2021
Comment le fait de perdre ma mère suite au COVID a contribué à accroître ma foi
Septembre 2021


MESSAGE DU DIRIGEANT LOCAL DE LA PRÊTRISE

Comment le fait de perdre ma mère suite au COVID a contribué à accroître ma foi

« En tant que médecin, j’ai essayé de lui sauver la vie. Lorsqu’elle est décédée, les moments de doute qui s’en sont suivis m’ont amené à accroître ma foi pour ressentir la paix. »

Lors de la conférence générale de Pâques dernier, Russell M. Nelson nous a invités à accroître notre foi.1 Ces derniers mois ont été plutôt difficiles pour ma famille – physiquement, émotionnellement, financièrement et spirituellement. Entre mars et mai de cette année, une deuxième vague de la pandémie a frappé Madagascar, mon pays d’origine, comme jamais auparavant, saturant complètement le système de santé. De nombreuses personnes, y compris des médecins, se posaient des questions telles que : « Que nous arrive-t-il ? », « Où est Dieu ? » et « Sommes-nous si mauvais pour mériter une telle calamité ? »

Notre famille n’a pas été épargnée, puisque ma femme et moi avons été infectés, ainsi que la plupart de mes frères et sœurs et leurs conjoints, et mes parents. Ma mère, ma femme et moi, affectés d’une forme plus grave de la maladie, avons dû être hospitalisés et placés ensemble dans une même salle. Après dix jours de traitement, notre état de santé s’est amélioré et ma femme et moi avons été autorisés à sortir de l’hôpital avec la recommandation de rester au lit pendant encore quelques semaines.

Ma mère est restée seule à l’hôpital. Son sentiment de solitude s’est transformé en dépression, car aucun de nous ne pouvait lui rendre visite. Elle a alors demandé à être ramenée à la maison et traitée par moi qui suis médecin. Nous lui avons tous fait comprendre qu’il était impossible de satisfaire ses besoins en oxygène à la maison. Comme son état s’aggravait, elle s’était fâchée contre nous tous, et son désir de rentrer chez elle était devenu un ordre. Nous nous sommes finalement tous résignés à la ramener à la maison, car nous avions miraculeusement trouvé une solution pour satisfaire ses besoins en oxygène. Une fois à la maison, son état avait commencé à s’améliorer jour après jour. Mais le dimanche matin suivant, elle a soudainement fait un arrêt cardio-respiratoire sous mes yeux. J’ai immédiatement commencé, avec l’aide de mon frère, la meilleure – et la plus longue – réanimation que j’aie jamais pratiquée. Nous avons finalement dû nous résigner au fait qu’elle allait mourir. Les yeux remplis de larmes, j’ai signé la déclaration officielle de décès médical de la femme qui m’a donné naissance.

Après avoir réconforté mes proches, mes pensées se sont remplies de questions et de doutes. Avais-je, en tant que médecin, donné de mauvais soins à ma mère ? Avions-nous pris la mauvaise décision de la ramener à la maison ? Ces moments de doutes et de questionnement m’ont amené à travailler à accroître ma foi pour ressentir la paix.

J’ai reçu un appel de S. Mark Palmer, le président de l’interrégion d’Afrique Australe, qui m’a apporté son soutien avec tant d’amour. Comme je lui racontais comment ma mère était décédée pour une raison que je ne comprenais pas, il m’a dit : « En tant que médecin, vous ne comprenez pas. Mais en tant que serviteur du Seigneur, vous devez le comprendre ».2

Ma foi dans le Seigneur Jésus-Christ a toujours été forte, mais ce que le frère Palmer a dit m’a aidé à revenir sur le droit chemin.

Dans son message, le président Nelson a donné plusieurs recommandations3 pour nous aider à accroître notre foi. Permettez-moi de vous raconter comment j’ai appliqué quelques-unes d’entre elles.

Réfléchir. J’ai réfléchi au message du président Nelson lors de la dernière conférence générale et je me suis souvenu de l’appel d’Alma qui nous invite à « faire l’expérience de la parole et de faire preuve d’un tout petit peu de foi, même si nous ne pouvons faire plus que désirer croire ».4

Oui, il m’a été facile de choisir de croire en Jésus-Christ. Mais pour que l’Expiation s’applique pleinement à moi, je dois travailler davantage. Cela m’a donné l’occasion de me souvenir et de réfléchir au ministère du Sauveur et à son expiation infinie. J’ai aussitôt senti ma foi grandir et mon espérance croître. Et j’ai eu une perspective éternelle sur les événements des dernières semaines.

J’ai eu le cœur rempli de gratitude car l’Esprit m’a aidé à voir la main du Seigneur dans tant de détails de ces événements et son calendrier parfait. Il a même été à l’origine de la demande de ma mère de rentrer à la maison. Cela a permis à ma mère, pour ses derniers jours dans sa vie terrestre, d’être avec ses proches, de ressentir plus de paix et de voir son fils médecin bien-aimé prendre soin d’elle. En effet, le Seigneur m’a donné cette occasion unique d’être proche d’elle tout en essayant de lui donner les meilleurs soins médicaux possibles. Je suis tellement heureux des moments précieux de ce samedi après-midi que j’ai passés avec elle quelques heures avant sa mort, à parler de choses autres que des questions médicales. Mes frères et sœurs et moi-même n’avons jamais été aussi proches que lorsque nous étions tous unis pour prendre soin de notre mère et, plus tard, de mon père qui était devenu veuf.

Je me souviens que lorsque maman mourait et que je sentais encore son faible pouls pendant les soins de réanimation, j’ai posé mes mains sur sa tête avec l’intention de lui donner une bénédiction de la prêtrise pour lui demander de rester avec nous, mais ma bouche ne pouvait pas prononcer ce que j’avais l’intention de dire. Au lieu de cela, j’ai dit une prière silencieuse pour que la volonté du Seigneur soit accomplie et que ce soit pour le mieux pour elle et pour nous tous.

C’était en effet la meilleure option, sous la main du Maître. Comme l’a enseigné le frère Andersen, ma foi a grandi comme « un don que le ciel nous accorde quand nous choisissons de croire et que nous le recherchons et nous y attachons ».5

La partie « agir dans la foi », outre le fait de suivre l’invitation du président Nelson et d’Alma, consistait également à écrire et à partager mon témoignage à mes proches et dans les médias sociaux, et à travers cet article que j’ai été invité à écrire. Oui, ma foi croissante en Jésus-Christ m’a aidé à ressentir son amour et a fait disparaître la montagne de doutes qui se dressait devant moi.

Je sais que Jésus-Christ m’aime et aime chacun d’entre nous. Je sais que nous pouvons compter sur cet amour et que « l’épreuve de la foi [est] bien plus précieuse que l’or »6, car les épreuves que nous vivons sont là pour nous aider à grandir dans la foi et à être bénis.

Puissions-nous tous avoir ce désir de travailler pour accroître notre foi en Jésus-Christ afin d’être en mesure de déplacer les montagnes devant nous et de recevoir les bénédictions que notre Père céleste désire répandre sur nous. Au nom sacré de Jésus-Christ, amen.

Ifanomezana Rasolondraibe a été appelé comme soixante-dix d’interrégion en avril 2019. Il est marié à Felambolafotsy Cardiss Keithy Suman Ratsitobaina ; ils ont trois enfants. Frère et sœur Rasolondraibe résident à Antananarivo, à Madagascar.

Références

  1. Voir Russell M. Nelson, « Le Christ est ressuscité ; la foi en lui déplacera les montagnes », Le Liahona, mai 2021, 101-104.

  2. S. Mark Palmer, communication personnelle par appel téléphonique le 26 avril 2021.

  3. Voir Russell M. Nelson, « Le Christ est ressuscité », 102-104. Il a donné cinq recommandations : Premièrement, étudier ; deuxièmement, choisir de croire en Jésus-Christ ; troisièmement, agir par la foi ; quatrièmement, participer aux ordonnances sacrées ; et cinquièmement, demander de l’aide à notre Père céleste.

  4. Alma 32:27.

  5. Neil L. Andersen, « La foi n’est pas le fruit du hasard, mais de choix », Liahona, nov. 2015, 65.

  6. 1 Pierre 1:7.

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