2020
Demeurez dans la liberté
Décembre 2020


À la rencontre de nos pionniers

Demeurez dans la liberté

Née le 31 octobre 1925, et décédée le 21 septembre 2016, sœur Charrier, nous lègue un témoignage de foi et de valeurs, recueilli par Jean Caussé, ancien historien de l’Église en France.

1re partie :

Voici le témoignage de Sœur Charrier rédigé en juin 2008

Vers l’âge de vingt ans, lors de mes études universitaires, je me posais beaucoup de questions ; j’avais perdu la foi transmise par mes parents protestants. J’ai étudié la philosophie, la psychologie et, en étais restée à Descartes « Je pense, […] je suis »… Mais je suis où, comment et pourquoi ?

Parallèlement, j’ai étudié diverses religions, mais aucune d’elles ne m’a satisfaite.

Néanmoins, curieusement, je chantais de temps en temps des cantiques méthodistes. Il fallait admettre que j’étais à la recherche d’un témoin de vérité, car je savais que la vérité absolue ne pouvait humainement se trouver… Et, il valait mieux s’adresser à Dieu lui-même, s’il existait.

À la suite de ces méditations (je saute des années), je me trouvais un jour en promenade avec une cousine sur une colline près de Valence. Nous avions soif, et point d’eau…

Nous avisons un petit groupe de promeneurs assis en train de boire. Nous nous permettons de leur demander un verre d’eau qu’ils nous ont tout de suite aimablement donné.

Il se trouvait que c’étaient frère et sœur Fargier accompagnés de deux missionnaires. Ils nous ont invitées à une prochaine conférence tenue par un frère Barker au théâtre de la ville, ainsi qu’un concert par un quatuor à cordes de l’université Brigham Young.

Je m’y suis rendue et ai décidé de suivre, quand j’étais présente à Valence, les réunions hebdomadaires dirigées par frère Fargier, dans une salle d’une pension de famille où il y avait un vieux piano dont je jouais.

J’ai commencé à lire les livres canoniques de l’Église, en partie en anglais. En français, les Doctrine et Alliances n’existaient qu’en extraits.

Ainsi j’ai été préparée. J’ai reçu un jour dans ma maison un puissant témoignage inoubliable et j’ai été baptisée dans une piscine d’eau thermale des Cévennes, un beau jour radieux de mai.

J’ai été confirmée le dimanche suivant à Grenoble par frère Woolf, président de mission, cela malgré l’opposition de ma famille.

Mais j’étais dans la joie, la paix du Seigneur. J’avais enfin retrouvé ma maison, celle que je cherchais depuis des années !

Après mon baptême, j’ai suivi régulièrement les réunions du dimanche. La branche se composait de frère et sœur Fargier et moi et de quelques amis qui venaient occasionnellement.

Sont arrivées deux sœurs missionnaires, une Suisse et une Belge.

Je n’avais pas eu de leçons missionnaires, mais j’avais faim et soif de m’instruire davantage dans l’Évangile. J’ai même relu le Nouveau Testament et une partie de l’Ancien Testament, éclairés d’un jour nouveau !

Plus tard, j’ai eu accès à la Perle de Grand prix qui n’était pas traduite en français.

Frère Fargier m’a tout de suite demandé de faire les leçons de la Société de Secours, puis de l’École du Dimanche. Nous n’avions pas beaucoup de manuels à notre disposition. Il fallait étudier les Écritures et composer nos textes : j’ai beaucoup appris !

De plus, je donnais un discours tous les dimanches !

J’ai commencé ma généalogie, d’abord sans un guide, seulement avec l’invitation de rechercher jusqu’à la quatrième génération.

En outre, nous avions des activités diverses avec les missionnaires. Étant si peu nombreux nous nous réunissions, soit avec les membres de Lyon, soit avec ceux de Saint-Étienne ou de Grenoble.

J’étais pénétrée de l’Évangile, m’émerveillant du plan du salut, du rétablissement de la prêtrise par l’autorité de Dieu, d’avoir un prophète à la tête de l’Église. Tout cela me gonflait l’âme de joie.

J’ai eu la grâce immense de rencontrer et de m’entretenir avec le président David O. Mc Kay, lors de son passage à Paris. Je vois encore ses yeux bleus dans les miens !

Et savoir que notre Père céleste a un corps de chair et d’os, son Fils semblable à lui, le don du Saint-Esprit, quel immense réconfort, quelle immense paix !

Plus tard j’ai été appelée et mise à part pour visiter les branches de la mission française qui comprenait la France, la Suisse, et une partie de la Belgique, si je me souviens bien, dans les domaines de la Société de Secours et de la musique, entre autres ; de même, j’ai été mise à part plus tard pour la révision du livre de cantiques pour lequel nous avons travaillé, sœur Lebon, sœur Steven, sœur Contesse et moi, pendant quatre ans, nous réunissant tous les deux mois environ à Paris.

Entre-temps, nous recherchions chacune les améliorations à apporter. J’ai trouvé là une exceptionnelle collaboration fraternelle pleine d’amour.

J’ai reçu ma dotation lors de la dédicace du temple de Zollikofen, dotation qui dura de 20 h 00 jusqu’à plus de 4 h du matin, faute de travailleurs entraînés.

Je suis retournée au temple, chaque année, autant que possible une ou deux fois, sauf quand j’étais empêchée par la maladie des miens.

Quelle grande bénédiction pour moi que de faire l’œuvre pour mes ancêtres qui attendaient !

Ma bénédiction patriarcale m’a été donnée en 1969 par J. E. Smith, patriarche de l’Église à Salt Lake City.

Je suis heureuse d’avoir toujours eu des appels dans l’Église, sans discontinuer. Je crois que je n’en ai jamais refusé un !

Bénie, bien sûr, par ce changement de cœur, je veux redire « Mon Dieu, que tu es grand ! »

2e partie :

Voici à présent un extrait d’un article écrit par sœur Charrier et publié dans « L’Étoile », de janvier 1954…

« Demeurez dans la liberté par laquelle vous êtes rendus libres ; ne vous empêtrez pas dans le péché, mais que vos mains soient pures jusqu’à ce que le Seigneur vienne1. »

C’est par la liberté que nous obéissons (ou non) aux lois ; c’est en obéissant aux lois que nous les dominons, c’est-à-dire que nous obtenons plus de pouvoir, plus de lumière.

Qui dit augmentation de pouvoir, dit progrès. Les lois ne sont pas coercitives, là est la grande Vérité, mais sont au contraire bonnes – faites pour notre bien. N’est-ce pas une merveille ?

Dieu est un Dieu d’ordre. La loi, c’est l’ordre même des choses. Le monde existerait-il si la terre transgressait sa loi ?

Nous « sommes » par la loi, sinon ce serait une confusion sans nom.

En fait, dans la préexistence, ce fut le Christ qui assura la liberté de l’humanité en nous donnant le libre arbitre, s’opposant ainsi à Lucifer qui voulait forcer tous les hommes à être bons. Jésus insista pour que nous ayons la liberté de choisir notre propre direction dans la vie. Puis, au cours de son ministère terrestre, il nous enseigna que, de tous les facteurs qui nous dépossèdent de notre liberté, le péché est le plus vicieux. […]

Beaucoup pensent encore qu’obéir à la loi est une servitude. […]

Voici ce que dit le président de l’université de Stanford (Californie), David Jordan : « La vie qui se déclare elle-même libre de vivre relâchée, ou de vivre à un niveau inférieur, est l’espèce d’esclavage le plus dégradé qu’on puisse imaginer. »

Robert Speer dit que l’humanité peut se classer en trois catégories :

« Les esclaves qui font la volonté d’un autre ; les ‘valets’ qui ne font que la leur propre ; et les hommes libres qui font la volonté de Dieu. »

Ainsi la vérité est simple. Devenir esclave d’une cigarette n’est pas choisir. Être esclave du diable en étant immoral et impudique n’est pas la liberté. Tricher, mentir, ne s’appelle pas être libre.

Être libre, c’est secouer le péché, l’ignorance, l’erreur et demeurer dans la liberté de l’Évangile de Jésus-Christ – en obéissant à ses lois.

Notes de bas de page :

  1. D&A 88:86

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