La foi inaperçue : comprendre nos différents voyages
Katlehong 1994
On nous avait demandé, frère Tyler Dawson et moi, de rouvrir le secteur de Katlehong, au sud de Johannesburg, en 1994. L’Afrique du Sud traversait une période des changements politiques et sociaux, c’était une période de grande incertitude et de violence.
On avait retiré les missionnaires de Katlehong pour des raisons de sécurité quelques années avant et on nous avait demandé de revenir et d’aider les membres le plus possible.
Il y avait quelques règles cependant. Nous habitions dans un quartier en dehors de notre secteur et nous n’étions pas autorisés à Katlehong la nuit, et nous n’étions pas non plus autorisés de marcher de maison en maison, plutôt nous n’étions qu’autorisés de conduire à destination et en provenance des foyers des membres et des amis de l’Église. Nous devions téléphoner à la police chaque matin pour demander s’il serait prudent de nous rendre dans notre secteur, il y avait rarement de sécurité et la police nous encourageait souvent à rester plutôt à l’écart.
Étant novices dans le secteur, nous avons demandé à un jeune homme qui était le fils du président de branche de nous montrer où les membres habitaient. Il hésitait à nous joindre et a demandé du temps pour y réfléchir. Plus tard, il nous a contactés et a accepté de nous aider, alors nous nous sommes donné rendez-vous pour passer le prendre à l’école.
Nous avons conduit à l’endroit convenu et il est sorti de derrière un arbre et est entré tête baissée par la porte arrière de la voiture et s’est couché dans l’espace pour les pieds. Frère Dawson et moi nous nous sommes regardés un peu confus et j’ai offert le siège avant pour qu’il puisse avoir une meilleure vue de l’endroit où nous conduisions, mais il a insisté sur le fait qu’il était à l’aise. Il lui arrivait parfois de lever sa tête et de nous donner la direction au besoin, parfois il se joignait à nous chez un membre, mais chez d’autres il restait dans la voiture. Nous ne l’avons pas pressé à ce sujet et nous étions juste reconnaissants de son aide. De cette façon, nous étions à même de rencontrer les membres de Katlehong et nous le déposions chez lui après quelques heures.
Deux mois se sont écoulés et je devais être transféré à un autre secteur. C’était un dimanche et ce jeune homme était le premier orateur. Il a humblement et sincèrement parlé de l’expérience qu’il a eue d’être apporché pour accompagner les missionnaires au secteur et a dit que lorqu’on le lui avait demandé pour la première fois, il était très inquiet, car il savait que si on l’avait vu en train de nous aider, il pouvait être tué, mais il avait confiance que Dieu veillerait sur lui et le protégerait et avait la foi qu’il devait faire l’œuvre du Seigneur, et alors il a accepté.
Je me suis assis dans l’assemblée surpris par ce que j’avais entendu – pour moi, il n’était qu’un enfant avec une mauvaise attitude. Ce jour-là, j’ai commencé à réaliser ce que nous lui avions réellement demandé et le courage qu’il lui a fallu pour accepter. Si seulement j’avais pris son nom, j’aimerais savoir comment sa vie se déroule.