Préserver le caractère sacré du temple

En 1989, les saints de Solano économisèrent pour faire le voyage de huit heures jusqu’au temple de Manille (Philippines). Beaucoup planifièrent de recevoir leur propre dotation du temple. Sept familles prévirent également d’être scellées ensemble pour l’éternité. Ces membres restèrent engagés à faire ce voyage même lorsque, dans la semaine précédant leur départ, le gouvernement annonça une augmentation de vingt pour cent du prix de l’essence. Malgré l’augmentation des coûts et les informations faisant état de troubles croissants à Manille, ils se mirent en route dans la soirée du jeudi 30 novembre.

Cette nuit-là, un groupe de soldats lança une tentative de coup d’État contre le gouvernement. Lorsque les saints de Solano arrivèrent à Manille au petit matin du premier décembre, une grande partie de la ville était fermée, mais le président du temple, ému de compassion, dit aux saints que le temple ouvrirait pour eux. Le personnel du temple pria pour qu’ils puissent réunir suffisamment de servants des ordonnances. Plusieurs personnes arrivèrent bientôt, dont une sœur qui fit huit kilomètres à pied jusqu’au temple après l’annulation du passage de son autobus en raison des troubles. En début d’après-midi, les saints de Solano avaient reçu toutes leurs ordonnances. Alors qu’ils montaient dans leurs jeepneys (autobus philippins) pour rentrer chez eux, on entendait au loin des tirs d’armes légères et des obus de mortier.

Le soir du vendredi premier décembre, Dignardino Espi, directeur de la sécurité du temple, arriva pour s’occuper du complexe avec deux autres gardes, Remigio Julian et Felipe Ramos. Dignardino Espi se souvint que l’atmosphère était « pleine de tension » alors que des rapports d’escarmouches entre les forces rebelles et gouvernementales grésillaient sur une petite radio dans le poste de garde à seulement 400 mètres de là. Toute la nuit, les gardes s’inquiétèrent de savoir comment préserver « le caractère sacré du temple et de ses alentours » si le conflit se rapprochait.

Le lendemain, ce fut le cas. Dignardino Espi, Remigio Julian et Felipe Ramos virent un char rebelle briser un barrage gouvernemental sur la route entre le temple et la base militaire voisine. Les troupes rebelles débarquèrent sur le site du temple, mais Dignardino Espi les convainquit de s’abriter dans les bâtiments autour du temple plutôt que dans le temple lui-même. Le gouvernement commença bientôt à lancer des frappes aériennes sur les cibles rebelles. Par téléphone, Dignardino Espi informa les dirigeants de l’Église de la situation et ils lui répondirent de donner la priorité à sa propre sécurité plutôt qu’à celle de l’édifice. Peu après, les lignes téléphoniques furent coupées.

Le dimanche matin, les agents de sécurité jeunèrent et tinrent une réunion de prière alors que les frappes aériennes sur le site du temple se poursuivaient. Les membres de l’Église aux Philippines jeunèrent et prièrent également pour le temple, tout comme les dirigeants de l’Église dans le temple de Salt Lake City. Ce soir-là, cependant, Dignardino Espi entendit l’échec des négociations entre le gouvernement et les rebelles sur le site du temple. Il entendit le commandant rebelle ordonner à ses troupes de se préparer à une dernière bataille, mais Dignardino Espi continua à prier pour que l’homme change d’avis. Dignardino Espi se souvint : « Alors que nous étions de garde toute la soirée, nous n’avons pas entendu d’explosion ou de coup de feu. Nous sentions la paix régner dans tout le temple et ses alentours. »

Le lendemain matin, Dignardino Espi et les autres agents de sécurité du temple découvrirent que les rebelles s’étaient repliés discrètement pendant la nuit. Les mortiers, les roquettes et les tirs d’armes à feu causèrent des dégâts importants à la maison d’hôtes, mais le temple lui-même ne fut pas endommagé.