Pauvres petits
Dans chaque paroisse et chaque branche, nous avons besoin de tout le monde, des membres qui sont forts et de ceux qui ont peut-être des difficultés. Tous sont nécessaires.
Je me rappelle que, quand j’étais petit, j’étais dans la voiture avec mon père et je voyais des personnes qui se trouvaient dans des situations difficiles ou qui avaient besoin d’aide. Mon père disait toujours : « Pobrecito » ce qui veut dire « pauvre petit ».
J’observais avec intérêt mon père qui aidait beaucoup de ces personnes, notamment lorsque nous nous rendions au Mexique pour voir mes grands-parents. Il trouvait souvent quelqu’un qui était dans le besoin et allait ensuite lui apporter discrètement l’aide nécessaire. Plus tard, j’ai découvert qu’il en aidait à s’inscrire à l’école, à acheter de la nourriture ou il s’assurait de leur bien-être d’une manière ou d’une autre. Il servait un « pauvre petit » qui avait croisé son chemin. En fait, pendant mon enfance et mon adolescence, il y avait toujours quelqu’un qui vivait chez nous et avait besoin d’un endroit où dormir jusqu’à ce qu’il puisse se débrouiller tout seul. Cela m’a donné de la compassion pour mes semblables, hommes ou femmes, et les personnes qui sont dans le besoin.
Dans Prêchez mon Évangile, il est dit : « Vous êtes entouré de gens. Vous les croisez dans la rue, vous leur rendez visite chez eux et vous voyagez parmi eux. Ils sont tous enfants de Dieu, vos frères et vos sœurs. […] Beaucoup de ces personnes sont à la recherche d’un but dans la vie. Elles se font du souci pour leur avenir et pour leur famille » (Prêchez mon Évangile, Guide du service missionnaire, 2004, p. 1).
Au fil des années, pendant mon service dans l’Église, j’ai essayé de chercher les gens qui avaient besoin d’aide, à la fois temporellement et spirituellement. J’entendais souvent la voix de mon père qui disait : « Pobrecito », pauvre petit.
Dans la Bible, nous trouvons un merveilleux exemple de sollicitude pour un pauvre petit :
« Pierre et Jean montaient ensemble au temple, à l’heure de la prière : c’était la neuvième heure.
Il y avait un homme boiteux de naissance, qu’on portait et qu’on plaçait tous les jours à la porte du temple appelée la Belle, pour qu’il demandât l’aumône à ceux qui entraient dans le temple.
Cet homme, voyant Pierre et Jean qui allaient y entrer, leur demanda l’aumône.
Pierre, de même que Jean, fixa les yeux sur lui, et dit : Regarde-nous.
Et il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir d’eux quelque chose.
Alors Pierre lui dit : Je n’ai ni argent, ni or ; mais ce que j’ai je te le donne : au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche.
Et le prenant par la main droite, il le fit lever. Au même instant, ses pieds et ses chevilles devinrent fermes » (Actes 3:1-7 ; italiques ajoutés).
En lisant ce récit, j’ai été intrigué par l’utilisation du verbe fixer. Le verbe fixer signifie diriger ses yeux ou ses pensées, ou regarder intensément. En regardant cet homme, Pierre l’a vu différemment des autres. Il a regardé au-delà de son incapacité à marcher et de ses faiblesses, et il a pu discerner que sa foi était suffisante pour qu’il soit guéri et entre dans le temple pour recevoir les bénédictions qu’il recherchait.
J’ai relevé que Pierre l’a pris par la main droite et l’a fait se lever. Quand Pierre a aidé l’homme de cette manière, le Seigneur l’a miraculeusement guéri, et ses pieds et ses chevilles sont devenues fermes (voir Actes 3:7). Son amour pour cet homme et son désir de l’aider ont provoqué une amélioration des capacités et des aptitudes chez l’homme qui était faible.
Lorsque j’étais soixante-dix d’interrégion, je consacrais le mardi soir à faire des visites pastorales avec les présidents de pieu sous ma responsabilité. Je leur demandais de prendre rendez-vous avec les membres qui avaient besoin d’une ordonnance de l’Évangile de Jésus-Christ ou qui ne respectaient pas les alliances qu’ils avaient contractées. Grâce à notre service constant et délibéré, le Seigneur a magnifié nos efforts et nous a permis de trouver des personnes et des familles qui étaient dans le besoin. Il s’agissait des « pauvres petits » qui vivaient dans les différents pieux où nous servions.
Un jour, j’ai accompagné Bill Whitworth, président du pieu de Sandy Canyon View, dans l’État d’Utah, pour faire des visites pastorales. Il a prié pour savoir qui nous devions visiter, essayant de vivre la même expérience que Néphi, qui « était conduit par l’Esprit, ne sachant pas d’avance ce qu’[il allait] faire » (1 Néphi 4:6). Il a démontré que, dans le service pastoral, nous devons être guidés par la révélation vers les personnes qui sont le plus dans le besoin, au lieu de simplement dresser une liste ou de faire les visites de manière méthodique. Nous devons être guidés par le pouvoir de l’inspiration.
Je me rappelle être entré dans la maison d’un jeune couple, Jeff et Heather, qui avait un petit garçon, Kai. Dans son enfance, Jeff avait été pratiquant dans l’Église. C’était un sportif très talentueux avec une carrière prometteuse. Pendant son adolescence, il a commencé à s’éloigner de l’Église. Plus tard, il a eu un accident de voiture, qui a modifié le cours de sa vie. Tandis que nous entrions chez lui et faisions connaissance, Jeff nous a demandé pourquoi nous étions venus voir sa famille. Nous avons répondu qu’il y avait environ trois mille membres qui vivaient sur le territoire du pieu. Je lui ai alors demandé : « Jeff, de toutes les maisons dans lesquelles nous aurions pu nous rendre ce soir, dites-nous pourquoi le Seigneur nous a envoyés ici. »
Ces paroles l’ont profondément touché et il a commencé à nous faire part de ses inquiétudes et de certains problèmes que sa famille rencontrait. Nous avons commencé à parler de plusieurs principes de l’Évangile de Jésus-Christ. Nous avons proposé à Jeff et à sa famille de faire des choses précises qui pourraient au début leur sembler difficiles mais qui, avec le temps, apporteraient beaucoup de bonheur et de joie. Le président Whitworth a ensuite donné à Jeff une bénédiction de la prêtrise pour l’aider à surmonter ses difficultés. Jeff et Heather ont accepté de faire ce que nous leur avons demandé.
Environ un an plus tard, j’ai eu le bonheur de voir Jeff baptiser sa femme, Heather, qui est ainsi devenue membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Ils se préparent maintenant à aller au temple pour être scellés en famille pour le temps et pour toute l’éternité. Notre visite a modifié le cours de leur vie, temporellement et spirituellement
Le Christ a enseigné :
« Sois donc fidèle, remplis l’office que je t’ai désigné, va au secours des faibles, fortifie les mains languissantes et affermis les genoux qui chancellent » (Doctrine et Alliances 81:5).
Il a dit aussi : « Et en faisant ces choses, tu feras le plus grand bien à tes semblables et tu promouvras la gloire de celui qui est ton Seigneur » (Doctrine et Alliances 81:4).
Frères et sœurs, l’apôtre Paul a enseigné un élément essentiel de notre service pastoral. Il a enseigné que nous sommes tous « le corps de Christ, et […] ses membres, chacun pour sa part » (1 Corinthiens 12:27) et que chaque membre du corps est nécessaire pour assurer l’édification du corps entier. Puis il a enseigné une grande vérité qui a pénétré profondément dans mon cœur lorsque je l’ai lue. Il a dit : « Mais bien plutôt, les membres du corps qui paraissent être les plus faibles sont nécessaires ; et ceux que nous estimons être les moins honorables du corps, nous les entourons d’un plus grand honneur » (1 Corinthiens 12:22–23 ; italiques ajoutés).
Ainsi, dans chaque paroisse et chaque branche, nous avons besoin de tout le monde, des membres qui sont forts et de ceux qui ont peut-être des difficultés. Tous sont nécessaires à l’édification essentielle du « corps [entier] du Christ ». Je me demande souvent qui nous manque dans nos différentes paroisses et qui pourrait nous renforcer et faire que nous soyons complets.
D. Todd Christofferson a enseigné : « Non seulement nous apprenons la doctrine divine dans l’Église mais nous l’y mettons aussi en pratique. En tant que corps du Christ, les membres de l’Église se servent mutuellement dans la réalité de la vie quotidienne. Nous sommes tous imparfaits. […] Dans le corps du Christ, nous devons aller au-delà des notions théoriques et des discours exaltés pour vivre une véritable expérience participative en apprenant à ‘vivre ensemble dans l’amour’ [Doctrine et Alliances 42:45] (« La raison d’être de l’Église », Le Liahona, novembre 2015, p. 109).
En 1849, Brigham Young a fait un rêve dans lequel il a vu Joseph Smith, le prophète, guider un grand troupeau de moutons et de chèvres. Certains de ces animaux étaient grands et beaux, d’autres étaient petits et sales. Brigham Young se souvient d’avoir regardé Joseph Smith, le prophète, dans les yeux et d’avoir dit : « Joseph, vous avez le troupeau le plus curieux […] que j’aie jamais vu de ma vie ; qu’allez-vous en faire ? » Le prophète, qui ne semblait pas se faire de souci pour ce troupeau indiscipliné, répondit simplement : « [Brigham,] ils sont tous bons, chacun à sa place ».
Lorsque le président Young s’est réveillé, il a compris que, si l’Église rassemblait une grande variété de « moutons et de chèvres », il était de sa responsabilité de les faire tous entrer et de permettre à chacun d’entre eux de réaliser tout son potentiel dans l’Église (adapté de Ronald W. Walker, « Brigham Young: Student of the Prophet, » Ensign, février 1998, p. 56–57.)
Frères et sœurs, mon discours est né d’une profonde réflexion sur une personne qui n’est pas actuellement engagée dans l’Église de Jésus-Christ. Pour un court instant, je voudrais m’adresser à toutes celles qui sont dans ce cas. Neal A. Maxwell a enseigné : « Ces personnes restent souvent proches de l’Église, mais n’y participent pas pleinement. Elles n’entrent pas dans la salle de culte, mais n’en quittent pas le seuil. Ce sont celles qui ont besoin de l’Église et dont elle a besoin, mais qui, en partie, ‘vivent sans Dieu dans le monde’ [Mosiah 27:31] » (voir « Pourquoi pas maintenant ? », L’Étoile, mai 1975, tome CXXV, numéro 5, p. 41 [Why not now?, Ensign, novembre 1974, p. 12].
Je fais écho à l’invitation de notre président bien-aimé, Russell M. Nelson, lorsqu’il s’est adressé pour la première fois aux membres de l’Église. Il a dit : « Maintenant, j’invite chaque membre de l’Église à rester sur le chemin des alliances. Votre engagement à suivre le Seigneur et à contracter des alliances avec lui et à les respecter ouvrira la porte à toutes les bénédictions spirituelles et à tous les privilèges accessibles aux hommes, aux femmes et aux enfants, où qu’ils soient. »
Il a ensuite imploré : « Si vous vous êtes éloigné du chemin, je vous invite du fond du cœur à y revenir. Quels que soient vos problèmes, quelles que soient vos difficultés, il y a une place pour vous au sein de l’Église du Seigneur. Vous et les générations à venir serez bénis par votre choix de revenir dès maintenant sur le chemin des alliances » (« Tandis que nous allons de l’’avant ensembre », Le Liahona, avril 2018, p. 7 ; italiques ajoutés).
Je témoigne de lui, de Jésus-Christ, notre plus grand Serviteur et notre Sauveur à tous. J’invite chacun de vous à rechercher les « pobrecitos », les « pauvres petits » parmi nous qui sont des nécessiteux. C’est là mon espérance et ma prière au nom de Jésus-Christ. Amen.