Être ou avoir été : telle est la question
Il est attendu de nous que nous jugions. Nous devons le faire. Mais nous ne devons pas catégoriser ou coller des étiquettes sur qui que ce soit.
Il y a plusieurs années, ma femme et moi visitions le château de Kronborg, à Helsingør, au Danemark. Ce château a été rendu célèbre par la pièce de William Shakespeare, Hamlet. Tandis que nous déambulions dans les salles du château, notre esprit résonnait des scènes et des dialogues de la pièce, en particulier la célèbre interrogation de Hamlet : « Être ou ne pas être : telle est la question. »
Mais ensuite j’ai pensé à une question beaucoup plus pertinente à nous poser : « Être ou avoir été : telle est la question. »
Permettre aux autres de s’améliorer
Malheureusement, nous utilisons souvent des étiquettes quand nous parlons des autres. Nous pouvons, par exemple, dire des choses telles que :
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« Frère Durand est un missionnaire paresseux. » Au lieu de cela, nous devrions dire : « Frère Durand n’a pas travaillé dur ces derniers temps, mais je crois qu’il peut s’améliorer. »
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« Marie n’est pas intéressée par la religion » Nous devrions plutôt dire : « Marie n’a pas manifesté d’intérêt pour la religion, mais il est possible qu’elle ressente l’Esprit si je lui rends témoignage. »
Quand nous disons que quelqu’un est quelque chose, nous pouvons en arriver à lui coller des étiquettes ou à le catégoriser, à le juger sans laisser de place à la possibilité d’un changement ou d’une amélioration. Mais, quand nous parlons de ce que quelqu’un a été, nous indiquons que nous croyons que la croissance et la progression sont possibles.
Est-il mal de juger ?
La plupart des traductions de la Bible donnent la version suivante d’un enseignement du Sauveur : « Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés » (Matthieu 7:1). Mais la traduction de Joseph Smith apporte cette clarification « Ne jugez point avec injustice […] ; mais jugez d’un jugement juste. » (dans le Guide des Écritures, Matthieu 7:2 ; italiques ajoutés).
Il est effectivement acceptable — et même attendu de nous — que nous exercions un jugement quand nous évaluons et discernons des situations et que nous prenons des décisions. Et il est particulièrement important que nous exercions un jugement juste dans nos relations avec les autres.
Par exemple, nous devons évaluer soigneusement avec qui nous allons nous marier, user de discernement pour comprendre les intentions de quelqu’un, ou évaluer les capacités qu’a quelqu’un de s’acquitter d’une tâche professionnelle.
Nous devons toujours évaluer les actions ou les caractéristiques selon les normes du Seigneur énoncées dans les saintes Écritures et les paroles des prophètes. Par-dessus tout, nous devons être sûrs que, par nos jugements, nous n’essayons pas de définir durement, de catégoriser rapidement ou d’étiqueter injustement qui que ce soit.
Capables de changer
Nous exerçons un jugement injuste quand nous décrivons les autres de manière inexacte, particulièrement si en le faisant nous impliquons qu’ils ne peuvent pas changer. Dans toutes nos relations avec les autres, nous ne devons pas oublier que, grâce au sacrifice expiatoire du Seigneur, chacun de nous a la capacité de s’améliorer. Réfléchissez aux exemples suivants, donnés par le Sauveur :
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Il a dit à la femme surprise en adultère : « Va, et ne pèche plus » (Jean 8:11).
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Il a dit à l’un des hommes crucifiés à côté de lui : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23:43).
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En tant qu’être ressuscité, il a continué de voir le potentiel de Pierre et de le guider, bien que Pierre l’ait renié trois fois (voir Matthieu 26:34 et Jean 21:15-17).
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Il a dit à Saul, qui avait persécuté les saints, de se repentir. Saul, qui est devenu Paul, a obéi et est devenu juste. (Voir Actes 9:3-6.)
Le Seigneur Jésus-Christ est le champion des deuxièmes chances — et des troisièmes et quatrièmes aussi. Il nous a demandé de pardonner « jusqu’à septante fois sept fois » (Matthieu 18:22). Il est la seule personne qui ait vécu une vie parfaite sur la terre, mais, grâce à sa vie, à ses enseignements, à son sacrifice expiatoire et à sa résurrection, et grâce aux ordonnances de son Évangile, nous pouvons, nous aussi, devenir parfaits un jour. Faire référence à nos frères et sœurs d’une manière qui véhicule le doute quant à leur capacité de changer véhiculerait aussi le doute à l’égard du pouvoir du Sauveur et de son expiation.
Extérieur et intérieur
C’est un fait établi que nous jugeons (et sommes jugés) sur notre première apparence. Mais nous courons le risque de juger avec injustice quand nous jugeons en nous fondant seulement sur les premières apparences, sans évaluer la vraie nature d’une personne.
« L’Éternel ne considère pas ce que l’homme considère ; l’homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7). Jésus a comparé les hypocrites de son époque à des « sépulcres blanchis, qui paraissent beaux au-dehors, et qui, au-dedans, sont pleins […]de toute espèce d’impuretés » (Matthieu 23:27).
Le Sauveur n’enseignait pas qu’une apparence extérieure positive et décente n’est pas une bonne chose, mais que la personnalité intérieure (l’état moral et spirituel) d’un homme ou d’une femme est beaucoup plus importante. Pensez à nos temples majestueux : les jardins sont beaux mais combien plus importantes sont les ordonnances qui s’accomplissent à l’intérieur !
Il est aussi demandé aux missionnaires de respecter des règles vestimentaires et de présentation. En étant propres, en s’habillant avec pudeur et en utilisant un langage convenable, ils donnent un bon exemple aux personnes dont la découverte de l’Évangile de Jésus-Christ passera par ce qu’ils voient et ce qu’ils entendent dire par les missionnaires.
User de discernement
Lorsque nous essayons de juger avec justice, il est important d’user de discernement. Le Guide des Écritures dit que le discernement consiste à « comprendre ou savoir quelque chose par la puissance de l’Esprit. […] Grâce à lui, on perçoit la véritable personnalité des gens et la source et la signification des manifestations spirituelles » (Guide des Écritures, « Discernement, don du »).
Parfois, des gens qui sont mauvais intérieurement utilisent une apparence profane pour essayer de nous donner à penser qu’ils sont dignes d’émulation. Ils sont « sages à leurs yeux, et […] se croient intelligents ! » (Ésaïe 5:21 ; 2 Néphi 15:21). Le Sauveur voyait au-delà de cette mascarade et il discernait la force de caractère et l’intention honnête du cœur, même chez les plus humbles et les opprimés.
Alma a fait preuve de ce genre de discernement quand il s’est adressé aux gens qui étaient « méprisés de tous les hommes à cause de leur pauvreté », et étaient cependant bénis parce qu’ils étaient devenus humbles et « humbles de cœur » (voir Alma 32:5-8).
Nous ne devons pas oublier que « les choses de l’Esprit de Dieu, […] c’est spirituellement qu’on en juge » (1 Corinthiens 2:14). Quand nous voyons les autres comme notre Père céleste les voit, le discernement nous permet d’exercer un jugement juste.
Jugement juste
Chaque jour de notre vie, nous jugeons en évaluant et en discernant. Toutefois, Le Seigneur attend de nous que nous le fassions avec justice. En tant que disciples du Seigneur Jésus-Christ, nous devons montrer par nos paroles et nos actes que nous sommes miséricordieux, aimants et désireux d’aider.
En tant que juges justes, nous devons veiller à faire davantage attention à la personnalité des gens qu’à leur apparence. D’un autre côté, nous ne devons pas oublier que, chaque jour, nous créons de premières impressions par notre apparence et par les mots que nous employons. La plupart des gens seront poussés à en apprendre plus sur notre personnalité et sur le message de l’Évangile si notre apparence reflète la grande valeur de notre message.
Notre Seigneur et Maître, Jésus-Christ, nous a montré le parfait modèle que nous devons suivre en nous efforçant de juger avec justice. Comme lui, nous devons contrebalancer ce que nous voyons à la surface avec ce qui se passe en chaque personne.