Jusqu’au revoir
Suivre ensemble la Piste de l’espoir
En février 1846, les pionniers saints des derniers jours furent chassés de Nauvoo. Remplis de l’espoir qu’ils trouveraient la paix en Sion, ils descendirent Parley Street [la rue Parley], que l’on appelle maintenant la Piste de l’espoir et franchirent le Mississippi.
C’est au début du printemps, à Nauvoo, que j’ai suivi pour la première fois la Piste de l’espoir. La lumière était dorée et les ombres chaudes tandis que je marchais sur le chemin bordé d’arbres. Étant photographe, je ne pensais qu’à la vitesse d’obturation, à l’ouverture du diaphragme et à l’incroyable lumière qui remplissait mon objectif.
Puis, peu à peu, la pensée de mes ancêtres qui avaient parcouru cette piste a commencé à envahir mon cœur. C’était d’abord Jared et Cornelia, avec leur fils de deux ans. J’ai senti la fraîcheur de l’air, mais cette fraîcheur n’était rien en comparaison du climat glacial que Jared et sa petite famille avaient connu pendant leur exode. Cornelia mourut quelque part entre Nauvoo et Salt Lake. J’imaginais Jared pleurant en prenant son fils dans ses bras pour se remettre en route.
Craignant que la sensation de leur présence ne disparaisse, je n’ai pas cessé de prendre des photos, malgré les larmes qui me troublaient la vue. Ensuite, je me suis souvenue de la jeune Sarah, qui accompagnait sa belle-mère aimante, partant avec le dernier groupe de saints à quitter Nauvoo. À un moment donné, un Père céleste aimant a fait venir des cailles en grand nombre dans leur campement pour les nourrir. Ils avaient alors poursuivi leur dur chemin, le cœur reconnaissant.
Mon cœur a commencé à déborder d’émotion ; on aurait dit que Sarah s’était jointe à moi. Jared et Cornelia étaient aussi avec moi, ainsi que leur petit garçon. Nous avons marché ensemble au milieu de la lumière et des ombres, le passé se mêlant au présent sur cette piste, piste d’espoir, piste de larmes. D’une manière que je ne peux pas expliquer, ils étaient avec moi et ont éveillé en moi notre amour commun pour l’Évangile de Jésus-Christ. Je me suis rendu compte que, si mon témoignage brûlait en moi, c’était parce qu’il avait brûlé en eux, transmis de génération en génération, chacune posant la fondation pour la suivante. J’ai pleuré de reconnaissance.
Bientôt, mon mari, qui était en train de faire des photos ailleurs, m’a rejointe. Me serrant contre lui, je lui ai raconté ce que je venais de vivre. Comme ces saints de Nauvoo, il était le premier de sa famille à croire en l’Évangile. Et tout comme ceux qui avaient parcouru cette piste, plus de cent cinquante ans auparavant, il ne serait pas le dernier à croire. Son témoignage et le mien ont nourri le témoignage qui brûle aujourd’hui dans le cœur de nos enfants, tout comme le témoignage de Jared, de Cornelia et de Sarah ont nourri le témoignage de milliers de leurs descendants.
Oubliant nos photographies, mon mari et moi avons suivi lentement, ensemble, le reste de la Piste de l’espoir en nous remémorant en silence ceux qui nous y avaient précédés.