2010
Deux lignes de communication
Novembre 2010


Deux lignes de communication

Nous devons utiliser, de façon équilibrée, à la fois la ligne personnelle et la ligne de la prêtrise pour parvenir à la progression qui est le but de la vie dans la condition mortelle.

Elder Dallin H. Oaks

Notre Père céleste a établi deux lignes de communication qui le relient à ses enfants et que nous pouvons appeler la ligne personnelle et la ligne de la prêtrise. Si nous voulons qu’elles soient un guide pour nous, nous devons tous comprendre comment fonctionnent ces deux lignes essentielles.

I. La ligne personnelle

Grâce à la ligne personnelle, nous prions directement notre Père céleste et il nous répond par les voies qu’il a choisies, sans intermédiaire mortel. Nous prions notre Père céleste au nom de Jésus-Christ et il répond par l’intermédiaire du Saint-Esprit et d’autres manières. La mission du Saint-Esprit est de témoigner du Père et du Fils (voir Jean 15:26 ; 2 Néphi 31:18 ; 3 Néphi 28:11), pour nous guider vers la vérité (voir Jean 14:26 ; 16:13), et pour nous montrer tout ce que nous devons faire (voir 2 Néphi 32:5). Cette ligne de communication personnelle avec notre Père céleste, par l’intermédiaire du Saint-Esprit, est la source de notre témoignage de la vérité, de notre connaissance et des conseils que nous recevons de la part d’un Père céleste aimant. Elle est une partie essentielle de son merveilleux plan, qui permet à chacun de ses enfants de recevoir le témoignage personnel de sa véracité.

La ligne de communication personnelle, directe avec notre Père céleste, par l’intermédiaire du Saint-Esprit, fonctionne sur la base de notre dignité et elle est si importante qu’il nous est commandé de renouveler nos alliances en prenant la Sainte-Cène tous les dimanches. Nous nous qualifions ainsi pour être dignes de la promesse que nous aurons toujours son Esprit avec nous pour nous guider.

En ce qui concerne cette ligne de communication personnelle avec le Seigneur, nous avons la même croyance et la même pratique que les chrétiens qui affirment que les intermédiaires entre Dieu et l’homme sont inutiles parce que nous avons tous un accès direct à Dieu selon le principe que Martin Luther adoptait et qui est maintenant appelé « le sacerdoce universel ». Je développerai ce point un peu plus loin.

La ligne personnelle est d’une importance vitale pour les décisions personnelles et la direction de la famille. Malheureusement, certains membres de notre Église sous-estiment la nécessité de cette ligne personnelle directe. Parce que la direction par les prophètes est sans aucun doute très importante (la ligne de la prêtrise qui fonctionne essentiellement pour les communications divines concernant les affaires de l’Église), certains membres désirent que les dirigeants de la prêtrise prennent des décisions à leur place, décisions qu’ils devraient prendre eux-mêmes en recevant l’inspiration par leur ligne de communication personnelle. Les décisions personnelles et la direction de la famille relèvent principalement de la ligne personnelle.

Je me sens poussé à ajouter deux autres avertissements dont nous devons nous souvenir concernant cette précieuse ligne de communication personnelle, directe avec notre Père céleste.

Tout d’abord, dans sa forme la plus complète, la ligne personnelle ne fonctionne pas indépendamment de la ligne de la prêtrise. Le don du Saint-Esprit, le moyen de communication entre Dieu et l’homme, est conféré par l’autorité de la prêtrise, par les hommes qui détiennent les clés de la prêtrise. Il n’est pas accordé simplement parce qu’on le désire ou qu’on a la foi. Et nous devons réaffirmer chaque jour de sabbat notre droit à la compagnie constante de l’Esprit en prenant dignement la Sainte-Cène et en renouvelant les alliances d’obéissance et de service que nous avons contractées lors de notre baptême.

De même, nous ne pouvons pas communiquer de manière fiable par l’intermédiaire de notre ligne personnelle, directe, si nous sommes désobéissants à la ligne de la prêtrise ou en désaccord avec elle. Le Seigneur a déclaré que « les pouvoirs du ciel ne peuvent être maîtrisés ou utilisés que selon les principes de la justice » (D&A 121:36). Malheureusement, il est courant chez les personnes qui enfreignent les commandements de Dieu ou qui désobéissent aux conseils donnés par leurs dirigeants de la prêtrise de déclarer que Dieu leur a révélé qu’elles sont dispensées d’obéir à tel commandement ou de suivre tel conseil. Ces personnes reçoivent peut-être des révélations ou de l’inspiration, mais elles ne proviennent pas de la source qu’elles imaginent. Le diable est le père des mensonges et il essaie toujours de contrarier l’œuvre de Dieu par des imitations habiles.

II. La ligne de la prêtrise

Alors que notre Père céleste communique directement avec nous par l’intermédiaire du Saint-Esprit grâce à notre ligne personnelle, la ligne de communication de la prêtrise, elle, nécessite des intermédiaires : notre Sauveur Jésus-Christ, son Église et les dirigeants qu’il a nommés.

Étant donné ce qu’il a réalisé par son sacrifice expiatoire, Jésus-Christ a le pouvoir de fixer les conditions requises pour que nous soyons dignes des bénédictions de son expiation. C’est la raison pour laquelle nous avons des commandements et des ordonnances. C’est la raison pour laquelle nous faisons des alliances. C’est de cette façon que nous nous qualifions pour les bénédictions promises. C’est grâce à la miséricorde et à la grâce du Saint d’Israël que nous sommes tous sauvés, « après tout ce que nous pouvons faire » (2 Néphi 25:23).

Pendant son ministère terrestre, Jésus-Christ a conféré l’autorité de la prêtrise qui porte son nom et il a fondé l’Église qui porte aussi son nom. Dans cette dernière dispensation, l’autorité de sa prêtrise a été rétablie et son Église a été réorganisée par l’intermédiaire des messagers célestes qui ont ordonné Joseph Smith, le prophète. Cette prêtrise rétablie et cette Église de nouveau fondée sont au cœur de la ligne de la prêtrise.

La ligne de la prêtrise est le canal par lequel Dieu a parlé à ses enfants dans les Écritures dans les temps anciens. Et c’est la ligne par laquelle il parle actuellement par l’intermédiaire des enseignements et des conseils des prophètes et des apôtres vivants, et des autres dirigeants inspirés. C’est de cette façon que nous recevons les ordonnances requises. C’est de cette façon que nous recevons des appels au service dans son Église. Son Église est le canal et sa prêtrise est le pouvoir par lequel nous avons la bénédiction de participer ensemble aux activités de coopération qui sont essentielles à l’accomplissement de l’œuvre du Seigneur. Cela inclut la prédication de l’Évangile, la construction des temples et des églises et l’aide aux pauvres.

Concernant cette ligne de la prêtrise, nous croyons et nous pratiquons ce que certains chrétiens affirmaient : que les ordonnances (sacrements) faisant autorité sont indispensables et doivent être accomplies par des personnes autorisées et dotées de pouvoir par Jésus-Christ (voir Jean 15:16). Nous le croyons également, mais nous différons évidemment des autres chrétiens quant à la façon dont nous avons obtenu cette autorité.

Certains membres ou anciens membres de notre Église ne voient pas l’importance de la ligne de la prêtrise. Ils sous-estiment l’importance de l’Église, de ses dirigeants et de ses programmes. Se fiant uniquement à leur ligne personnelle, ils suivent leurs propres voies, prétendant définir la doctrine et diriger des organisations parallèles de manière contraire aux enseignements des prophètes dirigeants. Ils sont ainsi le reflet de l’hostilité contemporaine à l’égard de ce qui est appelé avec mépris « les religions organisées ». Ceux qui récusent le besoin d’une religion organisée rejettent l’œuvre du Maître, qui a établi son Église et ses dirigeants au midi des temps et qui l’a organisée de nouveau de nos jours.

La religion organisée, établie par autorité divine, est essentielle, comme l’a enseigné l’apôtre Paul :

« Pour le perfectionnement des saints, en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps du Christ :

« Jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite du Christ » (Éphésiens 4:12-13).

Nous devons tous nous souvenir de la déclaration du Seigneur dans la révélation moderne, que la voix des serviteurs du Seigneur est la voix du Seigneur (voir D&A 1:38 ; 21:5 ; 68:4).

J’aimerais ajouter encore deux avertissements dont nous devons nous souvenir au sujet de la confiance envers cette ligne vitale de la prêtrise.

Tout d’abord, la ligne de la prêtrise ne remplace pas la ligne personnelle. Nous avons tous besoin du témoignage personnel de la vérité. Pendant que notre foi se développe, nous nous appuyons nécessairement sur les paroles et la foi d’autres personnes, comme nos parents, nos instructeurs ou nos dirigeants de la prêtrise (voir D&A 46:14). Mais si nous comptons uniquement sur un dirigeant de la prêtrise ou un instructeur pour recevoir notre témoignage personnel de la vérité, au lieu de le recevoir par la ligne personnelle, nous prenons toujours le risque de perdre notre foi à cause du comportement de cette personne. Pour ce qui est de l’acquisition de la connaissance ou d’un témoignage mûrs de la vérité, nous ne devons pas dépendre d’un intermédiaire mortel entre notre Père céleste et nous.

Deuxièmement, tout comme la ligne personnelle, la ligne de la prêtrise ne peut fonctionner en notre faveur que si nous sommes dignes et obéissants. De nombreuses Écritures nous enseignent que, si nous persistons à enfreindre gravement les commandements de Dieu, nous sommes « retranchés de sa présence » (Alma 38:1). Lorsque cela se produit, il est très difficile pour le Seigneur et pour ses serviteurs de nous aider spirituellement et nous ne pouvons pas obtenir cette aide par nous-mêmes.

L’histoire nous donne un exemple frappant de l’importance d’être en accord avec l’Esprit lorsqu’on est un serviteur du Seigneur. Le jeune prophète Joseph Smith ne pouvait pas traduire quand il était en colère ou énervé.

David Whitmer raconte : « Un matin, tandis qu’il s’apprêtait à continuer la traduction, quelque chose alla de travers dans la maison et cela l’irrita. Quelque chose qu’avait fait Emma, sa femme. Oliver et moi montâmes à l’étage et Joseph monta peu après pour poursuivre la traduction, mais il ne put rien faire. Il ne pouvait pas traduire la moindre syllable. Il descendit, se rendit dans le verger et supplia le Seigneur ; il fut absent pendant près d’une heure, rentra dans la maison et demanda pardon à Emma ; puis il remonta là où nous nous trouvions et la traduction se poursuivit correctement. Il ne pouvait rien faire s’il n’était pas humble et fidèle1. »

III. Les deux lignes sont nécessaires

Je terminerai en donnant d’autres exemples qui montrent que les deux lignes établies par notre Père céleste pour communiquer avec ses enfants sont nécessaires. Les deux lignes sont essentielles pour son but qui est de réaliser l’immortalité et la vie éternelle de ses enfants. Nous trouvons un exemple scripturaire très ancien de cette nécessité dans le conseil que Jéthro, le beau-père de Moïse, lui a donné en lui disant de ne pas essayer d’en faire tant. Les gens attendaient du matin au soir les conseils de leur dirigeant de la prêtrise pour qu’il « consulte Dieu » (Exode 18:15) et aussi qu’il « prononce entre eux » (verset 16). Nous soulignons souvent que Jéthro a conseillé à Moïse de déléguer en nommant des juges pour gérer les conflits personnels (voir versets 21-22). Mais Jéthro a également donné à Moïse un conseil qui illustre l’importance de la ligne personnelle : « Enseigne-leur les ordonnances et les lois ; et fais-leur connaître le chemin qu’ils doivent suivre, et ce qu’ils doivent faire » (verset 20 ; italiques ajoutés).

En d’autres termes, on devait enseigner aux Israélites qui suivaient Moïse qu’ils ne devaient pas soumettre tous leurs problèmes à ce dirigeant de la prêtrise. Ils devaient comprendre les commandements et rechercher l’inspiration pour résoudre par eux-mêmes la plupart de ces problèmes.

De récents événements au Chili illustrent la nécessité de ces deux lignes. Ce pays a connu un terrible tremblement de terre. Beaucoup de nos membres ont perdu leur maison ; certains ont perdu des membres de leur famille. Beaucoup ont perdu confiance. Rapidement, car notre Église est prête à réagir à de telles catastrophes, de la nourriture, des abris et d’autres fournitures ont été envoyés. Les saints du Chili ont entendu la voix du Seigneur répondre, par l’intermédiaire de son Église et de ses dirigeants, à leurs besoins matériels. Mais aussi efficace qu’ait été la ligne de la prêtrise, ce n’était pas suffisant. Chaque membre avait besoin d’invoquer le Seigneur et de recevoir directement le message de réconfort et d’aide qui est transmis par le Saint-Esprit à ceux qui le recherchent et qui l’écoutent.

Notre œuvre missionnaire est un autre exemple de la nécessité des deux lignes. Les hommes et les femmes qui sont appelés à être des missionnaires sont dignes et désireux de servir grâce aux enseignements qu’ils ont reçus par l’intermédiaire de la ligne de la prêtrise et grâce au témoignage qu’ils ont reçu par l’intermédiaire de leur ligne personnelle. Ils sont appelés par la ligne de la prêtrise. Ensuite, en tant que représentants du Seigneur et sous la direction de la ligne de sa prêtrise, ils instruisent les amis de l’Église. Les personnes qui recherchent sincèrement la vérité écoutent les missionnaires qui les exhortent à prier pour savoir, par elles-mêmes, par l’intermédiaire de la ligne personnelle, si le message est vrai.

Un dernier exemple qui montre comment ces principes s’appliquent dans la famille et dans l’Église2. Dans l’Église, toute autorité de la prêtrise fonctionne sous la direction de quelqu’un qui détient les clés appropriées. C’est la ligne de la prêtrise. Mais l’autorité qui préside la famille, qu’il s’agisse du père ou de la mère dans une famille monoparentale, fonctionne dans les affaires familiales sans qu’il soit nécessaire d’obtenir l’autorisation de quelqu’un détenant les clés de la prêtrise. Il en est de même pour la ligne personnelle. Les deux lignes doivent fonctionner dans notre vie familiale et dans notre vie personnelle si nous voulons progresser et accomplir la destinée qui a été prévue par notre Père céleste pour ses enfants.

Nous devons utiliser, de façon équilibrée, à la fois la ligne personnelle et la ligne de la prêtrise pour parvenir à la progression qui est le but de la vie dans la condition mortelle. Si la pratique religieuse personnelle dépend trop de la ligne personnelle, l’individualisme prend le pas sur l’importance de l’autorité divine. Si la pratique religieuse personnelle se repose trop sur la ligne de la prêtrise, la progression personnelle en souffre. Les enfants de Dieu ont besoin des deux lignes pour accomplir leur destinée éternelle. L’Évangile rétabli enseigne les deux et l’Église rétablie donne accès aux deux.

Je témoigne que le président Monson est le prophète du Seigneur, qui détient les clés qui gouvernent la ligne de la prêtrise. Je témoigne que Jésus-Christ est le Seigneur, dont c’est ici l’Église. Et je témoigne de l’Évangile rétabli dont chacun de nous peut connaître la véracité grâce à la précieuse ligne personnelle qui le relie à notre Père céleste. Au nom de Jésus-Christ. Amen.

Notes

  1. Dans « Letter from Elder W. H. Kelley », The Saints’ Herald, 1er mars 1882, p. 68. Un compte-rendu identique est cité par B. H. Roberts, A Comprehensive History of the Church, 1:131.

  2. Voir Dallin H. Oaks, « L’autorité de la prêtrise dans la famille et dans l’Église », Le Liahona, novembre 2005, pages 24 à 27.