Le nouveau
J’étais le seul prêtre pratiquant dans ma nouvelle paroisse. Comment allais-je faire venir d’autres prêtres à l’église ?
Illustrations Greg Newbold
Lorsque ma famille a déménagé, quelques mois après mon dix-huitième anniversaire, je me suis retrouvé dans une nouvelle paroisse avec un défi à relever. Dans les deux semaines qui ont suivi notre emménagement, presque tous les prêtres ont été ordonnés anciens. J’ai aussi reçu l’appel de premier assistant dans le collège des prêtres.
En me donnant cet appel, l’évêque m’a expliqué qu’il y avait beaucoup de prêtres sur la liste, mais que quasiment aucun d’eux ne venait à l’église. Nous avions beaucoup à faire pour encourager les gens à venir.
Il m’a dit : « Invite simplement les gens à venir. »
Il n’y avait qu’un seul autre prêtre qui venait à l’église, un garçon qui s’appelait Ryan et qui venait deux fois par mois. J’ai décidé d’aller frapper à la porte des membres non pratiquants de notre collège et de les inviter à nos activités. Je craignais qu’ils se mettent en colère contre moi pour les avoir invités à venir à l’église. Je pensais qu’ils ne venaient pas parce qu’ils n’aimaient pas l’église. Mais je me disais aussi que ce serait un bon entraînement pour ma mission à venir d’essayer de les inviter. Alors j’ai serré les dents et j’ai commencé à appeler les autres prêtres ou à passer chez eux. Je les ai invités à venir aux veillées, aux activités et à l’église.
Ce qui m’a étonné, c’est que certains ont effectivement répondu à l’invitation et sont venus. Finalement, nous avons eu un groupe de quatre prêtres qui ont commencé à venir de manière régulière. Le problème n’était pas qu’ils n’aimaient pas l’église ; ils avaient juste attendu une invitation pour venir. Ils étaient simplement mal à l’aise face à une nouvelle situation, à savoir venir à l’église, comme je l’avais été.
Certaines activités avaient plus de succès que d’autres. Tout le monde venait jouer au volleyball, mais j’avais du mal à faire venir les gens à d’autres activités.
Cette année-là, la conférence de jeunesse a été particulièrement gratifiante lorsque j’ai vu certains de ces jeunes gens se lever pour rendre témoignage. J’ai eu l’impression d’avoir contribué à changer les choses dans leur vie.
Un de ces changements a été que Ryan est venu à l’église chaque semaine et que nous sommes devenus de bons amis.
Ryan et moi avons tous les deux reçu la Prêtrise de Melchisédek environ six mois après mon emménagement. J’avais choisi d’attendre la fin de ma mission pour commencer l’université afin de pouvoir travailler pour épargner de l’argent pour ma mission. Ryan avait déjà un emploi, et il a décidé également de ne pas aller à l’université. Après le travail, nous passions souvent du temps ensemble.
Une fois, nous sommes restés éveillés la majeure partie de la nuit pour essayer de finir le livre d’Alma. C’était la première fois que Ryan lisait le Livre de Mormon. Cela a été épuisant mais spirituellement stimulant. Cela a aussi été merveilleux de voir les changements que Ryan faisait dans sa vie. Il a abandonné ses vieilles habitudes, en a pris de meilleures, et n’a plus vu certains de ses amis afin de pouvoir être avec des gens qui partageaient ses principes.
J’avais hâte de faire une mission depuis que j’avais commencé à venir à l’église quelques années auparavant. Ryan n’était pas sûr d’en faire une. Dans le temps que nous passions ensemble, nous parlions de ma mission et de mon enthousiasme à servir. En l’encourageant et en répondant à ses questions sur l’Évangile, j’ai acquis plus de confiance en mes capacités de missionnaire. Ryan avait l’âge pour partir mais il avait du mal à prendre sa décision.
Il m’a confié plus tard : « Je n’étais pas certain que mon témoignage soit assez fort, malgré les bons sentiments que j’avais au sujet de l’Église à ce moment-là. Je voulais partir, mais c’était très difficile de quitter ma famille. »
Le jour est enfin arrivé où j’ai pu commencer à remplir mon dossier de candidature missionnaire. Lorsque j’en ai parlé à Ryan, il m’a surpris en disant qu’il avait aussi décidé de partir. Nos appels missionnaires sont arrivés le même soir. Ryan est parti servir au Canada un mois avant le début de ma mission en France.
Lorsque je suis rentré chez moi deux ans plus tard, j’ai pris contact avec tous les prêtres que j’avais essayé de ramener à l’Église. J’ai été attristé d’apprendre que certains avaient arrêté de venir à l’église peu de temps après mon départ, mais j’ai été heureux de revoir Ryan. Il avait rempli une mission honorable et, tout comme pour Alma et les fils de Mosiah, ce qui me donnait plus de joie, c’était de voir qu’il était toujours mon frère dans le Seigneur (voir Alma 17:2).