2011
Je reprends et châtie tous ceux que j’aime
mai 2011


Je reprends et châtie tous ceux que j’aime

L’expérience même de supporter le châtiment peut nous affiner et nous préparer à des bénédictions spirituelles supérieures.

Elder D. Todd Christofferson

Notre Père céleste est un Dieu qui attend beaucoup de nous. Son Fils Jésus-Christ exprime ce que le Père attend de nous en ces termes : « Je voudrais que vous soyez parfaits tout comme moi, ou comme votre Père qui est dans les cieux est parfait » (3 Néphi 12:48). Il nous propose de nous rendre saints afin que nous puissions « supporter une gloire céleste » (voir D&A 88:22) et demeurer en sa présence (Moïse 6:57). Il sait ce qui est requis et il donne ses commandements et ses alliances, le don du Saint-Esprit et surtout l’expiation et la résurrection de son Fils bien-aimé pour nous permettre de nous transformer.

En tout cela, le dessein de Dieu est que nous, ses enfants, nous puissions connaître la joie suprême, être avec lui éternellement et devenir comme il est. Il y a quelques années, Dallin H. Oaks a donné l’explication suivante : « Le jugement dernier ne sera pas une simple évaluation de la somme des actions bonnes et mauvaises, de ce que nous aurons fait. Ce sera la constatation de l’effet final de nos actions et pensées, de ce que nous serons devenus. Il ne suffit pas d’agir mécaniquement. Les commandements, les ordonnances et les alliances de l’Évangile ne sont pas la liste des dépôts à faire sur un compte céleste. L’Évangile de Jésus-Christ est un plan qui nous montre comment devenir ce que notre Père céleste désire que nous devenions1. »

Il est triste de constater que le christianisme moderne ne reconnaît pas que Dieu a des exigences réelles à l’égard des gens qui croient en lui, le considérant plutôt comme un majordome qui « répond à leurs besoins à la demande » ou comme un thérapeute qui a pour rôle d’aider les gens à « se sentir bien dans leur peau2 ». C’est une perspective religieuse qui « n’a aucune prétention à changer la vie3 ». « Par contraste, déclare un auteur, « le Dieu représenté dans les Écritures tant hébraïques que chrétiennes demande, non pas un simple engagement, mais toute notre vie. Le Dieu de la Bible traite de vie et de mort, pas d’amabilités et il exige un amour prêt au sacrifice et non un laxisme bienveillant4. »

J’aimerais parler d’une attitude et d’une pratique que nous devons adopter si nous voulons répondre aux attentes élevées de notre Père céleste. C’est celle-ci : être disposé à accepter voire à rechercher la correction. Elle est essentielle si nous voulons conformer notre vie à « l’état d’homme fait, [c’est-à-dire] à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Éphésiens 4:7). À propos de la correction ou du châtiment divin, Paul dit : « Car le Seigneur châtie celui qu’il aime » (Hébreux 12:6). Bien que ce soit souvent difficile à supporter, nous devrions nous réjouir de ce que Dieu nous considère comme dignes du temps et du mal qu’il se donne pour nous corriger.

Le châtiment divin a au moins trois buts : (1) nous persuader de nous repentir, (2) nous affiner et nous sanctifier et (3) réorienter parfois notre vie vers ce que Dieu sait être une meilleure voie.

Réfléchissez tout d’abord au repentir, condition nécessaire au pardon et à la purification. Le Seigneur a déclaré : « Je reprends et châtie tous ceux que j’aime. Aie donc du zèle et repens-toi » (Apocalypse 3:19). Il a aussi dit : « Et il faut que mon peuple soit châtié jusqu’à ce qu’il apprenne l’obéissance, s’il le faut, par les choses qu’il endure » (D&A 105:6 ; voir aussi D&A 1:27). Dans une révélation moderne, le Seigneur commande à quatre hauts dirigeants de l’Église de se repentir (comme il pourrait le commander à beaucoup d’entre nous) de ne pas avoir enseigné correctement à leurs enfants à respecter les commandements et de ne pas être plus diligents et plus occupés chez eux (voir D&A 93:41-50). Dans le Livre de Mormon, le frère de Jared se repentit quand le Seigneur se tint dans une nuée et parla avec lui « pendant trois heures… et le réprimanda parce qu’il ne se souvenait pas d’invoquer le nom du Seigneur » (Éther 2:14). Parce qu’il était tellement disposé à donner suite à cette réprimande sévère, le frère de Jared eut plus tard le privilège de voir le Rédempteur dans son état prémortel et d’être instruit par lui (voir Éther 3:6-20). Le fruit du châtiment du Seigneur est le repentir qui conduit à la justice (voir Hébreux12:11).

Outre le fait de stimuler notre repentir, l’expérience même de supporter le châtiment peut nous affiner et nous préparer à des bénédictions spirituelles supérieures. Le Seigneur a dit : « Mon peuple doit être mis à l’épreuve en tout, pour qu’il soit préparé à recevoir la gloire que j’ai pour lui, c’est-à-dire la gloire de Sion ; et celui qui ne supporte pas le châtiment n’est pas digne de mon royaume » (D&A 136:31). Il dit ailleurs : « Car tous ceux qui ne supportent pas le châtiment, mais me renient, ne peuvent être sanctifiés » (D&A 101:5-5 ; voir aussi Hébreux 12:10). Comme Paul V. Johnson l’a dit ce matin, nous devons prendre garde de ne pas fuir les choses mêmes qui nous aident à nous revêtir de la nature divine.

Les disciples d’Alma fondèrent une communauté de Sion à Hélam mais ils furent ensuite réduits en esclavage. Ils ne méritaient pas leur souffrance, tout au contraire, mais l’histoire dit :

« Néanmoins, le Seigneur juge bon de châtier son peuple ; oui, il met à l’épreuve sa patience et sa foi.

« Néanmoins, quiconque place sa confiance en lui sera élevé au dernier jour. « Oui, et ainsi en fut-il de ce peuple » (Mosiah 23:21-22).

Le Seigneur fortifia les gens et allégea leurs fardeaux au point qu’ils pouvaient à peine les sentir sur leur dos et puis, en temps voulu, il les délivra (voir Mosiah 24:8-22). Leur foi fut fortifiée sans mesure grâce à cette expérience et ils allaient dorénavant toujours jouir d’un lien spécial avec le Seigneur.

Dieu utilise une autre forme de châtiment ou de correction pour nous guider vers un avenir que nous ne connaissons pas ou que nous ne pouvons pas imaginer maintenant mais qu’il sait être ce qu’il y a de mieux pour nous. Hugh B. Brown, ancien membre du Collège des douze apôtres et conseiller dans la Première Présidence, a relaté une expérience personnelle. Il avait acheté, de nombreuses années auparavant, une ferme délabrée au Canada. Tandis qu’il procédait au nettoyage et à la réparation de sa propriété, il découvrit un groseillier qui avait poussé jusqu’à près de deux mètres de haut et qui ne donnait pas de baies. Il le tailla donc de manière radicale, ne laissant que de petits chicots. Il vit alors une goutte d’eau semblable à une larme sur chacun de ces petits chicots, comme si le groseillier pleurait, et il crut l’entendre dire :

« Comment as-tu pu me faire cela ? J’avais merveilleusement bien poussé … et voici que tu m’as coupé complètement. Toutes les plantes du jardin vont me regarder de haut. … Comment as-tu pu me faire cela ? Je pensais que tu étais le jardinier ici. »

Frère Brown répondit : « Écoute, petit groseillier, c’est moi qui suis le jardinier ici, et je sais ce que je veux que tu sois. Je ne voulais pas que tu sois un arbre fruitier ni un arbre qui fait de l’ombre. Je veux que tu sois un groseillier et, un jour, petit groseillier, quand tu seras chargé de fruits, tu diras : ‘Merci, Jardinier, de m’avoir suffisamment aimé pour me tailler.’ »

Des années plus tard, frère Brown était officier supérieur dans l’armée canadienne en service en Angleterre. Quand un officier supérieur tomba au combat, frère Brown était en bonne place pour le poste de général et fut convoqué à Londres. Mais, malgré ses parfaites qualifications pour le poste, son avancement lui fut refusé parce qu’il était mormon. Le général commandant dit en substance : « Vous méritez ce poste mais je ne peux pas vous le donner. » Ce que frère Brown espérait depuis dix ans, ce pour quoi il avait prié et s’était préparé lui échappait alors à cause d’une discrimination flagrante. Poursuivant son histoire, frère Brown dit :

« Je suis monté dans le train et j’ai pris le chemin du retour… le cœur brisé et plein d’amertume. …En arrivant à ma tente… j’ai jeté ma casquette sur ma couchette. J’ai serré les poings et les ai levés au ciel en disant : ‘Seigneur, comment as-tu pu me faire cela ? J’ai fait tout ce que je pouvais pour être à la hauteur. J’ai fait tout ce que je pouvais et ce que je devais. Comment as-tu pu me faire cela ?’ J’étais au plus profond de l’amertume.

« Alors, j’ai entendu une voix et j’en ai reconnu le ton. C’était ma voix et elle disait : ‘C’est moi le jardinier ici. Je sais ce que je veux que tu fasses.’ L’amertume m’a quitté et je suis tombé à genoux à côté de mon lit pour demander pardon de mon ingratitude. …

“…« Et maintenant, près de cinquante ans plus tard, je lève les yeux vers [Dieu] et je dis : ‘ Merci, Jardinier, de m’avoir aimé suffisamment pour me faire mal’ 5. »

Dieu savait ce que Hugh B. Brown allait devenir et ce qui était nécessaire pour que cela arrive ; et il a réorienté sa vie pour le préparer au saint apostolat.

Si nous désirons sincèrement être à la hauteur des exigences élevées de notre Père céleste, il fera en sorte que nous recevions toute l’aide dont nous avons besoin, que ce soit en nous réconfortant, en nous fortifiant ou en nous corrigeant. Si nous y sommes ouverts, la correction nécessaire viendra de nombreuses manières et de nombreuses sources. Elle pourra se manifester pendant nos prières quand Dieu parlera à notre esprit et à notre cœur par l’intermédiaire du Saint-Esprit (voir D&A 8:2). Elle pourra venir sous la forme de prières auxquelles la réponse sera « non », ou différente de ce à quoi nous nous attendions. La correction peut venir pendant que nous étudions les Écritures et que nos manquements, notre désobéissance ou simplement nos négligences nous sont rappelés.

La correction peut venir par l’intermédiaire d’autres personnes, surtout de personnes que Dieu inspire pour favoriser notre bonheur. Les apôtres, les prophètes, les patriarches, les évêques et d’autres ont été mis dans l’Église actuellement tout comme jadis « pour le perfectionnement des saints en vue de l’oeuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ » (Éphésiens 4:12). Peut-être que certaines des choses dites pendant cette conférence vous sont parvenues comme pour vous appeler à vous repentir ou à changer, et que, si vous y donnez suite, cela vous amènera à un niveau plus élevé. Nous pouvons nous, membres de l’Église, nous aider mutuellement ; c’est l’une des principales raisons pour lesquelles le Sauveur a fondé une Église. Même devant les critiques mal intentionnées de gens qui ont peu d’égards ou d’amour pour nous, il peut être utile d’exercer suffisamment d’humilité pour les peser, les trier et en retirer tout ce qui peut nous bénéficier.

La correction, gentille, nous l’espérons, peut venir de notre conjoint. Richard G. Scott, qui vient de nous parler, se rappelle une occasion au début de son mariage où sa femme, Jeanene, lui a conseillé de regarder directement les gens quand il leur parlait. Elle a dit : « Tu regardes par terre, tu regardes le plafond, la fenêtre ; partout sauf dans leurs yeux. » Il a pris à coeur de suivre cette gentille remontrance et cela l’a rendu bien plus efficace dans ses conseils et son travail auprès des gens. Ayant été missionnaire à plein temps sous la direction du président Scott, je peux attester qu’il regarde bien dans les yeux pendant ses conversations. Je peux aussi ajouter que, quand on a besoin d’être corrigé, ce regard peut être très pénétrant.

Les parents peuvent et doivent corriger, même réprimander leurs enfants s’ils ne veulent pas qu’ils s’égarent, laissés à la merci d’un adversaire impitoyable et de ses suppôts. Boyd K.Packer a dit que quand quelqu’un est en position de corriger quelqu’un d’autre et qu’il ne le fait pas, il pense à lui-même. Rappelez-vous que la réprimande doit être faite en temps opportun, avec rigueur ou clarté, « sous l’inspiration du Saint-Esprit ; et faisant preuve ensuite d’un redoublement d’amour envers celui que [vous avez] réprimandé, de peur qu’il ne [vous] considère comme son ennemi » (D&A 121:43).

N’oubliez pas que, si nous n’acceptons pas qu’on nous corrige, les autres risquent de ne pas continuer à le faire, malgré leur amour pour nous. Si nous persistons à ne pas tenir compte de la réprimande d’un Dieu aimant, lui aussi cessera de nous réprimander. Il a dit : « Mon Esprit ne luttera pas toujours avec l’homme » (Éther 2:15). En fin de compte, une grande part de notre correction doit venir de l’intérieur : nous devons commencer à nous corriger nous-mêmes. Une des manières dont notre cher collègue décédé, Joseph B. Wirthlin, est devenu le disciple pur et humble qu’il était était qu’il analysait sa manière de s’acquitter de chaque tâche. Dans son désir de plaire à Dieu, il avait résolu d’apprendre ce qu’il aurait pu faire mieux et d’appliquer ensuite diligemment chaque leçon apprise.

Nous pouvons tous répondre aux attentes élevées de Dieu, aussi grandes ou réduites que soient nos capacités et nos talents. Moroni affirme : « Si vous vous refusez toute impiété et aimez Dieu de tout votre pouvoir, de toute votre pensée et de toute votre force, alors [sa] grâce vous suffit, afin que par sa grâce vous soyez parfaits dans le Christ » (Moroni 10:32). C’est par un effort diligent et dévoué de notre part que nous suscitons cette grâce qui nous donne pouvoir et capacité, effort qui comprend certainement notre soumission à la correction divine et notre repentir sincère et sans réserve. Prions pour avoir sa correction inspirée par l’amour.

Puisse Dieu vous soutenir dans vos efforts pour répondre à ses exigences élevées et vous accorder la plénitude de bonheur et de paix qui en découle. Je sais que, vous et moi, nous pouvons devenir un avec Dieu et avec le Christ. Je témoigne humblement et avec confiance de notre Père céleste et de son Fils bien-aimé, ainsi que de la joie que nous pouvons avoir grâce à eux, au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. Dallin H. Oaks, « Ce que nous devons devenir » Le Liahona, janvier 2001, p. 40.

  2. Kenda Creasy Dean, Almost Christian: What the Faith of Our Teenagers Is Telling the American Church, 2010, p. 17.

  3. Dean, Almost Christian, p. 30 ; voir aussi Christian Smith and Melinda Lundquist Denton, Soul Searching: The Religious and Spiritual Lives of American Teenagers, 2005, p. 118–71.

  4. Dean, Almost Christian, p. 37.

  5. Hugh B. Brown, « Le groseiller », Le Liahona, mars 2002, p. 22, 24.