Libre de danser
La ballerine semble glisser sur la scène enchaînant spirales, vrilles et sauts aériens avec une aisance qui défie les lois de la gravité. Chacun de ses mouvements exprime la liberté.
Maria Victoria Rojas Rivera, du Chili, ou Mavi, comme l’appellent ses amis, avait quatre ans lorsqu’elle décida, comme de nombreuses petites filles, de devenir ballerine. Comme toutes les autres, elle découvrit très vite que la grâce et la légèreté des danseuses qu’elle voyait sur scène s’acquéraient à un prix très élevé. La discipline et les efforts exigés pour devenir une danseuse professionnelle sont trop grands pour beaucoup de jeunes rêveuses.
Le prix du rêve
« Petite, on ne saisit pas l’ampleur des sacrifices à consentir », nous dit Mavi. « Quand j’ai débuté à l’âge de 10 ans, nos professeurs nous ont prévenues que la moitié de notre vie serait consacrée à la danse. Il nous faudrait renoncer à beaucoup de choses. »
Le temps libre ou certains aliments par exemple. Mavi aurait à consacrer beaucoup de temps et d’efforts à l’entraînement et aux exercices. Elle devrait surveiller son régime alimentaire. Et, après l’école et la danse, elle n’aurait plus beaucoup de temps pour ses amies.
Mavi jugea que son rêve valait la peine qu’elle essaie.
Elle raconte : « Je crois que l’adolescence est une période complexe. Mes amies ne comprenaient pas toujours pourquoi je respectais un régime alimentaire ou je ne veillais pas tard en leur compagnie. »
Le prix de la liberté
Mavi apprit très tôt que ce qui semblait être des entraves à sa liberté n’était en fait que le seul moyen de se libérer d’obstacles qui l’empêcheraient d’atteindre son but.
Elle explique : « J’ai choisi de ne pas veiller tard et de m’entraîner au lieu de faire du shopping avec mes amies. Si j’étais fatiguée parce que je m’étais couchée tard ou si je ne connaissais pas des figures parce que je ne m’étais pas entraînée, je ne pouvais pas danser. »
Cette discipline est difficile, reconnaît Mavi, mais cela en vaut la peine.
Elle confie : « Il nous arrive à tous de penser que nous allons craquer à certains moments. Mais nous avons toujours la faculté de choisir. La discipline peut paraître une contrainte, mais l’autodiscipline est un choix. J’ai choisi d’accepter ce mode de vie afin de danser. »
Un but à plus longue échéance
À un moment de son parcours, Mavi s’est rendu compte que la danse n’était pas le seul but ou la seule chose de valeur pour laquelle il lui faudrait faire des sacrifices.
En grandissant elle a eu envie de suivre Jésus-Christ. Elle a compris que la discipline apprise dans la danse était comparable à celle qu’un disciple doit avoir. Ses amies s’étonnaient des raisons de son engagement à suivre les principes exigeants de l’Évangile, tout comme elles l’avaient fait pour la danse.
Elle raconte : « Je leur ai expliqué que nous avions la liberté de choisir et que, pour être libérée du péché et avoir la compagnie du Saint Esprit, j’avais fait le choix de ce mode de vie. »
Comme le Sauveur l’a dit, un disciple doit « se charger de sa croix », c’est-à-dire se refuser toute impiété et toute convoitise profane, et respecter les commandements de Dieu (voir la traduction par Joseph Smith de Matthieu 16:26). Une telle autodiscipline apporte la « liberté et la vie éternelle, par l’intermédiaire du grand Médiateur », alors que les efforts pour vivre sans les commandements nous conduisent à « la captivité et la mort, selon la captivité et le pouvoir du diable » (2 Néphi 2:27).
Mavy ajoute : « L’obéissance procure plus de liberté et de paix que quoi que ce soit d’autre. Mes buts ne sont pas limités à cette vie terrestre, ils visent l’éternité. »
Cela vaut le sacrifice
Telle une feuille qui vole au vent Mavy enchaîne sur scène tous ses mouvements avec fluidité : un développé, une pirouette, une glissade et un grand jeté.
La ballerine peut faire faire à son corps des choses qui entraîneraient des blessures chez la plupart des autres gens. Cette liberté de mouvement est essentielle pour communiquer avec le public. Mais cette apparente facilité de chaque mouvement d’une bonne danseuse sur scène est le résultat de grands efforts hors de la scène.
Huit années de sacrifice et des heures d’entraînement quasi quotidien lui ont permis de vivre enfin son rêve sur scène… et dans l’Évangile.
Elle explique : « Beaucoup de gens trouvent ce que je fais beau et gracieux. Mais chaque mouvement est très maîtrisé. Cela requiert énormément de force. »
Le parallèle avec l’Évangile est important. Il faut de la force pour suivre le Christ. Mais la récompense est douce.
Malvi poursuit : « La récompense de tant de sacrifices est que je peux danser. Je me sens forte et je me sens guidée par le Saint Esprit à chaque pas, sur scène et dans la vie ».
L’apprentissage n’est pas fini
Néphi nous dit qu’une fois que nous avons ressenti le désir de suivre le Christ et que nous sommes baptisés et confirmés, nous devons encore persévérer jusqu’à la fin (voir 2 Néphi 31:15). Pour Mavi, la danse classique implique un engagement identique.
Après une tournée au Paraguay, elle est retournée à Viña del Mar, au Chili, pour enseigner pendant plusieurs années. Depuis elle a décidé d’atteindre un niveau supérieur. Elle s’est fixé de nouveaux objectifs et est allée en Argentine, en Allemagne, en Irlande et en Espagne afin d’auditionner auprès de plusieurs troupes de ballet.
Elle sait qu’elle doit persévérer, tant sur scène que dans l’Évangile. Pour être libre de danser, elle doit continuer de faire preuve de discipline. Pour avoir la liberté que connaissent les disciples, elle doit persévérer dans la foi. « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8:31-32).
Danser avec sagesse
Pour rester en forme et en bonne santé Mavi fait de grands efforts hors des feux de la rampe. Non seulement elle surveille de près son régime alimentaire et se repose comme il faut mais elle fait beaucoup d’exercice et danse au moins cinq heures presque tous les jours. Cependant elle ne le fait pas uniquement pour la danse.
« L’Église m’a appris que mon corps est le temple de mon esprit. La danse exige que chaque partie de mon corps fonctionne bien. Aussi je le préserve de mon mieux. L’Église m’avait déjà enseigné de le faire. »
L’expérience de la danse classique a renforcé son témoignage de la nature inspirée de la Parole de Sagesse. « Quand on traite bien son corps, ça se voit », dit-elle.
Une ballerine doit prendre soin d’elle, « mais », ajoute Mavi, « nous devrions tous le faire, même si nous ne sommes pas danseurs. Nous ne choisissons pas le corps qui nous est donné, mais nous devons être reconnaissants de ce que nous avons et en prendre soin. C’est un don de Dieu et chacun a obtenu son corps dans un but précis. »