Atteindre les gens dans leurs propres situations

À la fin des années 1960, Eva Grünauer, âgée de 15 ans, participait à un voyage de jeunes saints des derniers jours lorsque Erwin Roth trouva le courage de lui dire qu’elle lui plaisait. Elle se souvint plus tard : « Je me suis dit : ‘Oui. C’est lui.’ En un instant, c’était parfaitement clair. » Ils se marièrent alors qu’ils avaient la vingtaine et fondèrent une famille. Au fur et à mesure que leur famille s’agrandissait, l’Église de Salzbourg se développa, d’un petit groupe à un pieu.

En cours de route, les Roth firent face à de nombreuses épreuves de la vie, et Eva fut souvent reconnaissante de l’assurance spirituelle que lui procurait sa relation avec Erwin. Elle remarqua : « Parfois, on se sent tellement accablé par la vie. Pour moi, il fut toujours important de pouvoir s’appuyer sur quelque chose, de pouvoir dire que je suis exactement au bon endroit. » Elle trouva également une grande force dans le culte au temple. « Cela me donne le sentiment d’être proche de notre Père céleste. J’en ai besoin encore et encore. » Pour Erwin, dont le père décéda alors qu’il était très jeune, le temple joua aussi un rôle important en lui donnant l’assurance d’une famille éternelle.

Alors qu’ils servaient au sein de l’Église, Eva et Erwin cherchèrent des occasions de transmettre cette même joie spirituelle à d’autres personnes, mais cela leur apprit à être sensibles aux expériences des gens. En écoutant attentivement les sœurs célibataires de son pieu, Eva se rendit vite compte que même celles qui avaient un témoignage ferme de l’importance de l’œuvre du temple ne trouvaient pas forcément le même réconfort en s’y rendant. Elle expliqua : « Même dans le temple, être seul n’est pas agréable. » Elle reconnu aussi que pour certaines personnes le culte au temple pouvait soulever plus de questions qu’il n’en résolvait. « Par exemple, pour une femme qui est actuellement attirée par une personne du même sexe, la perspective de peut-être trouver dans la prochaine vie un partenaire éternel qui soit un homme […] n’est pas une proposition réconfortante. » Peu importe la situation, elle se concentra sur le service aux sœurs. Elle déclara : « Mon objectif était simplement d’atteindre les femmes dans leur propre situation. »

Dans un cas, Erwin travailla avec une sœur âgée qui était pratiquante depuis qu’elle était petite. « Des générations de dirigeants de la prêtrise, d’instructeurs au foyer et d’instructrices visiteuses avaient constamment incité cette sœur à se rende au temple pour sa dotation. » En tant que président de branche, il demanda à cette sœur si elle voulait lui expliquer pourquoi elle hésitait. Elle répondit : « Vous êtes le premier à me demander pourquoi. » Elle confia alors qu’elle avait subi des sévices de son père et qu’elle ne voulait pas être scellée à lui. Erwin lui assura qu’elle pouvait aller au temple pour sa dotation sans être scellée si elle le souhaitait. Après avoir porté pendant soixante-dix ans une douleur dont elle avait du mal à parler, elle trouva une solution à ses inquiétudes.

Erwin déclara : « J’ai toujours fait de mon mieux pour aller au fond des choses. » Eva remarqua que dans de nombreux cas, le véritable service requiert plus que de la bonne volonté. Elle expliqua : « Même lorsque vous voulez les atteindre, les gens peuvent ne pas vous laisser faire parce qu’ils se sentent aigris. Cela demande de l’endurance et il faut simplement leur montrer sur le long terme : ‘Je me soucie de toi’ [même si] il faut souvent un certain temps avant que la personne dise vraiment : ‘Maintenant, je te crois.’ »