écluses des cieux, si je ne répands pas sur vous la bénédiction en abondance » (Malachie 3:10).
Tiré d’une expérience de la famille de l’auteur
Marcella a froncé les sourcils en essayant de remuer les orteils dans ses chaussures. Elles étaient trop petites et lui faisaient mal, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas se plaindre. À six ans seulement, elle savait déjà qu’il n’y avait pas d’argent pour en acheter des neuves.
L’année passée avait été dure pour la famille Nelson. En mai, la petite sœur de Marcella, encore bébé, était morte de la pneumonie. Et seulement six semaines plus tard, son père, Eric, avait été tué dans un accident de travail. Son gentil papa lui manquait tellement.
Maintenant sa mère s’efforçait de faire vivre ses deux petites filles en faisant de la couture. Bien qu’elle soit une couturière expérimentée, il n’y avait pas assez d’argent. Dans leur petite maison, les placards de la cuisine étaient presque vides. Non, il n’était pas question d’acheter des chaussures plus grandes en ce moment.
Maman a appelé : « Le petit déjeuner est prêt. » En allant vers la table, Marcella s’efforçait de ne pas boiter dans les chaussures trop serrées.
« Ô, ma chérie. » Sa mère s’est agenouillée à côté d’elle. « Ces chaussures sont trop petites pour toi, n’est-ce pas ? » Marcella sentait de l’inquiétude dans la voix de sa mère.
« Un peu. » Marcella essayait d’avoir l’air insouciant. « Ça va. »
Maman a dit avec douceur : « Tu essayes d’être courageuse. Mais je vois qu’elles te font mal. J’essayerai de t’en procurer bientôt des neuves.
La petite Arvella s’est fait entendre : « Moi aussi, je veux des chaussures neuves ! »
La maman a pris Arvella dans ses bras et lui a fait un gros câlin. Elle a dit : « Tu sais que tes chaussures sont comme il faut. » Arvella portait de vielles chaussures de Marcella. Elles étaient usées, mais au moins, elles avaient la bonne pointure.
Arvella a fait la moue. Elle a répété obstinément : « Moi aussi, je veux des chaussures neuves. » Marcella et sa mère ont échangé un sourire. Arvella ne comprenait pas leur situation difficile, et son innocence les a fait se sentir mieux. Elles ont parlé et rit en mangeant le petit déjeuner et en rangeant.
Soudain, maman est redevenue sérieuse. Elle a dit lentement : « Mes filles, aujourd’hui, nous devons aller en ville. J’ai 2,50 dollars. »
Marcella n’arrivait pas à y croire ! En 1905, en Utah, cela représentait beaucoup d’argent. Elle s’est exclamée : « C’est super ! » Elle imaginait toute la nourriture qu’elles pourraient acheter pour remplir les étagères vides. Elle pourrait peut-être même avoir des chaussures neuves !
Le sourire de Marcella s’est évanoui lorsqu’elle a vu les larmes dans les yeux de sa mère. Elle a dit doucement : « Nous devons 2,50 dollars pour la dîme. » Puis, elle a attiré ses filles vers elle. « Je sais que nous n’avons presque plus de nourriture. Je sais qu’il te faut vraiment des chaussures neuves, Marcella. Mais si nous voulons que le Seigneur nous bénisse, nous devons obéir à ses commandements. »
Ensuite, elle a sorti sa Bible usée, et l’a ouverte à Malachie. Elle leur a lu la promesse du Seigneur que si elles payaient la dîme, les écluses des cieux leur seraient ouvertes.
Arvella a demandé : « Qu’est-ce que ça veut dire, les écluses des cieux seront ouvertes ? »
Maman a dit : « Cela veut dire que notre Père céleste nous bénira. Il est écrit que nous recevrons des bénédictions si grandes qu’il n’y aura pas assez de place pour les recevoir. Je sais que maintenant nous avons plus que jamais besoin de la bénédiction du Seigneur. Je crois en sa promesse. »
Marcella a dit : « Moi aussi, j’y crois. »
Arvella a dit à son tour : « Moi aussi. »
« Vous êtes de gentilles filles. » Maman les a serrées contre elle. « Prions ensemble, et après, je vais tout de suite apporter cet argent à l’évêque. »
Les filles se sont agenouillées avec maman. Elle a demandé au Père céleste d’avoir plus de nourriture pour sa petite famille et des chaussures pour Marcella. Après la prière, elles se sont toutes essuyé les yeux. Ensuite, maman a dit en souriant : « Venez, les filles, allons payer notre dîme ! »
Elles sont allées à pied chez l’évêque qui n’habitait pas loin et lui ont donné la dîme. Malgré son mal aux pieds, Marcella a bien aimé la promenade et le bon sentiment qu’elle avait. Elle savait que notre Père céleste les bénirait.
En approchant de leur maison, elles ont vu l’oncle Silas et la tante Maud arrêter leur voiture. Les filles ont couru vers l’oncle Silas qui les a soulevées et les a fait tourner en l’air.
Tante Maud a dit, en embrassant rapidement maman : « Bonjour Sarah. Nous sommes juste venus voir comment vous allez, toi et les filles. »
Arvella a dit d’un air sérieux : « Les chaussures de Marcella sont trop petites, mais nous avons payé la dîme, et tout ira bien. »
« Arvella ! » a dit sa mère, en la regardant d’un air sévère. « Nous allons bien, Maud. Comment va ta famille ? »
Ils sont tous entrés dans la maison et ont bavardé agréablement. Marcella a vite ôté ses chaussures serrées et les a rangées. Elle a remarqué que sa tante et son oncle regardaient attentivement la maison. Tante Maud a même ouvert un placard en parlant. Bientôt, les visiteurs ont dû partir.
Plus tard dans l’après-midi, Marcella était surprise d’entendre dehors une charrette de livraison qui s’est arrêtée devant leur maison. Un jeune livreur est venu à la porte. Il a dit : « Une livraison pour Sarah Nelson. »
Marcella a dit : « C’est ma mère. »
Maman a protesté : « Mais je n’ai rien commandé. »
Soudain, l’oncle Silas est apparu à la porte à côté du garçon. Il a dit avec douceur : « C’est pour toi, Sarah. » Il a dit au livreur : « Vous pouvez mettre tout ici, sur la table. »
Le garçon a apporté des sacs de nourriture. Les filles dansaient de joie autour de la table. Elles ont embrassé l’oncle Silas qui s’est vite excusé et est parti chez lui. Il y avait tellement de nourriture ! Du sucre, des haricots, de la farine de blé et de maïs, de la viande séchée, et des fruits secs, les placards seraient pleins ! À la fin, le livreur a posé sur la table un petit paquet enveloppé de papier marron.
Après son départ, les filles se sont approchées du petit paquet. Que pouvait-il contenir ? D’abord, Marcella l’a secoué puis Arvella. Marcella a alors soigneusement enlevé le papier. Pas une, mais deux paires de chaussures sont tombées sur ses genoux ! Marcella a pris les plus grandes et les a mises. Elles lui allaient parfaitement. Elle a remué ses orteils avec plaisir. Elles étaient très confortables.
Puis elle a vu le visage d’Arvella. Sa sœur a pris la deuxième paire de chaussures et les contemplait avec joie. Elle a regardé sa mère avec étonnement. Elle a dit sur un ton interrogatif : « Je croyais que tu avais dit que je n’avais pas besoin de chaussures, maman. »
Sa mère a dit à travers ses larmes : « Tes vieilles chaussures auraient suffi. Mais lorsque notre Père céleste ouvre les écluses des cieux, on ne sait jamais ce qui sera déversé. »
Marianne Dahl Johnson est membre de la paroisse de Wells, pieu d’Elko Nevada Est.
« Voulez-vous que les écluses des cieux vous soient ouvertes ? Souhaitez-vous recevoir des bénédictions si grandes qu’il n’y ait pas assez de place pour les recevoir ? Payez toujours votre dîme et remettez-vous-en au Seigneur. »
Joseph B. Wirthlin du Collège des douze apôtres, « Dettes terrestres, dettes célestes », Le Liahona, mai 2004, p. 41.